Lord Byron

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Byron.
George Gordon Byron
Lord Byron
Lord Byron.
Naissance 22 janvier 1788
Décès 19 avril 1824
Activité poète
Nationalité anglais
Sujet Orientalisme, Don Juan
Mouvement Romantisme
Influences Alexander Pope
A influencé Alphonse de Lamartine, Adam Mickiewicz, Victor Hugo, Alfred de Musset
Œuvres principales Le pèlerinage du chevalier Harold, Don Juan, Manfred

George Gordon Byron, 6e baron Byron, né le 22 janvier 1788 à Londres, mort le 19 avril 1824 à Missolonghi, en Grèce, est l'un des plus illustres poètes de l'histoire littéraire britannique. Bien que classique par le goût, il représente l'une des grandes figures du romantisme britannique avec Wordsworth, Coleridge, Shelley ou Keats.

Petit-fils de John Byron, il est le père de Lady Ada Byron King de Lovelace, pionnière en programmation.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] La jeunesse

Byron vers 1802, peint par Élisabeth Vigée-Lebrun
Byron vers 1802, peint par Élisabeth Vigée-Lebrun

George Gordon est le fils de John Byron, qui est capitaine aux gardes, surnommé « Mad Jack », et de sa seconde femme Catherine Gordon de Gight (1765-1811), d’une famille d’Aberdeenshire descendant des Stuarts. Après avoir combattu en Amérique, le capitaine avait séduit Amelia, marquise de Carmarthen, qui avait divorcé pour l'épouser, et s'était enfui avec elle en France, où elle avait donné naissance à une fille, Augusta (née en 1784), avant de mourir. Il dilapida la fortune de sa seconde épouse, fut obligé une nouvelle fois de passer en France ; il mourut à Valenciennes en 1791. Enceinte, Catherine avait abandonné son mari pour faire ses couches à Londres, où son fils George Gordon naquit le 22 janvier 1788, au 16 Holles Street, Cavendish Square. Puis, n'ayant que peu de moyens, elle se retira avec son fils à Aberdeen, en Écosse, où elle vécut avec un mince revenu de cent trente livres.

Orphelin de père dès l'âge de trois ans, Byron étudia d'abord auprès d'un précepteur, avant d'entrer à un collège d'Aberdeen, où il fut un élève médiocre, mais commença à lire énormément. C’est donc dans les montagnes de l’Écosse que Byron passa sa première enfance qui fut triste et maladive ; sa voix devait toujours garder des intonations écossaises. Le caractère aigri, orgueilleux, capricieux et emporté de sa mère, qui l’accablait tour à tour de caresses et de mauvais traitements, développa en lui cette irritabilité et cette susceptibilité excessives qui furent les principaux défauts de son caractère. D’une beauté remarquable (encore que passablement joufflu durant ses jeunes années), il avait un pied tordu à la suite d’un accident survenu à sa naissance et cette difformité, quoique légère, fut pour lui une source constante d’amertumes.

Il n’avait pas neuf ans qu’il tombait amoureux d’une jeune Écossaise, Marie Duff, et lorsqu’il apprit son mariage quelques années après, il fut, comme il le raconte lui-même, comme frappé de la foudre. Une de ses cousines, Margaret Parker, fillette de treize ans, fut sa seconde passion. C’était, dit-il, une des créatures les plus belles et les plus éphémères qui aient vécu. Toute paix et beauté, elle semblait sortir d’un arc-en-ciel. Elle mourut à quatorze ans, à la suite d’un accident, alors que Byron, d’un an plus jeune, était au collège de Harvard, et cette mort lui inspira ses premiers vers.

