Jacob Zuma

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Jacob Zuma
Jacob Zuma

Jacob Gedleyihlekisa Zuma (né en 1942) est un homme politique d'Afrique du Sud, de l'ethnie Zoulou, autodidacte, membre de l'aile gauche du Congrès national africain (ANC) et vice-président de l'Afrique du Sud d'avril 1999 à juin 2005. Il succède à la tête du Congrès national africain (ANC) au président Thabo Mbeki lors du congrès du parti en décembre 2007.

Ancien cadre de la lutte anti-apartheid emprisonné durant dix ans à Robben Island, au large du Cap, Jacob Zuma est très populaire auprès des militants de l'ANC.

En mai 2008, le Time le classe huitième sur sa liste des cent personnes les plus influentes au monde.[1]

Sommaire

[modifier] Une enfance pauvre au Natal

Jacob Zuma est né le 12 avril 1942 à Nkandla dans la province du Natal en Afrique du Sud. Il passa toute son enfance entre le zoulouland, où il garde les vaches et les banlieues de la ville de Durban. Son père, policier, est mort en 1945 alors qu'il n'a pas trois ans. Sa mère est femme de ménage chez des Blancs.

Il ne reçoit aucune formation scolaire et à l'âge de 17 ans, alors qu'il est un garçon de course analphabète de Durban, il rejoint l'ANC.

[modifier] L'activisme politique et la prison (1959-1975)

Jacob Zuma devient un membre du Congrès National Africain en 1959 et un membre actif de sa branche armée, Umkhonto we Sizwe, en 1962, à la suite de l'interdiction de l'ANC en 1960. Zuma est alors un homme costaud, certes peu cultivé, mais intelligent et très courageux [2].

En 1963, chargé de monter un réseau d'activiste clandestins dans la province du Natal, il est arrêté avec 20 de ses recrues près de la ville de Zeerust dans l'ouest de la province du Transvaal.

Reconnu coupable de conspiration en vue de renverser le gouvernement, il est condamné à dix années de prison et envoyé purger sa peine au pénitencier de Robben Island au côté notamment de Nelson Mandela condamné à perpétuité dans une autre affaire similaire.

C'est durant son incarcération à Robben Island que, grâce aux cours dispensés par ses co-détenus comme Govan Mbeki, que Jacob Zuma apprend à lire, à écrire et se familiarise aux débats d'idées.

[modifier] Les années d'exil (1975-1990)

Il quitte l'Afrique du Sud en 1975 pour le Swaziland puis s'installe au Mozambique, désormais indépendant et organise le soutien aux exilés après les émeutes de Soweto en 1976.

En 1977, il devient membre du comité national exécutif de l'ANC et le vice-président de la représentation de l'ANC au Mozambique jusqu'en 1984, année où il en devient président.

En 1987, Zuma est contraint de quitter le Mozambique suite aux pressions intenses du gouvernement de Pieter Botha sur le gouvernement mozambicain.

Il rejoint le quartier général de l'ANC à Lusaka en Zambie où il prend la tête des services de renseignements et participe à l'organisation de la branche armée de l'ANC.

Il est dorénavant à la fois membre du conseil politique et du conseil militaire de l'ANC.

[modifier] Le retour au pays et l'ascension politique (1990-1999)

A la suite de la légalisation de l'ANC en 1990 par le gouvernement de Frederik de Klerk, il est un des premiers leaders exilés du mouvement à revenir en Afrique du Sud pour commencer le processus de négociation.

En 1991, Zuma est élu vice-secrétaire général de l'ANC. Il s'occupe alors du retour des exilés et des combattants et gagne la reconnaissance de ses concitoyens en devenant, en 1994, le principal artisan de la paix au Natal, en mettant fin aux affrontements ethniques et fratricides entre l'ANC et les Zoulous de l'Inkatha Freedom Party de Mangosuthu Buthelezi (IFP).

Aux premières élections multiraciales d'avril 1994, Zuma est le candidat du parti pour le poste de premier ministre de la nouvelle province du KwaZulu-Natal mais celle-ci est finalement emportée par ses rivaux de l'Inkatha. Il est cependant nommé au comité exécutif des affaires économiques et du tourisme dans le gouvernement provincial réunissant les deux anciens mouvements rivaux du KwaZulu-Natal.

