Rond de sorcière

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Le rond de sorcières, cercle des fées ou mycélium annulaire est un phénomène naturel, consistant en une colonie de champignons pérennants alignés en une formation plus ou moins circulaire, en sous-bois ou dans les prés.


Les véritables[1] ronds de sorcières se déplacent par un ou plusieurs « bonds » annuels de 20 à 40 cm, le record étant atteint par Catathelasma imperiale avec le chiffre d'un mètre par an.


Sommaire

[modifier] Description

Tous les Hygrophores des sous-genres Limacium et Camarophyllus, la plupart des Psalliotes et des Hébélomes, la majorité des Tricholomes et des Clitocybes, beaucoup de Cortinaires et de rares Amanites peuvent produire cette formation. Les plus typiques étant le Tricholome de la Saint-Georges, le Marasme des Oréades et le Clitocybe géotrope.

Ces curieux cercles de champignons ont été remarqués par les hommes depuis fort longtemps et ont donné lieu aux plus poétiques légendes : Nymphes et Dryades, elfes et gnomes en seraient les responsables. Au Moyen Âge, on y voyait la trace de la « danse des sorcières pour évoquer le démon », celle des fées, la main du diable ou celle de génies nocturnes tels que korrigans et farfadets.

De fait, on voit souvent l'herbe dépérir sur cette zone dénudée où apparaîtront, en saison, les nouveaux champignons. Fait plus curieux, l'intérieur du cercle montre une végétation languissante, alors qu'à l'emplacement du cercle de l'année précédente, l'herbe forme un anneau luxuriant d'un vert magnifique. Ainsi, ces « rondes » sont observables avant même l'apparition de tout champignon sur leur bord, et encore plus remarquables vus d'avions, les aviateurs repérant plus aisément ceux qui échappent aux regards des « rampants » en raison de leur immensité.

[modifier] Explication scientifique

Selon Henri Romagnesi, l'explication de leur origine est très simple : à la manière d'une colonie bactérienne sur un milieu de culture, une unique spore, ayant germé, émet son mycélium dans toutes les directions, et les différents « rayons » du cercle se développent à vitesse sensiblement égale. Quand le sol est épuisé, le mycélium colonise une nouvelle bande de terrain Il s'ensuit année après année une progression de la colonie en un cercle de plusieurs dizaines de mètres de diamètre, voire plusieurs centaines de mètres pour les plus anciens. Dans les immenses prairies des États-Unis et du Canada[2] on en connaît de plus d'un kilomètre de diamètre et Georges Becker en a repéré un de Clitocybe gigantea près de Belfort d'environ 600 mètres !

La distance franchie annuellement par le mycélium annuaire étant connue, il est facile de calculer son âge. Les cercles d'une dizaine d'années sont les plus courants mais les ronds de sorcières de plus d'un siècle ne sont pas rares, celui de Belfort cité plus haut étant estimé à plus de 700 ans. Même quand ils sont aussi anciens, ils restent aussi prolifiques qu'au premier jour; V. Piane a compté plus de 700 exemplaires de Pieds bleus (Lepista nuda) dans un cercle d'une cinquantaine de mètres de rayon.

Quant au phénomène de variation de couleur de l'herbe et du comportement de la végétation, le dépérissement s'explique par l'épuisement des substances nutritives du sol au profit du mycélium et/ou la production de toxines sécrétés par ce dernier, notamment une quantité excessive de nitrates et de substances antibiotiques. L'anneau de végétation luxuriante a été expliqué (Mollard) par les mêmes nitrates (sels ammoniacaux) qui, dilués par les pluies et atteignant un taux comparable à celui aux engrais horticoles, perdent leur nocivité et deviennent bienfaisants pour ces plantes dont ils favorisent la croissance.

[modifier] Notes

  1. Georges Becker signale deux types de faux cercles : celui dont un arbre est le centre, et où le mycélium ne fait que suivre la progression des radicelles périphériques, et le cas des ronds qui apparaissent spontanément tout formés et ne progressent pas.
  2. Myron Smith, spécialiste de la génétique des plantes à l'Université Carleton, à Ottawa, a découvert au Michigan un « anneau » d'Armillaire bulbeuse (Armillaria bulbosa), qui s'étendait sur plus de 15 hectares de forêt, estimant son poids à plus de 10 tonnes et son âge à 1 500 ans, soit un des plus vieux organismes vivants au monde.

[modifier] Variantes orthographiques

[modifier] Références

  • Henri Romagnesi (1956) : Nouvel atlas des champignons (4 Volumes), Bordas, ouvrage publié sous les auspices de la Société mycologique de France
  • Tsoumou-Gavouka A. & Guillaumin J.-J. (1984) : Croissance et ramification du rhizomorphe d'Armillaria bulbosa (Barla) Romagn., Bull. Soc. botanique de France, vol. 131, no.1, pp. 31-41