Reginald Pole

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Reginald Pole, cardinal
Reginald Pole, cardinal

Reginald Pole (mars 1500, Staffordshire17 novembre 1558), fut archevêque de Canterbury, cardinal de l'Église catholique romaine.

Il était le fils de Sir Richard Pole et de Margaret Pole, comtesse de Salisbury. Ses grand-parents maternels étaient George, 1er duc de Clarence et Isabelle Neville. Il fut le dernier archevêque catholique de Cantorbéry.

Sommaire

[modifier] Vie

[modifier] Formation

Interne de Magdalen College à l'Oxford de 1512 à 1519, il suivit l'enseignement de William Latimer et de Thomas Linacre et fut fait bachelier le 27 juin 1515. En février 1518 Henry VIII le nomma doyen de la cathédrale de Wimborne, dans le Dorset.

En 1521, Pole se rendit à Padoue, où il rencontra des personnalités de la Renaissance italienne comme Pietro Bembo, Gianmatteo Giberti (anciennement membre de la Curie romaine de Léon X), Jacopo Sadoleto, Gianpietro Carafa (le futur pape Paul IV), Rodolfo Pio, Otto Truchsess, Stanislaus Hosius, Cristoforo Madruzzo, Giovanni Morone, Pier Paolo Vergerio le jeune, Pietro Martire Vermigli (Pierre Martyr), et Vettor Soranzo, ces trois derniers ayant d'ailleurs été condamnés pour hérésie.

Son élection au collège de Corpus Christi College d'Oxford, le 14 février 1523, lui fournit l'argent nécessaire pour poursuivre des études à l'étranger encore quelques années.

[modifier] Difficultés avec Henry VIII

Pole retourna en Angleterre en juillet 1526, traversant la France en compagnie de Thomas Lupset. Henry VIII lui offrit l'archevêché de York ou le diocèse de Winchester pour peu qu'il consentît à son divorce d'avec Catherine d'Aragon. Pole refusa et préféra s'exiler en France et en Italie en 1532, où il poursuivit ses études dans les universités de Padoue et de Paris.

La rupture dfinitive survint lorsque Thomas Cromwell, Cuthbert Tunstall, Thomas Starkey et d'autres personnalités rédigèrent au nom du roi une série de questions qu'ils soumirent à Pole. Pour toute réponse, celui-ci adressa au monarque une copie de son traité Pro ecclesiasticae unitatis defensione (Pour la défense d'une église unifiée) qui contenait, outre la réponse aux questions, un réquisitoire en règle contre la politique royale.

Furieux, Henri se vengea en persécutant les membres de sa famille. En novembre 1538, deux de ses frères dont l’aîné Henri, Baron Montagu, et plusieurs de leurs parents furent arrêtés et accusés de trahison, incarcérés dans la tour de Londres et exécutés (sauf Geoffrey Pole) en janvier 1539.

La mère de Reginald Pole, Margaret, fut également arrêtée et passa plusieurs années dans des conditions de détention très dures à la tour de Londres pour finir exécutée en 1541 malgré ses protestations d’innocence. Cet épisode a toujours été considéré comme une grave erreur judiciaire, même à son époque. Margaret Pole fut béatifiée en 1886 par le pape Léon XIII.

Il est possible que l’animosité d’Henri envers la famille de Pole ait eu une autre raison. Margaret était la dernière descendante de la dynastie des Plantagenêt, ce qui faisait de ses fils des prétendants potentiels au trône d’Angleterre. En 1535, Eustache Chapuys, ambassadeur du Saint Empire auprès de la couronne anglaise, considérait Pole comme un parti possible pour la princesse Marie Tudor, qui allait devenir Marie Ire d'Angleterre.

[modifier] Cardinal et légat

En 1536, Paul III le nomma cardinal, à son corps défendant. En 1542 il fut l'un des trois légats mandatés pour présider le Concile de Trente et à la mort de Paul III en 1549 Pole manqua l'élection au Saint-Siège d'une seule voix.

[modifier] Retour en Angleterre

La mort d'Edouard VI le 6 juillet 1553 et l'accès au pouvoir de Marie Tudor mirent un terme à l'exil de Pole qui pu revenir en Angleterre d'abord comme légat pontifical  Mais Marie Tudor et l'empereur Charles Quint le firent patienter jusqu'au 20 novembre 1554, par crainte que l'arrivée d'un légat du pape en Angleterre ne contribuât à exacerber l'opposition populaire au mariage de Marie avec le fils de Charles, Phillippe II.

[modifier] Conseiller de Marie Tudor

Marie Tudor, "Marie la sanglante"
Marie Tudor, "Marie la sanglante"

Sous le règne de Marie Ire, Pole fut enfin ordonné prêtre le 20 mars 1557 et fut nommé archevêque de Cantorbéry, fonction qu'il allait conserver jusqu'à sa mort. En plus de ses responsabilités sacerdotales, Pole fut le premier ministre de facto de Marie et son consiller le plus écouté. A ce titre il mérite sa part de responsabilité dans les persécutions et les exécutions en masse de protestants sur le bûcher qui valurent à la reine le surnom de Marie la sanglante et contribuèrent à nourrir la haine de nombreuses générations de protestants envers l'église catholique, ce que Pole n'avait pas voulu.

Il mourut à Londres le 17 novembre 1558, quelques heures seulement après la reine. Sa dépouille repose près de l'enceinte nord de la Couronne de la cathédrale de Cantorbéry.

[modifier] Œuvres

Il est l'auteur d'un De Concilio ainsi que de plusieurs traités sur l'autorité du pontife romain, sur la Réforme anglicane et d'un corpus de lettres fort intéressantes pour l'histoire de l'époque[1]. Pole est connu pour sa condamnation sans appel du livre de Nicolas Machiavel, Le Prince au sujet duquel il écrivit : Je trouve que ce genre d'ouvrage est l'œuvre d'ennemis du genre humain. Il explique par le menu comment la religion, la justice et tout penchant à la vertu peuvent être anéantis [2].

[modifier] La légende

Le personnage de Pole apparaît dans plusieurs œuvres de fiction, notamment dans le roman historique The Trusted Servant (L'homme de confiance) d'Alison Macleod.

[modifier] Bibliographie

  • T. Phillips, History of the Life of Reginald Pole (two volumes, Oxford, 1764), la plus ancienne en anglais.
  • A. M. Stewart, Life of Cardinal Pole (London, 1882)
  • F. G. Lee, Reginald Pole, Cardinal Archbishop of Canterbury: An Historical Sketch (London, 1888)
  • Athanasius Zimmermann, Kardinal Pole: sein Leben und seine Schriften (Regensberg, 1893)
  • James Gairdner, The English Church in the Sixteenth Century (London, 1903)
  • Martin Haile, Life of Reginald Pole (New York, 1910)

[modifier] Lien externe

[modifier] Références

  1. Éditées par Quirini (5 volumes, Brescia, 1744-57)
  2. "I found this type of book to be written by an enemy of the human race. It explains every means whereby religion, justice and any inclination toward virtue could be destroyed" [Dwyer, p. xxiii]
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