Jerash

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

32° 16′ 43″ N 35° 53′ 23″ E / 32.278733, 35.889758

Carte de la Décapole permettant de situer Gerasa}
Carte de la Décapole permettant de situer Gerasa}

Jerash[1] est le chef-lieu de la province de Jerash dans le royaume de Jordanie. La population de l'agglomération dépasse 120 000 habitants. Cette ville est située sur le site antique de Gerasa dont les spectaculaires vestiges sont au centre de l'agglomération.

[modifier] Histoire

Temple d'Arthémis à Gerasa
Temple d'Arthémis à Gerasa
Place ovale au centre de Gerasa
Place ovale au centre de Gerasa

Gerasa a été fondée à la fin du IVe siècle av. J.-C.. Ses habitants ont prétendu que la ville avait été fondée par Alexandre le Grand en faveur de vétérans de son armée. Cette prétention s'est exprimée tardivement sous la forme d'une monnaie frappée pendant le règne de Caracalla au nom « d'Alexandre de Macédoine fondateur de Gerasa[2] ». Néanmoins cette cité n'a pris son essor qu'au IIe siècle av. J.-C. car les fouilles n'ont pas permis de trouver de traces d'établissement antérieur[3].

La ville fit partie de la Décapole. Elle fut conquise en 84 av. J.-C.[4] par Alexandre Jannée qui y est mort en 76av. J.-C. pendant le siège d'une forteresse voisine Regaba. Elle est prise par le nabatéen Arétas III en 73 av. J.-C., et enfin par les Romains (Pompée) en 63 av. J.-C.. Ces derniers en firent une ville opulente. Gerasa reçut même la visite de l'empereur Hadrien en 129.

Gerasa devient siège d'un évêché au IVe siècle. Elle est ensuite pillée par les Perses (614) puis les Arabes (635). Elle subit ensuite plusieurs tremblements de terre, dont le plus dévastateur fut probablement celui de 747-748, qui affecta violemment de nombreuses autres villes de la région . Le coup de grâce lui fut donné par les affrontements entre musulmans et croisés lors des croisades, où le temple d'Artémis fut transformé en forteresse par les Arabes à cette occasion.

Les premières fouilles furent effectuées dans les années 1920-1930 par les membres de l'équipe américano-britannique de l'université Yale, de l'American School of oriental research, et de la British School of Jerusalem; après la publication de Kraeling publiée en 1938, sorte de rapport de toutes les fouilles faites sur le site jusque là, celles-ci connaissent un moment de flottement avant d'être reprises véritablement dans les années 1980, notamment sous la forme d'un projet de coopération international, faisant appel à des archéologues du monde entier, le Jerash Archaeological Project. chaque équipe se voyait attribuer une portion du site à fouiller et à rénover; ainsi, l'équipe française dirigée par Jacques Seigne s'occupe encore aujourd'hui de la rénovation du sanctuaire de Zeus.

[modifier] Le site

Il y a un grand nombre de monuments :

