Rudolf Hess

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Rudolf Hess
Rudolf Hess

Rudolf Hess (en allemand Rudolf Heß), (26 avril 1894 à Alexandrie, Égypte - 17 août 1987 à Berlin-Ouest, RFA) est une personnalité majeure du Troisième Reich.

Après avoir gravité dans l'ombre d'Adolf Hitler dès ses débuts politiques, il en devint le représentant officiel auprès du parti nazi et participe activement en 1935 à la rédaction des lois de Nuremberg. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, il prend l'initiative à la veille de l'invasion de l'U.R.S.S. de s'envoler pour l'Écosse afin de négocier un accord de paix avec la Grande-Bretagne. À son arrivée il est aussitôt arrêté par les autorités britanniques. Après la capitulation allemande il est condamné à l'emprisonnement à perpétuité lors du procès de Nuremberg. En 1987, après 46 ans de captivité, il est retrouvé mort pendu dans la prison de Spandau.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] 1894-1920 : Origine

Né le 26 avril 1894 à Alexandrie en Égypte dans une famille de commerçants européens (mère britannique et père allemand politiquement ultra-nationaliste), il sert dans l'armée allemande lors de la Première Guerre mondiale. Il est blessé à plusieurs reprises et tente d'entrer dans l'armée de l'air, mais la guerre s'achève avant qu'il ne puisse piloter.

[modifier] 1920-1939 : Ascension dans l'ombre d'Hitler

Il adhère au NSDAP dès sa création en 1919 en prenant la 16e carte du parti[réf. nécessaire]. Il rencontre le Adolf Hitler en 1921[réf. nécessaire], sous l'influence duquel il tombe immédiatement. Lorsqu'Adolf Hitler devient le chef du NSDAP, il devient alors son secrétaire particulier. Il est l'inventeur[réf. nécessaire] du concept Lebensraum (espace vital) qui sera un thème central de la propagande et de la politique nazies. Cette idée sera développée ultérieurement avec d'autres personnes dans la revue qu'il dirige, Zeitschrift für Geopilitik (Cahiers pour la géopolitique).

Rudolf Hess participe en 1923 au putsch de la brasserie à Munich. Après l'échec de la tentative de coup d'État, il est emprisonné avec Hitler à Landsberg am Lech et l'aide à la rédaction de Mein Kampf.

À la sortie de prison, Rudolf Hess occupe une position privilégiée en tant qu'adjoint d'Hitler lors des premières années du mouvement nazi, mais son influence se réduit petit à petit dans les années 1930[réf. nécessaire] lors de l'arrivée au pouvoir du parti nazi. En 1933, Hitler le considère publiquement comme son dauphin, puis comme le 3e homme du régime après Göring. Rudolf Hess engage comme secrétaire personnel Martin Bormann et représente le Führer dans des manifestations mineures. En 1935, il participe activement à la rédaction des lois de Nuremberg.

Il se passionne par l'astrologie et les horoscopes et se nourrit de plantes médicinales[réf. nécessaire]. Certains y voient plutôt un esprit romantique cherchant à obtenir une paix séparée avec les Britanniques. Il a un fils, prénommé Wolf Rudiger Hess (Rudiger vient de la légende des Niebelungen, le conte préféré de son père) ayant Hitler pour parrain.

[modifier] 1939-1945 : Seconde Guerre mondiale

La marginalisation de son rôle politique s'accroît lors des premières années de la Seconde Guerre mondiale, qui focalise toute la gloire populaire sur les lieutenants d'Hitler : Hermann Göring, Joseph Goebbels et Heinrich Himmler. Il est cependant nommé membre du Conseil de la défense du Reich dès 1939 et assiste Hitler lors de la signature de l'armistice française de 1940 à Rethondes.

Les débris du Messerschmitt Bf 110 de Hess
Les débris du Messerschmitt Bf 110 de Hess

Le 10 mai 1941, Rudolf Hess prétend vouloir essayer un Messerschmitt Bf 110 et détourne l'avion jusqu'au nord du Royaume-Uni. Il saute en parachute à Ayrshire lorsqu'il essuie des tirs de DCA. Il se casse la cheville à son atterrissage et est immédiatement arrêté par les autorités britanniques. Il demande alors à rencontrer le Duc d'Hamilton qu'il dit connaître depuis une visite officielle du Prince de Galles en Allemagne avant la guerre. Il pense que le Duc serait un bon médiateur, au service de lord Halifax, opposant et successeur potentiel de Winston Churchill.

Selon Rudolf Hess, Hitler préparant l’« opération Barbarossa », souhaite mettre fin à la guerre à l'ouest . Abusé par la vaste campagne de désinformation menée par les services secrets britanniques, il envoie Rudolf Hess, en Grande Bretagne, dans le but de reprendre secrètement langue avec les banquiers et les politiques qui avaient soutenu sa marche vers le pouvoir.[réf. nécessaire]

Les services secrets avaient encouragé le premier ministre britannique à accepter d'ouvrir des discussions avec des représentants de l'Allemagne nazie pour laisser penser qu'une paix était envisageable. Pour rendre crédible cette opération, la stratégie consistait à laisser croire qu'une fois que Winston Churchill serait mis en opposition à la Chambre des Lords, Lord Halifax - son successeur le plus crédible - accepterait de négocier un arrêt des hostilités. À cette époque, l'Empire britannique supportait seul l'effort de guerre et la politique de Churchill était très critiquée. Une partie de la classe politique, menée par Lloyd George, souhaitait l'arrêt des hostilités afin de préserver l'Empire.

Rudolf Hess est emprisonné quelque temps à la Tour de Londres. Hitler prétend alors que Hess est devenu fou, et qu'il a agi selon sa seule initiative. Toutefois, selon le colonel SS Otto Skorzeny dans son livre La guerre inconnue, Hitler était parfaitement au courant du projet de Rudolf Hess de partir négocier en Grande-Bretagne.

Martin Bormann lui succède au poste d'adjoint et Hess passe le reste de la guerre au Royaume-Uni.

[modifier] 1946 : Procès de Nuremberg

Rudolf Hess au procès de Nuremberg (au premier rang, deuxième depuis la gauche)
Rudolf Hess au procès de Nuremberg (au premier rang, deuxième depuis la gauche)

Au lendemain de la seconde Guerre mondiale, Rudolf Hess est jugé au cours du procès de Nuremberg pour complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Sur ces quatre chefs d'accusation, il ne sera cependant condamné que pour complot et crimes contre la paix. Il écope de la prison à perpétuité, sanction qui sera appliquée sans remise de peine.

Au cours du procès, il ne se reconnaîtra aucun de ces crimes et se dira même fier d'avoir servi son maître, Adolf Hitler, et le peuple allemand. Il ira jusqu'à invoquer son action en Écosse où il avait tenté, selon lui, de mettre fin à la guerre entre l'Allemagne et l'Angleterre, au péril de sa vie, et fut emprisonné pour cela. Pendant les années qui suivent, il est le prisonnier « numéro 7 ». Après les libérations de Baldur von Schirach et Albert Speer en 1966, il reste le dernier prisonnier de la prison de Spandau (Berlin-Ouest). Ses gardes affirment que sa santé mentale s'est profondément dégradée, et qu'il a perdu la mémoire. Les Soviétiques et les anglais, peut-être gênés par les secrets qu'il détient[réf. nécessaire], insistent pour qu'il reste en prison.

Spandau étant à Berlin-Ouest, le détachement soviétique chargé de prendre la relève traversait en armes, une partie de l'espace contrôlé par les Occidentaux ; cette particularité a pris fin avec le décès de Hess en 1987.

[modifier] 1987 : Décès et conséquences

Il meurt à Spandau en 1987 à 93 ans, pendu à un fil électrique. Sa mort est classée comme un suicide, bien que son fils Wolf Rüdiger Hess ait toujours défendu la thèse d'un assassinat perpétré par les SAS ou la CIA. La thèse de l'assassinat est défendue par la famille de la victime, ainsi que par les néonazis qui voient à travers cette mort un martyr nazi. Les médecins légistes anglais confirment néanmoins la thèse du suicide.

On peut lire sur la tombe de Rudolf Hess l'épitaphe suivante : « Ich habe gewagt » (« J'ai osé »). Cette phrase énigmatique alimente une controverse. Les hypothèses de ce qu'il aurait osé sont diverses : de se supprimer, d'avoir agi ainsi au cours de la seconde guerre mondiale, d'avoir essayé de faire la paix avec l'Angleterre, etc.

Après la mort de Hess, la prison de Spandau fut détruite afin d'éviter qu'elle ne devienne un lieu de rassemblement de néo-nazis[réf. nécessaire]. Cependant, des Allemands et d'autres personnes européennes se retrouvèrent à Wunsiedel, où il est enterré (c'est aussi la ville d'origine de sa famille paternelle), pour une « marche de la mémoire ». Ces manifestations se renouvellent chaque année, le jour anniversaire de la mort de Hess, bien qu'interdites de 1991 à 2000 (années durant lesquelles les marches ont lieu dans diverses villes des alentours). Les marches de 2002 et 2003 (à nouveau autorisées) rassemblèrent plus de 500 personnes.

[modifier] Bibliographie

  • James Douglas-Hamilton, Histoire secrète de la mission Rudolf Hess, Paris,Laffont, 1972
  • William Engdahl, Pétrole – une guerre d’un siècle – l’ordre mondial anglo-américain, Jean-Cyrille Godefroy, Paris, 2007
  • Charles A. Gabel, Conversations inderdites avec Rudolf Hess 1977-1986, Paris, Plon, 1988
  • Wolf-Rüdiger Hess, La Mort de Rudolf Hess ... un meurtre exemplaire !, Paris , Les Editions du Camelot et de la Joyeuse Garde, 1995
  • Yves Lacoste, Géopolitique, Larousse, Paris, 2006
  • Roger Mannvel et Heinrich Fraenkel, L'affaire Rudolf Hess, Paris, Stock, 1971
  • William Shirer, Grandeur et décadence du Troisième Reich, Stock, Paris

[modifier] Voir aussi

[modifier] Lien externe

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