Première guerre balkanique

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Charge des soldats bulgares contre les turcs, tableau de Yaroslav Veshin (1912).
Charge des soldats bulgares contre les turcs, tableau de Yaroslav Veshin (1912).

La Première Guerre balkanique oppose du 8 octobre 1912 au 30 mai 1913 les états de la Ligue balkanique comprenant la Bulgarie, la Grèce, le Monténégro et la Serbie à l'Empire ottoman. Elle se conclut par la défaite de ce dernier qui perdit l'essentiel de ses dernières possessions européennes (Macédoine et Thrace) après la signature du Traité de Londres.

Sommaire

[modifier] Arrière-plan historique

À l'issue de l'intervention des grandes puissances dans la politique des Balkans, au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, en vue de protéger les populations chrétiennes de la région et d'y maintenir un statu quo face aux prétentions de l'Empire russe, de nouvelles tensions naquirent au sein des différents états balkaniques au sujet de la Roumélie, région comprenant la Roumélie orientale, la Thrace et la Macédoine ottomane et toujours sous domination ottomane.

Mais la question de la réalité d'un pouvoir effectif ottoman fut relancée, au cours des années 1909-1911, après le succès de la révolution des Jeunes-Turcs qui forcèrent le sultan à restaurer « l'ancienne constitution ottomane ». Suivit alors une période de troubles et d'agitation parmi les divers états de la région :

  • Serbie: l'Empire austro-hongrois l'ayant privé de ses prétentions sur la Bosnie-Herzégovine en s'en emparant par annexion, en octobre 1908, la Serbie focalisa son attention vers ses frontières du sud et plus particulièrement sur le Kossovo, qu'elle réclamait au titre de territoire historique originel et de berceau de sa nationalité.
  • Grèce: la Révolte des officiers grecs d'août 1909 instaura un régime progressiste, dirigé par Eleftherios Venizelos, qui devait leur permettre de résoudre la question de la Crète en leur faveur et de prendre leur revanche sur leur défaite de 1897 face aux Ottomans.
  • Bulgarie: grâce à l'appui que lui fournissait la Russie, la Bulgarie, le pays le plus puissant parmi les nouveaux états, désirait, après avoir gagné son indépendance en avril 1909, récupérer les régions de Thrace et de Macédoine, afin de s'agrandir aux dépens de la Turquie.
  • Albanie: en mars 1910, une insurrection albanaise éclata au Kossovo, région que l'Albanie revendiquait elle aussi comme faisant partie de son patrimoine historique.
  • Monténégro: en 1910, suivant l'exemple de la Bulgarie, il devint un Royaume.

En 1911, l’invasion italienne de la Tripolitaine (territoire de Libye actuelle), suivie par l'occupation militaire des îles du Dodécanèse, virent la défaite de la Turquie face à l’Italie. Cette succession de défaites des Ottomans encouragèrent les États balkaniques à envisager un conflit contre leur ancien maître turc. Et, dés le printemps 1912, plusieurs États chrétiens des Balkans s'allièrent dans ce qui fut appelée la Ligue balkanique.

La plupart des grandes puissances de l'époque, et principalement la France et l'Autriche-Hongrie, échouèrent dans leur tentative diplomatique d'apaiser les idées bellicistes de la nouvelle Ligue. À la fin septembre 1912, celle-ci et l’empire ottoman, mobilisèrent leurs armées et, dés le 8 octobre 1912, le Monténégro fut le premier à déclarer la guerre à la Turquie, suivi neuf jours plus tard, le 17 octobre 1912, par ses trois alliés.

[modifier] Les divers belligérants

Les début de l'aviation turque en 1912
Les début de l'aviation turque en 1912

[modifier] Bulgarie

[modifier] Serbie

[modifier] Grèce

L'armée grecque d'Épire marcha sur Ioannina qui fut prise en février 1913[1]. La principale armée était l'armée de Thessalie, commandée par le Diadoque Constantin. Elle avait pour objectif Thessalonique où il fallait arriver avant l'armée bulgare pour pouvoir revendiquer la ville. Cependant, Constantin, en désaccord avec les ordres du gouvernement d'Eleftherios Venizelos, préférait marcher vers la Macédoine occidentale et Kozani et Monastir qu'il considérait « bastion de l'hellénisme ». Finalement, le Premier ministre obtint gain de cause et l'armée grecque entra à Thessalonique le 10 novembre (27 octobre julien), quelques heures seulement avant les troupes bulgares[2]. Aux yeux du Diadoque et de l'état-major, Thessalonique n'était pas un objectif prioritaire. Si la Bulgarie s'en emparait, elle ne pourrait la conserver : Thessalonique n'était pas dans la « grande Bulgarie » du traité de San Stefano. Elle aurait donc dû restituer la ville lors de la signature du traité de paix. Ils auraient préféré assurer la conquête de la Macédoine[3]. Lorsque les troupes grecques se rapprochèrent de Thessalonique, Ion Dragoumis fut envoyé dans la ville. Il y négocia avec les autorités ottomanes et rédigea le protocole de cession du port par l'Empire ottoman à la Grèce[4]. L'armée de Constantin prit alors à nouveau le chemin de l'ouest avec pour objectif Florina et Kastoria puisque la Serbie venait de conquérir Monastir[5]

[modifier] Monténégro

[modifier] Turquie - Empire ottoman

[modifier] Opérations militaires

Les troupes grecques s'emparèrent début novembre 1912 de Salonique, battant de quelques heures les troupes bulgares. La marine grecque, modernisée par le Royaume-Uni grâce à Eleftherios Venizelos, établit sa suprématie en mer Égée et s'empara de Chios, Lesbos et Samos. Ioannina, capitale de l'Épire fut conquise en février 1913.

[modifier] Traité de paix

La Première Guerre balkanique se termina par la signature le 30 mai 1913 du Traité de Londres qui entérina les conquêtes de la Ligue balkanique sur l'Empire Ottoman. Les Turcs reconnurent ces annexions lors des négociations.

[modifier] Anecdotes

  • La Première Guerre balkanique est abordée comme toile de fond du roman Cécile parmi nous (1938) dans la Chronique des Pasquier de Georges Duhamel, où Joseph Pasquier, un spéculateur sans scrupules, fait d'énormes affaires en étant l'intermédiaire français de la vente secrète par l'Allemagne, pourtant officiellement engagée auprès des Turcs, de munitions à la Bulgarie. Pour décrédibiliser les fournisseurs officiels anglais de munitions des troupes helleno-bulgares, Joseph Pasquier invente et relaie dans les journaux français une propagande de balles britanniques défecteuses qui sont explosives et donc interdites par les conventions internationales de l'époque, afin de remporter le marché.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes

  1. An Index of events in the military history of the greek nation., p. 95-98.
  2. M. Terrades, Le Drame de l'hellénisme, p. 249-250.
  3. M. Terrades, Le Drame de l'hellénisme, p. 255.
  4. M. Terrades, Préface au Sang des martyrs et des héros., p. 9-10 et Le Drame de l'hellénisme, p. 250.
  5. M. Terrades, Le Drame de l'hellénisme, p. 251.