Orlando furioso

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Roger délivrant Angélique par Ingres
Roger délivrant Angélique par Ingres
Angélique et Médor par Spranger
Angélique et Médor par Spranger

Orlando Furioso, ou Roland furieux est un poème épique de 40 chants, écrit par Ludovico Ariosto, dit en français l'Arioste, écrit au début du XVIe siècle, le Cinquecento italien, il sera publié en 1516.

S'inscrivant dans le cycle carolingien comme un lointain descendant de la Chanson de Roland (ou Chanson de Roncevaux) et présenté, à sa sortie, comme une suite de l'Orlando Innamorato (Roland amoureux) de Matteo Maria Boiardo.

Le poème fut écrit en ferrarais, le dialecte utilisé à Ferrare, puis l'Arioste lui-même l'adapta en toscan littéraire, afin qu'il soit plus accessible pour le reste de l'Italie.

Roger et Bradamante y sont présentés comme les ancêtres légendaires des ducs de Ferrare, et donc du cardinal Alphonse d'Este qui était le protecteur de l'Arioste et sans doute le commanditaire du livre.

Sommaire

[modifier] Trame du récit

Le poème est l'entrecroisement des actions de trois groupes de personnages :

  1. le couple de Roger et Bradamante,
  2. Charlemagne et ses chevaliers en guerre contre les Sarrasins,
  3. le trio formé par Angélique et Médor, et Roland.

Angélique est une reine d'orient. Le chevalier Roland, tombé amoureux d'elle, l'emmène avec lui en France. Elle est enlevée par des pirates et livrée à un monstre, mais le chevalier Roger, monté sur un hippogriffe, parvient à la délivrer. Angélique rencontre par la suite un soldat sarrasin blessé, Médor, qu'elle soigne et finira par épouser. Lorsque Roland découvre leur amour, il devient fou furieux.

Roland furieux part alors pour la guerre où il accomplit de nombreux exploits. Le chef des Sarrasins, Agramant, et le roi d'Alger, Rodomont, avaient progressé à travers l'Espagne puis la France pendant la querelle de Roland et Renaud, tous deux amoureux d'Angélique. Astolphe, l'ami de Roland, l'aide à recouvrer la raison, et l'armée de Charlemagne parvient à triompher des Sarrasins aux portes de Paris ; ceux-ci sont alors chassés du pays.

Bradamante, la sœur de Renaud, aime le chevalier Roger, qui l'aime également mais refuse leur union à cause d'une prophétie qui prédit la mort de Roger à la naissance d'un enfant de lui et Bradamante.

[modifier] Critique

Bataille de Roncevaux en 778. Mort de Roland, dans les Grandes chroniques de France, enluminées par Jean Fouquet, Tours, v. 1455–1460, BNF
Bataille de Roncevaux en 778. Mort de Roland, dans les Grandes chroniques de France, enluminées par Jean Fouquet, Tours, v. 14551460, BNF

S'il est censé s'agir du même Roland découvert par l'Occident dans La Chanson de Roland, chanson de geste de la fin du XIe siècle attribué à Turold (Ci falt la geste que Turoldus declinet), de texto, aucun fait ne l'y rattache véritablement. La Chanson est un récit d'exploits chevaleresques qui relate la défaite du Comte Roland, supposé neveu de Charlemagne à Roncevaux en 778 (épisode historique sans commune mesure avec l'immense succès littéraire qui en découlera) ; le texte de l'Arioste, lui, est beaucoup plus extravagant : voyage dans la Lune, aux Enfers et au Paradis où Roland rencontre l'apôtre Jean accompagné d'Énoch et d'Élie, chevauchée de l'Hippogriffe, etc.

