Sinbad le Marin

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Sinbad le marin,appellé « Sindibad » en arabe, (aussi épelé « Sindbad », du perse سندباد, Sandbād) est le nom de la légende d'origine perse qui conte les aventures d'un marin du temps de la dynastie des Abbassides. Durant ses voyages dans les mers de l'est de l'Afrique et du sud de l'Asie, Sinbad vit de nombreuses aventures fantastiques.

Les Sept Voyages de Sinbad le marin se retrouvent, à tort, dans la 133e histoire (volume 6) des contes des Mille et Une Nuits. Les aventures sont basées, d'une part, sur de véritables expériences de marins de l'océan Indien et, d'autre part, sur d'anciens textes de sources diverses (dont L'Odyssée d'Homère, ainsi que de nombreuses légendes perses et indiennes).

Sommaire

[modifier] Étymologie

On attribue plusieurs étymologies au nom « Sinbad » :

  • « Es-Sindibád of the Sea » (« Es-Sindibád de la mer »)
  • « Siddhapati », mot sanscrit qui signifie « le seigneur des sages »
  • « Bidpai » (Bidyápati)
  • « ábád », une région perse
  • « Sind » ou « Sindh », le nom d'origine de l'Indus et d'une région du Pakistan.
  • « Baad », signifie « vent » en perse.
  • « Sānbǎo », nom à la naissance de l'explorateur musulman chinois Zheng He.

[modifier] Adaptations

Plusieurs films, séries télévisées, dessins animés et romans sont basés sur ses aventures, dont :

[modifier] Les aventures

Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.

[modifier] Introduction

Les Mille et Une Nuits, une collection d'histoires parmi lesquelles on retrouve les aventures de Sinbad, racontent les 1001 nuits où la jeune fille du vizir Shéhérazade invente des contes afin d'empêcher son mari de la tuer au matin, curieux qu'il est de savoir la suite de l'histoire.

Vers la fin de la 536e nuit, Shéhérazade débute l'histoire de Sinbad : à l'époque de Haroun al-Rashid, calife de Bagdad, un pauvre livreur du nom de Hindbad prend une pause sur un banc près de la grille de la maison d'un riche marchand. Alors qu'il se plaint à Allah à propos des injustices d'un monde qui permet aux riches de vivre pleinement alors que lui doit travailler d'arrache-pied et demeurer pauvre, le propriétaire des lieux l'entend et envoie chercher le livreur. Le riche Sinbad dit au pauvre Hindbad qu'il est devenu riche par la chance, au cours de ses sept voyages fantastiques qu'il va maintenant raconter.

[modifier] Le premier voyage

Après avoir dépensé les biens laissés en héritage par son père, Sinbad se rend en mer afin de refaire sa fortune. Il accoste sur ce qui apparaît comme une île, mais qui est en réalité un gigantesque poisson sur lequel des arbres ont poussé. Le poisson plonge dans la mer et le bateau part en abandonnant Sinbad.

Il est sauvé par un bateau passant par là. Il débarque sur une île où il devient l'ami du roi Mirhage, lequel le nomme directeur du port. Un jour, le propre navire de Sinbad arrive au port : Sinbad réclame alors son dû et, après avoir reçu de nombreux présents du roi, retourne à Bagdad où il vit une vie de plaisirs.

À la fin du récit, Sinbad le marin donne cent pièces d'or à Hindbad le livreur et lui demande de revenir le lendemain afin d'entendre l'histoire de son second voyage.

[modifier] Le second voyage

Durant le second jour de l'histoire de Sinbad, la 549e nuit de Sheherezade, il raconte comment il s'est fatigué de sa vie de plaisirs et est reparti en mer, possédé par l'idée de voyager dans le monde des hommes et de visiter leurs villes et leurs îles.

Accidentellement abandonné par son équipage, il se retrouve seul dans une inaccessible vallée de serpents géants et d'oiseaux encore plus gigantesques, des roc. Piégé dans le nid d'une de ces créatures, il se rend compte que le sol du nid est tapissé de diamants.

On y apprend que des marchands récoltent les diamants en lançant de gros blocs de viandes dans la vallée, blocs que les oiseaux ramènent dans leurs nids: les diamants se collent à la viande et les marchands les récoltent en ramenant la viande à l'aide d'une corde. Afin de sortir du nid, Sinbad s'attache à une pièce de viande, emportant avec lui un gros sac de pierres précieuses.

Secouru par les marchands, il retourne à Bagdad avec une fortune en diamants.

