Nombre de Fermat

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Pierre de Fermat étudie les propriétés des nombres portant maintenant son nom.
Pierre de Fermat étudie les propriétés des nombres portant maintenant son nom.

En mathématiques et plus précisément en arithmétique, un nombre de Fermat est un entier naturel particulier. Le ne nombre de Fermat, noté Fn est égal à 22n + 1. Ces nombres doivent leur nom au mathématicien français Pierre de Fermat (1601-1665) qui émet la conjecture que ces nombres sont tous premiers. Cette conjecture se révèle fausse, les seuls nombres de Fermat premiers connus sont F0, F1, F2, F3 et F4. Ces nombres disposent néanmoins de propriétés intéressantes, en général issues de l'arithmétique modulaire.

Sommaire

[modifier] Histoire

En 1640, dans une lettre adressée à Bernard Frénicle de Bessy (1605 - 1675), Pierre de Fermat énonce, et probablement démontre son petit théorème : « Et cette proposition est généralement vraie en toutes progressions et en tous nombres premiers ; de quoi je vous envoierois la démonstration, si je n'appréhendois d'être trop long »[1]. Ce théorème lui permet d'étudier les nombres portant maintenant son nom. Dans cette même lettre, il émet la conjecture que ces nombres sont tous premiers sans parvenir à trouver une preuve « ... je n'ai pu encore démontrer nécessairement la vérité de cette proposition ». Cette hypothèse le fascine, deux mois plus tard, dans une lettre à Marin Mersenne (1588 - 1648), il écrit : « Si je puis une fois tenir la raison fondamentale que 3, 5, 7, 17, 257, 65537... sont nombres premiers, il me semble que je trouverai de très belles choses en cette matière, car j'ai déjà trouvé des choses merveilleuses dont je vous ferai part »[2]. Il écrit encore à Blaise Pascal (1623 - 1662) : « je ne vous demanderais pas de travailler à cette question si j'avais pu la résoudre moi-même ».

Cette conjecture se révèle fausse, elle correspond à l'unique erreur sur une conjecture commise par Fermat. Leonhard Euler (1707 - 1783) présente[3] un diviseur de F5 en 1732. Il ne dévoile la construction de sa preuve[4] que quinze ans plus tard. Elle correspond exactement aux travaux de Fermat lui ayant permis de démontrer[5] en 1640 la non primalité des candidats de paramètres 23 et 37 pour les nombres de Mersenne.

[modifier] Propriétés

[modifier] Premières propriétés

La suite des nombres de Fermat possède plusieurs relations de récurrence. On peut citer par exemple si n est supérieur ou égal à deux :

  • F_n \ = \ (F_{n - 1} -1)^2 + 1 \quad ou \quad F_{n} = F_{n-1}^2 - 2(F_{n-2}-1)^2\;

Où encore, avec des produits de nombres de Fermat :

  • F_n \ = \ \prod_{i=0}^{n-1} F_i  \ + \ 2 \quad ou \quad F_{n} = F_{n-1} + 2^{2^{n-1}}\prod_{i=0}^{n-2} F_i\;

On en déduit le théorème de Goldbach[6] affirmant que :

Soit D(n, b) le nombre de chiffres utilisés pour écrire Fn en base b.

  • La valeur de D(n,b) est donnée par la formule suivante :
D(n,b) = \lfloor \log_{b}\left(2^{2^{\overset{n}{}}}+1\right)+1 \rfloor \approx \lfloor 2^{n}\,\log_{b}2+1 \rfloor

Les crochets désignent la fonction partie entière et logb le logarithme de base b.

  • Aucun nombre de Fermat n'est somme de deux nombres premiers à l'exception de F1 = 2 + 3.
  • Aucun nombre de Fermat n'est la différence de deux puissances de nombres premiers impair.
  • La somme des inverses de tous les nombres de Fermat est irrationnelle.[7]


[modifier] Nombre de Fermat et primalité

La raison historique de l'étude des nombres de Fermat est la recherche de nombres premiers. Fermat connaissait déjà la proposition suivante :

  • Soit k un entier, le nombre 2k + 1 est un nombre premier seulement si k est une puissance de deux.

