Immigration aux États-Unis

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L'immigration est un phénomène démographie qui encadre en serre-livres l'histoire des États-Unis au XXe siècle. Les immigrants sont arrivés à raison de plus d'un million par an durant la première décennie du siècle et d'environ un million par an au cours de la dernière décennie. (L'immigration a été considérablement réduite de 1915 à 1965, en partie du fait de la dépression de la fin des années 1920 et 1930 et sous l'effet de diverses mesures restrictives). Les immigrants d'aujourd'hui viennent de pays autres que ceux du début du siècle et s'éparpillent dans un plus grand nombre de centres urbains. Leur arrivée soulève toutefois en ce début de siècle certaines des mêmes questions qu'au début du précédent.

Immigrants à Ellis Island (New York)
Immigrants à Ellis Island (New York)

Sommaire

[modifier] Histoire

Dans les années 1980, les États-Unis ont accueilli 7,3 millions d'immigrants et neuf millions dans les années 1990[1]. Aujourd'hui, moins de 10 % des immigrants sont d'origine européenne[2].

[modifier] Facteurs d'immigration

Dans Immigration to the United States : Journey to an Uncertain Destination (L'immigration aux États-Unis : Voyage pour une destination incertaine), rapport publié en 1994 par le Bureau des références en matière de population, Philip Martin et Elizabeth Midgley identifient trois facteurs qui ont orienté le débat sur l'immigration au cours des années 1990. Il y a tout d'abord l'augmentation du nombre des immigrants par rapport aux niveaux très bas des années 1940. En second lieu, les immigrants d'aujourd'hui diffèrent considérablement des Américains de naissance par l'ethnicité, l'éducation et les connaissances. En troisième lieu, il n'existe pas de consensus politique sur la question de savoir si les immigrants constituent un atout ou, au contraire, un boulet pour la société américaine. Si l'Enquête sociale générale de 1994 met en évidence une tolérance globale à l'égard de l'immigration, elle révèle également que 60% des Américains pensent qu'il serait bon de la freiner par rapport à son rythme actuel. Un peu plus des deux tiers estiment qu'une immigration accrue rendrait « plus difficile le maintien de l'unité du pays ». Les Américains considèrent que l'immigration n'est probablement pas un facteur de croissance économique, et plus de 80% estiment qu'une augmentation de l'immigration se traduirait par une augmentation des taux de chômage (sans craindre, toutefois, que cela ne vienne menacer la sécurité de leur propre emploi).

[modifier] Tendances démographiques

De 1905 à 1914, les immigrants sont arrivés aux États-Unis principalement par bateau, à une moyenne d'un million par an. Au cours de la présente décennie, depuis 1992, la moyenne annuelle est la même, mais les immigrants arrivent maintenant par voie terrestre, maritime et aérienne.

Si les chiffres sont aussi élevés au début qu'à la fin du siècle, leur impact sur la composition de la population est très différent car le pays est aujourd'hui beaucoup plus peuplé. Les Américains nés à l'étranger représentaient près de 15% de la population totale au début des années 1900 contre environ 8% aujourd'hui, d'après Martin et Midgley, et d'après un article de Carol De Vita publié en 1996 dans Population Bulletin, intitulé The United States at Mid-Decade (Les États-Unis au milieu de la décennie).

La différence la plus évidente entre les immigrants d'hier et ceux d'aujourd'hui est leur lieu d'origine. Dans les années 1900, la plupart venaient d'Italie, d'Autriche-Hongrie, de Russie, du Canada et d'Angleterre. Ils étaient si nombreux à venir d'Europe par bateau, que les autorités n'ont commencé à compter ceux qui entraient aux États-Unis en provenance du Mexique et du Canada qu'en 1908. Le Mexique est devenu une source importante d'immigration aux États-Unis dans les années 1920. C'est lui qui fournit aujourd'hui le plus grand nombre d'immigrants aux États-Unis, suivi par les Philippines, la Chine et l'Inde.