[modifier] Le second voyage

(Résumé collectif du second voyage de Sinbad)

À Bagdad, Sinbad s'ennuyait et décida d'embarquer pour de nouvelles aventures. Il fut abandonné sur une île déserte d'où il s'échappa grâce au Roc : cet oiseau fabuleux. Il arriva sur une île, dans une vallée ornée de diamants, mais infestée d'énormes serpents. Pour s'en protéger, il s'abrita dans une grotte dont il condamna l'entrée pour la nuit à l'aide d'une grosse pierre. Le lendemain, il ramassa les plus grosses gemmes, et vit des marchands jeter des pièces de viande dans la vallée pour essayer d'en récupérer. Il s'accrocha à un de ces morceaux de viande. Un aigle vint le chercher et l'emmena dans son nid. Quand les marchands arrivèrent, Sinbad se montra et ils le ramenèrent dans leur logement. Avec leur aide il retourna chez lui.

[modifier] Le troisième voyage

Sans cesse en quête d'aventures, Sinbad repart de Bassorah.

Par malchance, lui et ses compagnons sont emprisonnés sur une île par une grosse créature qui ressemble à un cyclope avec une peau noire, un seul œil tel un charbon ardent, des lèvres longues et pendantes comme celles des chameaux et des oreilles pendant sur ses épaules et les ongles de ses mains comme les griffes d'un lion.

Le monstre mange un à un l'équipage, débutant par le plus gros. Sinbad élabore un plan pour aveugler le géant avec un bout de bois trempé dans le feu. Ainsi, l'équipage s'enfuit avec leur radeau qu'ils avaient construit allant au-devant d'autres problèmes, dont un gigantesque serpent. Les amis du cyclope avaient vu qu'il lui manquait son œil et s'engagèrent en mer pour tuer Sinbad et ses compagnons (sans succès).

Il retourne alors à Bagdad, plus en forme que jamais, où les festivités de son retour lui font oublier les horreurs de son voyage.

Note : Cet épisode rappelle l'histoire d'Ulysse et du Cyclope, dans l'Odyssée d'Homere

[modifier] Le quatrième voyage

Toujours à la recherche d'aventures, Sinbad reprend la mer et, comme à l'habitude, son navire s'échoue. Les sauvages nus avec lesquels il se retrouve leur donnent à manger une plante qui leur enlève toute volonté. Sinbad refuse de manger de cette plante et, lorsque les cannibales se lassent de lui, il s'échappe. Un groupe de marchands itinérants le ramènent sur leur propre île, où leur roi s'éprend d'amitié pour Sinbad et lui donne une riche et belle vie.

Un peu trop tard, Sinbad apprend une coutume particulière de l'île : à la mort de l'époux ou de l'épouse, l'autre partenaire est enterré vivant avec celui ou celle-ci, tous les deux dans leurs plus beaux atours. Malgré toute son attention, la femme de Sinbad tombe malade et meurt peu après, laissant Sinbad emprisonné dans une caverne souterraine, une tombe commune, avec un pot d'eau et quelques morceaux de pain. Au moment où ses maigres provisions sont écoulées, un autre couple, le mari étant mort et la femme vivante, sont jetés dans la caverne ; Sinbad tue la femme et prend ses rations.

Bientôt, il a une bonne quantité de pain et d'eau et beaucoup d'or et de joyaux, mais est toujours incapable de s'échapper, jusqu'au jour où un animal sauvage lui montre un passage vers l'extérieur, haut au dessus de l'océan. De là, un navire le recueille et le ramène à Bagdad, où il donne ses richesses aux pauvres et recommence à vivre une vie de plaisirs.

Note : Cet épisode rappelle l'histoire de Aristomenes de Messénie qui s'échappa du trou, où il avait été jeté, grâce à un renard. À une certaine époque, les Arabes étudiaient beaucoup la littérature grecque.

[modifier] Le cinquième voyage

« Les marchands cassèrent l'œuf. »Épisode du cinquième voyage de Sinbad.Illustration parue dans Le Magasin pittoresque (1865).
« Les marchands cassèrent l'œuf. »
Épisode du cinquième voyage de Sinbad.
Illustration parue dans Le Magasin pittoresque (1865).

Après un moment de repos et de plaisirs et en regardant ses avoirs, Sinbad oublie tous les périls et la souffrance qu'il a vécue et ressent encore le besoin de prendre le large.

En passant près d'une île déserte, l'équipage de Sinbad remarque un gigantesque œuf que Sinbad reconnaît comme étant celui d'un roc. Curieux, l'équipage débarque, brise l'oeuf et finit par faire cuire l'oisillon pour souper. Sinbad reconnaît l'imprudence de leur geste et rappelle son équipage à bord.

Toutefois, les parents de l'oeuf roc rattrapent le navire et le détruisent en y lançant de gros rochers qu'ils transportent dans leurs griffes. Échoué à nouveau, Sinbad est fait esclave, au service du Vieil homme de la mer qui voyage sur les épaules de Sinbad, ses jambes autour de son cou. Ils voyagent nuits et jours, jusqu'à ce que Sinbad souhaite mourir. Il finit par convaincre le vieil homme de boire jusqu'à s'enivrer, le tue peu après et s'échappe.

Un bateau le ramène dans la ville des Singes, un endroit où les habitants passent chaque nuit sur des bateaux en mer, alors que leur ville est abandonnée aux singes mangeurs d'hommes. Malgré les singes, Sinbad regroupe sa fortune et éventuellement trouve un navire qui pourra le ramener à Bagdad.

(Dans la traduction de Mardrus, les singes ne sont pas anthropophages, mais les habitants de la ville s'enrichissent à cause d'eux. Ils lancent des cailloux sur les singes perchés dans des arbres dits « coco d'Inde ». Enragés, les singes lancent en réponse des noix de coco, lesquelles se vendent chers. Sinbad y participe et se fait une fortune considérable.)

Note : Le Vieil homme de la mer pourrait tirer son origine de la coutume africaine de voyager sur le dos de ses esclaves.

[modifier] Le sixième voyage

Sinbad est reparti en mer et s'échoue cette fois sur une île dont les rivières sont remplies de pierres précieuses dont les flots brillent d'ambre gris.

Cependant, il n'y a aucune nourriture et ses compagnons meurent les uns après les autres, jusqu'à ce qu'il se retrouve seul. Par son don à s'échapper, il trouve la ville du roi de Serendib (Sri Lanka). Le roi est curieux par ce que Sinbad lui raconte à propos de Haroun al-Rashid et lui demande d'apporter des présents de sa part à Bagdad : une coupe taillée dans un unique rubis, un lit fait de la peau du serpent qui avala un éléphant, cent mille pots d'aloès indienne, une jeune et belle esclave, ainsi que d'autres présents.

Lorsque Sinbad retourne à Bagdad, le calife est très intéressé par ce qu'il lui dit de la terre du Serendib .

[modifier] Le septième et dernier voyage

Sinbad reprend la mer avec le résultat habituel.

Perdu sur une île désolée, il se fabrique un radeau et flotte jusqu'à une grande ville. Là-bas, le chef des marchands marie Sinbad à sa fille, le nomme comme héritier et meurt.

Les habitants de cette ville se transforment une fois par mois en oiseaux et Sinbad se fait porter par l'un d'eux jusqu'au plus haut du ciel, où il entend les anges glorifier Allah. Cependant, l'entendant, les anges lui lancent du feu qui consume l'homme-oiseau. Les hommes-oiseaux sont fâchés contre Sinbad et l'isolent sur le sommet d'une montagne où deux jeunes, les servants de Allah, lui donnent un bâton doré.

De retour en ville, Sinbad apprend par sa femme que les hommes-oiseaux sont maléfiques, mais qu'elle-même et son père ne sont pas comme eux. Suivant les suggestions de sa femme, Sinbad vend tous ses avoirs et retourne avec elle à Bagdad, où, finalement, il finit par vivre tranquille, ne recherchant plus d'aventures.

Dans une seconde version du septième voyage, on ajoute que Sinbad se voit demander par le calife Haroun al-Rashid de retourner un cadeau au roi de Serendib. Bien que réticent à reprendre la mer, ses aventures ayant été assez malheureuses, Sinbad entreprend son seul voyage diplomatique. Le roi de Serendip est très heureux des cadeaux du calife et enrichit Sinbad de présents. Au retour, la catastrophe habituelle se produit : Sinbad est capturé et vendu comme esclave. Son maître lui demande de tuer des éléphants avec un arc et des flèches, ce qu'il fait jusqu'à ce que le roi des éléphants le transporte au cimetière d'éléphants. Le maître de Sinbad est tellement heureux par la quantité d'ivoire qu'il y trouve qu'il libère Sinbad qui retourne à Bagdad, riche en ivoire et en or.

[modifier] Conclusion

Ici se termine l'histoire de Sinbad le marin, alors que le roi Shahryar est content de l'histoire de Shéhérazade, sans autre mention de Hindbad le livreur.

[modifier] Anecdote

Sinbad le marin est un des pseudonymes qu'emploie Edmond Dantès dans le roman Le Comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas.