Histoire de la Bavière

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Sommaire

[modifier] Des origines au Xe siècle

Icône de détail Article détaillé : Duché bavarois.

L'histoire de la Bavière commence avec les Romains. Au début du IIIe siècle, ils occupent le plateau formé par les glaciers au Nord des Alpes. Ils y créent des villes comme Ratisbonne sur le limes, Augsbourg, Kempten sous l'autorité du gouverneur de la province de Rhétie. À la faveur des grandes invasions, les Marcomans et les Boïens, deux peuples germaniques fusionnent à la fin du Ve siècle pour former les Baiuvares, c'est-à-dire les Bavarois. Ils imposent la langue germanique aux populations celto-illyriennes romanisées qui étaient installées sur le territoire depuis des siècles. Ils forment une « communauté ethnique » (der Stamm) dirigée par des princes. Pendant cette période, les cultures reculent la forêt s'étend.

Icône de détail Article détaillé : Duché bavarois.

Vers 550, le pays des Bavarois devient une « marche » orientale du royaume mérovingien. Les paysans défrichent les zones gagnées par la forêt. Aux VIIe et VIIIe siècles, la Bavière est christianisée par saint Emmeran à Ratisbonne et de saint Ruprecht à Salzbourg vers 700, deux missionnaires travaillant sous la direction de saint Colomban et de saint Gall. En 739, l'organisation de la Bavière avec la création des diocèses de Salzbourg, de Freising, de Ratisbonne et de Passau était en place. Ils s'appuient sur les monastères de Altaich, Wessobrunn, Kremsmünster et Innichen.

En 788 le duc Tassilon III est renversé par Charlemagne qui abolit la dignité ducale. Lors du partage de Verdun en 843, la Bavière est incluse dans la Francie orientale de Louis le Germanique. À sa mort en 876, son fils Carloman reçoit la Bavière. Le dernier Carolingien duc de Bavière meurt en 911[1].
La conquête franque se traduit par un transfert de propriétés vers les fonctionnaires royaux, les membres du haut clergé et les monastères. Sous les Carolingiens, les paysans commencent à coloniser les vallées alpines et dans les régions slaves peu peuplées de la Carantanie jusqu'au Frioul et en Istrie. Mais le duc Liutfold, battu par les Hongrois en 907, perd la plupart de ces territoires du Sud-Est. Une seconde vague de colonisation bavaroise s'étend au Xe siècle entre l'Enns et la Leitha, donnant naissance à l'Autriche.

[modifier] La Bavière du Saint Empire

Sous les dynasties ottonienne et salienne, la Bavière est l'un des quatre duchés du royaume de Germanie. Plusieurs maisons se succèdent dans sa capitale, Ratisbonne, jusqu'à ce que le duché passe, en 1070, aux mains de la puissante famille des Welf[1]. Maître à la fois de la Saxe et de la Bavière, Henri le Lion, partisan du pape lors de la Lutte du sacerdoce et de l'Empire, se brouille avec son cousin l'empereur Frédéric Barberousse. Ce dernier donne alors le duché au comte palatin Othon de Wittelsbach dont les descendants régneront jusqu'en 1918. En 1214, ils acquièrent le Palatinat rhénan. En 1255, les Wittelsbach construisent dans Munich un premier château résidentiel, l'Alter Hof. Munich devient la capitale de la Bavière et la résidence ducale. En 1329 la dynastie des Wittelsbach se sépare en deux branches, la palatine à Heidelberg et bavaroise à Munich jusqu'à l'extinction de la branche de Munich (1777). La Bavière médiévale est alors limitée au sud par les Alpes et à l'ouest par le Lech, l'Inn au sud-est et le Danube au nord[1]. Au XIVe siècle, Louis IV le Bavarois (1314-1347), est élu empereur du Saint Empire contre le Habsbourg d'Autriche. Il fait reconstruire les murailles, commence à édifier la cathédrale, la Frauenkirche. Munich devient une ville importante d'Allemagne. L'église de Wies est construite.

