Omega (montres)

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Logo de Omega
Repères historiques
Création : 1848 (pour l'entreprise)
1903 pour la S.A.
Dates clés : 1894 : enregistrement du nom Omega
1930 : fondation de la SSIH
Personnages clés : Nicolas Hayek
Fiche d’identité
Forme juridique : Société anonyme de droit suisse
Siège social : Suisse Bienne (BE)
Direction : Stephen Urquhart
Activité(s) : Horlogerie
Produit(s) : Montres
Société mère : Swatch Group
Site corporatif : www.omegawatches.com
Principaux concurrents
Rolex, Breitling
Consultez la documentation du modèle

OMEGA est une entreprise suisse d’horlogerie établie à Bienne. Elle appartient au Swatch Group.

De par son ancienneté, sa longévité, sa visibilité (chronométrage sportif, conquête spatiale) et sa taille[1], Omega est l'une des sociétés-phares de l'industrie horlogère suisse. Elle a en effet été la pionnière en matière d'industrialisation de la production (mécanisation, production de masse). Outre l'excellence de ses produits, reconnue par d'innombrables prix internationaux, elle a aussi été l'un des lieux de la lutte ouvrière et de la progressive amélioration des conditions de travail.

Aujourd'hui, après les tourments et les errements provoqués par l'invasion du quartz et des productions japonaises des années 1970, la marque est à nouveau une figure de proue de l'industrie. Omega a développé des solutions techniques originales (échappement co-axial, calibres maison) et le design a été modernisé. Appartenant au Swatch Group, elle se situe aujourd'hui dans le segment « prestige »[2] du marché, et certaines de ses productions visent clairement à se positionner dans le segment « luxe »[3]. De plus, depuis quelques années, la firme développe un secteur joaillerie.

Fidèle à la région biennoise, Omega a cependant exploité des succursales ou des ateliers à Cortébert, Genève, Köniz, Lausanne, Le Sentier, Les Genevez et Villeret.

La firme est active dans le chronométrage sportif depuis 1909, le traitement et l'affichage des données. Elle a assumé cette tâche la première fois lors des Jeux Olympiques d'été de 1932 à Los Angeles et, plus récemment, lors des Jeux Olympiques de Turin en 2006. Elle le fera également lors de ceux de Pékin en 2008 et de Vancouver en 2010.

Sommaire

[modifier] Historique

Un calibre 38.5 d'une Gousset Omega (1941)
Un calibre 38.5 d'une Gousset Omega (1941)

[modifier] Fondation

En 1848, Louis Brandt, alors âgé de 23 ans, ouvre un comptoir d'établissage[4] à La Chaux-de-Fonds dans le canton de Neuchâtel. Ses montres portent la marque « Louis Brandt ».

En 1879, les deux fils du fondateur, Louis-Paul et César Brandt, décident de se lancer dans la fabrication industrielle « à l'américaine ». En raison de la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée et de surfaces disponibles et de l'opposition de leurs concurrents, La Chaux-de-Fonds ne leur paraît pas convenir. Après avoir envisagé de s'implanter dans plusieurs villages du Jura, ils s'installent définitivement à Bienne dans le canton de Berne, mieux située sur le plan logistique (transports, main-d'oeuvre, fourniture d'énergie, etc.). Dès janvier 1880, ils lancent leur premier calibre fabriqué par des procédés mécaniques. Fiable et bon marché, le produit connaît un succès fulgurant. Dès le second semestre 1880, l'entreprise occupe 250 personnes et lance ses premières marques. À l'époque, le temps de travail dans l'entreprise est de 59,5 heures hebdomadaires, ce qui est inférieur au maximum légal fixé à 65 heures[5]. Avant la fin de la décennie, l'entreprise devient la plus grande de l'horlogerie suisse, occupant 600 personnes et à même de produire 100 000 montres par année. La qualité de la production est reconnue par la Confédération suisse et à l'étranger.

[modifier] Le calibre 19

En 1894, l'entreprise lance le calibre Omega 19 lignes[6], qui donnera son nom à l'entreprise. Le nom est déposé dès le 10 mars 1894. Ce produit sera une réussite totale aussi bien technique que commerciale : vingt ans plus tard, en 1914, il représentera encore le tiers de la production d'Omega[7]. En 1896 : Omega remporte sa première récompense. L'entreprise occupe près de 800 personnes et fabrique 100 000 montres Omega par année. On la considère déjà comme la « plus importante fabrique d'horlogerie de Suisse ». Les premières contrefaçons apparaissent[8]. Après la mort des deux fondateurs, l'entreprise est transformée en société anonyme au capital de 250 000 francs (14 mai 1903).

