Royaume de Jérusalem

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Le royaume de Jérusalem était un royaume chrétien créé en Orient en 1099 lors de la Première Croisade.

Sommaire

[modifier] Situation

Carte des états latins d'Orient
Carte des états latins d'Orient

Le royaume de Jérusalem est l'état latin d'Orient le plus méridional. Le royaume, à partir du règne de Baudouin Ier s’étend sur le territoire de la Palestine. Le littoral va de Gaza et Daron à Beyrouth. Vers l’intérieur, le royaume va jusqu’à la vallée du Jourdain. Plus tard, l’autre rive du Jourdain sera occupée jusqu’à la mer Rouge, formant la terre d’Outre-Jourdain.

Voir la carte des États latins d'Orient.

[modifier] Composition féodale

Le royaume de Jérusalem se partageait en un domaine royal et quatre fiefs principaux. Ces fiefs principaux, ainsi que le domaine royal, avaient eux-même des vassaux.

Les principaux fiefs du royaume de Jérusalem étaient :

Les seigneuries dépendantes du domaine royal étaient :

Il y eut également quelques seigneuries détachées du domaine royal :

[modifier] Armoiries

armoiries du royaume de Jérusalem
armoiries du royaume de Jérusalem

Blasonnement : d'argent, à la croix potencée d'or, cantonnée de quatre croisettes du même.

selon la tradition ce blason est volontairement à l'enquerre (il contrevient aux règles héraldiques par du métal directement sur du métal), pour mieux marquer le prestige tout particulier de ce Royaume

[modifier] Histoire

[modifier] Le royaume à Jérusalem

Le royaume de Jérusalem est né de la Première croisade et de la prise de Jérusalem (15 juillet 1099). Godefroy de Bouillon en fut le premier souverain, mais se contenta du titre d’Avoué du Saint-Sépulcre. Il fallut d’abord combattre une première contre-attaque fatimide, qui fut battue à Ascalon le 12 août 1099. Le royaume se limitait aux villes de Jérusalem et Bethléem, du port de Jaffa et de la route reliant Jérusalem et Jaffa.

Plusieurs chefs croisés quittèrent la ville sainte, soit pour se tailler des principautés, soit pour rentrer en Europe. Il ne restait plus que Godefroy, Tancrède de Hauteville et trois cents chevaliers. Tancrède conquit la plaine de Galilée et fonda la principauté de Galilée. Godefroy mourut le 18 juillet 1100.

Se posait alors la question du statut juridique du nouvel état, liée à celle de la succession. Daimbert de Pise, patriarche de Jérusalem, souhaitait un état théocratique et appela son allié Bohémond, prince d'Antioche. Mais celui-ci venait d’être fait prisonnier par les Turcs et Baudouin, comte d'Edesse, frère de Godefroy, se présenta et Daimbert fut obligé de l’accepter, puis de le sacrer roi de Jérusalem.

Baudouin Ier passa son règne à conquérir le littoral et à repousser les contre attaques islamiques. Il réussit à faire reconnaître la suzeraineté de royaume de Jérusalem sur les autres États latins d'Orient. Il mourut en 1118 et les seigneurs du royaume lui choisirent comme successeur Baudouin du Bourg, comte d’Edesse.

Baudouin II renforça la présence franque en Terre Sainte et remporta plusieurs victoires, mais ne put s’emparer de la Syrie intérieure, les villes d’Alep et de Damas restant aux musulmans.

Les succès de la première croisade étaient principalement dues aux divisions des musulmans. Foulque d'Anjou parvint à maintenir cet équilibre, mais la Syrie Musulmane commançait à s'unifier sous la férule de Nur ad-Din. La Deuxième croisade n'eut aucun résultat positif, les croisés ayant attaqué Damas, le seul émirat allié au Francs.

Les règnes de Baudouin III et d'Amaury Ier sont marqués par la recherche d'alliances, auprès de Byzance et de l'Égypte fatimide, mais cette dernière action se solda par un échec qui contribua à l'hégémonie de Saladin sur la Syrie et l'Égypte réunies, prenant le royaume en tenaille.

Baudouin IV le lépreux, puis Raymond III de Tripoli, régent au nom de Baudouin V, réussirent à tenir Saladin en échec, mais le comportement de Renaud de Châtillon et l'avènement de Guy de Lusignan amenèrent la catastrophe : l'armée franque fut vaincue à Hattin (4 juillet 1187), le roi prisonnier, et Saladin entreprit rapidement la conquête des États latins d'Orient. Le royaume de Jérusalem se réduisit bientôt au port de Tyr, le comté de Tripoli se réduisit à la ville de Tripoli, au château de Tortose et au Krak des Chevaliers, et la principauté d'Antioche à Antioche et à Marqab.

C'est de Tyr que vint la contre-attaque. Conrad de Montferrat, un homme énergique et résolu, oncle de Baudouin V, y avait débarqué en juillet 1187, mit la ville en état de défense, et repoussa les attaques de Saladin. Pour contrebalancer cette réaction, Saladin délivra Guy de Lusignan, mais Conrad refusa à ce dernier l'entrée de Tyr. Tandis que Conrad épousait Isabelle de Jérusalem pour faire valoir des droits au trône, Guy de Lusignan se mit à assiéger Acre. Ce siège dura deux ans, les Francs se retrouvant assiégés par une armée de secours de Saladin, et en proie à la rivalité entre partisans de Guy et partisans de Conrad. Ce n'est qu'à l'arrivée de la Troisième croisade, conduite par Philippe II Auguste et Richard Cœur de Lion, que la ville put être prise. Philippe Auguste rentra en France, mais Richard resta et fit la conquête de la bande côtière et négocia avec Saladin une paix garantissant aux pèlerins chrétiens l'accès à Jérusalem. Sous la pression des barons, il se résigna à reconnaître Conrad comme roi de Jérusalem, installant Guy de Lusignan sur le trône de Chypre qu'il venait de conquérir sur les Byzantins.

