Régions durant la Seconde Guerre mondiale

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Devant les bouleversements de la Seconde Guerre mondiale, et notamment l’Occupation, un nouveau cadre émerge, les régions.

L’Allemagne nazie, tout d’abord, découpe les anciennes nations, qui perdent leur unité. Cherchant à obtenir des soutiens locaux, le cadre régional lui facilite la tâche : soit parce que des mouvements régionalistes existaient durant l’entre-deux-guerre, soit qu’il crée lui même de nouvelles régions (gau de Flandres à la fin de la guerre, Alsace-Lorraine).

En France, le maréchal Pétain, dans le cadre de la Révolution nationale, qui est en fait contre-révolutionnaire, célèbre les identités régionales (notamment la provençale, qu’il érige en modèle), et tente de reconstituer les anciennes provinces.

Enfin, la Résistance elle-même s’organise au niveau régional : en France, le cadre départemental est trop petit, alors qu’à l’échelon régional, qui correspond souvent à un ensemble naturel, des maquis peuvent se constituer et s’organiser (Basse-Bretagne, Auvergne, Provence, Corse, etc.). En Italie, c’est aussi au sein d’un cadre régional que s’organise la Résistance à l’occupant, à partir de 1943. Plusieurs anciens résistants, de Bretagne, Occitanie,...se sont engagés après-guerre, dans le combat régionaliste, la reconnaissance des langues et cultures régionales, voir dans des mouvements politiques décentralisateurs comme dans des groupes autonomistes.

Sommaire

[modifier] Les Flandres

[modifier] La Wallonie

[modifier] La Bretagne

[modifier] L’Alsace et la Lorraine

[modifier] Organisation administrative

Dès le 17 juillet, et à l’encontre des dispositions de l’armistice du 17 juin, l’ancien land d’Alsace-Lorraine (Elsass-Lothringen de 1871 à 1918) est rattaché à l’Allemagne :

  • la Moselle est rattachée au gau de Sarre-Palatinat pour former le gau Westmark,
  • quant à l’Alsace, elle est rattachée au Bade pour former le gau Oberrhein.

Le reste de la Lorraine (Vosges, Meuse et Meurthe-et-Moselle) est située dans la zone interdite (ou zone du Nord-Est) et rassemblée au sein d’une région Lorraine par Vichy en juillet 1941, bien que relevant du commandement militaire de Paris.

[modifier] Exploitation économique

Ces deux régions françaises sont vidées de leurs habitants :

  • il y a d’abord les 200 000 Mosellans évacués dès septembre 1939 vers le Centre-Ouest (car habitant en avant de la Ligne Maginot),
  • des centaines de milliers de personnes ont fui l’avance allemande en mai-juin 1940 (et qui n’ont pas le droit de revenir dans la zone interdite). Ainsi, l’arrondissement de Briey est à 50 % de sa population d’avant-guerre en octobre 1940[1],
  • 90 000 Mosellans francophones sont expulsés, dans le cadre de la politique d’aryanisation nazie[2] (gauleiter Bürckel).

Les terres agricoles non-exploitées, ou « mal exploitées », sont réquisitionnées et confiées à l’organisme de colonisation agraire Ostland, qui accapare 165 000 hectares entre juillet 1940 et le printemps 1941 (pour l’ensemble de la zone interdite). Celui-ci constitue des exploitations de grande taille (400 ha ou plus), dirigées par des Allemands, et dont la main-d'œuvre est constituée en partie de familles polonaises déportées et salariées (8000 Polonais fin 1944)[3].

Dès l’été 1940, les mines de fer lorraines et luxembourgeoises sont placées sous l’autorité d’un délégué général. Les entreprises de sidérurgie passent sous contrôle allemand (mais restent propriété française).

La main-d’œuvre lorraine passe elle aussi en Allemagne :

  • d’abord individuellement, attirée par les hauts salaires (1940-1941, jusqu’à l’instauration d’une carte obligatoire du travail par le préfet de Meurthe-et-Moselle, puis régional Jean Schmidt) ;
  • puis par réquisitions de l'Occupant, secondé efficacement par l’administration française, à partir de fin 1942[4].

[modifier] Mouvements de collaboration et mouvements de résistance

Malgré la confiance généralement accordée au maréchal Pétain, confiance encouragée par les notables et l’Église catholique, très tôt des manifestations de résistance à l’occupant apparaissent en Lorraine. On aide d’abord les prisonniers à passer en zone libre, dès l’été 1940 ; des filières d’assistance à ceux qui fuient le Reich se constituent en 1941, mais la répression empêche tout développement jusqu’à l’été 1943. Ce n’est qu’au printemps qu’une force résistance véritablement organisée existe réellement, au sein de la région C des FFI.

