Sens (physiologie)

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Les cinq sens (série), 1872–79, Hans Makart.
Les cinq sens (série), 1872–79, Hans Makart.

Du point de vue physiologique, les sens sont les organes de notre perception. Les sens et leur fonctionnement, leur classification, et la théorie épistémologique qui soutient leur étude sont des sujets abordés par plusieurs disciplines, principalement les neurosciences, mais aussi la psychologie cognitive (ou science cognitive), et toutes les philosophies ayant trait à la perception.

Sommaire

[modifier] Définition

Il n'y a pas d'accord véritable des neurophysiologistes sur le nombre exact de sens en notre possession. La multiplicité des rapports entre le monde sensible et le monde intelligible laisse augurer des difficultés rencontrées dans la recherche d'une définition précise. Une définition consensuelle voudrait assimiler les sens à un système reliant un capteur ou un groupe de capteurs à une énergie extérieure analysée. Plus communément, une définition largement répandue sous-entend le monde sensible comme restreint à celui délivré par nos cinq sens.

Aujourd'hui, la définition la plus largement admise est celle qui fait de nos sens un système de capteurs reliant des systèmes énergétiques externes à des cellules ou à un ensemble de cellules neuronales. Ces cellules ou ces réseaux de cellules, ont pour rôle de répondre à un type bien spécifique de stimuli pour délivrer une information. La réponse de ces capteurs serait alors graduée selon l'énergie mise en jeu. Les théories neurophysiologistes de l'étude du cerveau considèrent l’apprentissage opéré comme une modification de l’intensité de couplage entre les neurones au niveau cortical, modification qui crée un réseau particulier, un ensemble “neuronal” permettant de relier plusieurs régions du cerveau.

Mais le terme de sens peut revêtir deux aspects bien différents suivant que l’on soit en présence d'une communication immédiate (donc instinctive) ou médiate (donc rationnelle, scientifique). Malebranche rattachait le monde réel à la raison et le monde sensible à un monde illusoire et trompeur. En fait, les sens ne sont pas uniquement des transducteurs permettant la mesure de paramètres. Toute vision réductionniste assimilant la perception à une configuration cérébrale semble donc illusoire. Les sens sont les instruments de notre perception, c'est-à-dire le lien qui nous relie au monde extérieur et qui nous permet de reconnaître, grâce à l'interprétation donnée par la pensée et la connaissance les informations qui, parmi l'ensemble de celles nous parvenant, pourraient nous être utiles.

[modifier] Sens et empirisme

De par cette définition assez vaste, plusieurs sens peuvent être identifiés. L'inventaire de ces sens peut d'ores et déjà s'enclencher par la définition aristotélicienne retenant ces cinq sens, à juste titre familiers aux lecteurs. Aristote, en opposition avec Platon, décrivait l’apprentissage des règles qui gouvernent les rapports physiques des éléments entre eux, la construction des lois universelles, comme fondée sur nos sens. Cette école aristotélicienne sera à l'origine de la doctrine épistémologique de l'empirisme.

Les cinq sens

La vue

L'ouïe

L'odorat

Le toucher
Le goût


[modifier] Perception visuelle (vue, vision)

La partie la plus importante de l'œil est le globe oculaire qui est le véritable organe de la vue. Le globe oculaire a la forme d'une sphère, et il est formé de trois couches de tissus superposées :

[modifier] Ouïe

L'ouïe ou l'audition est la capacité de percevoir des sons. Elle résulte de la propagation d'ondes transversales dans l'atmosphère émises dans une bande de fréquences allant de 20 à 20 000 Hertz (peut aller jusqu'à 24 000 Hertz dépendant des personnes), puis reçues et adaptées par l'organe de l'audition, l'oreille. Le pavillon de l'oreille externe focalise et amplifie l'onde qui passe dans le conduit et met en vibration le tympan. Puis il est transmis par la chaîne d'osselets jusque dans l'oreille interne. Le son est transmis au cerveau par les cellules nerveuses à l'intérieur du colimaçon et le nerf auditif. Il est ensuite analysé et interprété (cf. psychoacoustique).


[modifier] Goût

La langue compte 3000 papilles gustatives formées de cellules spécialisées dans les saveurs de base : salé, sucré, amer et acide ou aigre. Chaque saveur dispose donc d'une partie de la langue qui lui est réservée (des études récentes ont montré le contraire par application d'une goutte de substance salée ou sucrée au même endroit, le témoin parvenait à reconnaître la saveur, la cartographie des saveurs est donc obsolète). Les cellules réceptrices captent les stimulations et transmettent au cerveau les signaux correspondants.


[modifier] Odorat (olfaction)

Le nez est un organe très sensible qui est capable de percevoir des milliers d'odeurs. L'olfaction est le deuxième des sens après le goût à utiliser une réaction moléculaire donc "chimique". Selon la théorie physiologique actuellement en vigueur, des configurations spécifiques combinant des centaines de cellules olfactives, sont amenées à réagir à une certaine particularité de la molécule odorante. Si on respire par le nez, l'air passe directement dans la gorge et une toute petite partie arrive alors aux cellules olfactives. Ces cellules vont transmettre des impulsions informatives au nerf olfactif qui envoie un signal électrique au cerveau, lui permettant de reconnaître l'odeur par le système olfactif. Les neurones récepteurs olfactifs diffèrent des autres neurones en cela qu'ils meurent et se régénèrent à intervalles réguliers.