[modifier] Le royaume à Saint-Jean-d'Acre

Jérusalem était perdu, et le siège du royaume fut installée à Saint-Jean-d'Acre, bien que toujours nommé royaume de Jérusalem. Conrad de Montferrat en devint le nouveau roi, mais fut assassiné peu après. Se succédèrent alors les deux maris suivant d'Isabelle, Henri II de Champagne, puis Amaury II de Lusignan, le frère de Guy de Lusignan, et roi de Chypre. Il parvint à reprendre plusieurs ports et à reconstituer le royaume tout le long du littoral, de Jaffa à Beyrouth. À sa mort, ce fut Marie de Montferrat qui lui succéda, sous la régence de Jean d'Ibelin, le vieux seigneur de Beyrouth.

Lorsque Marie eut dix-neuf ans, le régent la maria à Jean de Brienne. En 1218, celui-ci lança une expédition en Égypte dans le but de négocier la restitution de Jérusalem. Le 5 novembre 1219, il prit Damiette, et le sultan d'Égypte était disposé à échanger la ville contre Jérusalem. Le légat Pélage d'Albanie s'y opposa et marcha sur Le Caire au moment de la crue du Nil. L'expédition tourna ainsi à la catastrophe et les succès de l'opération furent réduits à néant.

Pour obtenir des secours de l'Occident, Jean de Brienne maria en 1225 sa fille Isabelle II à l'empereur romain germanique Frédéric II de Hohenstaufen., lequel l'écarta du trône. Frédéric II, bien qu'ayant réussi à récupérer Jérusalem par traité mécontenta les barons et la guerre des Lombards éclata entre les impériaux et les barons. Ce n'est qu'en 1232 que les barons l'emportèrent, ne laissant aux impériaux que la ville de Tyr qui fut prise en 1243.

Tout en maintenant une fiction des rois Hohenstaufen, les barons organisèrent un gouvernement collégial, dirigé par Jean d'Ibelin, puis par son fils Balian, mais l'anarchie s'installa. Jérusalem fut reprise par les musulmans en 1244. Saint Louis, vint à la tête d'une croisade, mais fut fait prisonnier à Damiette. Après sa libération, il gouverna le royaume de 1250 à 1254 et le réorganisa, mais l'anarchie s'installa après son départ, aggravée par les rivalités entre les Gênois et les Vénitiens, la double prétention au trône de Hugues III de Chypre et de Charles d'Anjou. Pendant ce temps, le sultan mamelouk Baybars reprenait petit à petit les différentes places fortes du royaume. La dernière place forte fut Saint-Jean-d'Acre, qui fut prise le 18 mai 1291.

[modifier] Institutions

Les institutions du royaume, lois initialement non écrites, furent regroupés par Jean d'Ibelin dans les Assises de Jérusalem.

[modifier] Le roi

Icône de détail Article détaillé : liste des rois de Jérusalem.

Le royaume de Jérusalem fut tout d'abord une monarchie élective : Godefroi de Bouillon, Baudouin Ier et Baudouin II ont été désignés de cette manière. Mais les barons prirent rapidement l'habitude de choisir le roi dans la famille royale, au point qu'après le règne de Frédéric II, et malgré l'absence du souverain et le rejet des Hohenstaufen, la fiction des rois Hohenstaufen fut établie.

Cette double nature de la succession, élective et héréditaire, permit :

[modifier] La noblesse et la Haute-Cour

Contrairement à de nombreux pays d'Europe, la puissance féodale s'est d'abord établie, chaque croisé noble cherchant à se tailler un fief en Terre Sainte, transposant ainsi le système féodal en Orient, et ce ne fut qu'ensuite que la nécessité de coordonner les opérations militaires établit l'institution monarchique. De ce fait, la véritable souveraineté ne réside pas dans le roi, mais dans le corps de la noblesse réunit en assemblée sous le nom de Cour des Liges ou Haute Cour. Composée au départ des vassaux direct de la Couronne, elle fut augmentée en 1162 des arrières vassaux. Elle dispose d'une autorité souveraine supérieure à celle du roi, qui n'a que le pouvoir militaire. Avant d'être reconnu et sacré, le roi devait prêter le serment de respecter les coûtumes et les Assises du royaume.

[modifier] Les cours judiciaires

La Haute Cour est aussi chargé de régler les litiges intéressant les nobles. D'autres cours jugeaient des affaires concernant le reste de la population :

  • la Cour des Bourgeois, pour juger les hommes libres de naissance roturière et de langue latine. Elle est composé de douze jurés ou notables, et présidée par le vicomte de Jérusalem.
  • la Cour du Raïs, pour juger les indigènes syriaques, composé de jurés indigènes et présidé par le raïs, un fonctionnaire indigène.

[modifier] Les officiers du royaume

[modifier] Annexes

[modifier] Bibliographie

  • (en) Alan V. Murray, The crusader Kingdom of Jérusalem: A Dynastic History, 1099-1125, 2000 [détail des éditions]
  • René Grousset, L'Empire du Levant : Histoire de la Question d'Orient, 1949 [détail des éditions]
  • Joshua Prawer, Histoire du Royaume latin de Jérusalem [traduit de l'hébreu par G. Nahon, revu et complété par l'auteur], rééd. Paris, CNRS, 2007

[modifier] Articles connexes