Kraftwerk

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Kraftwerk
Kraftwerk en concert à Stockholm (8 février 2004)

Pays d’origine Allemagne Allemagne
Genre(s) krautrock, synthpop, musique électronique, musique industrielle
Années actives 1970 - Présent
Label(s) Kling Klang, EMI

Membres Florian Schneider-Esleben
Ralf Hütter
Fritz Hilpert
Henning Schmitz
Anciens membres Wolfgang Flür
Karl Bartos

Kraftwerk (« centrale électrique » en allemand ) est un groupe allemand de musique électronique qui a joué un rôle prépondérant dans le développement de cette musique. Leurs productions novatrices et expérimentales influenceront par la suite un certain nombre de groupes des années 1980.

La sonorité musicale du groupe se caractérise par la combinaison d'une ligne de basse et d'une rythmique électrique à une harmonique et une mélodie répétitive faite à partir de synthétiseurs, accompagnée de paroles minimalistes chantées ou vocoderisés dans plusieurs langues (allemand, français, espagnol, anglais, russe, japonais). Les albums de Kraftwerk sont encore aujourd'hui d'une modernité étonnante.

Sommaire

[modifier] Historique

Le groupe Kraftwerk a été fondé en 1970 par Florian Schneider-Esleben et Ralf Hütter. Le premier joue du piano et de l'orgue, le second de la flûte et du violon. Ils se sont rencontrés pendant leurs études au Conservatoire de Düsseldorf à la fin des années 1960. Leurs goûts partagés pour la musique expérimentale électronique que la presse de l’époque qualifiera de mouvance krautrock scellent définitivement leur amitié.

Après une première expérience au sein du groupe allemand « Organisation » jugée non satisfaisante, le duo sort les albums Kraftwerk (1971), Kraftwerk 2 (1972) et Ralf und Florian (1973). Leur musique très avant-gardiste rencontre un succès mitigé.

En 1974, le groupe recrute deux nouveaux musiciens, Wolfgang Flur et Karl Bartos, aux percussions électroniques. Très fortement influencé par les vastes complexes industriels de leur région (la Ruhr), le groupe reproduit dans ses disques l’atmosphère industrielle faite de sons répétitifs et sa vision du monde autour du béton des grandes villes et de la modernité technologique.[1]

En novembre 1974, le premier album de la série Autobahn (autoroute, en allemand) est un succès mondial. Soucieux de tout contrôler, les deux membres fondateurs créent leur propre studio d’enregistrement Kling Klang à Düsseldorf en Allemagne.

Ils sortiront par la suite des titres célèbres comme Radioactivity ou Trans-Europe Express, reconnu comme l'un des morceaux les plus samplés, ainsi que le célèbre morceau éléctronique The Robots en 1977.

[modifier] Composition du groupe

La composition du groupe a beaucoup fluctué à ses débuts, entre 1970 et1974. Florian Schneider et Ralf Hütter ont ainsi travaillé en quatre ans avec une demi-douzaines de musiciens différents, entre l'enregistrement de quatre albums et leurs rares apparitions en concert. Les musiciens les plus notables de cette époque ont été le guitariste Michael Rother et le batteur Klaus Dinger, qui formèrent ensuite le groupe Neu!.

L'apport, l'expérience et l'influence du producteur et ingénieur du son Konrad "Conny" Plank a aussi été significatif. Konrad Plank collaborait alors avec plusieurs groupes allemands d'importance tel que Can, Cluster et Harmonia. Grâce à son travail avec Kraftwerk, son studio de musique près de Cologne est devenu un des studios les plus prisés de la fin des années 1970. Il a produit les 4 premiers albums de Kraftwerk et a cessé sa collaboration avec le groupe après le succès commercial de l'album Autobahn.

Le peintre et graphiste Emil Schult devint un collaborateur régulier du groupe à partir de 1973. Au début, il joua de la guitare basse et du violon électrique. Par la suite, il fut le concepteur visuel et écrivit quelques unes de ses paroles, en plus d'accompagner le groupe lors de ses tournées.

La composition du groupe s'est forgée de manière plus définitive à partir de 1975, pour la tournée de l'album Autobahn. Durant cette période, le groupe se présentait comme un quartet électronique composé des fondateurs Ralf Hütter et Florian Schneider-Esleben, rejoint par les percussionnistes Wolfgang Flür et Karl Bartos. Wolfgang Flür avait déjà rejoint le groupe en 1973 en tant que batteur, dans le cadre d'une apparition télévisée du groupe pour la promotion du 3e album. Cette première apparition de leur instrument de percussion, une batterie électronique qu'ils avaient eux-mêmes construite et joué par Flür, a contribué à les faire remarquer. Bartos et Flür ont aussi collaboré à l'écriture de plusieurs des plus mémorables morceaux de Kraftwerk.

Le groupe est connu pour avoir toujours conservé un certain anonymat, apparaissant peu en public. Après des années d'absence de la scène, Kraftwerk a recommencé des tournées plus régulières à partir de 1990. Pendant cette décennie d'absence, le groupe a souvent affirmé qu'il travaillait sur de nouveaux projets, mais ils ne sont jamais arrivés à échéance. Le temps passant entre la sortie des albums, la rareté de leurs concerts, le caractère astreignant et prolongé de leur processus d'enregistrement furent les raisons du départ de Wolfgang Flür et Karl Bartos, lesquels ont beaucoup apporté aux premiers enregistrements du groupe par leurs improvisations.

Suite à ces départs, la composition du groupe a été fluctuante de 1992 à nos jours, mais on compte parmi les nouveaux membres réguliers Fritz Hilpert et Henning Schmitz, qui faisaient déjà partie du personnel du studio Kling Klang.

[modifier] Musicologie

Plus connu pour ses albums électroniques, Kraftwerk a cependant débuté comme dans la musique d'improvisation krautrock dans la veine de groupes tels que Can ou Neu!. Ses trois premiers albums étaient donc plus près de la musique d'expérimentation rock de l'époque des années 1970 et n'avaient pas encore l'accroche pop et la structure et la dynamique rythmique que connaîtront leurs albums suivants.

L'album Kraftwerk et Kraftwerk 2 ,sortis en 1970 et 1972, de lexploration musicale, joués avec des instruments traditionnels: la guitare, la basse, l'orgue électrique, la flûte le violon. Des modifications en post-production étaient ensuite faites pour ajouter de la distortion aux instruments, en particulier par la manipulation des bandes audio et par la multiplication d'un instrument sur une même piste. Les deux albums sont totalement instrumentaux.

Avec l'album Ralf und Florian sorti en 1973, le groupe commence à progresser en direction de son propre, faisant un usage plus intensif de synthétiseurs et de boîte à rythmes. Même si presque entièrement instrumental, l'album présente les premières marques de l'utilisation de vocoder, qui deviendra par la suite la marque de fabrique du groupe.

Leur percée, à la fois en terme de musique et de popularité, s'est faite en 1974 avec l'album Autobahn et son morceau de 22 minutes éponyme présentant une rythmique appelée par la suite motorik. Ce morceau a été un succès mondial et démontrait bien leur utilisation maintenant massive des synthétiseurs et autres instruments électroniques.

Il a précédé un trio d'album qui aura une énorme influence sur la musique populaire qui suivra : Radio-Activity (1975), Trans-Europe Express (1977) et The Man-Machine (1978).

Après une longue absence, le single Tour de France est sorti en 1983 et signalait un retour en activité du groupe. Le single Expo 2000 sorti en décembre 1999 a été par la suite remixé par plusieurs musiciens techno tel que Underground Resistance et Orbital. Auparavant, le seul musicien ayant eu le droit de remixer leurs morceaux a été François Kevorkian.

En août 2003, le groupe a sorti l'album Tour de France Soundtracks, leur premier album de nouveaux morceaux depuis l'album Electric Café sorti en 1986.

En juin 2005, le groupe a publié son premier album de morceaux joués en concert, Minimum-Maximum, compilés de leur tournée du printemps 2004. La plupart des morceaux choisis pour cet album avaient été considérablement retravaillés et remodelés à partir de leur version studio originale. Cet album a été nominé en tant que meilleur album dance/électronique au Grammy Award. Il a été sorti accompagné d'un DVD présentant des images vidéo de leur tournée à travers le monde.

[modifier] Performances musicales

Les concerts ont toujours occupé une partie importante dans les activités de Kraftwerk. Même si les spectacles prenaient part autour des morceaux et de compositions préconçues, l'improvisation jouait un rôle important.

[modifier] Les paroles

Les paroles de Kraftwerk traitent de la vie urbaine et technologique de l'Europe de l'après-guerre - voyager en automobile dans Autobahn, en train, utiliser des ordinateurs personnels,... Ses paroles en apparence simplistes montrent une position à la fois candide et critique face au monde moderne, en même temps qu'elles jouent un rôle important dans la structure rythmique des morceaux. Plusieurs morceaux de Kraftwerk expriment la nature contradictoire de la vie urbaine moderne : un forte sensation d'aliénation et une célébration des joies de la vie moderne (et de ses avancées technologiques).

