Religion en Allemagne

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

En Allemagne, la religion est un symbole d’identité collective, un signe d’appartenance familiale et régionale, un critère d’affirmation et de distinction[1]

Sommaire

[modifier] L'organisation de la vie religieuse

Fixée en 1648, lors des traités de Westphalie, la carte des religions est depuis cette date d’une remarquable stabilité. Elle oppose une Allemagne du nord-est protestante à une Allemagne du sud-ouest majoritairement catholique tandis qu'à l’ouest les religions coexistent[2]. Les deux tiers de la population allemande sont de confession chrétienne. 31,4 % sont catholiques, 30,8 % appartiennent à l'Église évangélique en Allemagne, et 2,1 % appartiennent à d'autres communautés chrétiennes[3]. Le tiers restant n'a aucune religion déclarée ou fait partie d'une communauté religieuse non chrétienne, comme l'islam ou le judaïsme. La liberté de croyance, de conscience est garantie par la Loi fondamentale. Il n'y a donc pas d'Église nationale en Allemagne et donc pas de contrôle des Églises par l'État. Le délit de blasphème existe toutefois et est pénalement réprimé. Les relations entre l'État et les Églises sont basées sur un partenariat régi non seulement par la Constitution, mais aussi par des concordats et des contrats. L'État participe au financement de certains établissements placés sous la tutelle des Églises, par exemple des jardins d'enfants et des écoles. Les Églises ont le droit de prélever des impôts auprès de leurs membres. L'État se charge généralement de les encaisser mais facture aux Églises les frais de leur recouvrement. Le clergé est formé en majeure partie dans les universités publiques. Les Églises disposent cependant d'un droit de regard pour la désignation des professeurs de théologie[4].

[modifier] Les communautés chrétiennes

En Allemagne, l'Église catholique est organisée en sept archevêchés et vingt évêchés. Sa grande fierté est l'élection le 19 avril 2005, d'un allemand à la tête de l'Église catholique. Le pape actuel, Benoît XVI, né Joseph Alois Ratzinger en 1927, est, en effet, un bavarois[4].


L'Église évangélique en Allemagne, EKD, Evangelische Kirche in Deutschland, est un regroupement de 24 églises régionales luthériennes, réformées et unifiées qui disposent d'une large autonomie. À sa tête se trouve le Synode et le Conseil de l'EKD. Il existe une étroite coopération avec l'Église catholique. Dans l'ancienne RDA, l'Église protestante a joué un rôle capital dans la contestation du régime communiste et sa chute en 1989. En effet, elle a accueilli en son sein non seulement des fidèles mais aussi, des activistes et d’autres gens, dégoûtés par le régime communiste et qui ont engagé ce qui a été appelé la révolution pacifique. Les prières pour la paix à Saint-Nikolai, à Leipzig, ont été le germe des manifestations du lundi 25 septembre 1989. Cependant l’Allemagne de l’Est a été profondément sécularisée depuis 1990. La majorité de sa population se caractérise par sa non affiliation, son indifférence religieuse et surtout son athéisme[5]. La sécularisation touche aussi certaines villes de l'Ouest. Ainsi à Hambourg, une ville traditionnellement luthérienne, la majorité de la population est sans confession.[6]

L' Église évangélique luthérienne indépendante (Selbständige Evangelisch-Lutherische Kirche (SELK))est l' église luthérienne confessionnelle en Allemagne.


[modifier] Le judaïsme allemand

Le génocide juif perpétré par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale a ramené le nombre d'allemands de confession juive d'environ 530 000 à quelques milliers. Aujourd'hui, environ 105 000 Juifs vivent en Allemagne en tant que membres de communautés juives. Il y aurait aussi entre 40 000 et 80 000 Juifs qui ne sont pas membres des communautés. Une partie d'entre eux a émigré de l'ancienne Union soviétique pour venir en Allemagne. Les plus importantes communautés juives se trouvent à Berlin tout d'abord, puis à Munich et Francfort-sur-le-Main[4]. Les communautés juives de l'ex-Allemagne de l'Est de Dresde et Leipzig, peuvent de nouveau développer une vie communautaire active. À Leipzig la communauté juive est passée de 40 membres en 1989, à 1 200 membres en 2007[7]. Aujourd’hui la plupart des membres sont des migrants. L'Allemagne est le seul pays d'Europe où le nombre de juifs augmente, alors qu'il diminue partout ailleurs[8].

Le Conseil central des Juifs en Allemagne coordonne la vie des différentes communautés juives installées sur le sol allemand. Il reçoit une aide de l'État de trois millions d'euros par an pour préserver et entretenir l'héritage culturel germano-juif, pour réorganiser une communauté juive et pour faciliter son travail d'intégration et de politique sociale. Symbole du renouveau du judaïsme allemand, la plus grande synagogue d'Allemagne a rouvert ses portes, vendredi 31 août 2007 à Berlin, après plus de trois années de travaux de restauration[9].

En raison de sa responsabilité historique particulière[10], l'État finance particulièrement la communauté juive. Il gère aussi les cimetières des communautés juives allemandes disparues et offre chaque année à l'État d'Israël plusieurs millions d'euros. Parmi les missions du Conseil central des Juifs en Allemagne, on trouve donc tout naturellement la promotion de la tolérance et de la lutte contre le racisme et l'antisémitisme[4].

[modifier] Les communautés musulmanes

On compte en Allemagne quelque 3,3 millions de musulmans originaires de 41 nations. La plupart sont des émigrés ou des enfant d'émigrés venus en Allemagne après 1960. Le groupe le plus important est constitué par les musulmans turcs, la principale communauté d'origine étrangère vivant sur le sol allemand. Ils sont suivis des musulmans de l'ancienne Yougoslavie.
Leur présence a entrainé la naissance d'un grand nombre d'organisations musulmanes. Elles gèrent des mosquées et s'occupent des intérêts religieux de leurs membres. Cependant seule une minorité est organisée en associations et fédérations[4]. Il n'existe en fait aucune organisation nationale pour représenter l'ensemble des musulmans. Il faut dire que le nombre de pratiquants est très faible. Le taux de participation à la prière du vendredi ne dépasserait cependant pas les 8,25 %. Pourtant 74 % des musulmans disent se sentir liés à leur foi.[11]

Ces dernières années, la construction de mosquées a fortement augmenté. À côté de 2.300 salles de prière installées dans des locaux aménagés, il y avait en 2002, 77 mosquées classiques alors qu'il n'y en avait que 26 en 1996. 123 nouvelles mosquées seraient en construction ou à l'étude[12].

Dans un souci d'intégration, le gouvernement fédéral encourage le dialogue inter-religieux, soutient les organisations islamiques favorables au dialogue et intègre celles-ci dans sa politique de lutte contre contre la violence et la xénophobie[4].

[modifier] Références

  1. Étienne FRANÇOIS, L’Allemagne du XIVe au XXe siècle , dans Identités religieuses en Europe, Paris, La Découverte, 1996, p. 65-88.
  2. Sandrine Kott, Éléments pour une histoire sociale et culturelle de la religion en Allemagne au XIXe siècle, Revue d'histoire moderne et contemporaine Supplément 2001-4bis
  3. Christen in Deutschland 2005
  4. abcdef tatsachen, « Les Églises et les communautés religieuses » sur [1]. Consulté le 31 octobre 2007
  5. 29e Conférence de la Société Internationale de Sociologie des Religions, Juillet 2007 à Leipzig, Allemagne
  6. http://www.ekd.de/download/kimi_2004.pdf page 7
  7. 29e Conférence de la Société Internationale de Sociologie des Religions, Juillet 2007 à Leipzig, Allemagne
  8. Heureux comme les juifs en Allemagne ?, le Monde du 13 septembre 2007
  9. La plus grande synagogue d'Allemagne rouvre ses portes à Berlin, Le Monde, 1er septembre 2007
  10. Dans L'Impossible Retour, publié chez Flammarion en 2007, Olivier Guez écrit que les juifs ont été érigés, malgré eux, en sismographes de sa sincérité démocratique.
  11. Religioscope - 1er novembre 2002, ALLEMAGNE: ENVIRON 3,5 MILLIONS DE MUSULMANS
  12. Religioscope - 1er novembre 2002, ALLEMAGNE: ENVIRON 3,5 MILLIONS DE MUSULMANS