Laudanum

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Le laudanum est une préparation à base d'alcaloïdes du pavot somnifère, disponible sous forme de gouttes, et dûment prescrit par un médecin, essentiellement dans le traitement symptomatique des diarrhées aigües et chroniques, résistantes à tout autre traitement médicamenteux.

C'est généralement une teinture alcoolique d'opium, quelquefois adoucie par du sucre et aussi appelée vin d'opium.

[modifier] Historique

Au XVIe siècle, le médecin suisse Paracelse (1493-1541) expérimenta la valeur médicale de l'opium. Celle-ci était telle (analgésique très puissant) qu'il le nomma Laudanum, du latin laudare, louer, ou de labdanum, le terme pour un extrait de plante. Il ne connaissait pas ses propriétés addictives.

Au XIXe siècle, le laudanum était utilisé dans de nombreux cas pathologiques "pour soulager la douleur...pour amener le sommeil...pour apaiser des irritations...pour contrôler des sécrétions excessives...pour soutenir le système (immunitaire)...et comme un sudorifique". Parce que la pharmacopée de l'époque était limitée, les médicaments dérivés de l'opium comptaient parmi les plus efficaces ; ainsi le laudanum fut largement prescrit pour des maladies allant du simple rhume à la méningite, en passant par les maladies cardiaques, tant chez l'adulte que l'enfant.

Les ères Romantiques et Victoriennes furent marquées par la large diffusion du laudanum en Angleterre, en Europe et aux États-Unis. Ce fut d'abord une drogue répandue dans la classe ouvrière, car le laudanum, qui n'était pas taxé "Breuvage alcoolisé", était moins cher qu'une bouteille de gin ou de vin : c'était une médication à usage légal. Parmi les personnalités littéraires dépendantes du laudanum on peut relever : Coleridge, qui lutta misérablement contre son penchant durant une grande partie de sa vie d'adulte ; de Quincey ; Byron ; Mary Shelley, qui souffrait de violentes hallucinations causées par le laudanum ; Charles Dickens ; Lewis Carroll ; Antonin Artaud ; Wilkie Collins et Baudelaire. Il y eut aussi des personnalités politiques (Wilberforce, Meriwether Lewis) qui firent usage de cette drogue.

Un nombre incalculable de femmes de l'ère Victorienne se virent prescrire du laudanum pour soulager des crampes menstruelles et des douleurs latentes, et l'utilisaient pour parvenir au teint pâle associé à la tuberculose (la pâleur était recherchée par les femmes à cette époque). Les nurses donnaient du laudanum à la cuillère aux enfants, dont beaucoup moururent mystérieusement, en réalité d'overdoses.

[modifier] Littérature

Le personnage d'Oscar Hopkins dans le roman de Peter Carey's "Oscar and Lucinda" (1988) utilise du laudanum (au départ par coercition) pour dominer son hydrophobie lors de son expédition de Sydney. De plus, le personnage de Mary Shelley, Victor Frankenstein (1831) utilise du laudanum pour l'aider à s'endormir après la mort de son ami, Henry Clerval.

Le laudanum figure aussi dans des fictions historiques. Dans la série de romans de Aubrey-Maturin (dont a été tiré le film "Master and Commander"), le chirurgien du vaisseau, Stephen Maturin, utilise la drogue dans l'exercice de son métier, et lutte contre sa propre addiction à celle-ci.

On retrouve également le laudanum dans "La Chambre Double" de Baudelaire ; en effet, il en usait pour soulager les douleurs qu'il ressentait face à sa syphilis, participant ainsi à l'illusion de sa chambre "double".

Thomas De Quincey relate les effets de l'opium dans son oeuvre majeure:" Les confessions d'un mangeur d'opium anglais". Cette prise de laudanum vise au départ à soulager ses douleurs d'estomac mais elle finira vite à être le lot quotidien de De Quincey.

Dans le film "Entretien avec un Vampire" adapté du célèbre livre d'Anne Rice, Claudia utilise du Laudanum pour endormir (et tuer) deux jeunes enfants afin de les offrir à son "père" Lestat. Ce dernier est à son tour empoisonné, non pas par le produit mais parce qu'il a bu le sang de morts.

Laudanum est également le nom d'un camp retranché qui abrite une garnison de légionnaires dans les albums d'Astérix.