La Chanson, écrite au moment de la première croisade (1096-1099), fait de Charlemagne un pré-croisé dont le souci principal (sinon unique) serait la défaite des Sarrasins. Mais, contemporain de la Chanson, paraît un texte latin, L'Historia Karoli Magni et Rotholandi, relatant les mêmes faits et attribué à l’archevêque Turpin ; il sera sans cesse invoqué par les poètes ultérieurs comme source d'authenticité venue d’un contemporain de Charlemagne. Et si l’Arioste, lui, s’y réfère aussi plusieurs fois, c'est toujours pour s'en moquer.

De même, bien que présenté à sa sortie comme une suite du Roland amoureux, le Roland furieux en est assez éloigné, puisqu'il ne conserve pas le concept humaniste du chevalier errant ; il n'aborde plus ce thème que superficiellement, et montre plutôt une « culture de la contradiction » qui fait plus écho à Érasme ou encore à Rabelais.

Plus tard, Hegel considèrera que les nombreuses allégories et métaphores du poème sont là pour démontrer la faillibilité des sens et du jugement, plutôt que pour illustrer les mythes de la chevalerie.

Finalement une idée semble transparaître : Orlando Furioso, bien que bâti sur une trame chevaleresque, serait un pseudo-récit chevaleresque, la Chevalerie ne constituant que l'habillage d'un récit beaucoup plus intellectuel voire psychologique. En fait, il se maintient à mi-chemin du Fantastique, de l'Épique, du Poétique et du Philosophique, ce qui fait tout son prix.

[modifier] Représentations

[modifier] Théâtre

[modifier] Musique

Parmi les opéras inspirés par cette œuvre à l'époque baroque, on peut citer :

[modifier] Peinture

[modifier] Bibliographie

  • En italien :
    • Orlando furioso di M. Lodovico Ariosto ; rev. et ristampato, sopra le correttioni di Jeronimo Ruscelli ; ill. d'après P. Eskrich, Lyone : G. Rovillio, 1570 [1]
    • Orlando furioso di M. Ludovico Ariosto con le annotationi, gli avertimenti, & le dichiarationi di Girolamo Ruscelli, éd. de, Venitia : F. Valgrisi, 1603.[2]
    • Ludovico ARIOSTO, Orlando furioso, A cura di Lanfranco Caretti, Presentazione di Italo Calvino, 2 volumes, Turin, Éd. Einaudi, 1966, 1992.
    • ARIOSTE, Roland furieux, édition bilingue, introduction, traduction et notes par André Rochon, 4 volumes, in Les Belles Lettres, 1998-2002.
  • En français :
    • Traductions anciennes:
      • en prose, par: Jean Martin, par Jean des Gouttes, 1544 [3]; J.-B. de Mirabaud (1675-1760), 1741; d'Ussieux, 1775; Tressan, 1780; Panckoucke et Framery; A. Mazuy, 1830; A. Delatour, 1842; Philippon de La Madeleine, 1843, Francisque Reynard, Paris, Lemerre, 1880 [4]
      • en vers par: Creuzé de Lesser et Duvau de Chavagne, par Voltaire (quelques passages), par Panizzi, Londres, 1830, 8 vol. in-8°.
    • Traductions ou Présentations modernes:
      • Arioste, Roland Furieux, Gallimard (Folio), 2003, 2 vol.
      • Italo Calvino, présenté et raconté par ..., Éd. Einaudi, 1970,
      • Italo Calvino, présenté et raconté par ..., par Nino Frank, Éd. Flammarion (GF), 1982.
      • C. Hippeau (extraits de l’Arioste), nl. nd. ne.
      • Lojkine, Stéphane. Le Roland furieux de l’Arioste : littérature, illustration, peinture (XVIe- XIXe siècles).

[modifier] Autres

  • La Chanson de Roland. Le manuscrit qui se trouve à la bibliothèque Bodléienne d'Oxford, a été publié par Francisque Michel en 1837, in-8°, et par Génin en 1850, in-8°.
  • La Chanson de Roland (traduction seule), Éd. Le Livre de Poche, 1997.
  • La Chanson de Roland (bilingue), Éd. Flammarion (GF), 1999.

[modifier] Liens externes