En décembre 1994, il est élu chef de la direction nationale de l'ANC et de celle du KwaZulu-Natal, et réélu en 1996.

En décembre 1997, Jacob Zuma est élu vice-président de l'ANC à la conférence nationale de Mafikeng.

[modifier] Le vice-président d'Afrique du Sud (1999-2005)

[modifier] L'apogée de la carrière politique d'un autodidacte

Homme à femmes, père d'une ribambelle d'enfants, Jacob Zuma est proche des syndicats et de l'aile gauche de l'ANC. En juin 1999, il est choisi par Thabo Mbeki pour être son vice-président et virtuellement son successeur à la tête du pays. Zuma apporte surtout à Mbeki le soutien de la Cosatu (le congrès des syndicats) et du Parti communiste (SACP).

Au côté du président Yoweri Museveni de l'Ouganda, il est médiateur durant le processus de paix en cours au Burundi pour mettre fin aux rivalités ethniques entre la majorité Hutu et la minorité Tutsi.

Mais en 2003, le procureur national, Bulelani Ngcuka, affirme avoir recueilli des éléments à charge contre M. Zuma pour corruption et abus de pouvoir, mais il renonce à engager des poursuites judiciaires pour cause d'insuffisances de preuves et c'est un subordonné, Tony Yengeni, directeur adjoint de l'ANC qui est poursuivi et condamné.

En 2004, Mbeki et Zuma sont réélus en dépit de ces allégations de corruption qui entachent la probité du vice-président (voir Affaire Zuma).

[modifier] Affaire Thint-Thales

Le 2 juin 2005, après un procès de sept mois, Schabir Shaik , homme d'affaires et conseiller financier de Jacob Zuma, est condamné à quinze ans de prison ferme pour avoir versé près de 160 mille euros au vice-président Jacob Zuma entre 1995 et 2001 dans le cadre d'un trafic d'influence et notamment pour avoir négocié un pot-de-vin entre Zuma et le fabriquant d'armes Thint, filiale sud-africaine du groupe français d'électronique de défense Thomson CSF devenu Thales, prévoyant un versement annuel de 500 000 rands (60 530 Euros) au vice-président. Le juge a ainsi qualifié la relation entre Shaik et Zuma de « globalement corrompue ».

Le 14 juin 2005, le président Thabo Mbeki relève Jacob Zuma de sa fonction de vice-président. "En tant que président de la République, je suis arrivé à la conclusion que les circonstances dictent que, dans l'intérêt du vice-président, du gouvernement, de notre jeune système démocratique et de notre pays, il est préférable de décharger Jacob Zuma de ses responsabilités de vice-président", a ainsi déclaré le chef de l'État devant le Parlement réuni en session extraordinaire.

Six jours après son limogeage, Jacob Zuma, demeuré vice-président de l'ANC, est inculpé pour corruption. Les perquisitions musclées qui suivirent à ses domiciles provoquèrent de graves dissensions au sein de la coalition menée par l'ANC. En effet, la ligue des jeunes de l'ANC, le Parti communiste sud-africain et la COSATU condamnèrent "l'acharnement" de la justice et de la police et demandèrent le retrait des chefs d'inculpation contre Zuma, menaçant de recourir à des manifestations "de masse" si les accusations étaient maintenues. Thabo Mbeki et sa nouvelle vice-présidente, Phumzile Mlambo-Ngcuka, sont alors ouvertement critiqués.

Le 11 octobre 2005, Jacob Zuma comparait pour la première fois devant le président du tribunal de Durban. Son équipe d'avocats obtint immédiatement qu'il ne prenne pas place, comme de coutume, dans le box des accusés mais reste à leur côté. Le président du tribunal ajourna l'affaire jusqu'au 12 novembre 2005, le temps de permettre un supplément d'enquête, de préparer l'acte d'accusation et de s'accorder sur la date du procès. À la sortie du tribunal, l'ancien vice-président s'est adressé à ses partisans pour établir un parallèle de sa situation avec celle qu'il avait connu sous l'apartheid. "Je n'avais jamais imaginé que pendant ma liberté, pour laquelle j'ai combattu, j'éprouverais les mêmes sentiments que lorsque j'étais poursuivi par le régime d'apartheid." Les partisans de Zuma ont scandé des slogans hostiles au président Mbeki, rejoints par des employés du tribunal.