Kraftwerk était un des premiers groupes pop à enregistrer les sons et les instruments électroniques. La plupart des voix présentes dans leur albums sont retraitées par des vocoders ou générées à partir de logiciel de synthèse vocale.

Il est à noter que tous leurs albums à partir de Radio-activity ont étés enregistrés en deux versions, allemande pour le marché allemand et anglaise pour le marché international. Les versions allemandes illustrent la volonté de Kraftwerk d'offrir une alternative aux modèle dominant anglophone dans la musique pop et rock :

« Vous voyez, un autre groupe, comme Tangerine Dream, même [si il est] allemand, [il a] un nom [en] anglais, [ce qui sous-entend] une identité anglo-américaine, ce que nous dénonçons complètement. Nous voulons que le monde entier sache que nous sommes originaire d'Allemagne, parce que la mentalité allemande — qui est plus évoluée — fera toujours partie de notre comportement. Nous créons à partir de la langue allemande, notre langue maternelle, qui est très mécanique ; nous utilisons cela comme base de notre musique. [...] Après la guerre, l'industrie du spectacle en Allemagne était détruite. Le peuple allemand s'est vu dépossédé de sa culture, au profit de la culture américaine. Je pense que nous sommes la première génération née après la guerre à renverser tout ça, à savoir où ressentir la musique américaine et où nous ressentir nous-mêmes. Nous ne pouvons pas nier le fait que nous sommes allemands.  »
    — Ralf Hütter , Extrait d'une entrevue par Lester Bangs: "Kraftwerkfeature", magazine Creem, septembre 1975.

Kraftwerk a aussi expérimenté avec l'utilisation des images générées par ordinateur comme décor pour leurs clips et apparitions sur scène. Sur ces dernières, il y aurait des parties improvisées. Pour certains de leurs concerts, ils ont créé des robots pour les représenter sur le devant de la scène (sur le morceau "The Robots").

Après plusieurs années sans nouveautés, Kraftwerk réapparut à la fin des années 1990 avec Expo 2000, et en août 2003 sortit l'album Tour de France Soundtracks.

Le groupe accorde une grande importance à l'esthétique sonore autant que visuelle, que qui les mets en rupture avec la majorité de groupes de l'époque et leur insuffle beaucoup de modernité. Dès les années 1970, ils s'avéreront être ce que l'on appelle aujourd'hui des designers sonores et visuels. Ils travaillent au groupe et à leur musique en tant que « concept » en cherchant à maîtriser leurs visuels. Leur démarche tient autant de la démarche de l'art contemporain que des avant-gardes représentées alors par des artistes comme Can, Brian Eno ou David Bowie.

La nouveauté dans leur esthétique sonore se trouve dans leur côté "froid" (coldwave) et "plastique" et dans leur apport dans la musique pop des sons proches de ceux générés par les machines et la technologie industrielle

La formation actuelle du groupe (depuis 1991) est la suivante : Ralf Hütter, Florian Schneider, Fritz Hilpert et Henning Schmitz.

Les techniques introduites et l'équipement développé par le groupe sont désormais courants en musique contemporaine. Beaucoup des DJ de la musique techno réfèrent au groupe comme à une de leurs influences les plus importantes.

[modifier] Discographie

[modifier] Samples, reprises et influences

De nombreux artistes déclarent avoir été fortement influencés par Kraftwerk, tels Vince Clarke, fondateur de Depeche Mode et musicien actuel du groupe britannique Erasure. C'est aussi le cas des pionniers de l'Electro/Electro-Hip Hop, comme Afrika Bambaataa, mais surtout à Detroit où le duo Cybotron puis les pionniers de la Techno (Juan Atkins, Derrick May et Kevin Saunderson) feront toujours référence à Kraftwerk comme une influence déterminante, découverte permise par l'émission Midnight Funk Association du DJ Charles Johnson (The Electrifying Mojo). Une seconde vague d'artistes de Detroit, parmi lesquels Underground Resistance, Drexciya ou Aux 88, se revendiquera de ce même héritage non seulement au niveau stylistique mais aussi dans l'esthétique de l'anonymat visuel développé par Kraftwerk.

