Nerviens

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Les Nerviens étaient l'un des peuples gaulois du nord/nord-est de la Gaule (Gaule belgique dans la terminologie romaine).

Durant l'époque romaine, leur capitale était Bagacum -Bavay- et à l'est de l'Escaut qui les séparait des Ménapes et des Atrébates.

Sommaire

[modifier] Peuples d'expression germanique ou gauloise ?

Jules César commence son rapport (Commentaires sur la Guerre des Gaules) en rappelant que la Gaule comprenait 3 régions : l'Aquitaine, la Gaule 'elle-même', et la Gaule Belgique. Il ajoute que ces trois régions « se distinguent par leur lois, us et coutumes et langue ». Cela eut néanmoins pour conséquence que des peuples non uniquement gaulois furent intégrés à cette Gaule (dont les Nerviens). Les Belges étaient considérés comme « les plus belliqueux des trois [régions] » qui, selon César, constituaient « sa » Gaule. Ayant conquis tout le territoire entre les Pyrénées et le Rhin, César créa tout simplement la grande Gaule, n'ayant reçu de Rome qu'un mandat pour la Gaule elle-même. Il espérait éviter ainsi une manœuvre juridique de la part de ses ennemis à Rome.

[modifier] Origine germanique

En fait, César incorpore ce peuple parmi les Belges. Il mentionne un témoin Gaulois selon lequel « les Belges du nord sont d'origine germanique ». Strabon mentionne explicitement l'origine germanique des Nerviens. Tacite a écrit que les Nerviens (et Trévires) « affectionnaient hautement leur origine germanique, disant que ce sang noble les séparait de toute similitude [avec les Gaulois] et de la paresse gauloise » ("Germania" par. 28). Une plaque commémorative, trouvée en Grande-Bretagne, mentionne « La première cohorte nervienne germanique, 1000 hommes et équestres, commandée par… ». Il y a peu de doute: les Nerviens n'étaient pas Gaulois. Par contre, ils faisaient partie du monde celtique.

« César leur demanda quelles étaient les cités qui avaient pris les armes, quelle était leur importance, leur puissance militaire ; il obtint les renseignements suivants : la plupart des Belges étaient d’origine germanique ; ils avaient, jadis, passé le Rhin, et s’étant arrêtés dans cette région à cause de sa fertilité, ils en avaient chassé les Gaulois qui l’occupaient ; c’était le seul peuple qui, du temps de nos pères, alors que les Cimbres et les Teutons ravageaient toute la Gaule, avait su leur interdire l’accès de son territoire ; il en était résulté que, pleins du souvenir de cet exploit, ils s’attribuaient beaucoup d’importance et avaient de grandes prétentions pour les choses de la guerre »
    — Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, Livre II, 4.

[modifier] Situation géographique

Le territoire nervien comprenait les provinces modernes belges du Brabant (wallon & flamand), plus au nord, la province d'Anvers et encore plus au nord, la province hollandaise du Brabant du Nord, ainsi qu'en France le Sud et l'Est du département du Nord, où se trouve l'actuelle Bavay et deux oppida celtiques : Flaumont-Waudrechies et Estrun.

Leurs voisins : tout au nord, les berges du Rhin étaient tenues par les Bataves (germaniques) (Selon Tacite & Strabon) ; à l'ouest, séparés par l'Escaut, les Ménapes et les Atrébates (germaniques); à l'est les Éburons (germaniques); au sud-est très probablement les Aduatiques (germaniques) ; au sud les Rèmes (gaulois) et les Viromanduens (moitié gaulois) au sud-ouest.

César signale des haies bien maintenues, ce qui laisse penser que le paysage était peut-être similaire au bocage normand[1]. Une région du Brabant située à l'est de Louvain s'appelle d'ailleurs encore de nos jours le Hageland - le pays des haies.

Selon César, les Nerviens ne consommaient pas de vin. Cela n'empêche pas qu'ils aient eu une consommation alcoolisée régulière, à l'instar de l'hydromel ou de la cervoise. Les sources archéologiques montrent bien l'absence d'amphores vinaires dans le territoire nervien d'avant-conquête alors qu'il existe des récipients particuliers qui ont dû contenir de l'alcool.

[modifier] Peuples clients

Selon Jules César, les Nerviens comptaient plusieurs peuples clients[2] :

[modifier] La guerre contre César

En -57, César marcha contre les Belges. Ils tinrent une assemblée commune (ce qui montre l'unité de ces peuples) et décidèrent de faire front sous la direction des Suessions, en levant une armée de 300 000 hommes. Les Nerviens pouvaient alors fournir 50 000 hommes.