Depuis 2006, les Etats-Unis ont renforcé leur frontière avec le Mexique. 1132 kms de tronçons de mur, de surveillance électronique et de barrières anti-véhicules ferment la "linea", qui s'étend sur 3140 km. A Tijuana, la clôture se dresse même dans l'océan.
Selon le gouvernement américain, le renforcement des contrôles est dissuasif. Le nombre d'interpellés aurait baissé de 24 % entre octobre 2006 et juin 2007 par rapport à la même période un an auparavant.

En 1910, la ville de New York constituait la destination de choix des émigrés européens, débarquant à Ellis Island, et 40% de la population de la ville était alors de naissance étrangère. Maintenant que l'Amérique centrale et l'Asie sont devenues les principales sources d'immigration, Los Angeles est en concurrence avec New York pour la première place. De 1991 à 1996, ces deux villes ont accueilli chacune plus de 600.000 immigrants, soit, à elles deux, un immigrant sur cinq. Pour cette même période, Chicago et Miami se classent aux troisième et quatrième rangs avec chacune en moyenne 200.000 nouveaux arrivants. Boston et San Francisco, destinations importantes au début du siècle, sont encore parmi les 12 principaux points d'entrée des immigrants.

Lorsque les immigrants arrivaient principalement d'Europe, ils s'établissaient dans le nord- est et le centre des États-Unis. Aujourd'hui nombreux à venir d'Amérique centrale et d'Asie, ils se déplacent vers l'ouest et le sud-ouest. Ils suivent en cela les modèles de migration de la population autochtone et introduisent des accents régionaux distincts dans le débat de l'assimilation et du pluralisme.

[modifier] Statut socio-économique

Les trois indicateurs de base du statut socio-économique aux États-Unis sont l'éducation, l'emploi et le revenu. Dans une société parfaitement assimilée, il ne devrait y avoir que des différences mineures dans ces trois mesures parmi les populations provenant de divers pays. On pourrait également s'attendre à ce que ces distinctions s'atténuent progressivement en fonction de l'ancienneté d'implantation des différents groupes dans le pays. Les données du recensement de 1990 confirment partiellement ces hypothèses. Les immigrés des périodes antérieures ont des revenus familiaux plus élevés que les immigrés plus récents et sont plus souvent employés comme cadres ou exercent une profession libérale. Et pourtant, on compte un pourcentage supérieur de diplômés de l'enseignement supérieur parmi les nouveaux arrivants que chez leurs prédécesseurs ou chez les autochtones.

Le revenu familial médian pour 1990 était de 35.700 dollars chez les personnes nées à l'étranger arrivées aux États-Unis avant 1980, chiffre pratiquement identique à celui des Américains de naissance. Parmi les immigrants arrivés après 1980, en revanche, le revenu familial médian pour 1990 n'était que de 24.000 dollars. Les immigrants récents sont deux fois plus susceptibles d'être pauvres (23 %) que les immigrants précédents (11 %) et que les Américains de naissance (10%). Ces statistiques sur le bien-être économique reflètent les différents modèles de l'emploi. Un quart des immigrants adultes arrivés aux États-Unis en 1980 sont des cadres ou des membres de professions libérales, tout comme les Américains autochtones. Par comparaison, seuls 17% des immigrés en âge de travailler arrivés après 1980 ont des postes de direction ou des professions libérales. Il y a autant de travailleurs indépendants chez les immigrés que chez les Américains de naissance (13%). L'anomalie tient au niveau d'éducation : en 1990, environ un de ces arrivants récents sur quatre possédait un diplôme universitaire contre un sur cinq chez leurs prédécesseurs et dans la population autochtone, selon Martin et Midgley et une autre équipe de chercheurs, Barry Chiswick et Teresa Sullivan, dont l'enquête de 1995 sur les nouveaux immigrants a paru dans State of the Union : America in the 1990s (L'État de l'Union : l'Amérique dans les années 1990, Reynolds Farley éditeur).

Selon le journal Financial Times, 55 % de la main-d'œuvre qualifiée migre aux États-Unis[3]. Ce brain drain s'explique par la politique de l'immigration américaine ; il est encouragé par le système de la carte verte (green card en anglais).

[modifier] Apports culturels

Religion, langue, alimentation et fêtes sont les bases de l'identité culturelle. Les mosquées se sont élevées auprès des églises et des synagogues pour s'intégrer au paysage urbain des grandes métropoles. Les panneaux d'affichage annonçant les offices du culte en deux langues ou plus n'ont rien d'inhabituel aujourd'hui dans les communautés américaines, où beaucoup d'églises partagent leurs locaux avec les nouvelles congrégations d'immigrés jusqu'à ce que celles-ci puissent se doter de leur propre édifice cultuel. La multitude de langues introduites par les immigrants a imposé des charges supplémentaires à certains systèmes scolaires mais elle a aussi accru les contacts des étudiants avec les littératures et les arts extra-occidentaux.

Les immigrés ont enrichi les Américains par l'implantation de restaurants et de magasins qui recrutent leur clientèle aussi bien parmi les immigrants que parmi les autochtones. C'est ainsi que la région métropolitaine de Washington abrite des communautés vietnamienne, coréenne et éthiopienne en pleine expansion, dont les spécialités culinaires sont venues agrémenter des menus jadis fades. Le Cinco de Mayo et le nouvel an chinois sont largement célébrés dans tout le pays. La création et la gestion de petites entreprises et l'investissement dans les marchés stagnants de l'immobilier dans les quartiers marginaux sont deux moyens par lesquels les immigrants ont contribué à revitaliser certaines villes des États-Unis. S'agissant de la préférence pour l'assimilation ou le pluralisme, l'opinion des immigrés varie. Dans un monde idéal, ces deux formules pourraient coexister, ce qui permettrait aux nouveaux venus de continuer d'observer les pratiques culturelles qui soutenaient leurs communautés dans leur pays d'origine, tout en participant à la société américaine de manière économiquement productive.

[modifier] Participation politique

Les immigrés votent moins souvent que les autochtones, parce qu'un grand nombre d'entre eux n'ont pas encore accédé à la citoyenneté par le processus de la naturalisation. Les nouveaux arrivés de 18 ans et plus peuvent acquérir la citoyenneté américaine s'ils sont résidents légaux depuis au moins cinq ans, parlent, lisent et écrivent l'anglais, possèdent une certaine connaissance de l'histoire et du gouvernement des États-Unis, et se conduisent de façon satisfaisante. Le choix de devenir un citoyen des États-Unis constitue l'un des signes d'assimilation les plus clairs qu'un immigrant puisse donner. En 1990, 40% des immigrants ont obtenu la citoyenneté américaine. Selon l'étude de Martin et Midgley, les Italiens et les Allemands ont enregistré les taux les plus élevés de naturalisation (près des trois quarts des immigrants de ces deux groupes) et les immigrants d'Amérique centrale le taux le plus bas (moins de 20%).

Un « taux de naturalisation » de 40% est-il élevé ou bas selon des normes historiques ? En 1920, première année où les femmes ont eu le droit de prétendre à la nationalité américaine, 49% de la population adulte née à l'étranger avaient opté pour la citoyenneté américaine, selon le Bureau du recensement des États-Unis. On peut interpréter ce fléchissement des taux de naturalisation comme un indicateur de la progression du pluralisme. Par ailleurs, la similitude des taux de 1920 et de 1990 est remarquable si l'on considère la diversité accrue de l'immigration récente et l'évolution du climat politique.

