Ordre du Saint-Esprit

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Le duc de Richelieu en costume de chevalier du Saint-Esprit, par Francesco Schiaffino (1748), musée du Louvre
Le duc de Richelieu en costume de chevalier du Saint-Esprit, par Francesco Schiaffino (1748), musée du Louvre
Collier de l'Ordre
Collier de l'Ordre

L'Ordre du Saint-Esprit fut pendant les deux siècles et demi de son existence, un ordre de chevalerie prestigieux au service de la monarchie française.

Sommaire

[modifier] Histoire de l'Ordre

C'est le 31 décembre 1578, en pleines guerres de religion, qu'Henri III fonda l'Ordre du Saint-Esprit, dont le but était d'honorer Dieu.

Le monarque choisit le nom de Saint-Esprit pour cet Ordre, en référence à sa propre naissance, à son couronnement sur le trône de Pologne et plus tard sur celui de France, les trois événements étant survenus le jour de la Pentecôte.

Bien que cet ordre soit initialement réservé aux plus hauts dignitaires du royaume, le roi Henri IV permit à un nombre restreint de monarques et de grands seigneurs étrangers de confession catholique, d'y entrer. Un impôt spécifique appelé marc d'or fut instauré pour subvenir aux besoins de l’Ordre dont le siège se trouvait au couvent des Grands Augustins à Paris. Sa devise était : « Duce et Auspice ».

Supprimé en 1791 pendant la Révolution française, l’Ordre du Saint-Esprit fut ensuite rétabli en 1814 par le roi Louis XVIII, puis définitivement aboli par Louis-Philippe Ier en 1830.

Par la suite, il fut cependant porté et conféré par divers prétendants au trône de France.

[modifier] Organisation

L’ordre est doté de la personnalité morale, ce qui permet notamment au souverain de l'utiliser pour lever des emprunts. La direction en est réservée au roi, qui en est le souverain grand maître. L’administration de l’ordre est confiée à plusieurs officiers, dont les plus élévés portent le titre de commandeur de l'ordre. On distingue plusieurs classes de membres :

  • les chevaliers : au nombre de cent, ils sont choisis parmi la plus haute noblesse du royaume. Le roi peut choisir théoriquement tout noble prouvant trois degrés de noblesse (des preuves fausses sont parfois acceptées mais les anoblis restent exclus) ; néanmoins les membres des familles ducales sont parmi les plus représentés dans les rangs des chevaliers. Les chevaliers du Saint-Esprit sont également chevaliers de Saint-Michel, ce qui fait qu’on les nomme le plus souvent : chevaliers des ordres du roi.
  • les commandeurs : ils s'agit d’ecclésiastiques, au nombre de huit. L'ordre devait compter à l'origine quatre cardinaux ou archevêques et quatre évêques, mais ce ratio ne fut pas toujours respecté. Le grand aumônier de France était commandeur-né de l’ordre et n’était pas donc pris en compte dans les huit. Les commandeurs, étant ecclésiastiques, ne pouvaient être chevaliers de Saint-Michel.
  • les commandeurs officiers : il s’agit des quatre plus hauts officiers de l'ordre. Ils étaient assimilés en dignité aux chevaliers et étaient comme eux chevaliers de Saint-Michel. Les quatre commandeurs officiers étaient :
    • le chancelier et garde des sceaux
    • le prévôt et maître des cérémonies
    • le grand trésorier
    • le greffier

Il n'existait aucune condition de noblesse pour les officiers, ce qui fait que le roi pouvait utiliser ces fonctions pour honorer des personnes récemment anoblies. Les exemples les plus connus sont ceux de Colbert, de Le Tellier pour Louis XIV ou encore sur la fin du règne, celui du riche financier Antoine Crozat, (marquis du Chatel de fraîche date), qui fut grand trésorier de l'Ordre. Ces charges pouvaient toutefois être exercées également par des chevaliers ou commandeurs ecclésiastiques. Par tradition remontant à Guillaume Pot de Rhodes, le prévôt maître des cérémonies faisait ses preuves de noblesse, comme les chevaliers[1].

[modifier] Habit et insignes

L’insigne de l’Ordre ressemble à une croix de Malte. Elle possède quatre branches, terminées par huit pointes boutonnées ; entre chaque branche se trouve une fleur de lys. Au centre de la croix, est posée une colombe aux ailes déployées et à la tête dirigée vers le bas. Lors des cérémonies, la croix des officiers et des commandeurs officiers était attachée à un collier formé de fleurs de lys et de différents motifs dorés. Plus généralement, la croix était suspendue à un large ruban de couleur moirée bleu ciel, d'où le surnom de cordon bleu aux chevaliers qui la portaient. Les chevaliers le portaient en écharpe sur la poitrine et les commandeurs en collier. Les chevaliers et commandeurs officiers portaient en outre une croix du Saint-Esprit brodée sur la poitrine.

Lors des cérémonies, les chevaliers portent un grand manteau de velours noir garni d'un mantelet de toile d'argent. Le jour du chapitre de l'ordre, le 1er janvier, les novices portent un habit en étoffe d'argent que commente ainsi le duc de Croÿ :

Un vêtement de novice très beau et très singulier : c'est l'habit de fête de la cour de Louis XIII (sic), qui tient de celui d'Espagne du même temps. Il est remarquable et conviendrait à des hommes jeunes et bien faits, malheureusement, il ne sert qu'à des gens d'un âge relativement avancé[2].

[modifier] Galerie

Quelques chevaliers et commandeurs de l'Ordre du Saint-Esprit portant leur insigne

[modifier] Notes

  1. Saint-Simon, Traités politiques et autres écrits », « Légères notions des commandeurs, chevaliers et grands officiers de l'ordre du Saint-Esprit – Prévôts et grands maîtres des cérémonies », bibliothèque de la Pléiade, p. 867.
  2. Duc de Croÿ, Mémoires sur les cours de Louis XV et de Louis XVI, Paris, 1895-1896, p. 172, à la date du 1er janvier 1759, c'est-à-dire lors de sa propre nomination à l'ordre.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

[modifier] Historiographes des ordres du roi

  • Germain-François Poullain de Saint-Foix, maître des eaux et forêts de Rennes, fut nommé historiographe des Ordres du Roi, par brevet du 18 septembre 1758.
  • Bernard Chérin, généalogiste des Ordres, avait obtenu la survivance de Saint-Foix comme historiographe des mêmes Ordres dès le 28 juillet 1770, il exerça ce double office jusqu'à sa mort arrivée le 21 mai 1785.
  • Adrien-Michel-Hyacinte Blain de Sainmore, garde des archives et secrétaire du greffe des Ordres du Roi, fut nommé historiographe des mêmes Ordres par brevet en date du 26 mars 1786.