Joseph Ingraham

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Itinéraire de l'expédition : premier en rouge, second en bleu. 1. Boston, 2. Îles du Cap-Vert, 3. Îles Malouines, 4. Archipel Juan Fernandez, 5. Îles Marquises, 6. Hawaii, 7. îles de la Reine-Charlotte, île de Vancouver, 8. Macao
Itinéraire de l'expédition : premier en rouge, second en bleu. 1. Boston, 2. Îles du Cap-Vert, 3. Îles Malouines, 4. Archipel Juan Fernandez, 5. Îles Marquises, 6. Hawaii, 7. îles de la Reine-Charlotte, île de Vancouver, 8. Macao

Joseph Ingraham (1762 - 1800) est un navigateur étasunien de la fin du XVIIIe siècle.

À la suite de l'explorateur James Cook, qui avait réalisé de gros profits en vendant des fourrures achetées le long de la côte nord-ouest du continent américain pour les revendre en Chine, de nombreux navigateurs-explorateurs-marchands de la toute jeune fédération des États-Unis d'Amérique se lancèrent quelques années plus tard dans l'aventure. Joseph Ingraham était l'un d'eux.

[modifier] 1er voyage : 1787-1790

Né à Boston en 1762, Ingraham participe à la guerre d'indépendance américaine, dans la marine. Il y sert entre autre sous le commandement du capitaine John Kendrick.

En 1787, Kendrick lui propose de l'accompagner dans le Pacifique nord, pour faire le commerce de fourrures entre le nord-ouest de l'Amérique et la Chine. Ingraham embarque sur le Columbia Rediviva, un navire de 25 mètres et 212 tonneaux. Un autre bateau fait partie de l'expédition, le Lady Washington, un sloop de 18 mètres et 90 tonneaux, commandé par le capitaine Robert Gray.

Les deux navires appareillent de Boston le 1er octobre 1787, et doublent le cap Horn en mars. Entre temps, aux îles du Cap-Vert, Ingraham devient le second du Columbia.

Le 23 septembre, il arrive dans la passe de Nootka, dans l'île de Vancouver. La saison étant déjà avancée, Kendrick décide d'y hiverner. Cela lui permet d'établir des relations avec le peuple amérindien vivant là, les Nootkas, et d'acheter des fourrures, surtout de loutres de mer.

Friendly Cove, comptoir de la passe de Nootka, en 1791
Friendly Cove, comptoir de la passe de Nootka, en 1791

Début juillet, Kendrick prend la décision d'échanger son bateau : Robert Gray devient ainsi le capitaine du Columbia, et toutes les fourrures récoltées sont stockées dans ce navire, plus gros, pour qu'il aille les vendre en Chine.

Ingraham étant resté sur le Columbia, il entame la traversée du Pacifique le 31 juillet 1789. Ils font escale à Hawaii, où ils embarquent deux Polynésiens, dont l'un, Kalehua (également nommé Opie), est pris en charge par Joseph Ingraham.

Ils arrivent à Macao en novembre 1789, mais Gray préfère aller vendre les fourrures à Canton. Ingraham y fait la connaissance de Thomas Perkins, un autre négociant de Boston, qui s'apprête à retourner aux États-Unis. La vente se déroule lentement, et à un prix bien moins élevé qu'escompté. La Columbia charge ensuite du thé et de la porcelaine, puis reprend la mer le 12 février 1790. Elle passe par le détroit de la Sonde, le cap de Bonne-Espérance, et atteint finalement Boston le 9 août 1790, près de trois ans son départ.

Ils y reçoivent un accueil enthousiaste de la population, car c'est le premier navire étatsunien à effectuer une circumnavigation. Les commanditaires de l'expédition furent quant à eux beaucoup moins ravis, au vu du faible profit réalisé.

[modifier] 2e voyage : 1790-1793

A Boston, Joseph Ingraham retrouve Thomas Perkins, qui lui propose de repartir aussitôt pour le Pacifique, et de continuer le commerce des peaux de loutres de mer. Mais cette fois, en tant que commandant du Hope (« l'Espoir »), une brigantine de 70 tonneaux.

Le 17 septembre 1790, il quitte Boston, avec un équipage de quinze hommes seulement, y compris Kalehua, toujours présent auprès d'Ingraham. Comme lors de son premier voyage, il fait étape aux îles du Cap vert et aux Malouines, et franchit le cap Horn. Là, il prend un cap nord-ouest, en direction de Hawaii, ou il a promis de ramener le Polynésien.

