Rebetiko

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Sommaire

Le rebétiko (ρεμπέτικο), rembétiko ou rebétiko tragoúdi (ρεμπέτικο τραγούδι) est une forme de musique populaire grecque apparue dans les années 1920.

Au départ mouvement des bas-fonds, il finit au fil des décennies par toucher toutes les couches de la société. Les chants dits rébétika sont une des créations les plus originales et les plus spécifiques de la culture grecque moderne. Comme le blues en son temps, ils disent le cri des marginaux, des consommateurs de hashish, la plainte des esseulés et des laissés pour compte suite au rapatriement des Grecs d'Asie mineure en 1922.

Cette musique se développa surtout dans les centres urbains de Grèce, à Athènes, au Pirée, à Thessalonique et à Syros.

« Pour moi, c'est d'abord cela, le rebetiko : une atmosphère autant qu'un chant, des visages silencieux et marqués autant que des danses ou des cris, des odeurs mêlées de vin résiné, d'ouzo, de sciure fraîche sous les tables, de mégots refroidis » (L’Été grec, Jacques Lacarrière, 1976)

Le joueur, chanteur, compositeur de rebetiko est un rebétis (ο ρεμπέτης), au pluriel rebétes (οι ρεμπέτες), au féminin singulier la rebétissa (η ρεμπέτισσα), au féminin pluriel les rebétisses (οι ρεμπέτισσες).

Les danses associées sont principalement le zeimbekiko, le hasapiko, mais aussi le tsifteteli et le karsilamas.

[modifier] Styles principaux

On distingue généralement deux courants principaux: le «style de Smyrne» (smyrnéiko), et le «style du Pirée» (Pireotiko). Ces distinctions ne sont pas forcément exclusives, certains musiciens pouvant s'illustrer dans les deux genres.

Le style de Smyrne est lié aux musiciens micrasiates (réfugiés d'Asie Mineure), souvent des interprètes professionnels du temps de l’Empire ottoman. Il se distingue par une plus grande diversité d'instrumentation, la virtuosité des musiciens, des voix haut perchées. Prédominant dans les années 20 et le début des années 30, il s'est progressivement effacé au profit du style pireotiko.

Le style du Pirée est caractérisé par l'utilisation quasi-exclusive du bouzouki, du baglama et de la guitare, et était souvent exécuté par des musiciens à la technique plus rudimentaire, souvent non professionnels, et avec des voix plus graves.

[modifier] Histoire

Les racines des rebetika se trouvent dans la musique des côtes d'Asie Mineure, de Constantinople, et également dans les chansons des prisons du XIXe siècle.

A la fin du XIXe siècle existaient en Grèce et en Asie Mineure ce qu'on appelle les « Kafe Aman » (Καφέ αμάν). Ceux-ci étaient des kafenía dans lesquels les clients se divertissaient avec la musique. Ces lieux ont été un des terreaux du développement des rebétika, avec les prisons, les tavernes et les tekédes.

Ilias Petropoulos, l'un des plus grands spécialistes de ce style, a repéré trois périodes dans l'histoire du rebetiko :

  • 1922-1932 : période où dominent les éléments de la musique de Smyrne :

1922 est l'année de la catastrophe d'Asie Mineure ; elle s'accompagne de l'« échange des populations » prévue par le traité de Lausanne. Beaucoup de Micrasiates s'installent dans les grandes villes de Grèce apportant avec eux leurs traditions musicales.

Le rebétiko naît du mélange de la musique d'Asie Mineure et d'éléments de la Grèce propre.

Durant cette période, la thématique du rebétiko comporte principalement des chansons d’amour et d'autres liées à des comportements défiant la loi (consommation de drogues). Au départ l’influence smyrniote est telle qu’il est difficile de distinguer le rebétiko tragoúdi du Smyrneïko tragoudi.

Musiciens représentatifs: Róza Eskenázy, Ríta Abatzí, Stelios Perpiniadis, Panayótis Toúndas...

En 1932 circulent en Grèce les premiers enregistrements de rebétika de Markos Vamvakaris (Μάρκος Βαμβακάρης). Le style du Pirée devient de plus en plus influent.

En 1936 le dictateur Ioánnis Metaxás (Ιωάννης Μεταξάς) prend le pouvoir et met en place la censure. Par nécessité, la discographie s’adapte aux nouvelles règles et toutes les références aux drogues, tekédes, ainsi que les éléments jugés trop « orientaux » ,disparaissent peu à peu des enregistrements. Certains musiciens doivent quitter l'Attique et sont exilés dans les îles, en Épire, à Pylos.

Malgré tout on continue d’écrire des chansons à thématique sulfureuse jusqu’à l’invasion de la Grèce par les Allemands en 1941 ; avec l’occupation cessent tous les enregistrements.

  • 1942-1952 : période de large diffusion.

La principale personnalité du rebétiko à cette époque est Vassilis Tsitsanis (Βασίλης Τσιτσάνης), qui fait évoluer le style en l'occidentalisant progressivement. Après la libération de la Grèce, le rebetiko commence à se populariser et sort ainsi des bas-fonds de la société où il était limité jusqu’alors. Le bouzouki est modifié, électrifié, permettant à un style virtuose (illustré par M.Chiotis par exemple) de se développer, au prix d'un changement radical de l'esthétique de la musique.

Parallèlement la thématique des chansons évolue : ce sont désormais les chansons d’amour et les thèmes sociaux qui sont au goût du jour. De nouveaux rebetes font leur apparition, comme Sotiria Bellou (Σωτηρία Μπέλλου) et Marika Ninou.

La plupart des spécialistes considère que c’est dans les années 1950 que le rebétiko pur meurt et fait place au laïkó tragoudi (λαϊκό τραγούδι).

Le bouzouki, principal instrument des rebétika, a été largement adopté par les célèbres compositeurs grecs que sont Míkis Theodorákis (Μίκης Θεοδωράκης) et Manos Hadjidakis (Μάνος Χατζιδάκις).

[modifier] Le rebetiko aux États-Unis

Les années suivant la catastrophe d’Asie Mineure, mais également dès 1918, un grand nombre de Grecs ont émigré aux États-Unis, apportant avec eux le rebetiko et les traditions musicales de Smyrne. Déjà, au début du XXe siècle, des Smyrneïka tragoúdia et des chansons traditionnelles sont enregistrées par les grandes compagnies de disques américaines.

En 1919 les premières maisons de disques grecques sont fondées et il y a aux États-Unis, dès les années 1920, des enregistrements qu’on peut déjà qualifier de rebétika — avant même les premiers enregistrements grecs. On produit ces disques aux États-Unis jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.

La renommée de certains rebétika américains a traversé les âges : Misirlou, la bande son du film Pulp Fiction, est une reprise du thème de la version gréco-américaine d'un rebétiko des années 1920.

[modifier] Les instruments de musique

Les instruments principaux du rebétiko sont le bouzouki, le baglama et d’autres instruments assimilés (par exemple le tzourás). On utilise aussi dans les rebétika le defi, l’accordéon, la guitare, le toumbelek, les zilia (semblables aux castagnettes) et d’autres instruments. Sur quelques-uns des anciens enregistrements on entend le son du verre : il s’agit du son produit par le contact du komboloï (κομπολόι) et d’un verre ; quelques mághes (μάγκες) avaient pour habitude d’accompagner les musiciens de cette façon.

[modifier] Les thèmes

La thématique des rebétika tragoúdia est liée, surtout dans les plus vieux enregistrements, au monde des bas-fonds: consommation de drogue, principalement le hachich, prison, prostitution, déracinement, thèmes anti-policier et anti-bourgeoisie, maladie (notamment la tuberculose), satire politique, jeu, amour malheureux. À partir de 1937 et de la mise en place de la censure, on trouve de plus en plus de chansons d’amour, ou des thèmes sociaux, mais avec un vocabulaire moins cru et moins direct, plus évasif.

Exemples de chansons:

  • Hashich: Soura kai mastoura
  • Tuberculose: Mana mou dioxe tous yatrous
  • Politique: O Markos ypourgos
  • Prison: Yedi Koule
  • Satire de la bourgeoisie: Osi echoune polla lefta
  • Jeu: To flitzani tou Yanni

[modifier] Modes et rythmes

La musique obéit généralement au système modal oriental, adapté le plus souvent au tempérament occidental (sans quarts de ton). Les différents modes sont appelés drómi (« routes »).

[modifier] Liste non exhaustive des plus grands noms du style

Les musiciens étant souvent aussi compositeurs, auteurs, et inversement, le classement est surtout indicatif de leur activité la plus représentative.

[modifier] Chanteurs et chanteuses

  • Ríta Abatzí (Ρίτα Αμπατζή)
  • Sotiría Béllou (Σωτηρία Μπέλλου)
  • Anna Chrysafi (Άννα Χρυσάφη)
  • Róza Eskenázy (Ρόζα Εσκενάζυ)
  • Maríka Nínou (Μαρίκα Νίνου)
  • Stélios Perpiniádis ou Stellákis (Στέλιος Περπινιάδης)
  • Stratos Pagioumtzis(Στράτος Παγιουμτζής)

[modifier] Instrumentistes

  • Dimítrios Sémsis «Salonikiós/Le Salonicien» (Δημήτριος Σέμσης ο Σαλονικιός): violon
  • Lambros Leondaridis: lyra
  • Lambros Savvaïdis (Λάμπρος Σαββαΐδης): kanonaki
  • Agápios Tomboúlis (Αγάπιος Τομπούλης): outi
  • Manolis Chiotis (Μανώλης Χιώτης): bouzouki

[modifier] Compositeurs, auteurs


[modifier] Divers

  • Yórgos Bátis (Γιώργος Μπάτης)
  • Apostolos Chatzichristos (Απόστολος Χατζηχρήστος)
  • Loukas Daralas (Λουκάς Νταράλας)
  • Michalis Genitsaris (Μιχάλης Γενίτσαρης)
  • Dimitris Gogos(Δημήτρης Γκόγκος (Μπαγιαντέρας))
  • Agathonas Iakovidis (Αγάθωνας Ιακωβίδης)
  • Vangelis Papazoglou (Βαγγέλης Παπάζογλου)
  • Christos Syrpos (Χρήστος Σύρπος (Χρηστάκης))
  • Giovan Tsaous (Γιοβάν Τσαούς)
  • Prodromos Tsaousakis (Πρόδρομος Τσαουσάκης)
  • Vassílis Tsitsánis (Βασίλης Τσιτσάνης)
  • Markos Vamvakaris (Μάρκος Βαμβακάρης)
  • Antonios Katinaris (Αντώνιος Κατινάρης)


[modifier] Musiciens modernes

  • Babis Goles (Μπάμπης Γκολές)

[modifier] Liens externes

Radios :