Philibert Fressinet

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Philibert Fressinet
Origine : France France
Hommage : nom gravé sous l'Arc de triomphe de l'Étoile

Philibert Fressinet, né à Marcigny (Saône-et-Loire) en 1769, mort en 1821 était un militaire français.

Il embrassa de bonne heure l'état militaire. Adjudant-général en 1797 dans les campagnes d'Allemagne, de Suisse et d'Italie en 1799. Sa conduite à la bataille de Taufers lui valut le grade de général de brigade. Après avoir secondé Championnet en Piémont, et donné de nouvelles preuves de courage et d'habileté dans toutes les rencontrés et surtout à Gênes, au passage du Mincio et sur les bords du Tagliamento.

Sans affectation après la paix d'Amiens, il est désigné pour l’expédition de Saint-Domingue (décembre 1801), commandée par le général de division Charles Victor Emmanuel Leclerc, beau-frère du Premier Consul Napoléon Bonaparte. Fressinet est affectée à la division du général de division Jean-François Joseph Debelle (février-mars 1802), puis à celle du général de division Jean Boudet (août). Ce fut lui qui eut la commission de conclure avec les généraux haïtiens Henri Christophe et Toussaint Louverture la négociation qui amena leur soumission. Autorisé par Leclerc à rentrer en France (1er septembre), il prend le temps de mettre en vente ses biens (23 octobre) avant de partir, en l’occurrence une impressionnante cave à alcool. Néanmoins, ayant trop tardé à s'embarquer, il est maintenu en activité dans l’île par le général Donatien-Marie-Joseph de Rochambeau qui vient de succéder à Leclerc (novembre) à la tête de l'expédition. Il est alors chargé du commandement de la ville de Saint-Marc, qu’il sauve peu après en battant le général hïtien Jean-Jacques Dessalines (vers le 20 novembre). Rochambeau lui témoigne sa très grande satisfaction (21 novembre), le cite à l’ordre de l’armée (22 novembre) et vante également les mérites de Fressinet au ministre de la Marine (décembre). Rochambeau lui confie alors le commandement de Port-au-Prince, devenue capitale de la colonie (18 avril 1803). Le jeune héros y épouse Marie-Adélaïde Bellanger des Boullets (30 mai 1803), seconde fille d’un riche colon qui lui assure une importante rente en France. Il devient ainsi le beau-frère du chef de brigade (colonel) Pierre Panisse, qui avait épousé l'aînée des soeurs Bellanger des Boullets. Fressinet est ensuite envoyé commander la ville portuaire de Jérémie, qu’il met en coupe réglée. La place étant encerclée par des insurgés de plus en plus entreprenants, bon nombre de civils cherche à fuir, mais Fressinet n’accorde de passeport que contre pot-de-vin. En juillet 1803, alors que la ville est sur le point de tomber, il vend à des prix prohibitifs ses passeports, mais au moment de l’évacuation (3 août), il abandonne non seulement les civils, mais également une partie de ses hommes, réservant même l’un de ses navires de transport au fruit de ses rapines ! Il est toutefois capturé par les Anglais en sortant de la rade. Conduit prisonnier à la Jamaïque, il se lance à corps perdu dans un mémoire justificatif, prévoyant à juste titre les critiques à l'égard de sa conduite. En effet , dès sa captivité en Angleterre, il est tenu à l’écart ou méprisé par les autres officiers français. L'adjudant-commandant Louis Mathieu Dembowski, apprenant l’arrivée d’un nouveau contingent de prisonniers français dans sa prison, note parmi ceux-ci le général de brigade François Nivard Charles Joseph d'Hénin « qui a fort bien fait la guerre à Saint-Domingue, et le général Fressinet dont on parle différemment ». Autorisé par ses geôliers à passer quelques mois de permission en France, l’empereur Napoléon Ier le délie de son serment de retourner se constituer prisonnier (février 1805). Par contre, il est immédiatement entendu par une cour martiale pour son abandon de Jérémie (1805). La cour ne décide rien, et Fressinet reste libre, mais sans affectation (1805-1807). Il est alors exilé à 40 lieues de Paris « pour des propos faits dans un lieu public mais qu’il nie avec beaucoup de constance » (28 avril 1807). Le maréchal Louis-Alexandre Berthier tente de le faire rentrer en grâce en lui faisant rédiger un mémoire sur ses campagnes en Italie pour le compte du ministère de la Guerre (29 mars 1809), Fressinet rentre à Paris (sans autorisation, mais sans doute avec l’accord tacite de Berthier) six mois plus tard. Dès qu’il l’apprend, Napoléon ordonne son éloignement immédiatement à 40 lieues (septembre). Berthier tente ensuite vainement de faire affecter Fressinet à l’armée du Portugal (26 septembre 1810) que commande le maréchal André Masséna. Peu après, Marie-Adélaïde Fressinet fait une fausse couche à Paris (première semaine d’octobre 1810). Toujours à la demande de Berthier, Napoléon autorise cette fois Fressinet à venir la visiter. Durant son séjour parisien, il reçoit également son affectation à l’armée de Naples (12 octobre). C’est le premier emploi de Fressinet depuis qu’il a été fait prisonnier devant Jérémie, en août 1803. Il sert alors plusieurs année à Naples et en Italie (1809-1813).

En 1813, les pertes de la retraite de Russie aidant, il est appelé à la Grande Armée (20 février) et fait campagne en Saxe au XIe Corps. Le 15 avril 1813 il se signala près de Magdebourg et parvint, après plusieurs combats glorieux, à opérer la jonction de l'armée du vice-roi Eugène de Beauharnais avec celle de Napoléon Ier. À la bataille de Lützen (1813) , avec une poignée d'hommes, il enleva aux Russes le village d'Ersdorf. Il est promu général de division (6 septembre) au Ve Corps, baron, commandeur de la Légion d'honneur (il n'était même pas légionnaire), et commandeur de l'ordre de Wurtzbourg. Il repasse à l’armée d’Italie (janvier 1814) et combat avec distinction sur le Mincio (février). Il est licencié et mis en non-activité à la première Restauration. Durant cette période, il se fit le défenseur du général de division Isidore Exelmans, accusé de conspirer avec Murat, et le fit acquitter.

Rallié à Napoléon aux Cent Jours, il commande une division sous Decaen au Corps des Pyrénées-Orientales (mai 1815). Chef d’état-major de Davout, ministre de la Guerre (juin 1815), ce fut lui qui rédigea l'adresse énergique envoyée par l'armée sous Paris à la Chambre des représentants. La bataille de Waterloo ne l'avait pas fait désespérer du salut de la France. A la Restauration, il est proscrit et exilé.

Banni par l'ordonnance du 24 juillet, il se retira à Bruxelles, passa ensuite à Buenos Aires, à Rio de Janeiro, où il connut l'ordonnance de rappel en France. Mais rentrant en France (1er décembre 1819), il est immédiatement arrêté. Libéré au bout de trois semaines, il est officiellement mis en disponibilité de l’état-major général.

Il meurt de maladie l’année suivante.


SOURCES:

  1. Mullié (Charles), Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850
  2. Six (Georges), Dictionnaire biographique des généraux et amiraux de la révolution et de l'Empire, t.1
  3. Beaubrun-Ardouin (Alexis), Etude sur l'histoire d'Haïti, t.5
  4. Begouën-Demeaux (Maurice), Mémorial d'une famille du Havre: Stanislas Foäche (1737-1806), t.5
  5. Dembowski (Louis-Mathieu, adj.-cmdt), Journal & voyage à Saint-Domingue (1802)
  6. Robin (Guy), La lettre de Saint-Domingue, rédigée par Pélage Marie Duboÿs
  7. Monti (Laura Virginia), A calendar of Rochambeau's papers at the university of Florida Libraries
  8. Peyre-Ferry (Joseph Elysée), Journal des opérations militaires de l'armée française à Saint-Domingue 1802-1803
  9. Pachonski (Jan) & Wilson (Reuel K.), Poland's Caribbean tragedy: a study of Polish legions in the Haïtian war of Independance, 1802-1803