Traite des fourrures entre Occidentaux et Amérindiens (ici au Canada, en 1777)
Traite des fourrures entre Occidentaux et Amérindiens (ici au Canada, en 1777)

Le 15 avril 1791, il arrive dans l'archipel des Marquises, seulement visitées auparavant par l'Espagnol Alvaro de Mendaña en 1595, et l'Anglais James Cook en 1774. Il écrit avoir aperçu deux îles ce jour-là, sans doute Fatuiva et Moho Tani (ou peut-être était-ce l'îlot Motu Nao).

Le lendemain, il navigue entre Tahuata et Hiva Oa, qu'il connaît sous les noms donnés à l'époque par Mendaña, respectivement Santa Cristina et Dominica. Il reste ancré deux jours à Tahuata, dans la baie de Vaitahu, puis repart vers le nord.

Là, il est le premier occidental à découvrir les îles du groupe nord des Marquises : Ua Pou, Ua Huka, Nuku Hiva, Eiao et Hatutu. Il leur donne des noms tirés de la récente histoire des États-Unis, les nommant respectivement Adams, Washington, Federal (en l'honneur des états fédérés de l'Union), Henry Knox, et Hancock.

Il nomme également une autre île Franklin, sans que l'on puisse savoir aujourd'hui s'il s'agissait de Hatu Iti ou de la côte nord de Nuku Hiva, qu'il aurait pris à tort pour une nouvelle terre.

Ingraham quitte les Marquises le 21 avril, et arrive à Hawaii le 20 mai. Il y rencontre Kamehameha, futur roi unificateur de l'archipel, et y dépose Kalehua. Il met ensuite le cap vers le nord-est, pour rejoindre les lieux d'échange de fourrures. Le Hope nécessitant des réparations, il s'ancre dans une crique du détroit de Gowgaia, qu'il nomme détroit de Magee, d'après l'un des commanditaires de son expédition. La crique où il se trouve est appelée Port Perkins, en l'honneur de son commanditaire principal.

Il repart le 7 juillet, et commence à commercer avec les Amérindiens Haida des îles de la Reine-Charlotte et de Vancouver. Il a l'idée de fabriquer des colliers en fer, qu'il échange à son avantage contre des peaux de loutre de mer. Deux mois durant, il cabote ainsi le long de ce qui deviendra la côte ouest des États-Unis et du Canada. Il y croise d'autres navires se livrant au même commerce, dont son ancien bateau, le Columbia, toujours commandé par Robert Gray.

La loutre de mer et sa fourrure, objet de toutes les convoitises
La loutre de mer et sa fourrure, objet de toutes les convoitises

Le 2 septembre, il part pour la Chine, via Hawaii. Il atteint Macao le 22 novembre. Malheureusement pour lui et pour les autres commerçants occidentaux, suite à un accord avec la tsarine Catherine II, l'empereur de Chine Qianlong a ordonné que l'importation de fourrures soit exclusivement réservée aux Russes. Ingraham tombe malade à Macao, mais heureusement, l'équipage du navire français le Solide, du capitaine Étienne Marchand, venu lui aussi faire le commerce des fourrures, comprend un chirurgien, Claude Roblet, qui le soigne. Avec difficultés, il finit par vendre ses peaux de loutres de mer à Canton, et reprend finalement la mer le 26 avril 1792.

Il retourne sur la côte nord-ouest des Amériques, mais cette fois la récolte n'est pas satisfaisante. Il croise George Vancouver, venu pour des pourparlers avec les Espagnols, qui convoitent aussi cette région, ainsi que James Magee, un de ses co-commanditaires, capitaine du Margaret, un sister-ship du Hope. Ensemble, ils commercent encore un peu, mais décident finalement de rentrer à Boston, via Macao pour vendre leur nouvelle cargaison.

Joseph Ingraham atteint sa destination finale en juillet 1793. Par la suite, il ne retournera plus faire le commerce de la fourrure dans le Pacifique nord, mais continuera à naviguer. Il participera à la quasi-guerre entre la France et les États-Unis en tant qu'officier de la Navy. En 1800, il embarque de New Castle, dans le Delaware, mais le navire disparait en mer.

[modifier] Sources

Autres langues