Au XVIe siècle, la Bavière demeura fidèle à Rome alors que le Nord de l'Allemagne bascule dans le camp luthérien.Le duc Maximilien de Bavière devient le chef du parti catholique. Sous Albert V (1550-1579) et Guillaume V (1579-1597), la Bavière devient un des bastions de la Contre-Réforme. Lorsqu'en 1609, se constitue à Munich une Ligue catholique en réaction à l'union évangélique, une ligue défendant les intérêts des princes protestants. Le duc de Bavière Maximilien Ier (1597-1651) prend tout naturellement la direction de la ligue catholique[1] ce qui lui vaut en 1623 le titre de comte palatin. Par là même, il devient électeur de l'Empereur. À la fin de la guerre de Trente Ans, la Bavière est devenue une puissance dont Habsbourg et Bourbons se disputent l'alliance. Ferdinand-Marie (1651-1679), Maximilien-Emmanuel (1679-1726), Charles-Albert (1726-1745) redoutent les convoitises des autrichiens. Ceci explique pourquoi Maximilien-Emmanuel prend le parti de la France lors de la Guerre de succession d'Espagne. La plus célèbre bataille de ce conflit, la bataille de Höchstäd-Blendheim se déroule le 13 août 1704 remportée sur les Français et leurs alliés bavarois par John Churchill, premier duc de Marlborough, et le prince Eugène de Savoie.
Les ducs de Bavière embellissent leur capitale qui devient un des centres de l'art baroque : de leurs règnes datent les aménagements de la Résidence, l'église des Théatins et l'Asamkirche, le château de Nymphenburg et le Neues Schloss de Schleissheim.

Après la mort de l'empereur Habsbourg Charles VI en 1740 sans héritier mâle, l'appui de la France permet à Charles-Albert de se faire élire empereur du Saint Empire en 1742 contre François de Lorraine, l'époux de Marie-Thérèse, l'héritière du trône d'Autriche. Mais il meurt en 1745 et son fils Maximilien-Joseph renonce à se porter candidat. Ce dernier meurt sans héritier en 1777. La Bavière revient alors à l'Électeur palatin Charles-Théodore, qui vient s'installer à Munich. À la fin du XVIIIe siècle, les possessions des Wittelsbach forment trois groupes : la Bavière, le Palatinat rhénan les duchés de Berg et de Juliers de chaque côté du Rhin inférieur.

[modifier] Le royaume de Bavière

[modifier] La Bavière pendant la période révolutionnaire

Pendant les guerres de la Révolution française, le pays devient théâtre d'opérations militaires en 1796 et en 1800. Il est occupé en 1800 par l'armée du général Moreau. Les traités de Campoformio et de Lunéville lui enlèvent au profit de la France les territoires situés sur la rive gauche du Rhin. La Bavière profite des bouleversements de la période pour agrandir son territoire. Alliée à la France, la Bavière est envahie par les troupes autrichiennes en septembre 1805. Mais la défaite de l'Autriche lui valent divers territoires en Allemagne, le Tyrol et le Vorarlberg. Le 1er janvier 1806, avant la disparition du Saint Empire romain germanique Maximilien-Joseph prend le titre de roi. Le nouveau royaume est délié de toute vassalité à l'égard du Saint Empire. Le nouveau royaume s'agrandit en 1810 de Salzbourg et de Berchtesgaden, de Ratisbonne et de Bayreuth. Sous l'impulsion du ministre Montgelas, la Bavière devient un État moderne, à l'administration centralisée. Le Land est sécularisé et le régime féodal aboli, l’éducation devient obligatoire. Une réforme centralisatrice complète de l’administration et du système judiciaire fut mise sur pied. Le général de Wrede s'applique à doter le pays d'une solide armée. La Bavière apparaît alors comme un pays d'avenir[1]. Le roi, au départ allié à la France, est contraint en 1813 de faire campagne contre la France pour sauver son trône. Il embellit sa capitale et y ouvrir une Académie des beaux-arts.

[modifier] De 1815 à l'Unité allemande

Le congrès de Vienne qui réorganise l'Europe après la chute de Napoléon Ier modifie quelque peu le territoire du royaume de Bavière. Celui-ci reçoit le Palatinat rhénan, séparé du reste du royaume,mais doit rétrocéder à l'Autriche de Salzbourg, du Tyrol et du Vorarlberg. Le royaume entre dans la Confédération germanique. C'est par sa superficie et sa population (3,5 millions d'habitants) le troisième état du nouvel ensemble germanique. Il prend la tête des États moyens qui cherchent à se ménager une place entre les deux puissances dominantes, la Prusse et l'Autriche d'une part, la poussière des petits États d'autre part[1]. .

