Rodolphe d'Erlanger

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Rodolphe d'Erlanger, baron d'Erlanger, né le 7 juin 1872 à Boulogne-Billancourt et décédé le 29 octobre 1932 à Tunis, est un peintre et musicologue français qui prend la nationalité britannique en 1894.

Palais du baron d'Erlanger
Palais du baron d'Erlanger

Né dans une famille de riches banquiers, il étudie à l'Académie Julian de Paris sous la direction de Jules Joseph Lefebvre et Tony Robert-Fleury. Il peint des paysages, des portraits et des scènes de rues à Paris et Deauville, en Italie, en Angleterre, en Égypte et, surtout, en Tunisie où il finit par s'installer. Il fait construire un palais à Sidi Bou Saïd, selon les normes de l'architecture andalouse, qu'il appelle « L'Étoile de Vénus ». Erlanger s'y adonne à la peinture (en tant que portraitiste orientaliste), s'entoure de musiciens de l'époque, s'initie au qanûn et s'intéresse également aux traités musicaux arabes du Moyen Âge. Il finit par entamer son projet colossal qui prévoit, entre autres, la traduction de ces traités en français ainsi que la collecte et la transcription des répertoires musicaux de son époque. Ses travaux et son intérêt pour la musique sont d'une importance telle que le roi Farouk Ier d'Égypte le charge de la préparation du premier congrès de la musique arabe qui se tient du 28 mars au 3 avril 1932. Erlanger y travaille avec l'aide de musiciens tunisiens et proche-orientaux ainsi que du baron Carra de Vaux. Malheureusement, sa santé ne lui permet pas de se rendre au Caire pour participer au congrès et il décède le 29 octobre de la même année.

Grâce à ses collaborateurs, notamment son secrétaire Manoubi Snoussi[1], le musicologue Henri George Farmer, le baron Carra de Vaux, le Syrien Ali Darwish et le Tunisien Ahmed el-Wafi, six tomes d'une histoire de la musique arabe voient le jour : le premier est publié du vivant d'Erlanger (1930), les cinq autres en 1935, 1938, 1939, 1949 et 1959.

Les travaux d'Erlanger constituent une source d'informations incontournable pour les musiciens et les chercheurs et le congrès du Caire, dont Erlanger est la cheville ouvrière, réunit des musiciens occidentaux, comme Béla Bartók et Paul Hindemith, ou le Turc Raouf Yekta. Tous travaillent côte à côte pour consigner et appeler à la préservation d'un patrimoine qui, en définitive, appartient à l'humanité.

Le palais d'Erlanger, qui porte le nom d'Ennajma Ezzahra, fut construit entre 1912 et 1922. Il abrite aujourd'hui le Centre des musiques arabes et méditerranéennes.

[modifier] Bibliographie

  • La musique arabe :
    • tome 1 (1930) : Al-Farabi, Grand traité de la musique (Kitâbu l-Mûsîqî al-Kabîr), livres I et II
    • tome 2 (1935) :
      • Al-Farabi, Grand traité de la musique (Kitâbu l-Mûsîqî al-Kabîr), livre III
      • Avicenne, Mathématiques (Kitâbu’ š-šifâ’)
    • tome 3 (1938) : Safi ad-Din al-Urmawi :
      • Épître à Šarafu-d-Dîn (Aš-šarafiyyah)
      • Le livre des cycles musicaux (Kitâb al-adwâr)
    • tome 4 (1939) :
      • Traité anonyme dédié au sultan Osmânlî Muhammad II (XVe s.)
      • Al-Lâdhiqî, Traité Al Fathiyah (XVIe s.)
    • tome 5 (1949) : Essai de codification des règles usuelles de la musique arabe moderne / Échelle générale des sons et système modal
    • tome 6 (1959) : Essai de codification des règles usuelles de la musique arabe moderne / Système rythmique et formes de composition

[modifier] Note

  1. Snoussi est l'un des représentants et spécialistes de la musicologie en Tunisie. Il est également l'auteur d'un ouvrage intitulé Initiations à la musique tunisienne.
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