Pogrom de Kielce

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Le Pogrom de Kielce fait allusion aux événements du 4 juillet 1946, dans la ville polonaise de Kielce, quand quarante polonais dont 37 juifs furent massacrés et quatre-vingts blessés parmi environ deux cents survivants de l'Holocauste qui étaient revenus chez eux après la Seconde Guerre mondiale. L'importance de ce pogrom dans l'histoire juive d'après-guerre vient surtout du fait que cette attaque est survenue 14 mois après la fin de la Seconde Guerre mondiale, bien après que les Nazis eurent été vaincus.

Sommaire

[modifier] Le pogrom

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Kielce avait été entièrement vidée de sa population juive. Vers l'été 1946, environ 200 juifs, surtout des anciens habitants, revinrent chez eux depuis les camps de la mort ou de leurs cachettes.

Le référendum en 1946 montra que les projets communistes ne rencontraient d'appui que chez moins d'un tiers de la population polonaise. Seule la fraude électorale put leur assurer une majorité dans des élections étroitement surveillées.

On a soutenu que c'est la police secrète (Urząd Bezpieczeństwa) qui avait organisé ce pogrom pour détourner l'attention des médias occidentaux sur le référendum truqué.

Le 1er juillet 1946, un petit garçon chrétien a disparu de la ville pendant plusieurs jours. À son retour, il a déclaré avoir été enlevé par des juifs. Entre autres horreurs, il accusa les juifs de tuer des enfants et de garder les corps dans les sous sols du kibboutz de la rue Planty.

Le 4 juillet 1946, une diffamation antisémite accusant les juifs de pratiquer des crimes rituels sur des enfants chrétiens fut suivie par des manifestations devant les résidences juives ; et des membres de la police d’État du gouvernement communiste, de la Police du Peuple Polonais et de la police secrète entrèrent dans les bâtiments et commençèrent à tirer sur les juifs et à piller leurs maisons. Les juifs qui fuyaient furent attaqués dans la rue par la foule, et deux policiers polonais furent tués alors que les juifs tentaient de se défendre.

[modifier] Les conséquences

La brutalité du pogrom de Kielce mit fin à l'espoir de beaucoup de juifs d'arriver à se réinstaller en Pologne après la fin de l'occupation nazi. Bożena Szaynok, historienne à l'Université de Wrocław, a ainsi écrit :

Jusqu'au 4 juillet 1946, les Juifs polonais donnaient ce qui s'était passé comme raison principale pour eux d'émigrer... Après le pogrom de Kielce, la situation changea radicalement. Les rapports tant juifs que polonais parlaient d'une atmosphère de panique parmi la société juive dans l'été 1946. Les juifs ne croyaient plus qu'ils pourraient être en sécurité en Pologne. En dépit d'une milice importante et d'une présence militaire dans la ville de Kielce, des Juifs y avaient été assassinés de sang-froid, en public, et pendant plus de cinq heures. On chuchotait que la milice et l'armée avaient pris part au pogrom. De juillet 1945 à juin 1946, environ cinquante mille Juifs passèrent la frontière polonaise illégalement. En juillet 1946, presque vingt mille décidèrent de quitter la Pologne. En août 1946 le nombre crut à trente mille. En septembre 1946, douze mille Juifs quittèrent la Pologne.

Beaucoup de ces juifs étaient sortis clandestinement et illégalement grâce à l'organisation Berihah.

La réaction officielle au pogrom est racontée par Anita J. Prazmowska dans Histoire de la Guerre froide, Vol. 2, No. 2 :

Neuf participants au pogrom furent condamnés à mort et trois à de très longues peines de prison. Les agents de police, les militaires et les fonctionnaires de la police politique (UBP) furent jugés séparément et alors, de façon stupéfiante, tous furent acquittés de l'accusation « de n'avoir pris aucune mesure pour empêcher la foule de commettre des crimes » ; seul Wiktor Kuznicki, Commandant de la milice civique (MO), fut condamné à un an de prison. Il est clair que, dès la période où les premières enquêtes ont été lancées et pendant le procès, une décision avait été prise, pour des motifs manifestement politiques, de ne pas procéder à des sanctions disciplinaires. Les faits étaient pourtant clairs mais c'est ce qui se dégage des déclarations qui ont précédé le jugement. On conçoit bien que des instructions avaient été données de ne pas punir les chefs de la Milice civique et de la Milice politique à cause de la nature politiquement sensible des faits. Les déclarations du procureur militaire révèlent des faiblesses dans l'organisation de ces deux services de sécurité...

Le 14 septembre 1946, le pape Pie XII donna l'audience au rabbin Phillip Bernstein qui avait remplacé le juge Simon Rifkind comme conseiller américain pour les affaires juives sur le théâtre d'opérations européen. Bernstein demanda au pape de condamner les pogroms, mais ce dernier objecta que le Rideau de fer rendait difficiles les communications avec l'Église de Pologne.

[modifier] Recherche moderne et réconciliation

Le pogrom de Kielce a été un sujet délicat dans l'histoire polonaise pendant de nombreuses années et il y a toujours la confusion. On a soutenu qu'il faisait partie d'une action beaucoup plus large organisée par le KGB dans les pays contrôlés par l'Union soviétique et que les organismes dominés par elle, comme l'Urząd Bezpieczeństwa, ont joué un rôle dans la préparation du pogrom. Mais cela peut aussi sembler douteux puisque la politique de l'Union soviétique n'était pas antisémite jusqu'à la campagne contre le « cosmopolitisme sans racines » commencée après 1948. Au cours des dernières années, le pogrom de Kielce et le rôle des Polonais dans le massacre sont discutés en Pologne avec plus de franchise.

[modifier] Liens externes (en anglais)


  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Kielce pogrom ».