Portrait de Catherine Gordon de Gight, mère de Lord Byron, par Thomas Stewardson
Portrait de Catherine Gordon de Gight, mère de Lord Byron, par Thomas Stewardson

En mai 1798, il hérita de la fortune et de la pairie de son grand-oncle lord William, cinquième baron Byron of Rochdale, ainsi que du domaine de Newstead Abbey (au cœur de la forêt de Sherwood), donné à l'un de ses ancêtres par Henri VIII. Installée à Nottingham en août, sa mère l’envoya en avril 1801 à la Public School de Harrow (grâce à une pension de la Chancellerie), où il se fit remarquer par son indiscipline et sa haine de toute tâche imposée, mais aussi par ses exploits sportifs (malgré son pied bot) et noua une amitié passionnée avec son condisciple Lord Clare. Lors de vacances à Newstead Abbey, en 1803, il s’éprit d’une jeune fille du voisinage, Mary Chaworth. Il n’avait que quinze ans et Mary, de deux ans plus âgée, dédaignait cet enfant boiteux qui devait pourtant, comme Dante à Béatrice, lui donner une poétique immortalité. Son père, tué en duel par l’oncle William, rendait d’ailleurs tout mariage impossible ; elle se fiança à un autre, et l’adolescent, envoyé au Trinity College de Cambridge, se consola par de nombreuses amours et scandalisa bientôt l’Université par son indiscipline coutumière et des excentricités que sa fortune lui rendait faciles. Il s'éprit d'un jeune choriste de dix-sept ans, John Edleston, en 1805 (dont la mort, cinq ans après, devait le toucher particulièrement), se lia avec John Cam Hobhouse et devint avec lui membre du Whig Club de Cambridge.

C’est à Cambridge qu’il publia à 20 ans son premier recueil de poésies, imprimé à Newark en 1807, sous le titre de Hours of Idleness (les Heures de loisirs), où s’étalent ses passions précoces et où percent déjà son humeur fantasque, son scepticisme et sa misanthropie dédaigneuse. Lord Henry Brougham, dans La Revue d’Edimbourg, en fit une violente critique à laquelle le jeune poète répliqua par une satire, English Bards and Scotch Reviewers (Bardes anglais et Critiques écossais) en 1809, où il s’attaque, avec une verve égale à celle de Pope, à toutes les personnalités marquantes d’alors. Il regretta plus tard cette boutade, car il essaya, vainement, de retirer ce pamphlet de la circulation.

Lord Byron en tenue albanaise, de Thomas Phillips (après 1835 - huile sur toile - 76,5x63,9cm), National Portrait Gallery, Londres
Lord Byron en tenue albanaise, de Thomas Phillips (après 1835 - huile sur toile - 76,5x63,9cm), National Portrait Gallery, Londres

Au sortir de l’Université, où, malgré l’irrégularité de sa conduite, il fit de bonnes études, il se lança dans toutes les extravagances de la jeunesse dorée et devint le héros de maintes aventures scandaleuses, puis, en 1809, prit sa place à la Chambre des lords, ayant hérité du titre de lord qu'avait porté un de ses oncles, sur les bancs de l’opposition. Mais, las des débats parlementaires, il quitta l'Angleterre en juin 1809, dont les buts (fantaisistes) étaient d'écrire un traité sur les mœurs, dont un chapitre aurait été intitulé : « De la sodomie simplifiée en tant que pratique digne de louanges, d'après les auteurs anciens et les pratiques modernes ». En deux années, il visita successivement le Portugal, l'Espagne, les rivages classiques de la Méditerranée, résida quelque temps en Grèce et en Turquie. Il quitta Falmouth le 2 juillet 1809 pour Lisbonne, puis Séville, Cadix et Gibraltar. Arrivé à Malte le 19 août 1809, il y séjourna un mois avant de partir pour Prevesa, atteinte le 20 septembre 1809. Puis il aborda à Ioannina, en Albanie, où il fut reçu par Ali Pacha, qui lui offrit une escorte jusqu'à Patras, puis il visita Delphes, Thèbes et Smyrne, avant de rejoindre Constantinople, où il traversa l'Hellespont à la nage.

