Intermediate-Range Nuclear Forces Treaty

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Le président américain Ronald Reagan et le secrétaire du Parti communiste Mikhail Gorbachev signent l'INF le 8 décembre 1987 à la Maison Blanche.
Le président américain Ronald Reagan et le secrétaire du Parti communiste Mikhail Gorbachev signent l'INF le 8 décembre 1987 à la Maison Blanche.

Le Intermediate-Range Nuclear Forces Treaty (INF) est un traité visant le démantèlement, par les États-Unis et l'URSS, de missiles à charges nucléaires et à charges conventionnelles. Le titre formel du traité est (en) The Treaty Between the United States of America and the Union of Soviet Socialist Republics on the Elimination of Their Intermediate-Range and Shorter-Range Missiles.

Signé à Washington, D.C. par le président américain Ronald Reagan et le secrétaire du Parti communiste Mikhail Gorbachev le 8 décembre 1987, il a été ratifié par le Sénat des États-Unis le 27 mai 1988 et est entré en vigueur le 1er juin de cette année.

Le traité vise l'élimination de missiles de croisière et de missiles balistiques lancés depuis le sol et ayant une portée se situant entre 500 et 5 500 km, ces missiles pouvant emporter des charges explosives conventionnelles ou nucléaires. À la date butoir du 1er juin 1991, un total de 2692 missiles avaient été détruits : 846 par les É.-U. et 1 846 par l'URSS. Selon le traité, chacune des parties pouvait inspecter les installations militaires de l'autre.

Le traité ne prenait pas en compte les capacités nucléaires de la Grande-Bretagne, ni celles de la France. Les missiles SS-20, des MIRV déployés par l'URSS étaient considérés équivalents aux Pershing II, des missiles emportant une seule charge nucléaire déployés par les É.-U. De plus, le traité visait les SS-12 et les SS-23, mais excluait les missiles de croisière installés à bord des sous-marins américains et soviétiques.

[modifier] Historique

L'entente est survenue suite au déploiement par les Soviétiques des missiles SS-20 à partir de 1975 et de la réplique américaine. Les SS-20 remplaçaient les SS-4 et les SS-5. La plus longue portée, la meilleure précision, la mobilité et la puissance de destruction furent perçues comme une diminution importante de la sécurité de l'Europe de l'Ouest.

Après discussions, l'OTAN décida d'une stratégie en deux volets : (1) poursuivre les négociations avec l'URSS pour réduire la quantité d'armes tant dans l'arsenal soviétique qu'américain et (2) déployer en Europe à partir de 1983 jusqu'à 464 missiles de croisière lancés depuis le sol (des Gryphon) et 108 missiles balistiques (des Pershing II).

Jusqu'à la fin des années 1970, l'OTAN avait une supériorité certaine sur l'URSS, car cette dernière avait en service des missiles à combustible liquide à une seule charge, missiles qui étaient peu précis et faciles à détruire. De plus, l'URSS possédait quelques centaines de bombardiers lourds Tu-16 et Tu-22 (des avions qui ne volaient pas à vitesse supersonique). En comparaison, l'OTAN et l'USAFE avaient des Mirage IV, le V-force et les nouveaux bombardiers F-111, sans compter les missiles à courte et moyenne portées déployés par la Grande-Bretagne, la France et les É.-U. Ces missiles, composés de lanceurs à carburant solide, étaient plus précis et étaient déployés tant sur la terre que dans les eaux. Dès lors, le déploiement par les Soviétiques des SS-20 et des Tu-22M, dans le but de rétrécir leurs désavantages, amena l'OTAN à augmenter son avantage nucléaire.

Malgré son désaccord à propos du déploiement des armes en Europe, l'URSS a décidé d'entamer des négociations : les premières discussions eurent lieu à Genève en 1980. Les pourparlers officiels commencèrent en septembre 1981 avec l'« offre zéro-zéro » des États-Unis : tous les missiles Pershing, Gryphon, SS-4, SS-5 et SS-20 seraient détruits. Suite à un désaccord touchant l'exclusion des armes britanniques et françaises, la délégation soviétique suspendit les pourparlers en novembre 1983. En 1984, malgré les protestations du public, les É.-U. commencèrent à déployer des missiles à portées moyenne et intermédiaire en Allemagne de l'Ouest, en Italie et en Grande-Bretagne.

En mars 1986, les négociations reprirent : elles portaient non seulement sur les missiles à portées moyenne et intermédiaires, mais aussi sur les armes dites stratégiques (START I) et sur la militarisation de l'espace. À la fin de 1985, les deux parties s'entendirent pour limiter la quantité d'armes à portées moyenne et intermédiaire en Europe et en Asie. Le 15 janvier 1986, Gorbachev demanda que tous les missiles nucléaires soient détruits pour 2000. Les É.-U. refusèrent et proposèrent un programme de réduction par phases des missiles déployés en Europe et en Asie, pour en arriver à zéro missile en 1989. Les forces britanniques et française n'étaient pas incluses dans ce programme.

Une série de rencontres en août et en septembre 1986 a culminé lors du sommet de Reykjavík le 11 octobre 1986. Reagan et Gorbatchev signèrent un accord de principe pour éliminer d'Europe tous les missiles à portées moyenne et intermédiaire. Ils s'entendirent aussi pour globalement limiter ce type de missiles à 100 pour chaque partie. Gorbatchev a aussi proposé des changements stratégiques plus radicaux. Des négociations eurent lieu en 1987, alimentées par la décision unilatérale du chancelier ouest-allemand Helmut Kohl en août d'éliminer tous les missiles Pershing IA, missiles maintenus en place par un accord Allemagne-É.-U. Le texte du traité sera finalisé en septembre 1987.

Le 10 février 2007, le président de la fédération russe, Vladimir Poutine, a déclaré que ce traité ne servait plus les intérêts de la Russie. Le 14 février, les agences Tass et Interfax citèrent Yuri Baluyevsky, le général en chef des formes armées de la Russie, qui affirma que la Russie pouvait renier ce traité et que cette décision dépendait des États-Unis, qui préparaient un nouveau programme de déploiement de missiles : le Ground-Based Midcourse Defense (en), dont certaines parties étaient déjà en place en Pologne et en République tchèque.

[modifier] Liens externes