  • L' Arc d'Hadrien: il fut construit à l'occasion de la visite de l'empereur Hadrien en 129
  • L'hippodrome: c'est probablement l'un des plus petits du monde romain; à l'époque byzantine, fortement touché par les tremblements de terre qui se sont succédé dans la région, il ne fut pas reconstruit mais réoccupé par la population locale, notamment pour abriter des ateliers de poterie, visibles grâce aux fameux fours en brique; un diacre, qui fit construire son église à proximité, y élut également domicile en réaménageant trois locaux désaffectés de l'hippodrome qu'il pava de mosaïques.
  • Deux grands temples dédiés à Zeus et à Artémis: ces deux temples furent construits essentiellement au milieu du IIe siècle après J.-C, manifestant constamment une rivalité entre les fidèles de chaque divinité respective; on note également l'existence d'un temple probablement dédié à Dionysos sous l'église St Theodore, ainsi qu'un quatrième temple ayant également disparu de la surface, le "temple C", baptisé ainsi par les membres de l'équipe américano-britannique dans les années 1930; aucun indice ayant été retrouvé ne permet de dire précisément à quel dieu cet édifice était voué.
  • Le forum ovale qui est un cas sans doute unique: c'est sans doute le plus grand forum de l'empire romain; faisant simultanément office de place publique, d'agora, et de marché (de nombreuses boutiques ont été retrouvées à ses abords), c'est un élément architectural essentiel de l'urbanisme de la ville puisqu'il permet, par un effet de style, de faire la jonction visuelle entre le cardo maximus et le sanctuaire de Zeus, qui grâce à la forme particulière de la place ovale, semble se trouver dans la continuité de la voie principale de la cité.
  • Deux établissements de bain: on note la présence de bains au niveau du tétrapyle nord, en grande partie effondrés, les seconds établissements thermaux, peu fouillés mais apparemment de taille remarquable, étant situés de l'autre côté du wadi de Jérash, c'est-à-dire du côté Est de la ville; toutefois, il ne faut pas oublier les "bains de Placcus", à côté de l'église St Theodore, juste en-dessous de la "Clergy House", dont on voit encore parfaitement les vestiges des fours de l'hyppocauste servant à chauffer le caldarium, et dont une inscription attribue non seulement la construction à l'évêque Placcus, mais date également de l'extrême fin du Ve siècle.
  • Le macellum ou marché: probablement le plus beau monument de la ville, avec la fontaine dédiée à la Tyche de la ville; c'était un lieu central pour le commerce, fortement présent dans la cité, comme on peut le voir aux nombreuses boutiques qui bordaient les rues, notamment au pied du sanctuaire d'Artémis;
  • Au niveau de l'habitat, les vestiges sont relativement sommaires, et il s'agit véritablement plus de réoccupation de bâtiments publics d'époque romaine; toutefois, on peut noter plusieurs traces de demeures non négligeables; tout d'abord, deux maisons découvertes du côté oriental du wadi, recouvertes de mosaïques, dont l'une décrit un cortège bacchique, et une seconde, les Quatre Saisons, thème que l'on rencontre assez fréquemment dans la région (voir notamment à Madaba); du côté ouest de la ville, on note l'existence de la "maison des Bleus", ainsi nommée d'après l'inscription qui y a été retrouvé, ainsi qu'une splendide demeure d'époque byzantino-omeyyade, mais dont les vestiges apparents datent essentiellement de la période arabe (cette maison a été étudiée et restaurée par l'équipe polonaise dirigée par Michel Gawlikowski); enfin, un quartier d'habitation situé à au nord-ouest de St Theodore a été dégagé et fouillé rapidement dans les années 1930, comptant è ou ! structures domestiques individuelles, probablement destiné à loger les membres du clergé de la cathédrale; cet ensemble se trouve aujourd'hui de nouveau enfouis sous le remblai qui a été sorti lors du dégagement du sanctuaire d'Artémis; à proximité se trouve également la "Clergy House", encore visible, considéré par Kraeling comme un logement pour le clergé, mais dont la destination reste encore aujourd'hui douteuse, faute de fouilles approfondies;
  • Les deux théâtres: un théâtre au nord de la ville, l'autre au sud, chacun étant situé respectivement à côté des sanctuaires d'Artémis et de Zeus; ces théâtres ont été remarquablement bien restaurés et assurent encore certains spectacles locaux, généralement en période estivale;
  • Les murailles qui entourent encore presque toute la ville: après avoir laissé à l'abandon ses premières murailles créées avant notre ère, la cité s'entoura d'un nouveau rempart, qui raccourcit ses dimensions, ramenant la cité à la porte sud et laissant à l'extérieur toute la zone allant de la porte sud à l'arc d'Hadrien, c'est-à-dire comprenant l'hippodrome

Au IVe siècle la communauté chrétienne était nombreuse et on a retrouvé les traces de treize églises aux sols recouverts de mosaïques dont une cathédrale, la cathédrale St Théodore. On a trouvé aussi les reste d'une synagogue de la même époque, situé au nord-ouest du sanctuaire d'Artémis.

[modifier] Histoire récente

Jerash moderne a pris une extension très rapide et atteint maintenant pas loin de 800 000 habitants. Cet accroissement rapide de la population est dû à l'immigration intérieure, mais aussi à l'arrivée de nombreux réfugiés palestiniens.


[modifier] Notes

  1. arabe : jaraš, جرش
  2. Maurice Sartre, D'Alexandre à Zénobie, Ed. Fayard, (ISBN 978-2213-609218), p. 82, note 61.
  3. Maurice Sartre, ibidem, p. 117, note 22.
  4. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques, XIII, v, 4-5

[modifier] Voir Aussi

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Gerasa.

[modifier] Articles connexes

[modifier] Documentation extérieure


Discobole Les villes de la Décapole du Proche-Orient S.P.Q.R.

AbilaDamasCanathaDionGadaraGerasaHipposPellaPhiladelphiaRhaphanaScythopolis