Jacques-René Hébert

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Jacques-René Hébert

Surnom Le père Duchesne
Naissance 15 novembre 1757
à Alençon
Décès 24 mars 1794 (à 37 ans)
à Paris
Nationalité France France
Profession Journaliste
Occupation Homme politique

Jacques-René Hébert, né à Alençon le 15 novembre 1757 et guillotiné à Paris le 24 mars 1794, est un journaliste et homme politique français de la Révolution.

Jacques-René Hébert était le fils du joailler Jacques Hébert mort en 1766 et de Marguerite Beunaiche de La Houdrie (1727-1787).

Il a lancé en 1790 le père Duchesne, journal des révolutionnaires radicaux. Il participa, en 1792, à la chute de la monarchie dans le rôle d’accusateur public et, en 1793, à celle des Girondins. En février 1793, il se prononça contre la loi du maximum. Le 20 mai 1793, la majorité modérée de la Convention composée surtout de Girondins forma la commission des Douze qui décréta le 24 mai, son arrestation et celle de ses collaborateurs Jean-Baptiste Marino et Michel, administrateurs de police. Il fut prévenu à temps par la commune et se met sous sa protection. La commune et les sections forcent la Convention à ordonner sa libération trois jours plus tard. Avec ses partisans, les hébertistes (Chaumette, Chabot, Collot d'Herbois et d’autres), il a fortement influencé le club des Cordeliers et la Commune insurrectionnelle. Maximilien de Robespierre dont il avait dénoncé la modération le fit arrêter et exécuter en 1794.

Sommaire

[modifier] Fondation du Père Duchesne

Provincial ayant étudié le droit, Hébert monte à Paris. L’année 1789 n’apporta pas de changement notable dans sa situation. Le docteur Boisset, son compatriote, accepta de le loger à condition qu’il rédigeât à sa place une brochure : la Lanterne magique ou le Fléau des Aristocrates qui marqua le début de sa carrière de libelliste. Il publia ensuite quelques opuscules tandis que sa situation matérielle devenait de plus en plus précaire.

La publication des premiers numéros du Père Duchesne, à partir de septembre 1790, va ouvrir une nouvelle période dans sa vie. Plusieurs pamphlets avaient été publiés sous ce nom, mais celui d’Hébert, que les colporteurs de rue vendaient en criant : « Il est bougrement en colère aujourd’hui le père Duchesne ! », se distinguait par la violence qui caractérisait son style. De 1790 à 1791, le Père Duchesne était constitutionnel et encore favorable à Louis XVI et La Fayette, blâmant Marie-Antoinette et Marat et réservant ses foudres à l’abbé Maury, grand défenseur de l’autorité pontificale contre la constitution civile du clergé. Le ton s’est nettement durci avec l’avènement de la République. Le gouvernement fit imprimer en 1792 certains de ses numéros aux dépens de la République les faisant distribuer dans les armées afin de sortir les soldats d’une torpeur jugée dangereuse pour le Salut public.

[modifier] Révolutionnaire radical

En 1791 Hébert rompit avec les modérés qui rêvaient d’un compromis avec les aristocrates. Le 17 juillet 1791, il signa la pétition du Champ de Mars et la fusillade des « patriotes » le jeta au premier rang des révolutionnaires. Il a désormais trouvé son ton débraillé, ce style si volontiers ordurier, tout en gardant une sorte d’élégance, qui le plaçait dans la lignée des grands pamphlétaires du XVIIIe siècle. Le père Duchesne se met à attaquer sans ménagement La Fayette, Mirabeau, Bailly : après la fuite du roi et son arrestation à Varennes, il prend Louis XVI et même le pape Pie VI à partie. Avant tout, Le père Duchesne est patriote : il devient bientôt le porte-parole des sans-culottes et des sections, dénonçant les manœuvres des suppôts des Britanniques, des Allemands et des immigrés.

Membre du club des Cordeliers, Hébert siège à la Commune insurrectionnelle où il est envoyé dans la nuit du 9 au 10 août 1792 par la section Bonne-Nouvelle. Il approuve hautement les massacres de septembre, auxquels il n’a d’ailleurs pas participé. Le 22 décembre 1792, il est nommé second substitut du Procureur de la Commune. Jusqu’en août 1793, on le voit soutenir avec fracas les Montagnards contre les Girondins. Ses amis et lui-même restent néanmoins soucieux de ne pas trahir les intérêts profonds de la bourgeoisie et désavouent les sans-culottes lorsqu’ils prônent des mesures extrémistes en matière économique. En avril-mai 1793, Hébert est de ceux qui désignent les Girondins à la vindicte populaire. Le coup d’arrêt tenté par la Convention, qui fait arrêter Hébert le 24 mai 1793 avec Morineau, Brichet et Varlet, échoue devant la réaction menaçante des sections. La popularité d’Hébert en est considérablement renforcée. Il est alors un des chefs de la Révolution en marche.

[modifier] Radicalisation

L’attitude d’Hébert change après la mort de Jean-Paul Marat le 13 juillet 1793 et la crise de l’été : elle tend à se radicaliser toujours davantage. Les journées des 4 et 5 septembre 1793, où les sans-culottes envahissent la Convention et lui imposent l’application de la Terreur, sont un succès personnel pour Hébert. De septembre 1793 à janvier 1794, il soumet la Convention à un harcèlement continuel (loi des suspects, loi du maximum général).

