Sinop (ville)

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Sinop
Pays
drapeau de la Turquie
     Turquie
Situation géographique
Code 57
Maire Zeki Yılmazer (2004, AKP)
Préfet (vali) Zeki Şanal

Sinop (anciennement Sinope, en grec ancien Σινώπη) est une ville de Turquie, préfecture de la province du même nom, située au bord de la mer Noire. Dans l'Antiquité, elle était considérée comme une des plus importantes villes de la région de la mer Noire. La ville est situé sur une presqu'île. On peut trouver dans quelques endroits de la ville des ruines du château de Sinop. La ville possède la prison la plus vieille de Turquie.

Sommaire

[modifier] Histoire antique

Cette cité fut fondée par des colons de Milet aux environs de -630. Elle fut longtemps indépendante et fonda elle-même ses propres colonies, dont peut-être Trapézonte. Son autonomie fut préservée malgré les invasions perses du VIe siècle av. J.-C. et celles d'Alexandre le Grand. C'est finalement le royaume du Pont qui l'annexa en -183 et en fit sa capitale. Le roi Mithridate VI du Pont Eupator, qui y naquit en -132, mena une politique expansionniste en Mer Noire qui apporta rayonnement et prospérité à la cité. En -70, la ville fut prise par les Romains mais conserva un statut privilégié.

[modifier] Une cité florissante

La situation exceptionnelle de Sinop tient au fait qu'elle se situait à mi-chemin du Bosphore et de la Colchide, et en face de la Crimée. La côte est pourvue de récifs abrupts, et côté terre, des remparts assuraient sa protection. La rade du port se situait à l'est, le long de la presqu'île de Boz Tepe longue de 5 km. La ville comportait une agora, des péristyles et un gymnase. Les sols environnants particulièrement fertiles, ainsi que des pâturages, fournissaient une subsistance à la population, et lui permettaient d'exporter des vins, huiles, fruits secs et bois de construction. Une activité importante de pêche au thon était également pratiquée, ainsi que le rapporte le géographe Strabon[1].

[modifier] Histoire médiévale et contemporaine

Dans l'Antiquité tardive, Sinope est une ville portuaire majeure du Pont (la côte sud de la mer Noire), occupant l'isthme d'une péninsule sur la côte du thème des Arméniaques. Port anatolien le plus proche de la Crimée, il en est la porte d'entrée dès l’Antiquité tardive, ainsi que des autres comptoirs marchands de la mer Noire : la ville doit sa prospérité non à ses productions ou à ses exportations (huile d'olive, bois de construction navale, poisson salé, terre de Sinope), mais à sa fonction d'entrepôt général de la mer Noire.

L'évêché, dont le saint patron est le premier évêque, Phocas, est un siège suffragant d'Amasée. Les liens avec Cherson se retrouvent également dans le domaine ecclésiastique à partir de la légende de saint André. Une inscription, remployée dans le rempart, implique aussi la présence d'un meizotéros de l'évêque de Cherson à Sinope, à savoir un administrateur des propriétés ecclésiastiques dépendant de ce siège dans la région. C'est depuis ce port qu’en 580, Tibère II envoie une expédition en Russie méridionale. Plus tard, Sinope, ville fortifiée, appartient au thème des Arméniaques à la révolte duquel elle participe en 793, ce qui vaut à son évêque Grégoire, d'être exécuté.

En 834, la ville est investie par le chef kurde Nasır/Théophobos qui se fait proclamer basileus par une garnison de mercenaires « perses ». Il s'allie rapidement avec l'empereur Théophile et finit par se réfugier à Constantinople en 838. Les Arabes atteignent la cité en 858 bien qu'elle soit en dehors de leur rayon d'action habituel. La ville tombe une seconde fois entre les mains des musulmans en 1081, lorsque l'émir Karatekin y établit un petit État seldjoukide, et s'empare de l'important trésor impérial qui s’y trouvait. Mais il est trahi et la ville remise à Constantin Dalassène pour le compte d'Alexis Ier Comnène. Elle retrouve une certaine prospérité et constitue en 1180-1182 une des principales forteresses du futur empereur Andronic Ier Comnène. En 1204/1205, elle passe sous le contrôle du royaume de Trébizonde d'Alexis et David Comnène. C'est seulement en 1461 que le sultan Mehmed II réussit à s'en emparer définitivement.

La ville, à l’origine une colonie de Milet, conserve jusqu’à l'époque moderne une organisation héritée du plan hippodaméen classique dont la grille s’étend sur l'essentiel du col de l'isthme avec un module de base estimé à 100 x 60 m. La période romaine voit peut-être un déplacement du centre politique vers l'est, mais à l’époque byzantine, la citadelle de l'acropole, située à l’extrémité ouest, redevient le centre de la vie urbaine. La ville possède deux ports, respectivement sur la côte nord et sud de l’isthme, le second étant le plus important, et une enceinte dont les différentes phases de construction et de restauration s'échelonnent entre l'époque hellénistique et l'époque ottomane. Des tours en forme de V sur la courtine nord de l'acropole indiquent peut-être une réfection romaine tardive, mais la principale reconstruction des fortifications, attestée par une inscription de la citadelle, date de 1215 et de la prise de contrôle de la ville par les Seldjoukides.

Durant la guerre de Crimée, la flotte turque est détruite par l'escadre russe dans le port de Sinop, le 30 novembre 1853. Au XIXe siècle, le port est la seconde escale des paquebots reliant Constantinople à Trébizonde.

[modifier] L'origine du sinople

Le nom de la ville est à l'origine du sinople (vert) héraldique, avec un passage mal expliqué du rouge (couleur de sa terre) au vert. La terre de couleur ocre appelée miltos était extraite dans l'arrière-pays. Ce vermillon servait principalement dans les chantiers navals.

[modifier] Personnalités liées à la ville


[modifier] Notes

  1. Sinope exportait surtout des sortes de petits thons, les pélamydes, qui « naissent dans les marais de la Méotide (aujourd’hui la mer d’Azov) et, quand ils ont acquis un peu de force, se précipitent en bancs vers le détroit et suivent la côte asiatique jusqu’à Trapézonte et Pharnakia. Quand ils atteignent Sinope, ils sont à point pour être pêchés et salés » (Strabon, VII, 6, 2).

[modifier] Bibliographie

  • A. Bryer et D. Winfield, The Byzantine monuments and topography of the Pontos, 69-91.

[modifier] Liens externes

Vue de la ville
Vue de la ville