Kaliakra

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Kaliakra est le nom d'un promontoire s'avançant en mer Noire, d'une réserve naturelle et d'un site archéologique et historique situés en Bulgarie du nord-est, dans la région de Dobroudja du Sud et l'oblast de Dobric.

[modifier] Étymologie et histoire

Kalli Akra signifie en grec bon promontoire (dans le sens de "bon abri" contre les vents du nord-est). Le temple grec, bâti au Ve siècle av. J.-C. par les colons ioniens fondateurs des cités d'Odessos (aujourd'hui Varna) et Dionysopolis (aujourd'hui Balchik) a été remplacé à l'époque byzantine par une église dédiée à saint Nicolas, patron des marins. Un fanal y a également fonctionné. Au XIVe siècle, le despotat indépendant de Dobroudja éleva ici sa capitale, avec citernes, donjon, ville et fortifications (ainsi qu'un embarcadère en contrebas où les marchands italiens de Gênes avaient ouvert un comptoir). Dans les grottes de la falaise, des moines avaient établi leurs ermitages.

En 1396, la cité fut assiégée par les Turcs ottomans mais résista, grâce à l'intervention des Voïvodes valaques, mais en 1421 elle fut à nouveau longuement assiégée, et en fin de compte prise. La légende raconte que 40 jeunes filles préférèrent se jeter du haut de la falaise dans la Mer Noire, plutôt que de tomber aux mains des vainqueurs. Les turcs transformèrent la principale église en mosquée. En 1444 une croisade contre les Turcs fut organisée pour délivrer la cité, par le roi de Pologne Ladislas III, les Français commandés par Césarini, les Hongrois et les Roumains, conduits par Iancou de Hunedoara, voïvode de Transylvanie et par Vlad Dracul, voïvode de Valachie (dont le nom a été utilisé au XIXe siècle par Bram Stoker pour créer le personnage de "Dracula"). Mais elle échoua: les Croisés, coincés près de la citedelle, n'échappèrent que de justesse au sultan Murat II qui tua le roi Ladislas III (bataille de Kaliakra). Les citernes ayant été détruites durant ce dernier conflit, la cité tomba en ruines et l'est restée depuis.

Ce n'est qu'après 1950 que le site fut à nouveau occupé, par les gardiens du phare et du radar militaire du Pacte de Varsovie (aujourd'hui de l'OTAN) auxquels se sont joints depuis une vingtaine d'années ceux du Musée archéologique et quelques commerçants. Des archéologues et des naturalistes y travaillent régulièrement.

[modifier] Environnement

Le cap Kaliakra.
Le cap Kaliakra.

Dans les années 1930, le biologiste et océanographe Grigore Antipa, élève d'Ernst Haeckel (le fondateur de l'écologie), fit classer la zone réserve naturelle et ouvrit à quelques kilomètres vers l'ouest, vers le village de Balgarevo, une station de recheches dont on peut encore voir les ruines. La réserve abritait surtout les derniers Phoques moines à ventre blanc de la Mer Noire (Monachus monachus albiventer). Ceux-ci furent tous chassés par les pêcheurs affamés, pendant et après la dernière guerre.

La réserve fut recréée dans les années 1980 sous l'égide de l'Académie bulgare des sciences, et il est question actuellement de l'intégrer au réseau Natura 2000 de Bulgarie. Une controverse est en cours au sujet des limites, entre le ministère de l'Environnement qui voudrait en exclure des parcelles intéressantes pour les promoteurs immobiliers, et l'Académie des sciences. De nombreuses espèces endémiques de fleurs, d'insectes et d'oiseaux attirent des visiteurs de toute l'Europe.