Pierre de Fermat a conjecturé que la réciproque était vraie, il a montré que :

F0 = 3 est premier
F1 = 5 est premier
F2 = 17 est premier
F3 = 257 est premier
et F4 = 65537 est premier

Actuellement, on ne connaît que cinq nombres de Fermat premiers, ceux cités ci-dessus.

En 2004, on ignore encore s'il en existe d'autres, mais on sait que les nombres de Fermat Fn, pour n entre 5 et 32, sont tous composés ; F33 est le plus petit nombre de Fermat dont on ne sait pas s'il est premier ou composé.

Le plus grand nombre de Fermat dont on sait qu'il est composé est actuellement F2 478 782.


[modifier] Factorisation des nombres de Fermat composés

Euler utilise une méthode de Fermat pour démontrer que F5 n'est pas premier. Il démontre pour cela trois propositions :

  • Un facteur premier du nombre de Fermat Fn est de la forme k. 2 m + 1 où k est un entier impair, et m > = n + 2.
  • L'entier k de la proposition précédente possède un facteur premier impair.
  • F5 est divisible par 641.

Le cas général est un problème difficile du fait de la taille des entiers Fn, même pour des valeurs relativement faibles de n. Actuellement, le plus grand nombre de Fermat dont on connaisse la factorisation complète est F11 dont le plus grand des cinq diviseurs premiers a 560 chiffres (la factorisation complète de Fn, pour n entre 5 et 10, est, elle aussi, entièrement connue). En ce qui concerne F12, on sait qu'il est composé mais c'est le plus petit nombre de Fermat dont on ne connaisse pas la factorisation complète (on ne connaît pour l'instant que cinq des diviseurs premiers de F12). Quant à F14, c'est le plus petit nombre de Fermat composé dont on ne connaisse aucun diviseur premier.


[modifier] Polygone régulier

Icône de détail Article détaillé : Polynôme cyclotomique.

Carl Friedrich Gauss a établi un lien entre ces nombres et la construction à la règle et au compas des polygones réguliers : un polygone régulier à n côtés peut être construit à la règle et au compas si et seulement si n est une puissance de 2, ou le produit d'une puissance de 2 et de nombres de Fermat premiers distincts.

Par exemple, le pentagone régulier est constructible à la règle et au compas puisque 5 est un nombre de Fermat premier ; de même, un polygone à 340 côtés est constructible à la règle et au compas puisque 340 = 22.F1.F2.

[modifier] Généralisation

Il est possible de généraliser une partie des résultats obtenus pour les nombres de Fermat.

Soit un entier m = ab + 1, alors les conditions nécessaires à la primalité de m sont :

  • a est un nombre pair, i.e. a = 2j
  • b est une puissance de 2, i.e. b = 2n

Alors pour que m soit premier, il doit être de la forme

m=(2\times j)^{2^n} + 1

On appelle ces nombres les nombres de Fermat généralisés.

[modifier] Notes et références

[modifier] Notes

  1. Pierre de Fermat Lettre de Fermat à Frénicle du 18 octobre 1640 lire
  2. Pierre de Fermat Correspondance Marin de Mersenne 25 Décembre 1640
  3. Leonhard Euler Observationes de theoremate quodam Fermatiano aliisque ad numeros primos spectantibus Commentarii academiae scientiarum Petropolitanae (6) 1738 p 102-103 1732
  4. Leonhard Euler Theoremata circa divisors numerorum Novi commentarii academiae scientiarum Petropolitanae (1) 1750 p 20 à 48 1747/48
  5. N. Lippi and J. Frey Biographies of Mathematicians-Marin Mersenne Université de St Andrew 1998
  6. L. Durman Histoire des nombres de Fermat sur Distributed search for Fermat number divisors 2003
  7. S. W. Golomb On the sum of the reciprocals of the Fermat numbers and related irrationalities Canad. J. Math. 15(1963), 475--478

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes