Ménandre

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Buste de Ménandre, copie romaine en marbre d'un original grec (v. 343-291 av. J.-C.)
Buste de Ménandre, copie romaine en marbre d'un original grec (v. 343-291 av. J.-C.)

Ménandre (fin du IVe siècle av. J.-C.) est un auteur comique grec, représentant de la « Comédie nouvelle ».

Sommaire

[modifier] Biographie

Ménandre est né dans une famille aisée, aux alentours de 343, et meurt vers 292 av. J.-C. Il semble qu’il ait suivi l’enseignement du philosophe et savant Théophraste, successeur d'Aristote au Lycée et auteur des Caractères. Il fut aussi l’ami d’Épicure qu’il fréquenta dès l’enfance. Au contact de ce personnage éminent, Ménandre acquit probablement un sens psychologique aigu qui lui permit de peindre les personnages de ses pièces avec une aisance et une justesse qui ont fait sa gloire jusqu’à la fin de l’Antiquité.

Comme Aristophane, il commença sa carrière théâtrale très jeune. Sa première pièce, la Colère, serait datée de 321 av. J.-C. Il aurait écrit environ cent-huit comédies (cfr. la Souda). Les ressorts de ses comédies sont l’argent et la galanterie. Basées sur des intrigues compliquées, elles tournent souvent à la farce. Elles valent surtout par la qualité de l’observation et la souplesse expressive de la langue.

Homme aimable, cultivé, aimant se frotter le corps d’essences rares, soignant son maintien et souscrivant probablement aux théories de son ami Epicure, il entretint des relations parfois orageuses avec de nombreuses maîtresses, parmi lesquelles Thaïs, Nannion et surtout Glycéra qui fut peut-être courtisane et dont le nom fut donné à plusieurs des héroïnes de ses pièces. D’un point de vue politique, il eut maille à partir avec Démétrios Ier Poliorcète quand celui-ci prit le pouvoir à Athènes, après avoir renversé Démétrios de Phalère que Ménandre avait eu l’imprudence de soutenir.

Mais il ne fut pas trop inquiété et put demeurer à Athènes, bien que Ptolémée d’Égypte se proposât de le secourir en lui accordant l’hospitalité de sa cour.

De son vivant, il semble que l’art de Ménandre ne fut pas apprécié à sa juste mesure. Les Athéniens lui préférèrent plutôt Philémon et ne couronnèrent que huit de ses pièces durant les concours théâtraux. Philosophe conscient de sa propre valeur, on rapporte qu’il réagit au succès de son rival par cette question qu’il lui posa : « En toute bonne conscience, quand tu m’as vaincu, n’as-tu pas rougi ? »

[modifier] Redécouverte de Ménandre au XXe siècle

À la fin du XIXe siècle, Ménandre n’était connu que par de nombreuses citations plus ou moins brèves et disparates, par quelques anecdotes d’authenticité douteuse et par les adaptations latines fort libres du poète comique Térence. Le XXe siècle fut le siècle de Ménandre qui est devenu un des fleurons de la papyrologie littéraire. En effet, les papyri d'Oxyrhynque nous ont rendu six comédies complètes ou largement conservées : le Dyscolos (Δύσϰολος) ou L’Atrabilaire, dont la publication en 1958 a relancé les études ménandréennes, L'Arbitrage (Ἐπιτϱέποντες), La Samienne (Ἡ Σαμία), La Femme à la boucle coupée (Ἡ πεϱιϰειϱομένη), le Bouclier (Ἡ ἀσπίς) et les Sicyoniens (Οἱ Σιϰυώνιοι). Des fragments papyrologiques moindres appartiennent à d’autres comédies perdues (Le Fantôme, La Femme possédée par la divinité, etc. ). C'est ce qui a valu au poète une bibliographie très abondante tout au long de la seconde moitié du XXe siècle.

[modifier] Citations

On lui doit notamment :

  • « La langue est cause de bien des maux. »
  • « La nuit porte conseil. »
  • « Le sommeil nourrit celui qui n'a pas de quoi manger. »
  • « Le fruit le plus agréable et le plus utile au monde est la reconnaissance. »
  • « Mieux vaut se taire que parler pour ne rien dire. »
  • « Le repentir est un jugement que l'on porte sur soi-même. »
  • « De toutes les bêtes sur terre et sur mer / qui existent, la plus méchante bête est la femme. »

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

Éditions
  • Ménandre (trad., notes et présentation Alain Blanchard), Théâtre, Librairie Générale Française, coll. « Le Livre de Poche / classique », Paris, 2000.
  • (en) Menander, Volume I: Aspis to Epitrepontes. Volume II: Heros to Perinthia. Volume III: Samia to Phasma, édité et traduit par W. Geoffrey Arnott, The Loeb Classical Library, vol. 132.459.460, 1979–1996–2000.
Études
  • Claire Préaux :
    • Ménandre et la société athénienne, Chronique d’Égypte no 32 (1957), p. 84-100,
    • Les fonctions du droit dans le comédie nouvelle. À propos du Dyscolos de Ménandre, Chronique d’Égypte no 35 (1960), p. 222-239.
  • Jean Bingen, « Ménandre ou jouer Athènes à Athènes », dans Théâtre de toujours d'Aristote à Kalisky. Hommages à Paul Delsemme, Bruxelles, 1983, p. 75-87.
  • Ménandre. Entretiens préparés et présidés par Eric G. Turner (Entretiens sur l'Antiquité classique. XVI. Vandœuvres - Genève, Fondation Hardt, 1970).
  • Victor Martin, Papyrus Bodmer IV. Ménandre. Le Dyscolos, Cologny-Genève, Bibliotheca Bodmeriana, 1958.

[modifier] Lien externe

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