[modifier] Le temps des crises

Jusqu'en 1907, les affaires sont florissantes : l'entreprise tente d'atteindre une production de 10 000 pièces par jour en rationalisant et optimisant ses processus de fabrication. Mais en 1908 et 1909, l'industrie horlogère connaît une crise majeure : certaines firmes perdent jusqu'à 25% de leur chiffre d'affaire. Omega parvient à limiter l'érosion de ses exportations à 7% seulement. La crise passée, la demande augmente à nouveau, à tel point que la société peine à livrer ses clients. En 1909, Omega assure son premier grand chronométrage sportif lors de la coupe Gordon Bennett de Zurich.

La Première Guerre mondiale provoque des perturbations importante dans la production et l'engagement en masse de personnel féminin. En 1918-1919, la Suisse subit, comme ses voisins, une épidémie de grippe espagnole et surtout une vague de grèves ouvrières sans précédent. Les ouvriers d'Omega bloquent l'accès à l'usine et la direction fera appel à la troupe pour en dégager l'accès. La semaine de travail tombe à 48 heures, des vacances payées sont accordées aux ouvriers[9]. Malgré les accords, les conflits sociaux persistent et la firmes connaît encore plusieurs épisodes de grève. À la fin de l'année 1920, les commandes chutent brutalement. L'entreprise est prise de court et l'exercice suivant se conclut sur une perte financière de plus de 600 000 francs[10]. En 1924, Omega se rapproche de la firme Tissot, qui a connu les mêmes difficultés[11].

[modifier] La SSIH

La crise de 1929 va accélérer le processus de fusion en 1930 et pousser à la création d'une société holding, la Société suisse pour l'industrie horlogère (SSIH) qui chapeaute les entreprises Omega et Tissot, déjà liées par une convention d’intérêts. Dans le partage de marché que prévoit l'accord, la production haut de gamme est attribuée à Omega, tandis que Tissot exploitera le milieu de gamme. À peine deux ans plus tard, un partenaire inattendu se joint à la SSIH, le fabricant de complications Lemania de la vallée de Joux. Il apporte des compétences qui n'existaient pas auparavant dans le groupe, en particulier la fabrication de chronographes. Ce qui permet à Omega d'assurer la même année le premier chronométrage des Jeux Olympiques à Los Angeles.

Mais la crise continue. En 1931, la moitié du personnel est mis au chômage complet. En 1932, la production chute et ne représente plus que 60 % de celle de 1929 ; l'effectif recule à 700 personnes, dont seules 30 ne chôment pas. La crise sera cependant l'occasion d'implanter de nouvelles méthodes de fabrication et l'optimisation des processus : interchangeabilité quasi complète des ébauches, travail à la chaîne effectué par un personnel moins qualifié, etc. Jusqu'en 1937, date de la signature de la Paix du travail, la vie de l'entreprise sera émaillée de grèves et de conflits sociaux. Les affaires reprennent alors lentement (les exportations sont alors pénalisées par la cherté du franc suisse). La fin des années 1930 est caractérisée par l'obtention d'un prix de précision de Kew Teddington[12] et l'apparition des calibres R 13,5 et surtout 30 mm. L'instabilité politique croissante (Anschluss, crise des Sudètes, Accords de Munich, Nuit de cristal, annexion de la Bohème-Moravie...) fait à nouveau faiblir les ventes.

[modifier] La Seconde Guerre mondiale

L'attitude protectionniste des États-Unis, l'extension des zones de conflits, l'effondrement de la demande civile et la fermetures des voies de communication marquent un frein très net. Dès 1939, la France fait pression sur les entreprises frontalière du Jura suisse (Omega, Dixi, etc.) pour obtenir des pièces de détonateurs[13]. Malgré son refus catégorique et affiché de fabriquer du matériel militaire pour quelque belligérant que ce soit, il semble qu'Omega ait livré à la France des percuteurs pour les canons de la flotte aérienne et qu'un projet de carabine fut élaboré, puis abandonné[14]. Omega devient le plus gros fournisseur de montres pour l'armée de l'air britannique, qui lui en commandera 110 000 jusqu'à la fin du conflit (soit les 2 tiers de ses exportations). Sur le plan social, la guerre est l'occasion pour la firme de fonder un fonds de prévoyance pour ses employés. 1942 voit le lancement des premières montres automatiques : Omega Automatic. Le 14 novembre 1944, est fabriquée la 10 000 000e montre portant la marque Omega, un chronomètre de poche or de 37,5 mm.