L’Alsace est dans une situation particulière en 1939. La longue séparation d’avec la France (1871-1919) a provoqué des problèmes lors du retour de cette province, notamment linguistiques, très peu d’Alsaciens connaissant le français. Une grande partie des partis politiques, de la droite catholique (UPR) au parti communiste (KPD), demandent, à des degrés variables, une part d’autonomie pour la région (de l’autonomie culturelle à l’autodétermination pour les communistes). Les plus radicaux se rassemblent au sein de la Landespartei (parti national), qui participe au congrès de Rosporden en 1927. Après une phase répressive (procès de Colmar en 1929, où Joseph Rossé, UPR, figure parmi les inculpés accusés de recevoir des financements allemands), l’attitude des différents gouvernements s’assouplit, et les divers courants régionaux sont freinés dans leurs revendications par la montée du nazisme en Allemagne.

Lors de l’annexion, les régionalistes (Camille Dahlet du PP, certains chefs de l’UPR comme Michel Walter, en exode à Périgueux pour toute la guerre), disent non au régime nazi, voire se retirent de la politique. La tendance autonomiste de l’UPR s’aligne sur l’idéologie du régime nazi, voire collabore. Cependant, certains changent d’orientation en 1942-43, Jean Keppi allant jusqu’à s’impliquer dans le groupe Goerdeler (opposant à Hitler). À l’opposé, d’autres dirigeants de l’UPR sont encore plus engagés, et les militants forment l’armature de l’Hilfsdienst, chargée de distiller le catéchisme nazi.

Les membres de la Landespartei (Paul Schall, Charles Hauss et René Schlegel), de la Jungmannschaft (dont Hermann Bickler) et des divers groupes germanophiles ou séparatistes[5] formés à la fin des années 1930, rallient tous l’Allemagne nazie à l’annexion, fin juin 1940. Ils obtiennent des postes parfois importants dans la hiérarchie nazie, et restent fidèles jusqu’au bout.

Au total, les différents courants régionalistes, autonomistes et séparatistes, ont été assez largement suivi dans la population. En 1945, 20 000 dossiers d’épuration sont ouverts contre des Alsaciens, aboutissant à 12 000 condamnations, soit 1,2 % de la population[6].

Cependant, la proportion d’Alsaciens morts dans les camps, ou morts dans les combats de la Libération, par rapport à la population de 1939, est la plus élevée de tous les départements français[7]. La Meuse et la Meurthe-et-Moselle sont libérées à la fin de l’été 1944, avec l'ouest des Vosges, et Nancy le 15 septembre. La progression alliée s’arrête à ce moment-là, et des centaines de maquisards meurent dans les Vosges avant la reprise des offensives à l’hiver. L’Alsace est elle libérée seulement durant l’hiver et au printemps 1945.

[modifier] La Corse

[modifier] La Provence

[modifier] Le Pays Basque

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Sources

[modifier] Notes

Jean-Jacques Monnier: "Résistance et conscience bretonne, 1940-1945, l'hermine contre la croix gammée", édition Yoran embanner, 400 p, octobre 2007.


  1. Jean-Pierre Harbulot : La région de Nancy : en zone interdite, p 63-75. dans les Actes du Colloque Bretagne et identités régionales pendant la Seconde Guerre mondiale (15-17 novembre 2001), dirigé par Christian Bougeard. Brest : Centre de recherches bretonnes et celtiques, 2002. ISBN 2-901737-53-6, p 67
  2. Jean-Pierre Harbulot, même article, p 66
  3. Jean-Pierre Harbulot, même article, p 70
  4. Jean-Pierre Harbulot, même article, p 72
  5. Parti ouvrier et paysan, la Jungmannschaft et l’Union paysanne
  6. Alfred Wahl. Les courants autonomistes alsaciens durant la Seconde Guerre mondiale. p 167-176 dans les Actes du Colloque Bretagne et identités régionales pendant la Seconde Guerre mondiale (15-17 novembre 2001), dirigé par Christian Bougeard. Brest : Centre de recherches bretonnes et celtiques, 2002. ISBN 2-901737-53-6. p 176
  7. Alfred Wahl, op. cit., p 167