Kraftwerk sera aussi une source d'inspiration pour des musiciens d'univers plus new-wave ou rock tels Simple Minds, OMD, Ride ou Coldplay. De son côté, la chanteuse française Robert a repris Das modell sur son premier album, Sine qui témoigne de son attachement à la musique de Kraftwerk. Bien sûr l'influence la plus évidente se retrouve chez les producteurs d'une electro froide où l'on parle d'un monde tout technologique et aseptisé, comme chez Plastikman, Anthony Rother, Dopplereffekt et Arpanet; l'autre branche influencée est celle de l'electro mélancolique et organique qui privilégie des mélodies simples et aériennes avec des instruments datant de l'époque de Kraftwerk, comme Boards of Canada, M83, Marboss ou Nathan Fake.

Il y a quelques reprises de morceaux de Kraftwerk, mais leur force se retrouve essentiellement à travers tous les samples d'instrus ou de beats qu'on retrouve souvent dans les morceaux hip hop ou électro. Le morceau Trans-Europe Express est le morceau de Kraftwerk le plus samplé[réf. nécessaire]. Voici quelques morceaux inspirés de Kraftwerk:

  • Planet Rock d'Afrika Bambaataa en 1982 qui en réalité ne sample pas puisque la musique a été réenregistré en studio. La mélodie provient de Trans-Europe Express et le rythme semble provenir de Numbers. Chose intéressante, ce morceau Planet Rock est à son tour l'un des morceaux de rap les plus samplés.
  • Trans Europa Express par Anthony Rother, remix au goût electro allemand contemporain de Trans Europe Express.
  • Ouais gros du 113 qui sample en 1999 Trans-Europe Express (production DJ Mehdi).
  • Wake Me Up in Heaven par Mike Patton et les X-Ecutionners qui sample en 2005 We are the Robots.
  • Talk par Coldplay reprend la mélodie de Computerlove et les membres de Kraftwerk sont d'ailleurs crédités comme compositeurs du morceau.
  • Numbers (titre allemand : Nummern) par le beatboxer Kenny Muhammad sur l'album Make The Music 2000 du beatboxer Rahzel, en piste cachée.
  • Pour le morceau Trans-Europe Express on retrouve encore des résurgences chez De La Soul, Mirwais et même Madonna (introduction de Music).
  • Señor Coconut (and his orchestra), groupe dont l'initiateur est Uwe Schmidt, a sorti en 2002 l'album El Baile Alemàn, entièrement constitué de reprises de Kraftwerk, en version cha-cha-cha, mambo ou bossa-nova.
  • Le Balanescu Quartet, un quatuor à cordes proche de Michael Nyman, a repris sur son album Possessed (1992), cinq morceaux de Kraftwerk : Robots, The Model, Autobahn, Computer Love, Pocket Calculator.
  • Das Modell de Rammstein est une reprise de Das Modell / The Model de Kraftwerk.
  • Le groupe français Kat Onoma a joué à de nombreuses reprises sur scène une version étirée et électrique de Radioactivity.
  • Zrcalo Sveta de Laibach, tiré de l'album "Trans Slovenia Express", reprend le fond musical de "Spiegelsaal" de Kraftwerk avec des paroles originales en slovène.
  • New Beats the House de Greyhouse, un must de la période "New-Beat" sorti en 1989 sous le célèbre label Belge R&S et reprenant la base rytmique de "It's more fun to compute" agrémenté de plusieurs samples vocaux basiques.
  • 8 Bit Operators une compilation de reprise de Kraftwerk à partir de sons de consoles Nintendo ou encore d'ordinateurs Amiga.
  • Sur leur premier album Living In A Magazine, les britanniques de Zoot Woman, dont le leader est Stuart Price (producteur de la grande majorité de "Confessions on the dancefloor" de Madonna) reprennent "Das Modell" ("The Model"). Le titre de l'album est d'ailleurs une citation extraite des paroles de cette chanson.
  • « Train Grande Vitesse de l’Est » par le français Marboss est une francisation du morceau « Trans Europe Express » et devient en 2007 la musique officielle de l’inauguration de la LGV Est européenne et du TGV EST.
  • Le titre Neon Lights (de l'album The Man-Machine) est repris en 2000 par Jay Jay Johanson comme bonustrack sur la piste 15 de l'album Poison.
  • On trouve une reprise de "Das Modell" dans l'album "Voyager - The jugglers of Jusa" de Sopor Aeternus & The Ensemble of Shadows qui porte le titre de "Modela Est"

[modifier] Notes et références

  1. La culture de la Rhénanie est notre identité culturelle. Notre musique, une représentation acoustique du bassin de la Ruhr, nous sommes, très urbains, très européens, très industriels -Ralf Hütter-

[modifier] Voir aussi

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Kraftwerk.

[modifier] Liens externes

Musique électronique | Genres
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