Il quitta Constantinople le 14 juillet 1810, fit escale à Zéa pour une correspondance vers Athènes le 17 juillet. Au Pirée, il traversa la rade plusieurs fois à la nage. Il était à Malte le 22 mai 1811. Son compagnon pendant une partie du premier voyage fut Hobhouse. Il fut selon Byron son compagnon préféré et souvent envisagé lors des tentatives de voyages suivants. Il voyagea aussi avec son valet Fletcher et un Grec, deux Albanais et un prêtre orthodoxe, et un an plus tard, après le départ d'Hobhouse, par un Tatare, deux soldats albanais et un drogman. Dans ses bagages, il apportait des marbres, des crânes trouvés dans des sarcophages, quatre tortues et une fiole de ciguë. De retour en Angleterre, où sa mère venait de mourir, en 1811, il publia les deux premiers chants d'un poème qui le plaça dès lors à la tête des poètes britanniques, le Pèlerinage du chevalier Harold ; il y décrivait, sous un nom emprunté, ses propres aventures et ses impressions de voyage. Parmi ses papiers, il trouva un cartel que le poète Thomas Moore, ému par Bardes anglais et critiques écossais lui avait envoyé deux ans plus tôt, se réconcilia avec lui et noua une profonde amitié.

[modifier] La gloire

Il évolua dans son opinion sur les Grecs : d'abord sans opinion, il puisa de plus en plus d'inspiration poétique dans la Grèce antique et ses mythes. Il devint alors philhellène, combattant pour leur liberté. Il apprit le grec moderne avec un jeune éphèbe dont il fit son compagnon de voyage. Les deux premiers chants de Childe Harold’s Pilgrimage (Le Pèlerinage du chevalier Harold), parus en 1812, sont le récit de ses impressions de voyage et de ses propres aventures. Le succès en fut immense : « Je me réveillais un matin, dit-il, et j’appris que j’étais célèbre. »

Sa popularité s’accrut encore du retentissement d’un discours qu’il prononça à la Chambre des Lords contre les mesures de rigueur nouvellement prises pour étouffer les émeutes d’ouvriers. De 1812 à 1814, la publication du Giaour, de Bride of Abydos (La Fiancée d'Abydos), du Corsaire et de Lara, augmentèrent l’enthousiasme. Byron devint l’idole des cercles de la jeunesse aristocratique et viveuse de Londres. Enfin, fatigué de cette vie de dissipation, rassasié de plaisirs, pensant résoudre ainsi l'imbroglio de ses relations amoureuses par un mariage de raison, il voulut se ranger et épousa Annabella, la fille de sir Ralph Milbanke, baronnet du comté de Durham, connue sous le surnom de « la mathématicienne », qui l’avait repoussé une première fois. Le mariage fut célébré le 2 janvier 1815 à Seaham, la résidence de son beau-père. Ce fut une grande surprise pour ceux qui connaissaient le caractère de lord Byron, qui déclara d’ailleurs dans The Dream que, le jour de ses noces, toutes ses pensées étaient pour la demoiselle d’honneur de sa femme, qu’il trouva placée entre elle et lui dans la voiture. Cependant, de son propre aveu aussi, il fut quelque temps heureux, quoique « fort ennuyé par son pieux beau-père » qui avait offert au jeune couple l'une de ses résidences, dans le comté de Durham, pour y passer leur voyage de noces.

Lord Byron
Lord Byron

Mais, dès le mois de mars, les époux s’installèrent à Londres, près de Hyde Park, et c’est là qu’éclata leur incompatibilité d’humeur. Lady Byron, jolie, intelligente, distinguée, mais imbue de tous les préjugés du cant britannique, dévote et d’une vertu hautaine, ne pouvait faire les agréments du foyer d’un homme qui professait le mépris le plus profond pour toutes les conventions sociales, la haine du dogme religieux aussi bien que du credo politique de la « respectabilité ». Aussi dès sa grossesse se vit-elle délaissée par son mari, qui cherchait des distractions illicites au dehors, bien qu’il eût écrit d’elle avant son mariage : « Elle est si bonne que je voudrais devenir meilleur ». Correcte, sèche, sans tempérament, incapable de faillir et de pardonner, elle était de ces femmes qui rendent la vertu insupportable. Il faut ajouter les embarras financiers sans cesse croissants et qui sans doute aigrissaient son caractère. Les dettes de Byron ne diminuaient en rien le chiffre de ses dépenses. En novembre 1815, il avait été obligé de vendre sa bibliothèque et, en moins d’un an, les huissiers avaient fait neuf fois irruption chez lui.

Le 10 décembre 1815 la jeune femme accoucha d’une fille, Augusta Ada (Ada de Lovelace), et, le 6 janvier, son mari, qui ne communiquait plus avec elle que par lettres, lui écrivit qu’elle eût à quitter Londres aussitôt que possible pour vivre avec son père en attendant qu’il ait pris des arrangements avec ses créanciers. Elle partit huit jours après rejoindre ses parents à Kirkby Mallory et, bien qu’elle lui écrivît à son départ une lettre affectueuse, elle s’occupa de faire déclarer son mari « insane », affirmant qu’elle ne le reverrait jamais plus. Cette séparation fit scandale. Quelques propos répétés excitèrent une explosion d’indignation publique. Byron fut accusé de toutes sortes de vices monstrueux et comparé, dans la presse britannique, à Néron, Héliogabale, Caligula, Henri VIII. Il n’osa plus se montrer en public, de crainte des outrages de la foule et des brutalités de la populace. La cause de cette fureur, tenue secrète par la génération suivante, ne fut révélée que cinquante-cinq ans plus tard par Harriet Beecher Stowe : Byron aurait eu des relations incestueuses avec sa demi-sœur Augusta, devenue mistress Leigh, et ils auraient eu ensemble une fille qui porte le nom de l'héroïne du poème Le Corsaire, Medora (née le 14 avril 1814). Cependant Augusta continua jusqu’en 1830 d’être en bons termes avec lady Byron, servant d’intermédiaire entre elle et son mari tant qu’il vécut. Elle mourut en 1851, et ce ne fut qu’en 1856 que lady Byron aurait confié ce secret à la romancière américaine, et cela par charité évangélique. Elle pensait qu’en ternissant la mémoire du poète, elle diminuerait l’influence néfaste de ses écrits et par suite son expiation dans l’autre monde. Mistress Stowe ne publia ces confidences qu’en 1869 dans le Macmillan’s Magazine et dans The Atlantic Monthly. Dans son livre The Real Lord Byron, J. C. Jeaffreson revint sur cette question de l’inceste, qui ne devrait pourtant laisser aucun doute, à en juger par des stances écrites à sa sœur Augusta pendant le séjour du poète à la villa Diodati (1816), et des vers adressés à My Sweet Sister (Ma douce sœur), détruits à sa mort sur son expresse volonté. Byron implora le pardon de son épouse, lui adressant un poème pathétique, Porte-toi bien, mais elle le lui refusa implacablement, et la séparation à l’amiable eut lieu le 2 février 1816. Pour finir, il publia Un Essai, un diatribe contre la gouvernante d'Annabella, qu'il accusait de l'avoir desservi auprès de sa maîtresse. Haï par les hommes politiques pour ses idées libérales et sa sympathie pour Napoléon, il embarqua à Douvre avec Hobbouse, Rushton et son domestique Fletcher le 24 avril 1816 et quitta le Royaume-Uni pour n’y plus revenir, après avoir fait paraître The Siege of Corinth (Le Siège de Corinthe) et Parisina. Le premier ouvrage fut composé pendant son année de cohabitation conjugale, car le manuscrit tout entier est copié de la main de lady Byron. L’éditeur Murray envoya, pour les deux, un chèque de mille guinées que Byron lui retourna.