Le 20 septembre 2006, un tribunal sud-africain ordonnait cependant l'abandon des accusations de corruption à la faveur d'un vice de procédure soulevé par les avocats de Zuma [3]. En décembre 2007, à peine élu président de l'ANC, Jacob Zuma est de nouveau menacé d'être inculpé de corruption dans la même affaire suite à la découverte de nouveaux éléments à charge démontrant que les sommes illégalement perçues étaient supérieures aux estimations initiales [4].

Le 28 décembre 2007, il est de nouveau inculpé de corruption, fraude, blanchiment d'argent, racket et évasion fiscale dans le cadre de l'enquête impliquant le groupe d'armement Thales.

[modifier] Inculpation pour viol

Le 6 décembre 2005, Jacob Zuma est inculpé pour le viol d'une jeune femme séropositive de 31 ans par le tribunal de Johannesburg. Lors du procès, ses approximations et contre-vérités à la barre sur le mode de transmission du virus du sida, font scandale (il a expliqué avoir pris une douche après l'acte sexuel pour minimiser les risques d'infection) et sont abondamment relayés par la presse nationale et internationale. Il est également critiqué pour jouer la carte ethnique et sexiste. Zuma est finalement acquitté de l'accusation de viol le 8 mai 2006. Lors de la lecture de la sentence, le juge van der Merwe dressa un portrait très sévère de la plaignante ainsi que des policiers qui avaient mené l'enquête, estimant qu'une relation sexuelle consentante avait eu lieu entre la plaignante et l'accusé. Il n'en a pas moins réprimandé Zuma pour son comportement sexuel, jugeant qu'il était "totalement inacceptable" qu'un homme ait des relations sexuelles non protégées "avec une personne dont il sait qu'elle est séropositive". À la sortie du tribunal, l'ancien vice-président sud-africain entama un chant de libération zoulou, Mshiniwami (« Rendez-moi ma mitraillette »).

A la suite du jugement, l'ANC décida de restituer à Jacob Zuma son poste de vice-président du parti.

[modifier] Le retour

En dépit de ses démêlés avec la justice, Jacob Zuma est toujours resté vice-président du Congrès national africain (ANC, au pouvoir). Du Parti communiste sud-africain (SACP) au Congrès des syndicats sud-africains Cosatu, l'aile gauche du parti était tout entière vouée à Jacob Zuma, considéré comme le successeur naturel de Thabo Mbeki en 2009. À long terme, sa mise à l'écart d'un gouvernement en perte de vitesse peut lui permettre de finalement se poser en successeur légitime. À court terme, Mbeki, ayant du sacrifier un membre éminent de l'aile gauche du parti, pourrait avoir à donner des gages aux plus radicaux notamment en accélérant le processus d'africanisation de la toponymie sud-africaine en commençant par Pretoria (alors qu'il y était hostile) et à accélérer le processus d'indemnisation des africains spoliés de leurs terres sous les gouvernements blancs.

L'abandon des accusations contre lui en septembre 2006 relance de manière spectaculaire ses chances dans la course à la succession du président Thabo Mbeki en 2009.

En novembre 2007, dans la cadre de sa campagne pour prendre la direction de l'ANC, bien que toujours sous le coup d'une enquête judiciaire pour corruption mais capitalisant sur la déception des plus pauvres face à la politique économique libérale du président Mbeki, Zuma obtenait le soutien de cinq des 9 branches provinciales du Congrès national africain (ANC) (KwaZulu-Natal, Gauteng, État-Libre, Mpumalanga et Cap-du-Nord) et 61% des votes contre quatre branches provinciales et 39% des voix pour le chef de l'Etat Thabo Mbeki (Cap-Oriental, Nord-Ouest, Cap-Occidental et Limpopo (nord), lui conférant ainsi la majorité relative des délégués [5] .

Lors de la conférence élective du président de l'ANC qui se tient du 15 au 20 décembre 2007 à Polokwane, il reçoit le soutien de près des trois quarts des 3 900 délégués face au président sortant Thabo Mbeki. L'élection se fait dans un climat tendu entre les deux camps sur fonds de chants et de danses comme "Umshini Wami" (Passe-moi ma mitraillette), chant de la lutte contre l'apartheid, devenu emblème de Jacob Zuma. Ce dernier bénéficie alors du soutien de la centrale syndicale COSATU, de celui du parti communiste sud-africain, de celui de la Ligue des femmes de l'ANC et de celui des jeunes [6]. Il est finalement choisi pour représenter l'ANC aux élections présidentielles, nomination connue comme tremplin pour cette élection.

Le 18 décembre, au bout d'une bataille de procédure qui a retardé de 24 heures le vote, Zuma devient président de l'ANC en remportant 2 329 voix (60% des suffrages) contre 1 505 au président sortant et chef de l'état, Thabo Mbeki. Sa victoire est d'autant plus humiliante pour le président sortant que chaque autre membre du comité directeur soumis ce jour là au vote des militants est un proche de Zuma, ne laissant aucune place au camp sortant. Pour Helen Zille, le chef de l'opposition parlementaire, la victoire de Zuma est « un jour sombre pour l'ANC et l'Afrique du Sud » [7].

Le 8 janvier 2007, le comité exécutif de l'ANC confirme que Zuma, bien qu'il soit inculpé pour corruption, mènera la campagne du parti lors des élections générales de 2009 et qu'il sera le candidat du Congrès national africain pour la présidence du pays.

[modifier] Religion et situation matrimoniale

Jacob Zuma est de religion chrétienne mais également très attaché à la culture et aux croyances traditionnelles des Zoulous. En vertu des « enseignements du seigneur », il considère l’union civile des homosexuels comme un « déshonneur ». Il s’habille parfois en peaux de léopard lors des cérémonies traditionnelles et se déclare favorable au test de virginité des jeunes filles, respectant les coutumes les plus conservatrices de son ethnie. Il pratique la polygamie [8] .

Il a eu dans sa vie deux épouses officielles (dont le mariage a été célébrée à l'église). Sa première épouse, Kate Zuma, s'est suicidée par overdose de somnifères en laissant, en 2000, une lettre d'adieu dans laquelle elle évoquait les "vingt-quatre années d'enfer" de son couple. Sa seconde épouse, Nkosazana Dlamini-Zuma, l'a quitté après seulement quelques années de mariage. Proche de Thabo Mbeki, celle-ci est ministre des Affaires étrangères d'Afrique du Sud depuis 1999 [9].

La situation matrimoniale de Jacob Zuma est d'autant plus complexe qu'il n'a jamais clairement reconnu le nombre exact de ses épouses et de ses enfants. La culture zoulou autorisant la polygamie, Jacob Zuma a eu entre 3 et 6 épouses dont deux officielles. Il est aussi considéré être le père biologique de 14 à 17 enfants issus de 11 compagnes différentes [10].

Le 4 janvier 2008, lors d'un mariage traditionnel, il prend pour 3e épouse officielle, Nompumelelo Ntuli, mère de deux de ses enfants. Il s'agit alors au moins de son 6e mariage.

[modifier] Notes

  1. (en) "Jacob Zuma", Time, mai 2008
  2. Biographie de Jacob Zuma par Le Monde du 19 décembre 2007
  3. Article de Reuters du 20 décembre 2007 intitulé Jacob Zuma menacé par la justice sud-africaine
  4. Article du Figaro du 21 décembre 2007 intitulé Jacob Zuma accusé de corruption
  5. léger avantage pour Zuma pour prendre la tête de l'ANC
  6. Article de l'AFP du 17 décembre 2007 intitulé Afrique du Sud: Mbeki paraît devoir perdre le contrôle du parti au pouvoir
  7. Dépêche de l'AFP du 18 décembre 2007 - Jacob Zuma plébiscité à la présidence du parti au pouvoir
  8. Article de Libération du 20 décembre 2007 intitulé Zuma, nouveau patron de l’ANC
  9. Biographie de Jacob Zuma par Le Monde du 19 décembre 2007
  10. Biographie de Jacob Zuma par Le Monde du 19 décembre 2007

[modifier] Liens externes

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