[modifier] Campagnes contre la Reine et contre l’Église

La campagne qu’il mena contre Marie-Antoinette n’est, à coup sûr, pas étrangère à la condamnation à mort de la reine. Il extorqua de Louis XVII des accusations d'actes incestueux commis par sa mère, et déposa en ce sens au procès de la souveraine déchue[1].

Avec Chaumette et ses propres amis, il a été également un des principaux animateurs de la politique de déchristianisation. Violemment anticlérical et hostile au catholicisme, il se défend cependant contre l’accusation d’athéisme, appelant Jésus « le meilleur Jacobin qu’il y ait eu sous la calotte des cieux » et réécrivant les évangiles à sa façon dans le Père Duchesne : « quand le brave sans-culotte Jésus parut, il prêcha la bienfaisance, la fraternité, la liberté, l’égalité, le mépris des richesses. Tous les prêtres menteurs eurent bientôt les ongles rognés et ils tombèrent dans le mépris. Il est vrai que les scélérats s’en vengèrent de la bonne sorte. D’accord avec les juges et le Capet de l’époque, ils firent pendre le pauvre sans-culotte Jésus », Mais il fait marche arrière devant Maximilien de Robespierre, quand celui-ci, le 1er frimaire an II dénonce l’athéisme et décrète la liberté des cultes. Dans les premiers mois de 1794, Hébert exploite le mécontentement populaire né de la vie chère.

[modifier] Arrestation, condamnation et exécution

Imprudemment, il ne se contente pas d’attaquer les Indulgents, mais il s’en prend aussi à Robespierre, trop modéré désormais à ses yeux. Le gouvernement révolutionnaire se décide enfin à frapper et fait arrêter dans la nuit du 13 mars au 14 mars 1794, Hébert, avec les principaux chefs des Cordeliers (Momoro, Vincent et Ronsin). Devant le tribunal, Hébert perdit son audace. Traité comme un fripon plutôt que comme un conspirateur, il se vit reprocher ses escroqueries et toutes les turpitudes de ses premières années. Écrasé, il courbait la tête et balbutiait des réponses insignifiantes. Le troisième jour des débats, un arrêt de mort fut prononcé et il fut envoyé à l’échafaud le même jour. Conduit à l'échafaud au milieu des insultes et des imprécations de la populace, Hébert, à demi mort, tombait à chaque instant en défaillance. Pendant tout le trajet, on criait autour de lui : « Il est bougrement en colère aujourd’hui, le père Duchesne ! Va, coquin, va éternuer au sac ! » etc. Certains même le narguaient en agitant des petits fourneaux, emblèmes de la profession du père Duchesne.

Il avait épousé le 7 février 1792 Marie Marguerite Françoise Hébert née Goupil, ex-religieuse du couvent de la Conception (rue Saint-Honoré) sous le nom de « sœur de la Providence », guillotinée vingt jours après son mari. De cette union était née une fille, Scipion-Virginie Hébert (7 février 1793-13 juillet 1830).

[modifier] Notes

[modifier] Références

  • Antoine Agostini, La Pensée politique de Jacques-René Hébert (1790-1794), Aix-en-Provence, Presses universitaires d’Aix-Marseille, 1999 ;
  • Christophe Donner, Un Roi sans lendemain, Paris, Grasset, 2007 ISBN 9782246625810
  • Procès des conspirateurs Hébert, Ronsin, Vincent et complices : condamnés à la peine de mort part le Tribunal Révolutionnaire, le 4 germinal, l’an 2 de la République et exécutés le même jour : suivi du précis de la vie du père Duchesne, Paris, De l’imprimerie du Tribunal révolutionnaire. À Paris, Chez Caillot, 1794
  • Charles Brunet, Le père Duchesne d’Hébert, Notice historique et bibliographique sur ce journal, publié pendant les années 1790, 1791, 1793 et 1794 : précédée de la vie d’Hébert, son auteur et suivie de l’indication de ses autres ouvrages, Paris, Librairie de France, 1859
  • Marc Crapez, Le Social-chauvinisme : des Hébertistes à la droite révolutionnaire 1864-1900, Paris, Septentrion, 1999 ISBN 2284004695
  • Paul d’Estrée, Le Père Duchesne. Hébert et la commune de Paris (1792-1794), Paris, Ambert 1908
  • Marina Grey, Hébert : le père Duchesne, agent royaliste, Paris, Perrin, 1983 ISBN 2262003009
  • Antoine Hadengue, Les Gardes rouges de l’an II : l’armée révolutionnaire et le parti hébertiste, Paris, Tallandier, 1989 ISBN 2235018327
  • Louis Jacob, Hébert le père Duchesne, chef des sans-culottes, Paris, Gallimard 1960 ISBN 2070233332
  • Gustave Tridon, La Commune de Paris de 1793; les Hébertistes, Bruxelles, J.H. Briard 1871
  • Gustave Tridon, Les Hébertistes ; plainte contre une calomnie de l’histoire, Paris, Chez l’auteur, 1864
  • Pierre Turbat, Vie privée et politique de J.-R. Hébert, auteur du père Duchesne, À Paris, Se trouve à l’Imprimerie de Franklin, rue de Cléry, No. 76, 1794
  • Gérard Walter, Hébert et le père Duchesne, Paris, J.B. Janin, 1946
  • Gérard Walter Procès instruit et jugé au tribunal révolutionnaire : contre Hébert et consorts, Paris, Edhis, 1969 ISBN 2715225911

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes