Sisyphe

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Sisyphe (homonymie).
Perséphone surveillant Sisyphe dans les Enfers, amphore attique à figures noires, v. 530 av. J.-C., Staatliche Antikensammlungen (Inv. 1494)
Perséphone surveillant Sisyphe dans les Enfers, amphore attique à figures noires, v. 530 av. J.-C., Staatliche Antikensammlungen (Inv. 1494)

Dans la mythologie grecque, Sisyphe (en grec ancien Σίσυφος / Sísyphos) est le fils d'Éole (le fils d'Hellen) et d'Énarété, et le fondateur mythique de Corinthe.

Sommaire

[modifier] Mythe

Son ascendance et sa descendance sont citées dans l'Iliade. Fondateur mythique de Corinthe, fils d'Eole. De son vivant, on dit que Sisyphe aurait fondé les Jeux Isthmiques en l'honneur de Mélicerte dont il avait trouvé le corps gisant sur l'isthme de Corinthe. Depuis l'époque d'Homère, Sisyphe conserve la réputation d'être le plus astucieux des hommes : il avait développé la navigation et le commerce, mais se montrait avare et trompeur et tuait les voyageurs. Il passe parfois pour le vrai père d'Ulysse.

Sisyphe est connu surtout pour s'être montré assez malin pour déjouer la Mort elle-même. Quand son heure fut venue et qu'elle vint pour le chercher, il l'enchaîna de sorte qu'elle ne put l'emporter aux Enfers. S'apercevant que personne ne mourait, Zeus envoya Arès délivrer la Mort. Mais Sisyphe avait plus d'un tour dans son sac et il avait préalablement convaincu son épouse de ne pas lui faire de funérailles adéquates. Ainsi, il put convaincre Hadès de le laisser repartir chez les vivants pour régler ce problème. Une fois revenu à Corinthe, il refusa de retourner parmi les morts. La Mort (ou même Hermès, selon certaines traditions) dut venir le chercher de force. Certains disent qu'il avait dénoncé Zeus dans une de ses aventures. Un jour, il vit un aigle immense enlevant une jeune fille et reconnut Zeus en lui. Quand Asopos rechercha sa fille, Egine, il révéla l'identité du ravisseur.

Pour avoir osé défier les dieux, Sisyphe fut condamné à rouler éternellement, dans le Tartare, un caillou jusqu'en haut d'une colline alors qu'il redescendait chaque fois avant de parvenir à son sommet, tel que raconté dans l'Odyssée. Toutefois, Homère ne faisait pas mention de la raison de ce châtiment. Certaines traditions justifient cette punition par la réputation de brigand et de malfaiteur que Sisyphe avait acquise de son vivant.

[modifier] Interprétation

Sisyphe, par Franz von Stuck, 1920
Sisyphe, par Franz von Stuck, 1920

D'après la théorie solaire, Sisyphe représente le soleil qui s'élève chaque jour pour replonger le soir sous l'horizon. D'autres y voient la personnification des marées ou des vagues qui montent pour soudain redescendre. Il peut s'agir aussi d'une métaphore de la vie elle-même où cette punition signifiait qu'il n'y avait de châtiment plus terrible que le travail inutile et vain. On perçoit l'absurdité du personnage tant dans le désespoir de tenter d'échapper à une mort inévitable, que dans la tentative d'achever un travail interminable.

Dans son premier essai philosophique, le Mythe de Sisyphe, Camus qualifie Sisyphe d'ultime héros absurde. Il y établit pourquoi la vie, malgré l'absurdité du destin, vaut la peine d'être vécue.

Ce mythe n'est pas exclusif aux traditions gréco-romaines. Il existe d'autres exemples de personnages qui parviennent à capturer la Mort en l'attachant dans un sac ou encore, en la cachant dans une bouteille de sorte que personne ne mourrait des années durant.

[modifier] Évocations artistiques

Sisyphe fut une source d'inspiration non seulement pour de nombreux écrivains, mais également pour les autres artistes :

[modifier] Autres Évocations

Le "refroidissement Sisyphe" est une technique de refroidissement d'atomes par laser  

[modifier] Sources

Note : il existe aussi un fragment d'une tragédie intitulée Sisyphe attribuée tantôt à Critias, tantôt à Euripide.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe, Gallimard, Paris, 1942.
  • Pierre Brunel et Aeneas Bastian, Sisyphe. Figures et Mythes, Éditions du Rocher, 2004.
  • François Racheline, Sisyphe, Albin Michel, 2002.
  • Robert Merle, "Sisyphe et la mort", Gallimard, 1950

[modifier] Liens externes

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Sisyphe.