Modérés

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Les "modérés", aussi appelés "opportunistes" au cours de la première moitié de la Troisième République, désignent en France un courant politique républicain initialement considéré à gauche et qui est à l'origine de la droite républicaine et libérale actuelle. Le mot a été essentiellement utilisé sous la Troisième République et la Quatrième République (de Jules Ferry à Paul Reynaud).

Sommaire

[modifier] De l'origine du mot "modéré"

Le mot "modéré", certainement apparu au tout début de la Troisième République, vient de l'expression « républicains modérés », par contraste avec l'autre tendance républicaine : les "républicains radicaux", qui sont plus catégoriques dans la lutte anticléricale et plus avancés sur le plan social. Les modérés représenteraient plutôt la moyenne bourgeoisie libérale et les radicaux, la petite bourgeoisie.
A la création de la IIIe République, le parlement est divisé entre républicains radicaux (siégeant à l'extrême gauche), républicains modérés (siégeant à gauche), monarchistes ralliés à la République (libéraux, centre gauche), monarchistes orléanistes, monarchistes légitimistes et bonapartistes (ces trois derniers groupes représentant la droite). Ainsi, aux élections du 8 février 1871, les républicains obtiennent 152 sièges (112 modérés, 40 radicaux) et les conservateurs monarchistes 494 sièges (214 orléanistes, 182 légitimistes, 78 libéraux centre-gauche, 20 bonapartistes).
Dans les années 1880-1910, avec la progression du nombre de députés radicaux, puis radicaux-socialistes, puis socialistes (à partir de 1885), les modérés seront poussés vers la droite de l'hémicycle. D'autant que, dans le même temps, les bancs de droite sont libérés par la quasi-disparition des députés monarchistes et bonapartistes.
Pour autant, les républicains modérés continueront toujours à siéger dans des groupes parlementaires rappelant leur origine : républicains de gauche, gauche républicaine, gauche démocratique, etc. Après la Libération les modérés se regrouperont encore dans un parti appelé le Rassemblement des gauches républicaines (RGR), bien qu'il s'agisse clairement de républicains de droite.

[modifier] Histoire des modérés

[modifier] Le temps de Jules Ferry et Léon Gambetta

Au début de la Troisième République, les républicains modérés sont essentiellement divisés, au parlement, en deux tendances : le groupe de la Gauche républicaine de Jules Ferry et l'Union républicaine de Gambetta, un peu plus jacobine et sociale.

[modifier] Alliance démocratique et Fédération républicaine

Après 1899, les modérés vont se diviser en deux partis politique, ce qui constitue une nouveauté à droite, et encore auront-ils du mal à imposer des lignes vraiment homogènes face à la tout-puissance des groupes parlementaires et des élus. L'aile gauche des modérés, favorable à l'alliance avec le Parti radical-socialiste au sein du gouvernement Waldeck-Rousseau formera l'Alliance Républicaine Démocratique (1901-1940). L'aile droite des modérés, opposée au gouvernement Waldeck-Rousseau, formera la Fédération républicaine (1903-1940).
Alliance Républicaine Démocratique (vivier de présidents de la République, de présidents du conseil, de ministres, etc.) et Fédération républicaine (qui absorbera les catholiques ralliés à la République de l'Alliance libérale populaire et connaîtra sur son aile droite une dérive nationaliste dans les années 1930) seront les deux grands partis de la droite républicaine de la seconde moitié de la Troisième république.

[modifier] Les modérés sous la IVe République

L'entrée dans la IVème République a été difficile pour les modérés. En effet, ils furent considérés comme responsable de l'échec de la IIIème République, et de ce fait n'attirèrent que très peu d'électeurs. Mais progressivement ils jouèrent un rôle dans la sphère politique,avec l'arrivée progressive de trois petites formations politiques, le Parti Républicain de la Liberté (ou PRL) dont le représentant principâl était Michel Clémenceau, les Républicains indépendants avec Valéry Giscard D'Estaing puis plus tard René Coty, et le parti paysan, né en 1945 sous la direction de Monsieur Antier. Ces trois partis vont se rallier en 1948 pour former une force politique qui représentera la droite modérée et républicaine, c'est le Centre National des Indépendants et des Paysan, aussi appelé le CNIP. C'est un parti de cadres, à l'opposé d'un parti de masse, c'est-à-dire que leur but n'est pas d'avoir le plus possible d'adhérents, mais d'avoir un maximum d'élus à l'Assemblée Nationale. On dit aussi que c'est un parti de notables, car il y a une véritable relation entre les membres du parti, notamment parce que dans de nombreux cas les candidats le sont de père en fils. Dans ce type de parti, chacun est invité à suivre sa propre volonté pour ce qui est des votes: on n'invite pas les électeurs à voter pour un groupe spécifique.

Ce parti est marqué par un certain nombres de principes, notamment par l'importance de l'industrie et du commerce. La France rurale y est mise en valeur. Ils soutiennent l'enseignement laïque alors que le MRP reste sur sa position, c'est-à-dire pour l'enseignement privé.

Pour ce qui est de son aspect politique, son organisation semble être un problème car il reste trop discret pour devenir important. Ils sont très proches des gaullistes, surtout les électeurs.

Antoine Pinay, un modéré, restera un président du Conseil assez important en 1952 ce qui attirera les regards vers le parti.

[modifier] Voir aussi

Partis et groupes parlementaires :

Personnalités :

[modifier] Bibliographie

Francois Roth (dir.), Les modérés dans la vie politique francaise (1870-1965), Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 562p, 2003. ISBN 2-86480-726-2