Somme directe

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En algèbre, le terme de somme directe s’applique à plusieurs situations différentes

Sommaire

[modifier] Somme directe de sous-espaces vectoriels

[modifier] Somme directe de deux sous-espaces vectoriels

Article détaillé: Sous-espaces supplémentaires

Soient F1 et F2 deux sous-espaces vectoriels de l’espace vectoriel E. On dit que F1 et F2 sont en somme directe si et seulement si pour tout élément u de F1 + F2, il existe un unique couple \ (u_1 ; u_2) de F_1 \times F_2 tel que u = u1 + u2.

On dit aussi dans ce cas que la somme F1 + F2 est directe.

En d'autres termes, la somme de deux sous-espaces vectoriels F1 et F2 est directe si la décomposition de tout élément de F1 + F2 en somme d'un élément de F1 et d'un élément de F2 est unique.

La somme sera alors notée : F_1 \oplus F_2.

On dispose des caractérisations usuelles suivantes :

  • F1 et F2 sont en somme directe si et seulement si, pour tout u1 de F1 et u2 de F2,
u_1 + u_2 = 0 \Leftrightarrow u_1 = u_2 = 0
  • F1 et F2 sont en somme directe si et seulement si
F_1 \cap F_2 = \{0\}

Cas de la dimension finie : lorsque F1 et F2 sont de dimensions finies, les assertions suivantes sont équivalentes :

  1. La somme F1 + F2 est directe.
  2. \dim F_1 + \dim F_2 = \dim(F_1 + F_2).
  3. En juxtaposant ("réunissant") une base de F1 et une base de F2, on constitue une base de F1 + F2.

Sous-espaces supplémentaires : deux sous-espaces F1 et F2 de E sont dits supplémentaires lorsque E = F_1 \oplus F_2. Cela signifie que pour tout élément u de E, il existe un unique couple \ (u_1 ;  u_2) de F_1 \times F_2 tel que \ u = u_1 + u_2.

[modifier] Somme directe de plusieurs sous-espaces vectoriels

On peut généraliser la notion de somme directe à une famille finie de sous-espaces vectoriels de E.

On dit qu'une famille (F_i)_{i=1\cdots k} de sous-espaces vectoriels de E est en somme directe si et seulement si, pour tout élément u de la somme F = \sum_{i=1}^k F_i, il existe un k-uplet unique (u_1 ;u_2; \cdots ;u_k) de F_1 \times F_2 \times \cdots \times F_k tel que u = \sum_{i=1}^k u_i.

On dit aussi dans ce cas que la somme F des sous-espaces (F_i)_{i=1\cdots k} est directe.

En d'autres termes, la somme est directe si la décomposition de tout élément de F = \sum_{i=1}^k F_i en somme d'éléments des F_i\, est unique.

Pour désigner une somme directe, on se sert des notations F_1 \oplus F_2 \oplus \cdots \oplus F_k ou \bigoplus_{i = 1} ^kF_i.


Comme dans le cas de 2 sous-espaces vectoriels, on peut caractériser les sommes directes par l'unicité de la décomposition du vecteur nul :

La somme F = \sum_{i=1}^k F_i est directe si et seulement si :
l'unique k-uplet (u_1 ;u_2; \cdots ;u_k) de F_1 \times F_2 \times \cdots \times F_k tel que \sum_{i=1}^k u_i = 0 est celui dont tous les éléments sont nuls.


Remarque : dès que la famille comprend au moins 3 sous-espaces, il ne suffit pas pour que la somme soit directe que leurs intersections deux à deux soient réduites à \ \{0\}, c'est-à-dire que :

F_i \cap F_j = \{0\} pour tout i et pour tout j, i différent de j.

On s’en convaincra en regardant dans \R^2 les sous-espaces vectoriels :

F_1=\{(x ; 0) , x \in \R\}
F_2=\{(y ; y) , y \in \R\}
F_3=\{(0 ; t) , t \in \R\}.

Leurs intersections deux à deux sont réduites à {(0 ; 0)}, mais leur somme \ F = F_ 1 + F_2 + F_3 (égale à \ \R^2) n'est pas directe.

En effet, les 3 vecteurs u_1=(1 ; 0),\, u_2=(-1 ; -1),\, u_3=(0 ; 1) appartiennent respectivement à F_1,\, F_2,\, F_3 ; ils sont non nuls, et tels que \ u_1 +  u_2 + u_3= (0 ; 0): la décomposition du vecteur nul n'est pas unique.

En revanche, on montre que les sous-espaces de la famille des \ (F_{i})_{1\geq i\geq n} sont en somme directe dans \ E si et seulement si :

  • \ \sum_{i=1}^n F_i = E
  • \ \forall k \in \left\{ 1,...,n-1\right\}, \ \left(\sum_{i=1}^{k}F_{i}\right)\cap F_{k+1}=\left\{0_{E}\right\}

Lorsque les sous-espaces vectoriels sont de dimensions finies, on a encore l'équivalence des assertions suivantes :

  1. Les (F_i)_{i=1\cdots k} sont en somme directe.
  2. \sum_{i=1}^k \dim F_i = \dim\left(\sum_{i=1}^k F_i\right).
  3. En juxtaposant une base \ \mathcal{B}_1 de \ F_1, ... , une base \ \mathcal{B}_k de \ F_k, on constitue une base de la somme.


Exemple : soient E un espace vectoriel sur K de dimension finie, et f un endomorphisme de E ayant exactement p valeurs propres (distinctes) appelées  \lambda_1,\, \dots,\, \lambda_p. On désigne par \ \mathrm{Id} l'endomorphisme identique de E.

Pour tout entier i tel que 1 ≤ i ≤ p,  E_i = \mathrm{ker}(f - \lambda_i\, \mathrm{Id}) est le sous-espace propre de f associé à la valeur propre \ \lambda_i.
Les deux propriétés suivantes sont classiques :

Lorsque c'est le cas, on constitue une base \ \mathcal{B} de E diagonalisant f en juxtaposant une base \ \mathcal{B}_1 de \ E_1, ... , une base \ \mathcal{B}_p de \ E_p.

[modifier] Somme directe orthogonale

On désigne ici par E un espace préhilbertien réel ou complexe (espace vectoriel réel ou complexe muni d'un produit scalaire). Soit une famille (F_i)_{i=1\cdots k} de sous-espaces vectoriels de E. S'ils sont deux à deux orthogonaux, leur somme est directe. Elle est alors appelée somme directe orthogonale.

Un exemple très simple est l'espace F^\perp constitué des vecteurs orthogonaux à tous les vecteurs d'un sous-espace vectoriel F : il est en somme directe avec F. L'égalité E = F^\perp + F n'est pas toujours vérifiée lorsque la dimension est infinie. Par contre, elle l'est dès que E est de dimension finie.

Deux espaces qui sont à la fois supplémentaires et orthogonaux sont dits supplémentaires orthogonaux. Un sous-espace vectoriel F de E, même s'il a des supplémentaires, n'en a pas nécessairement un qui lui soit orthogonal. Des conditions suffisantes sont que l'espace E soit de dimension finie ou que l'espace F soit fermé (preuve). Cette question est liée à la possibilité d'effectuer une projection orthogonale.

Lorsque les sous-espaces vectoriels sont de dimensions finies, on a l'équivalence des assertions suivantes :

  1. Les (F_i)_{i=1\cdots k} sont en somme directe orthogonale.
  2. En juxtaposant une base orthogonale \ \mathcal{B}_1 de \ F_1, ... , une base orthogonale \ \mathcal{B}_k de \ F_k, on constitue une base orthogonale de la somme.

[modifier] Somme directe externe et produit cartésien

Lorsque deux sous-espaces F1, F2 d'un espace vectoriel E sont en somme directe, l'application suivante est bijective :

F_1 \times F_2 \to F_1 \oplus F_2, (u_1 ; u_2) \mapsto u_1 + u_2

Il existe dans ce cas une unique structure d'espace vectoriel sur le produit cartésien F_1 \times F_2 telle que cette application soit un isomorphisme d'espaces vectoriels ; la loi interne et la loi externe sont définies respectivement par les relations :

\ (u_1 ; u_2) + (v_1 ; v_2) = (u_1 + v_1 ; u_2 + v_2) et \alpha \, (u_1 ; u_2) = (\alpha\, u_1 ; \alpha\, u_2),
u1, v1 sont dans F1, u2, v2 sont dans F2, et α est dans K.

Ceci incite, si E1 et E2 sont deux espaces vectoriels quelconques sur le même corps K, à définir leur somme directe, dite alors externe.

[modifier] Somme directe externe de deux K-espaces vectoriels

La somme directe externe de deux K-espaces vectoriels E1 et E2 est le produit cartésien E_1 \times E_2 sur lequel on définit

  • une addition :
\ (u_1 ; u_2) + (v_1 ; v_2) = (u_1 + v_1 ; u_2 + v_2)
  • une multiplication externe par les éléments de K :
\alpha \, (u_1 ; u_2) = (\alpha\, u_1 ; \alpha\, u_2) (où \alpha \in K)

Muni de ces deux lois de composition, l'ensemble E_1 \times E_2 est un espace vectoriel sur K.

Dès lors, \tilde{E_1} = E_1 \times \{0\} et \tilde{E_2} = \{0\} \times E_2 sont deux sous-espaces de E_1 \times E_2, respectivement isomorphes à E1 et E2 (on a "plongé" E1, E2 dans le produit cartésien) ; la relation E_1 \times E_2 = \tilde{E_1} \oplus \tilde{E_2} justifie l'appellation de somme directe externe.


Lorsque E1 et E2 sont de dimensions finies, il en est de même de leur somme directe externe, et :

\dim(E_1 \times E_2) = \dim E_1 + \dim E_2
(car E_1 \times E_2 est somme directe des deux sous-espaces \tilde{E_1} et \tilde{E_2}, qui ont même dimension que \ E_1, \ E_2 respectivement).

[modifier] Somme directe externe de plusieurs K-espaces vectoriels

On définit de même la somme directe externe \ E_1 \times \cdots \times E_k de k espaces vectoriels E_1, \dots, E_k sur le même corps K.


Lorsque E_1, \dots, E_k sont de dimensions finies, il en est de même de leur somme directe externe, et :

\dim(E_1 \times \cdots \times E_k) = \dim E_1 + \cdots + \dim E_k.

[modifier] Remarque à propos d'autres structures algébriques

On définit de manière analogue la somme directe externe d'un nombre fini de groupes additifs, ou d'anneaux, ou de A-modules sur le même anneau A.

Par exemple, si A1 et A2 sont deux anneaux, on définit sur A_1 \times A_2 deux lois de composition interne :

  • une addition :
\ (a_1 ; a_2) + (b_1 ; b_2) = (a_1 + b_1 ; a_2 + b_2)
  • une multiplication :
\ (a_1 ; a_2) \cdot (b_1 ; b_2) = (a_1  b_1 ; a_2  b_2)

Muni de ces deux lois de composition, l'ensemble A_1 \times A_2 est un anneau. On notera que même si A1 et A2 sont intègres, leur produit cartésien ne l'est pas : a1, a2 étant deux éléments non nuls de A1, A2 respectivement, on a : \ (a_1 ; 0) \cdot (0 ; a_2) = (0 ; 0).

[modifier] Voir aussi

Opération binaire
numérique fonctionnelle en ensemble ordonné structurelle
élémentaire

+ addition
soustraction
× multiplication
÷ division
^ puissance

arithmétique

div quotient euclidien
mod reste euclidien
PGCD
PPCM

combinatoire

( ) coefficient binomial
A arrangement

composition
convolution
ensemble de parties

réunion
\ complémentation
intersection
Δ différence symétrique

ordre total

min minimum
max maximum

treillis

borne inférieure
borne supérieure

ensembles

× produit cartésien
union disjointe
^ puissance ensembliste

groupes

somme directe
produit libre
produit en couronne

modules

produit tensoriel
Hom homomorphismes
Tor torsion
Ext extensions

arbres

enracinement

variétés connexes

# somme connexe

espaces pointés

bouquet
smash produit
joint

vectorielle
(.) produit scalaire
produit vectoriel
algébrique
[,] crochet de Lie
{,} crochet de Poisson
produit extérieur
homologique
cup-produit
• produit d'intersection
séquentielle
+ concaténation
logique booléenne
ET (conjonction) OU (disjonction) OU exclusif IMP (implication) EQV (coïncidence)