César entra chez les Suessions et défit les Belges sur l'Aisne, puis prit Noviodunum, l'oppidum principal des Suessions, qui se soumirent. Il partit immédiatement vers l'ouest, chez les Bellovaques, le peuple le plus puissant et prit l'un de leur oppidum , Bratuspantium. Ils se soumirent à leur tour. César remonta au nord et les Ambiens. Il partit alors vers l'est, pour combattre les Nerviens.

Alliés aux Atrébates (15 000 hommes) et des Viromanduens (10 000 hommes), avec à leur tête Boduognatos, les Nerviens réussirent presque à battre Jules César à la Bataille de la Sambre[3]. Cette bataille se déroula sur les bords de la rivière Sabis (localisation discutée : la Sambre ou la Selle). La tactique astucieuse des Belges consista à attaquer l'armée de César qui était en train de bâtir un camp. L'armée romaine, surprise, se trouva très vite encerclée. La tactique échoua quand le légat Labiénus attaquant le camp gaulois, se rendit compte du danger et enclercla les Nerviens.

Les Nerviens finirent par demander l'armistice. Selon César, la situation était telle que leur armée de 50 000 hommes fut réduites à 500 et leur 600 sénateurs à 3. Jules César leur accorda la paix demandée et ordonna à leurs voisins de ne leur montrer aucune rancœur.

Cependant, les Nerviens ont rejoint les Eburons dans leur lutte contre César en -54, en assiègeant le camp d'hivernage de Q. Cicéron. Ils auraient encore fournis 5 000 hommes à l'armée de secours de Vercingétorix à Alésia[4].

[modifier] Extraits de la guerre des Gaules

« Il (César) marcha contre les Ambiens, qui mirent aussitôt leurs personnes et leurs biens à sa discrétion. Au territoire de ces derniers touchait celui des Nerviens. César s'informa du caractère et des mœurs de ce peuple, et apprit que chez eux tout accès était interdit aux marchands étrangers ; qu'ils proscrivaient l'usage du vin et des autres superfluités, les regardant comme propres à énerver leurs âmes et à amollir le courage ; Que c'était des hommes barbares et intrépides ; qu'ils accusaient amèrement les autres Belges de s'être donnés au peuple romain et d'avoir dégénéré de la valeur de leurs pères ; qu'ils avaient résolu de n'envoyer aucun député, et de n'accepter aucune proposition de paix. »

« Après cette bataille, où la race et le nom des Nerviens furent presque entièrement anéantis, les vieillards, que nous avons dit s'être retirés au milieu des marais avec les enfants et les femmes, instruits de ce désastre, ne voyant plus d'obstacles pour les vainqueurs ni de sûreté pour les vaincus, sur l'avis unanime de ceux qui survécurent à la bataille, envoyèrent des députés à César et se rendirent à lui. Rappelant le malheur de leur pays, ils dirent que le nombre de leurs sénateurs se trouvait réduit de six cents à trois seulement, et que de soixante mille hommes en état de porter les armes, il en restait à peine cinq cents. César voulut user de clémence envers ces infortunés suppliants, pourvut soigneusement à leur conservation, leur rendit leur territoire et leurs villes, et enjoignit aux peuples voisins de ne se permettre envers eux et de ne souffrir qu'il leur fût fait aucun outrage ni aucun mal. »

[modifier] Époque romaine

Après leur intégration à l'Empire romain, les Nerviens ont servi dans l'armée romaine. Ils furent rassemblés dans des cohortes nerviennes. Ces cohortes servaient le long du Rhin et le long du mur d'Hadrien en (Grande) Bretagne. Selon Tacite c'étaient des troupes d'élite.

La capitale administrative de la civitas fut fondée à Bagacum soit Bavacum (Bavay). Au Bas-Empire, après une descente dévastatrice des Nerviens (qui déjà portaient le nom de Francs) sur Bavacum, le chef-lieu administratif Romain fut transféré à Cambrai, apparemment au cœur de la région agricole la plus riche, mais nettement plus au sud, en pays gaulois.

[modifier] Bibliographie (et références externes)

  • Jules César La guerre des Gaules source :BIBLIOTHECA CLASSICA SELECTA
  • B. et R. Delmaire, Les,limites de la cité des Atrébates (nouvelle approche d'un vieux problème), dans Revue du Nord, 1990, p. 697-735 : pour la frontière occidentale des Nerviens.

[modifier] Notes

  1. Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, Livre II, 17
  2. César, B.G. ou Commentaires sur la Guerre des Gaules, V, 39
  3. Les Atuatuques, une autre tribu septentrionale, étaient en marche pour les rejoindre, mais ne purent atteindre la bataille à temps.
  4. César, B.G. VII, 75.