[modifier] L’exil sur le continent

Château de Chillon, à Montreux (Suisse), où fut emprisonné François Bonivard, le personnage central du poème Le Prisonnier de Chillon
Château de Chillon, à Montreux (Suisse), où fut emprisonné François Bonivard, le personnage central du poème Le Prisonnier de Chillon

Il visita la France et la Belgique, où la vue du champ de bataille de Waterloo lui inspira un de ses plus beaux chants, se rendit en Suisse se lia avec le poète Shelley, dont la vie agitée et courte eut tant de similitudes avec la sienne. Il partagea pendant trois mois, au cours de l'année sans été (qu'il décrit dans le poème Darkness), la villa Diodati avec Shelley, sa compagne Mary Wollstonecraft Godwin, future Mary Shelley et la demi-sœur de celle-ci, Claire Clermont, qu'il mit enceinte (une fille, Allegra, vit le jour en 1817), fit avec Shelley des excursions sur le Léman, notamment au château de Chillon. À Genève, il composa le troisième chant de Childe Harold et The Prisoner of Chillon (Le Prisonnier de Chillon), et s'inspira de la vue des glaciers de l’Oberland pour son sombre drame de Manfred, écrit en 1817, ainsi que Lament of Tasso (La Complainte du Tasse). Il séjourna à Coppet, chez Madame de Staël et rencontra Matthew Gregory Lewis, l'auteur du roman gothique Le Moine.

Puis il traversa les Alpes bernoises et gagna Milan, où il croisa Stendhal et Venise, où il s'installa (pour un séjour coupé par une visite à Rome) au palais Mocenigo, sur le Grand Canal, avec quatorze serviteurs, des chevaux et une vraie ménagerie, participa à plusieurs carnavals successifs, apprit l'arménien au séminaire de San Lazzaro, eut une aventure avec Marianna Segati, puis Margarita Cogni, dite « la Fornarina », cependant qu'il complétait Childe Harold (chants IV et V), écrivait Beppo, histoire vénitienne et commençait Don Juan, satire épique. En 1819, il s'éprit de la comtesse Teresa Guiccioli, âgée de vingt ans, qu'il suivit à Ravenne, où il s'installa en haut du palais Guiccioli. Mais, quand le mari mit dehors Byron, Teresa partit se réfugier chez son père, le comte Gamba, qui obtint du pape Pie VII, le 6 juillet 1820, la séparation du couple. Ami du comte et de son fils Pietro, membre des Carbonari qui aspirait à secouer le joug des Habsbourg, Byron s'associa à leurs projets d'émancipation de l'Italie, finançant le mouvement (grâce à la vente de Newstead Abbey, à ses droits d'auteur et à un héritage) et entreposant des armes. Mais l'arrivée des troupes autrichiennes et la défection des Napolitains, en 1821, fit avorter la révolte. Les Gamba, exilés des États du pape, se réfugièrent à Pise, où Byron les rejoignit trois mois après. À cette époque parurent Marino Faliero, Sardanapale, Les Deux Foscari, Caïn, mais surtout les chants II et IV de Don Juan, la plus extraordinaire de ses œuvres, et l'une des plus personnelles, qu’il acheva à Pise en 1822 ; don Juan, héros railleur, cynique, passionné, enthousiaste, aventureux et mobile comme lui. Avec Shelley, l'aventurier Trelawny et l'essayiste Leigh Hunt, il fonda un périodique, Le Libéral, qui n’eut que quelques numéros. En avril, Allegra, la fille de Byron et de Claire Clermont mourut, à l'âge de cinq ans, dans le couvent italien où elle était en pension. En juillet, Shelley se noya en mer, à Livourne ; Byron et Trelawny brûlèrent à la manière antique son cadavre sur un bûcher, sur la plage de Viareggio.

Fin 1822, les Gamba étant exilés de Toscane, s'installèrent à Gênes, où Byron les rejoignit. Là, il se lia d'amitié avec Lady Blessington, qui recueillit ses propos, qu'elle devait plus tard publier.

Dépité et mécontent, voyant ses forces s’user, son génie s’appauvrir et sa fortune se fondre, il résolut de mettre au service de l’insurrection des Grecs pour leur indépendance tout ce qui lui restait. Devant l'invite du comité philhellène de Londres, il partit avec Pietro Gamba, Trelawny, un jeune médecin italien et cinq serviteurs pour l'île de Céphalonie sur un brick frété à ses frais. Voyant les Grecs divisés en factions irréconciliables et parfois suspectes d'ambitions personnelles, il demeura quatre mois dans l'île, agissant au mieux pour le comité, secourant les réfugiés, donnant 4 000 livres au gouvernement grec légal pour l'entretien de la flotte.

Lord Byron, par Odevaere
Lord Byron, par Odevaere

Finalement, reconnaissant en le prince Mavrokordátos le « Washington » de la Grèce, il décida de le rejoindre sur le continent et débarqua à Missolonghi le 4 janvier 1824 (après avoir échappé de justesse à une frégate turque et à un naufrage), ne trouvant partout que confusion, discorde, anarchie, rapacité et fraude. Un peuple brave mais sans discipline, une populace armée, cruelle, criarde, imbécile et turbulente, des chefs jaloux, antagonistes et mal obéis. Pendant trois mois, avec son âme de poète et son argent de grand seigneur, il essaya des remèdes. Il recruta un corps souliote qu'il prit à sa charge, équipa et exerça. À la demande de Mavrokordátos, il se préparait à attaquer Lépante avec les forces gouvernementales quand, le 9 avril, il contracta dans une de ses courses quotidiennes à cheval la fièvre des marais. Affaibli par de vaines saignées, il mourut le 18 avril, dans la soirée. Les Grecs prirent le deuil. Une messe fut dite le 23 à Missolonghi, et on salua de trente-six coups de canons (l'âge du mort) le départ du bateau qui emportait son corps vers l'Angleterre, le 2 mai. Arrivé le 5 juillet à Londres, il fut déposé, le 16, dans le caveau de sa famille, en la petite église de Hucknall, près de Newstead Abbey.

L'annonce de sa mort retentit bientôt dans toute l'Europe. En Angleterre, Tennyson, âgé de quinze ans, s'enfuit dans les bois et grava : « Byron est mort[1]. » À Paris, Lamartine (qui écrivit Le Dernier chant du Pèlerinage de Childe Harold) et Hugo en firent un deuil personnel.

[modifier] Littérature

George Gordon Byron
George Gordon Byron

Lord Byron est l’un des plus grands poètes britanniques, à l'égal de Keats ou de Shelley, et, à un moment donné, il éclipsa la gloire de tous, même celle de Walter Scott, Wordsworth, Southey, Thomas Moore et Campbell. On l’a quelquefois comparé à Robert Burns ; tous deux, le pair et le paysan, écrivirent d’après leurs impressions et leurs sentiments personnels, se montrant tout entiers dans leurs œuvres ; esclaves de passions impérieuses, livrés également au doute et à la mélancolie, ils moururent prématurément, après une vie d’extraordinaire activité physique et intellectuelle. Les écrits de Byron c’est lui-même, et de lui l’on peut dire : le poète et l’homme ne font qu’un.

Il a beaucoup haï les Britanniques, il a admiré Napoléon Bonaparte, c’est peut-être pourquoi il fut si populaire en France, mais voici l’épigraphe qu’il transcrivit en français en tête de Childe Harold : « L’univers est une espèce de livre dont on n’a lu que la première page quand on n’a vu que son pays. J’en ai feuilleté un assez grand nombre, que j’ai trouvées également mauvaises. Cet examen ne m’a point été infructueux. Je haïssais ma patrie. Toutes les impertinences des peuples divers parmi lesquels j’ai vécu m’ont réconcilié avec elle. Quand je n’aurais tiré d’autre bénéfice de mes voyages que celui-là, je n’en regretterais ni les frais ni les fatigues. » À partir de Childe Harold, il écrivit plusieurs œuvres qui correspondaient plus au goût de son temps qu'à sa propre sensibilité, et fortement marquées d'orientalisme, comme Le Giaour, La Fiancée d'Abydos, Le Corsaire ou Lara.

Parmi ses œuvres les plus personnelles, on peut noter Beppo et Don Juan, épopée satirique laissée inachevée au seizième chant, où il fait montre d'un réel talent burlesque et se livre à des réflexions humoristiques ou assassines (à l'égard, notamment, de Castlereagh, de Wellington ou du poète lauréat Southey), à travers des digressions où fusent les traits d'esprit. D'une imagination hardie et féconde, son style est énergique et plein d'images brillantes, c'est un virtuose du vers et de la rime, souvent audacieuse et expressive. Classique de tempérament, à la manière de Pope ou de Swift, c'est la révolte qui en fait un romantique.

[modifier] Œuvres

[modifier] Poésie

s:Accueil

Voir sur Wikisource : Lord Byron.

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Lord Byron.

  • Heures de loisirs, poésies originales et traduites (1807)
  • Bardes anglais et critiques écossais (1809)
  • La malédiction de Minerve (1811)
  • Souvenirs d'Horace (1811)
  • Le pèlerinage du chevalier Harold (1812-1818)
  • Le Giaour (1813)
  • La Fiancée d'Abydos (1813)
  • Le valseur (1813)
  • Le corsaire (1814)
  • Ode à Napoléon Bonaparte (1814)
  • Lara (1814)
  • Mélodies hébraïques (1815)
  • Le siège de Corinthe (1816)
  • Parisina (1816)
  • Porte-toi bien (1816)
  • Un Essai (1816)
  • Stances à Augusta (1816)
  • Le prisonnier de Chillon (1816)
  • La Complainte du Tasse (1817)
  • Beppo, histoire vénitienne (1818)
  • Mazeppa (1819)
  • Don Juan (1819-1824)
  • Pensées éparses (1821)
  • L'avatar Irlandais (1821)
  • La prophétie de Dante (1821)
  • La vision du jugement (1822)
  • L'âge de bronze (1823)
  • L'île (1823)

[modifier] Théâtre

[modifier] Prose

  • Discours parlementaires (1824)
  • La Vie, les lettres et le journal intime de lord Byron (1830)

[modifier] Éditions posthumes

On a publié un grand nombre d'éditions des Œuvres de Byron :

Les œuvres de Byron ont été traduites par Amédée Pichot (1822-1825), par Paulin Paris (1830-1832), et par Benjamin Laroche (1837). Hunter en a traduit une partie en vers français (1841). Byron avait laissé soixante-dix feuillets d'une Vie qui ont été détruits sur la demande de sa famille. Villemain lui a consacré une notice dans la Biographie universelle.

Le théâtre complet de Byron a été réédité en 2006.

[modifier] Autour de son œuvre

La vie de Byron, et dans une moindre mesure son œuvre, ont inspiré de nombreux écrivains et réalisateurs.

[modifier] Littérature

  • Sigrid Combüchen, Byron à la folie, Actes Sud, 1993
  • Gabriel Matzneff, La diététique de Lord Byron, La Table ronde, 1984 (rééd. Folio, 1988 et 1992)
  • Paul West, Le médecin de Lord Byron, Rivages, 1991

[modifier] Cinéma

  • Gothic, Ken Russel, 1986

[modifier] Notes et références

  1. Cette anecdote est évoquée dans la chanson Le Jeu de la folie d'Hubert-Félix Thiéfaine en ces mots : « (...) un stupide Anglais prétentieux a gravé / comme un vulgaire touriste le nom de Lord Byron. »

[modifier] Voir aussi

[modifier] Article connexe

[modifier] Liens externes