[modifier] Toucher

Le toucher fournit des informations par contact de la peau avec la surface des objets. La peau a deux couches, son épaisseur est de un à quatre millimètres selon les parties du corps. Elle est très élastique, ce qui lui permet une certaine plasticité. C'est par la peau que proviennent les sensations du toucher : tactile (reconnaissance de textures), thermique (le chaud, le froid), ou même émotionnelle (douleur, sensualité ...). La première couche superficielle de revêtement s'appelle "épiderme". La deuxième couche est une partie profonde où se trouvent les terminaisons nerveuses, elle s'appelle "derme".

[modifier] Thermoception

La thermoception est le sens de perception de la chaleur et de l'absence de chaleur (froid) par la peau. C'est le premier sens non identifié explicitement par Aristote. En outre il existe des désaccords subsistant quant au nombre de sens consacrés à ce type de perception, étant donné le fait que les thermorécepteurs cutanés diffèrent sensiblement des thermorécepteurs homéostatiques qui permettent un rétrocontrôle de la température interne du corps.

[modifier] Nociception

La nociception est la perception de la douleur. Elle peut être regroupée en un à trois sens, ceci dépendant de la méthode de classification. Les trois types de nocicepteurs sont :

  • les récepteurs cutanés au niveau de la peau
  • les récepteurs somatiques au niveau des articulations et des os
  • les récepteurs viscéraux au niveau des organes viscéraux


[modifier] Équilibrioception

L'équilibrioception est la perception de l'équilibre et se rapporte à des cavités de l'oreille interne contenant un fluide. Il existe des désaccords sur le fait d'y inclure ou non le sens de la direction ou de l'orientation. Cependant, tout comme la sensation de la profondeur dans la vision, le sens de l'orientation est considéré comme une interprétation cognitive post-sensorielle.


[modifier] Proprioception

La proprioception est la perception du corps. C'est une perception à laquelle les gens ont fréquemment recours sans savoir qu'elle existe.
Plus facilement démontrée qu'expliquée, la proprioception est la perception "inconsciente" de l'endroit où se trouvent les différentes parties du corps, et ce à chaque instant (ceci peut être démontré à une personne en lui demandant d'effectuer un mouvement quelconque, comme par exemple celui de lever la main, alors qu'elle a les yeux fermés ; la personne en question aura, à chaque instant du mouvement effectué, la connaissance de l'endroit où se trouve la partie du corps déplacée, en l'occurrence sa main ; cette connaissance est permise par la proprioception, puisqu'en principe les autres sens ne peuvent être renseignés à son sujet).

[modifier] Cénesthésie

impression confuse d'aise ou de malaise provoquant une perturbation de la sensibilité interne

[modifier] Faim et Satiété

[modifier] Sens non-humains

Tous les animaux présentent des récepteurs sensoriels leur permettant de percevoir le monde autour d'eux, incluant plusieurs de ceux précités, valables pour l'homme. Cependant les mécanismes et capacités peuvent varier.

Par exemple, les chiens ont un sens de l'odorat plus fin que celui de l'homme, bien que le mécanisme mis en jeu soit le même. Les mites ont des récepteurs olfactifs sur leurs antennes, et des récepteurs aux vibrations sonores sur leurs ailes.

Les cténophores ont un récepteur de l'équilibre (un statocyte) qui fonctionne très différemment des canaux semi-circulaires mammaliens.

Par ailleurs, certains animaux ont des sens qui ne sont pas partagés avec l'homme, regroupés ci-dessous.


[modifier] Électroception

L'électoception (ou électroréception), le plus signicatif des sens non-humains, est la capacité à détecter les champs électriques. Beaucoup d'espèces de poissons, requins, raies, peuvent sentir des modifications du champ électrique dans leur proximité immédiate. Certains poissons sentent passivement des changements dans le champ électrique proche ; d'autres génèrent le leur, d'intensité faible, et peuvent sentir la répartition du potentiel sur leur surface corporelle ; d'autres encore utilisent ces capacités de génération et de sensation pour la communication sociale. Les mécanismes permettant la construction d'une représentation spatiale à partir d'infimes différences de potentiel impliquent la comparaison des temps de latence des pics en provenance de chacune des parties du corps.

Le seul ordre de mammifères connu pour présenter la faculté d'électroception est l'ordre des monotrèmes, parmi lesquels l'ornithorynque a le sens le plus développé (voir (en) [1]).

Les humains (et probablement les autres mammifères) peuvent détecter les champs électriques indirectement, par le biais de l'effet qu'ils provoquent sur les poils. Par exemple, un ballon électriquement chargé exercera une force d'attraction sur des cheveux, ce qui peut être senti par le toucher, et être identifié comme provenant d'une charge électrique (et non du vent ou autre chose).


[modifier] Magnétoception

La magnétoception est la capacité à détecter des variations de champ magnétique. Elle est couramment observée chez les oiseaux, bien qu'on ait pu l'observer également chez des insectes comme les abeilles.


[modifier] Écholocation animale

Détection d'ondes électromagnétiques ou sonores insensibles pour l'homme.

[modifier] Critique

Cette liste montre une différenciation par l'emplacement du capteur. Il est peut-être plus judicieux de différencier les moyens de perception par le type de capteur ou par le type de stimulus capté. On distinguerait alors les sensations en fonction de la nature des différentes énergies émises ou reçues :

  • Énergie rayonnée (peau, yeux)
  • Énergie mécanique (oreilles, peau)
  • Énergie thermique (peau)
  • Substances chimiques (peau, nez, bouche)
  • Énergie électrique (peau)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Lien externe