La fin de la guerre marque un réel engouement international pour les montres Omega (qui développe une campagne publicitaire dynamique) : Omega est choisi comme montre officielle par Canadian Air Force, la Royal Australian Air force, armée américaine, Air France, Sabena, Canadian Pacific Airlines, etc.

[modifier] Après 1945

Un chronographe Seamaster (modèle récent)
Un chronographe Seamaster (modèle récent)

[modifier] The Moon Watch

Icône de détail Article détaillé : Speedmaster.
  • 1965 : La NASA choisit la Speedmaster comme chronographe officiel.
  • 1969 : Buzz Aldrin pose son pied sur la Lune le 21 juillet en portant un chronographe Speedmaster dit Moonwatch, alors la seule montre capable d'aller dans l'espace sans risque de rupture du verre de la montre (qui est remplacé par un vitrage en plexiglas). Neil Armstrong avait laissé le sien dans le LEM en raison de la panne du chrono de bord.

[modifier] La crise

Dans les années 1970 et 1980, l'industrie horlogère connaît une crise sans précédent. La plupart des fabricants disparaissent ou fusionnent dans la SMH. Omega ne fit pas exception à la règle et au début des années 1980, ses difficultés la conduisent quasiment au dépôt de bilan ou la vente à un concurrent asiatique[15].

  • 1970 : Lancement des premières montres électroniques. Omega présente plusieurs produits d'avant-garde à la Foire de Bâle. Dans les années qui suivent, la marque développera de nombreux calibres à quartz.
  • 1983 : Fusion des groupes horlogers SSIH et ASUAG (Allgemeine Gesellschaft der schweizerischen Uhrenindustrie AG) pour devenir, en 1985, la « Société suisse de microélectronique et d'horlogerie SA » (SMH), aujourd’hui rebaptisée Swatch Group.
  • 1984 : Après la fusion SSIH et Asuag, Omega perd son statut de manufacture, ainsi que les activité de Recherche et Développement.
  • 1985 : La direction, persuadée de la prochaine disparition de la montre mécanique, réduit drastiquement l'offre en la matière. Seuls subsistent une poignée de modèles, dont le fameux Speedmaster.
  • 1986 : Restructuration sévère de la SMH. Les activités d'assemblage et de terminaison d'Omega sont confiées à ETA Manufacture Horlogère.
  • 1987 : Sauf pour quelques rares modèles, Omega renonce à l'homologation chronomètre pour des raisons de coût.

[modifier] La renaissance

  • 1994 : ETA développe deux calibres exclusivement pour Omega : les 651 et 1120. Création du calibre 1170 Tourbillon central.
  • 1996 : Réorganisation en vue de mieux définir la spécificité de la marque.
  • 1999 : Omega introduit l'échappement co-axial dans ses modèles.
  • 2007 : Apparition du nouveau calibre maison 8501.

[modifier] Musée

Un musée Omega se trouve à Bienne (rue Stämpfli 96). On peut le visiter, sur demande uniquement[16], du lundi au vendredi de 8.00 à 12.00 et de 13.30 à 18.00. Le conservateur du musée, Marco Richon, est également l'auteur de plusieurs ouvrages de référence sur la marque.

[modifier] Gamme actuelle

La gamme actuelle se décline dans des lignes féminines ausi bien que masculines de la manière suivante :

  • Seamaster : montres de sport et de plongée ;
  • Speedmaster : chronographes uniquement ;
  • De Ville : Dress watch ;
  • Constellation.
  • « Museum » : une ligne en édition limitée et qui reprend le design d'anciens modèles de la marque. Les « nouveautés » apparaissent sur un rythme assez lent. À ce jour, la série ne compte que 6 modèles : Pilot's, Cosmic, Officer's, Petrograd, Centenary, Tonneau renversé.

[modifier] Échappement co-axial

L'échappement co-axial est un développement technique dû à l'horloger autodidacte anglais George Daniels (né en 1926). Depuis 1999, l'échappement co-axial est systématiquement utilisé sur ses nouveaux modèles. La marque qui possède l'exclusivité de cette technologie, en a d'ailleurs fait un trait fondamental de sa spécificité : inventivité, maîtrise de la technologie la plus moderne, etc.

[modifier] Le calibre 8500

En 2007, Omega renoue avec une tradition qui a fait sa réputation et produit pour la première fois depuis 1984[17] un calibre concu et élaboré entièrement par ses soins : le calibre automatique 8500[18]. Ces nouveaux mouvements équipent une nouvelle ligne de la gamme De Ville : la Hour Vision. Selon les déclarations du fabricant, le nouveau calibre devrait être décliné dans d'autres modèles courant 2008. Le modèle Hour Vision a une autre caractéristique remarquable : son boîtier dispose de 4 ouvertures latérales, ce qui permet d'observer le mouvement latéralement (sans sacrifier l'étanchéité de la montre[19]). À Baselworld (avril 2008), Omega présente les premiers modèles Seamaster Aquaterra, dotés du nouveau calibre.

[modifier] Marketing

Les « ambassadeurs » (publicitaires) des montres Omega sont Abhishek Bachchan, Dean Barker, George Clooney, Russell Coutts, Cindy Crawford[20], Ernie Els, Sergio Garcia, Nicole Kidman, Ellen MacArthur, Michael Phelps Alexander Popov, Michael Schumacher, Ian Thorpe et Michelle Wie. Les joueuses de tennis Martina Hingis et Anna Kournikova ont aussi fait partie un certain temps des ambassadeurs de la marque.

Depuis plusieurs années, la marque Omega est associée aux films de James Bond.

[modifier] Notes et références

  1. De1894 à 2007, Omega a produit 15 000 modèles de montres (Omega. Voyage à travers le temps, p. 7).
  2. La segmentation stratégique opérée par le Swatch Group reprend celle que la SSIH avait instaurée dès 1930. La stucture de cette segmentation peut être examinée sur le site du groupe horloger.
  3. La marque a ainsi produit un « tourbillon squelette » dont le prix atteint les 270 000 francs suisses
  4. Un comptoir d'établissage est une structure pré-industrielle qui permet une division du travail en distribuant les opérations de fabrications à plusieurs sous-traitants, chacun conservant son statut d'artisan indépendant. Il permet cependant au maître d'oeuvre de fixer le niveau de ses exigences
  5. Marco Richon,Omega Saga, p. 19
  6. 43 mm
  7. Le calibre 19 sera rapidement décliné en 9 dimensions et en 16 qualités de finition (Omega Saga, p. 204-205)
  8. Marco Richon, op. cit., p. 19
  9. Une semaine après 10 ans, 2 semaines après 20 ans d'activité ! (Omega Saga p. 24)
  10. La première perte depuis la transformation en SA, et peut-être bien la première depuis 1848, selon Marco Richon. La perte sera encore aggravée l'année suivante.
  11. Tissot était très active sur le marché russe, un marché définitivement perdu après la Révolution russe, qui lui aurait accordé un prêt important. « N'oubliez pas que c'est Tissot qui a sauvé Omega ! » (Marie Tissot).
  12. Selon Omega Saga, p. 30, le prix de 1936 ne sera jamais égalé.
  13. La Suisse, le national-socialisme et la Seconde Guerre mondiale, Rapport final, p. 200
  14. Omega Saga, p. 31
  15. Nicolas Hayek, Préface de Omega. Voyage à travers le Temps
  16. téléphone du musée : +41 32 343 92 11
  17. Les derniers calibres de la marques furent utilisés dans la collection de luxe « Louis Brandt ».
  18. Le calibre existe en deux variantes : 8500 et 8501
  19. Selon les déclarations du fabricant. Le site d'Omega annonce d'ailleurs une étanchéité de 100 mètres.
  20. Selon la communication de la marque, Cindy Crawford serait plus qu'une simple porte-enseigne et aurait participé activement à l'élaboration de certaines gammes, en particulier en renouvelant la ligne féminine de la Constellation.

[modifier] Sources

  • Marco Richon, Omega Saga, Fondation Adrien Brandt en faveur du patrimoine Omega, Bienne, 1998 ISBN 978-2-88380-010-6
  • Marco Richon, Omega. Voyage à travers le temps, Omega S.A., Bienne, 2007, ISBN 978-2-9700562-0-1
  • George Daniels, La Montre : Principes et méthodes de fabrication, Éditions Scriptar, Lausanne, 1993, ISBN 2-88012-072-1

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

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