Rudolf Höß

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Rudolf Höß
Rudolf Höß

Rudolf Franz Ferdinand Höß[1] (né le 25 novembre 1900 à Baden-Baden et mort le 16 avril 1947 à Auschwitz) a été un membre des SS. En tant que commandant du camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau du 1er mai 1940 jusqu'au 1er décembre 1943, il mit en œuvre l'élimination de déportés juifs en utilisant le gaz Zyklon B et des fours crématoires pour détruire les corps.

Sommaire

[modifier] Biographie

Fils d'une famille catholique de Baden-Baden, son père nourrit le souhait de voir son fils devenir prêtre et l'éleva dans ce but avec autorité. Après la mort de son père, Höß s'engage à 15 ans dans l'armée et est envoyé servir dans l'Empire ottoman. À 17 ans, il est déjà sous-officier décoré de la Croix de fer de 1re et 2e classe.

En 1919, après la Première Guerre mondiale, il s'engage dans une troupe paramilitaire nommée Roßbach et part combattre dans les territoires allemands près de la Baltique, dans la Ruhr et en Haute-Silésie. Libéré de cette troupe, il s'inscrit au parti nazi en 1922. Ayant participé au meurtre du communiste Walter Kadow, il est condamné à 10 ans de prison, mais est libéré en 1928 grâce à une amnistie. C'est notamment ce séjour en prison qui conduira Himmler à le choisir pour diriger le camp d'Auschwitz-Birkenau. Cet emprisonnement fera de lui un expert dans la psychologie des prisonniers, c'est de lui que viendra l'idée de maquiller les chambres à gaz en douche pour que les gazages se fassent sans rebellion de la part des détenus.

À la suggestion de Heinrich Himmler, il demande à faire partie des SS en 1933 et est accepté l'année suivante. Le 1er décembre 1934, il devient membre du Totenkopfverband (l'unité "tête de mort"). Il sert ainsi au camp de Dachau.

Promu SS Hauptsturmführer en 1938, il est candidat pour être commandant au camp de Sachsenhausen. En 1940, devenu membre des Waffen-SS l'année précédente, il est nommé commandant du camp d'Auschwitz, où il reste jusqu'en 1943. Il y met en place un premier camp (dit Auschwitz 1) puis un second (dit Auschwitz 2 Birkenau) qui sera celui de l'extermination massive des populations Juives d'Europe. Jusqu'alors (dans d'autres camps notamment), les gazages étaient effectués avec des gaz d'échappement. La particularité de l'extermination mise en place par Höß a été d'utiliser le Zyklon B. Les tous premiers essais de gazages au Zyklon B (acide prussique dont l'utilisation normale était celle d'insecticide) ont lieu à Auschwitz 1, fin 1941. Au printemps 42 les déportations en masse commencent et Höß met en place deux lieux de gazage provisoires à Birkenau avant de faire construire au printemps 43 quatre crématoires (on appelle "crématoires" des bâtiments qui comprenaient à la fois une salle de déshabillage, des chambres à gaz et les fours crématoires proprement dits). Höß a donc, sur ordre de Himmler, organisé la Solution finale à Auschwitz en améliorant ses méthodes entre la fin 1941 et le printemps 1943 : le but en était le meurtre de masse d'un maximum de Juifs en un minimum de temps.

Du 1er décembre 1943 au 8 mai 1944, il est remplacé par Arthur Liebehenschel, dont il reprend les postes au Amstgruppe D du Wirtschaftverwaltungshauptamt des SS. Himmler le renvoie à Auschwitz pour mettre en place l'« Aktion Hoess », c'est-à-dire la machine de mort du camp d'Auschwitz II - Birkenau qui visa des juifs de Hongrie.

Potence de Rudolf Höß à Auschwitz I
Potence de Rudolf Höß à Auschwitz I

Capturé le 11 mars 1946 par la police militaire britannique, il témoigne pendant les procès de Nuremberg contre Ernst Kaltenbrunner, Oswald Pohl et la firme IG Farben. Il est transféré aux autorités polonaises le 25 mai 1946. Il est jugé par le Tribunal Suprème de Pologne du 1er au 29 mars 47. Condamné à mort le 2 avril 1947, son exécution par pendaison a lieu le 16 avril près du crématorium du camp d'Auschwitz 1 et de la maison qu'il a occupée avec sa famille durant toutes les années pendant lesquelles il a dirigé le camp. Cet homme, pendant son interrogatoire, ne se croyait en aucun cas coupable et répétait constamment que c'était un ordre et qu'il avait obéi.

[modifier] Littérature

Pendant son emprisonnement, il rédigea une autobiographie, publiée en 1958 sous le titre Rudolf Höss - Commandant d'Auschwitz. Il s'y présente comme un homme élevé dans l'obéissance aux ordres. Il y exprime son antisémitisme et son dégoût pour les Tziganes comme des évidences.

En 1952, l'écrivain français Robert Merle publia une biographie romancée de Höss (Rudolf Lang dans le récit), la Mort est mon métier. Ses sources ont été l'autobiographie d'Höss et ses états de services au sein de l'armée allemande et du parti nazi. De plus, il s'est basé sur le résumé des entretiens de Höss avec le psychologue américain Gilbert qui l'interrogea dans sa cellule au moment du procès de Nuremberg. L'auteur concentre son attention sur les raisons qui peuvent pousser un homme à exécuter des ordres menant au massacre des 2,5 millions de déportés qui lui furent imputés (c'était la propre estimation de Höß). Plus de la moitié du récit est donc consacrée à l'éducation du jeune Hoess, à ses multiples frustrations et au mouvement qui le rapproche des SA, puis des SS. La seconde moitié du roman est un véritable travail d'historien : Merle y décrit avec précision la mise en place de la Solution finale à Auschwitz de même que l'implacable organisation nazie qui, en segmentant les tâches jusqu'au moindre détail, interdit à Hoess toute maîtrise de ses actes et toute prise de distance, ne serait-ce que de conscience.

En 1985 l'écrivain italien Primo Levi, lui-même ancien déporté à Auschwitz, rédige une préface à l'édition italienne de l'autobiographie de Höss. Cette préface figure dans l'ouvrage de Levi L'asymétrie et la Vie.

[modifier] Citations

« Je ne regrette qu'une chose, ne pas avoir passé assez de temps avec ma famille ».

[modifier] Bibliographie

[modifier] Références

  1. Pour les non-germanophones : cette lettre spécifique à l'alphabet allemand, la vingt-septième, appelée ess-tsett, correspond à un double s ; le ö se prononce eu ; pour le nom entier, lire Heuss.