La Constitution de 1818 fait de la Bavière un État libéral. Louis Ier (1825-1848), fait construire la Glyptothèque, la Nouvelle Résidence, la basilique, l'université, la Feldhernhalle, d'autres monuments encore. Les architectes Klenze et Gaertner multiplient les édifices de style néo-grec. Louis Ier fait adhérer la Bavière à la Zollverein qui profite beaucoup à ce royaume encore très agricole. Le premier chemin de fer allemand, joignant Furth à Nuremberg est inauguré en 1835. Mais la passion du roi pour la danseuse Lola Montez déclenche une révolte populaire qui le chasse en 1848 lors du « Printemps des peuples ». En 1849-1850, la Bavière rejette le plan prussien d'une Allemagne unifiée dont serait exclue l'Autriche. Mais la Bavière se satisfait de la rivalité austro-prussienne, car l'équilibre qui en résulte semble lui garantir l'indépendance. Elle refuse donc en 1863 d'appliquer sans la Prusse un plan autrichien de réforme de la confédération. Cependant en 1866, c'est aux côtés de l'Autriche que la Bavière se range lors de la guerre qui l'oppose à la Prusse. Battues à Kissingen le 4 juillet, ses troupes résistent encore le 26 juillet, deux jours avant la signature d'un armistice. Bismarck ménage la Bavière, ne lui impose que des cessions de territoires minimes, et conclut avec elle un traité d'alliance défensive secret le 22 août 1866 qui doit expirer en août 1870. [1] Le nouveau ministre, Chlodwig von Hohenlohe estime inévitable le rattachement de la Bavière au reste de l'Allemagne. Il cherche à obtenir pour le royaume la plus large autonomie possible. L'opinion publique bavaroise, est elle, de plus en plus hostile à la Prusse. Le ministre désavoué par de nouvelles élections démissionne le 15 février 1870. Tout indique que le traité d'alliance avec la Prusse ne sera pas renouvelé. Bismarck hâte donc la guerre dont il a besoin pour parachever l'unité allemande. Il s'arrange pour que la France déclare la guerre à la Prusse. Le traité est alors appliqué et le Landtag de Bavière vote les crédits pour la mobilisation le 18 juillet 1870. Par le traité du 23 novembre 1870, la Bavière obtient un certain nombre de droits réservés (Sonderrechte) : administrations particulières pour les chemins de fer, les postes, la monnaie; armée autonome en temps de paix, droit de représentation diplomatique active et passive, vice-présidence du Bundesrat. Tous ces droits sont ensuite reconnus par la Constitution du Reich du 16 avril 1871. Louis II offre avec difficultés au roi de Prusse la couronne impériale dans une lettre du 30 novembre 1870 dont le modèle lui a été envoyé Bismarck. Il refuse toutefois d'assister en personne à la cérémonie du 18 janvier 1871 à Versailles et y délègue son frère Othon[1]. Louis II (1864-1866) est en fait plus passionné par les arts. Protecteur de Richard Wagner, fait construire les châteaux de Herrenchiemsee, de Linderhof et Neuschwanstein.

La Bavière est devenue le second État du Reich le plus important après la Prusse. Pendant la régence du prince Luitpold (1886-1912), elle connait une période brillante. Le pays s'industrialise: métallurgie de transformation à Nuremberg et à Augsbourg, industrie chimique à Ludwigshafen (où la Badische Anilin und Soda Fabrik a été fondée dès 1865), fabrications variées à Munich, Wurtzbourg, Bamberg, utilisation d'hydroélectricité fournie par les torrents des Alpes. La Bavière s'urbanise. Entre 1880 et 1910, Nuremberg passe de 100 000 à 300 000 habitants, Munich de 250 000 à 607 000. La capitale connaît un rayonnement intellectuel et artistique qu'atteste le nombre des écrivains, des peintres et des musiciens venant s'y fixer[1].

[modifier] Un Land de la République

À la fin de la Première Guerre mondiale, la fin du régime impérial, le 9 novembre 1918, entraîne la chute des autres dynasties allemandes: les Wittelsbach quittent le pouvoir. Les mois qui suivent sont troublés : gouvernement du socialiste indépendant Kurt Eisner, assassiné le 21 février 1919, auquel succède le social-démocrate Hoffmann. La « République des conseils », proclamée en avril par des communistes bavarois. s'en suit la reconquête de Munich par les troupes bavaroises, wurtembergeoises et prussiennes, auxquelles a dû faire appel Hoffmann, réfugié à Bamberg.

La Bavière conserve le Palatinat occupé de 1918 à 1930 par les Français et acquiert Cobourg en 1920. Elle doit cependant renoncer à la plupart des Sonderrechte. Le particularisme bavarois ne représente plus une force politique. Les origines du national-socialisme sont étroitement liées à l'histoire du Munich d'après guerre, depuis la fondation du Parti ouvrier allemand par Anton Drexler le 5 janvier 1919 jusqu'à l'échec du putsch des 8 et 9 novembre 1923, par Adolf Hitler et le général Ludendorff. Le nazisme est, à l'origine, un phénomène essentiellement bavarois. À l'avènement du IIIe Reich, la Bavière perd ce qui lui restait d'autonomie. Le général von Epp est nommé Reichskommissar le 9 mars 1933, Reichsstatthalter le 10 avril, avec pouvoir de nommer un nouveau gouvernement indépendant du Landtag : celui-ci, réuni de plus en plus rarement, est supprimé le 30 janvier 1934, avec ceux de tous les Länder qui perdent leurs droits souverains au profit du gouvernement du Reich[1].

En 1945, la Bavière est conquise par les troupes américaines : Nuremberg tombe le 20 avril, Munich le 29, cependant que la division Leclerc entre à Berchtesgaden le 4 mai. Lors de la délimitation des zones d'occupation, la Bavière est comprise dans la zone américaine, à l'exception du Palatinat et du port de Lindau, sur le lac de Constance, rattachés à la zone française. Les Américains reconstituent un gouvernement bavarois et font élire, le 30 juin 1946, une Assemblée constituante. Le texte voté par elle le 18 octobre, et approuvé par référendum, devient la Constitution du 2 décembre 1946. Elle partage le pouvoir entre un Landtag, un Sénat consultatif (trait original parmi les autres constitutions allemandes) et un gouvernement « d'État ». La nouvelle Bavière participe, en 1948-1949, aux travaux du Conseil parlementaire de Bonn, où elle s'efforce de faire prévaloir les thèses fédéralistes. Le Landtag bavarois repousse le 20 mai 1949 le projet de Constitution fédérale, mais s'y rallie néanmoins après son acceptation par la majorité des autres Länder. La Bavière est aujourd'hui l'un des seize Länder de l'Allemagne réunifiée. Mais le Palatinat, réuni au sud de la Rhénanie, forme, avec Mayence pour capitale, le Land de Rheinland-Pfalz[1].

La Bavière a connu des changements sans précédent devenant une région de haute technologie de niveau international. La Bavière est aujourd’hui l’une des régions d’Europe dont l’économie est la plus forte. Avec un produit national brut de 409,5 milliards d’euros pour l’année 2006, elle dépasse à elle seule 21 des 27 États-membres de l’UE. Le rendement économique par tête de 32 815 euros se situe clairement au-dessus des moyennes allemande et européenne. En 2006, la Bavière a été le seul Land allemand à avoir présenté un budget équilibré. Le taux de chômage de 4,5 % est le deuxième plus bas en Allemagne. La Bavière est l’un des sites scientifiques les plus actifs au monde au niveau de la recherche. Avec 3 % de son PNB consacré à la recherche et au développement, la Bavière se situe à un très haut niveau national et international. 28,3 % des brevets inscrits en Allemagne proviennent de la Bavière. Le milieu bavarois de la recherche est très diversifié: avec ses 11 universités, 17 écoles supérieures spécialisées, 3 instituts de recherche, 12 instituts Max-Planck et 9 centres de la Fraunhofer-Gesellschaft, la Bavière appartient aux sites de recherche les plus importants de la planète

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

  1. abcdefghijk Michel Eude, « Bavière », Encyclopædia Universalis, DVD, 2007

[modifier] Bibliographie

  • M. Döberl, Entwicklungsgeschichte Bayerns, 3 vol., Munich, 1908-1931
  • D. R. Dorondo, Bavaria and German Federalism, Saint Martin's Press, New York, 1992
  • M. Dunan, Le Système continental et les débuts du royaume de Bavière, Paris, 1942.

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes