Shirkuh

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Shirkuh (Chirkouh, ou Şêrko en kurde) (mort en 1169), général Kurde du chef de guerre Noureddine. Il devint vizir d'Égypte en 1169 et il était l'oncle de Saladin qui lui succèda.

En 1138, la famille de Najm ad-Din Ayyub, le père de Saladin, gouverneur kurde de Tikrit, doit quitter la ville, peu après la naissance de Saladin, son frère Chirkouh ayant dû tuer un homme pour venger, selon ses dires, l’honneur bafoué d’une femme.

Plus tard, Chirkouh devient l'homme de confiance de Nur ad-Din et l'accompagne en Syrie en 1146. En 1149 il tue le prince Raymond d’Antioche lors d'une bataille.

[modifier] Expéditions en Égypte

Quand le vizir d'Égypte Chawer est renversé par son lieutenant Dirgham et se réfugie en Syrie (1163), Nur ad-Din envoie Chirkouh en Égypte pour le rétablir (avril 1164). Tandis que Nur ad-Din opère une diversion pour attirer Amaury Ier de Jérusalem dans le nord de la Palestine, Chirkouh, Chawer et deux mille cavaliers suivent la rive orientale du Jourdain, puis au sud de la mer Morte traversent le Sinaï et s’emparent de Bilbeis le 24 avril. Le 1er mai, ils campent sous les murs du Caire. Pris au dépourvu, le vizir Dirgham n’a pas le temps d’organiser la défense de la ville. Abandonné de tous, il est tué en tentant de s’enfuir et son corps est jeté aux chiens des rues. Chawer est réinvestit dans sa charge par le calife fatimide al-Adid, un adolescent de treize ans.


Oubliant les promesses faite à Nur ad-Din (il lui avait promis tribut et la cession du nord-est égyptien), il somme Chirkouh de quitter l’Égypte. Ce dernier, fou de colère, est résolu à rester coûte que coûte. Chawer fait alors appel à Amaury, qui s’engage dans le Sinaï (juillet). Chirkouh quitte les environs du Caire pour se retrancher dans Bilbeis, d’où il repousse les attaques de ses ennemis. Nur ad-Din mène alors une offensive contre les Francs dans le nord de la Syrie pour les obliger à quitter l’Égypte. Il attaque la forteresse de Harim, près d’Antioche, écrase les Francs qui sont massacrés ou fait prisonniers, dont leurs chefs Bohémond III d'Antioche et le comte de Tripoli. En Égypte, Amaury, à l’annonce de la défaite, cherche un compromis avec Chirkouh. Les deux hommes s’entendent pour quitter le pays en même temps fin octobre. Chawer, seul en Égypte, consolide son pouvoir pendant deux ans.

Chawer ayant conclu un traité d’assistance mutuelle avec Amaury Ier de Jérusalem, Nur ad-Din renvoie Chirkouh en Égypte. Chawer réclame des troupes à Amaury. Aux premiers jours de 1167, le roi franc et le général kurde Chirkouh arrivent presque en même temps en Égypte. Chawer et les Francs ont rassemblés leurs forces devant Le Caire pour y attendre Chirkouh. Mais celui-ci contourne la ville par le sud, traverse le Nil, puis remonte vers le nord et installe un camp retranché protégé par le Nil à l’ouest du Caire, près des pyramides de Gizeh. Il propose à Chawer, qui refuse, de s’unir contre les Francs. Amaury, méfiant, exige une alliance officielle avec le calife fatimide, ce qui est fait. Egyptiens et Francs coalisés traversent le Nil. Chirkouh part vers le sud, pour les attirer loin de leurs bases.

Le 18 mars, les deux armées s’affrontent près de la localité d’El-Babein. Saladin, qui commande le centre des armées syriennes, fait mine de s’enfuir devant la charge d’Amaury, tandis que les ailes gauche et droite de l’armée syrienne coupent toute retraite aux Francs. Amaury réussit à s’échapper malgré de lourdes pertes et regagne Le Caire où est resté le gros de ses troupes. Avec Chawer, il se prépare à revenir vers la haute Égypte, quand il apprend qu’Alexandrie, hostile à l’alliance avec les Francs, est tombée aux mains de Chirkouh ! Amaury et Chawer mettent le siège devant la ville, rapidement menacée de famine. Une flotte franque vient mouiller au large du port. Chirkouh confie la défense de la ville à son neveu Saladin, pendant qu’il chevauche vers la Haute Égypte avec quelques centaines de cavaliers. Il y organise un véritable soulèvement contre Chawer, puis s’approche du Caire. Il parvient alors à un accord avec Amaury, impatient d’en finir : le siège d’Alexandrie est levé et les deux armées repartent vers leur pays respectif en août. Amaury laisse cependant un contingent au Caire pour contrôler les portes de la cité et protéger les fonctionnaires francs chargés d’encaisser le tribut annuel de 100 000 dinars promis par Chawer. Les citadins ne tardent pas à murmurer contre les occupants.

L'année suivante, les chevaliers et les fonctionnaires francs restés au Caire, devant l’hostilité de la population, appellent Amaury à l’aide. Encouragé par la récente arrivée de croisés, il lance une quatrième expédition vers l’Égypte en octobre. Les Francs s’emparent de Bilbeis, et en massacrent sans raison la population, homme, femmes, enfants, musulmans comme chrétiens de rite copte. Les habitants du Caire, apprenant cela, décident de résister. Chawer ordonne d’incendier la vieille ville de Fostat, qui brûle pendant 54 jours, et évacue la population vers la cité fondée par les Fatimides au Xe siècle. Le calife fatimide al-Adid appelle Nur ad-Din à l’aide, qui dépêche à nouveau Chirkouh et son neveu Saladin.

Amaury de Jérusalem, impressionné par la détermination des Cairotes et craignant d’être pris à revers par les Syriens, quitte l’Égypte le 2 janvier 1169. Six jours plus tard, Chirkouh est accueilli au Caire en libérateur. Attiré dans une embuscade, le vizir Chawer est assassiné des propres mains de Saladin avec l’approbation du calife (18 janvier). Chirkouh le remplace, mais meurt le 23 mars à la suite d’un repas trop copieux. Le calife Fatimide Al-Adid nomme alors Saladin vizir. Celui-ci s’impose en quelques semaines. Il élimine les fonctionnaires fatimides douteux pour les remplacer par ses proches, écrase une révolte au sein des troupes égyptiennes et repousse en octobre une ultime invasion franque d’Amaury contre Damiette, malgré le soutien de la flotte byzantine.