La plupart des Américains préfèrent l'assimilation au pluralisme, lorsqu'il s'agit des questions politiques. Dans le sondage de 1994 du Centre national de recherche sur les opinions, les deux tiers des Américains interrogés étaient d'accord avec la déclaration suivante : « Les organisations politiques établies sur la base de l'appartenance à une race ou une ethnie favorisent le séparatisme et rendent difficile la coexistence des divers groupes. » Apparemment, les gens joignent les actes aux paroles. Interrogées sur leur propre identité, la grande majorité (89 %) des personnes interviewées disent se considérer comme « américain tout court » plutôt que comme membre d'un groupe racial ou ethnique donné ou comme un « Américain à trait d'union » (italo-américain ou afro-américain, par exemple).

Les tendances passées et présentes de l'immigration ont produit une population américaine majoritairement blanche et non hispanophone (74%). Toutefois, si l'immigration se poursuit à son rythme actuel, les Blancs ne détiendront plus la majorité que de justesse (52%) d'ici à 2050. Les hispanophones seront le principal groupe minoritaire (22%), les Afro-Américains représenteront 14% de la population totale et les Asiatiques seront passés de 3 à 10%.

Pour la première fois de leur histoire, les Américains qui répondront au recensement de l'an 2000 pourront s'identifier comme appartenant à « une ou plusieurs races ». Cette décision a fait l'objet de vifs débats parmi les statisticiens, les politiciens et le grand public. Elle signale une évolution en direction de l'assimilation raciale et permet d'envisager la disparition possible, à terme, de distinctions raciales précédemment sources de conflit. Roberto Suro, auteur de Strangers Among Us : How Latino Immigration Is Transforming America (Étrangers parmi nous : comment l'immigration latine transforme les États-Unis), estime que notre terminologie actuelle en matière de race est inadéquate en ce que les « Latinos » et les Asiatiques sont maintenus hors d'un monde où les gens sont classés comme étant de l'intérieur ou de l'extérieur selon qu'ils sont blancs ou noirs. En fait, la catégorie « Latino-Américain », ou « hispanophone », regroupe aussi bien les immigrés que les Américains de naissance, occultant ainsi la distinction entre nouveaux arrivants et résidents de longue date. Les débats futurs opposant l'assimilation au pluralisme prendront un tour très différent à mesure que les distinctions de race et d'ethnicité s'estomperont.

À la fin des années 1990, de vastes réformes législatives relatives à la sécurité sociale ont été proposées, votées par le Congrès et promulguées par le président Clinton, limitant les droits des immigrants à certains types d'assistance publique. Dans ces conditions, étant donné que les immigrants récents seront vraisemblablement plus pauvres que leurs prédécesseurs, il restera à voir comment les collectivités locales à forte immigration pourront assurer des prestations adéquates à ceux qui en ont besoin.

[modifier] Immigration clandestine

En 1989, la municipalité de San Francisco (Californie) a voté une ordonnance dite « sanctuaire » qui implique la non-coopération avec les autorités de contrôle de l'immigration[4]. En 2007, San Francisco à décidé d'octroyer des papiers d'identité à toute personne pouvant prouver un lieu de résidence, y compris aux immigrés clandestins[4]. Au printemps 2008, la ville a lancé une campagne d'information pour les immigrés clandestins, diffusée sur des brochures et à la radio en plusieurs langues, afin de leur faire savoir qu'ils ne seront pas dénoncés par les services municipaux (hôpitaux, écoles, police) aux services fédéraux de l'immigration[4].

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes

  1. Frédéric Martel, De la culture en Amérique, Paris, Gallimard, 2006, (ISBN 2070779319), p.478
  2. Frédéric Martel, De la culture en Amérique, Paris, Gallimard, 2006, (ISBN 2070779319), p.479
  3. « UNION EUROPÉENNE • 20 millions d'immigrés demandés », cité dans Courrier international du 13-09-2007, [lire en ligne]
  4. abc Jesse McKinley, « San Francisco tend la main à ses immigrés clandestins » dans The New York Times, traduit en français dans Courrier international du 07-04-2008, [lire en ligne]

[modifier] Liens internes