Histoire de Monaco pendant la Seconde Guerre mondiale

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Sommaire

[modifier] Collaboration

L'arrivée des troupes italiennes en juin 1940 inquiète le prince Louis II de Monaco à titre personnel. Il craint une annexion et une destitution. Il se rapproche du gouvernement de Vichy. C'est à Pierre Laval et au maréchal Pétain - dont il a embauché l'ancien aide de camp - qu'il demande, avec succès, assistance. Le prince Louis II fait passer les mêmes lois que le gouvernement de l'état français sur les juifs

Vis à vis de l'Allemagne, la principauté de Monaco exercera envers le Troisième Reich ce qui sera nommé plus tard une étrange neutralité. Des liens financiers avec les nazis existaient depuis 1936, quand le ministre des finances allemand Hjalmar Schacht avait rendu visite au prince pour mettre en place un meccano financier à partir de banques allemandes. L'interêt à avoir des liens financiers était mutuel. La prospérité et l'indépendance de la Principauté en profitaient. Le Reich diversifiait ses interfaces de financement. Par la Suisse et par Monaco, l’Allemagne nazie a réussi à contourner les embargos imposés par les Alliés. Le 25 juin 1943, Louis II offre un banquet au consul d'Allemagne ; il nomme le docteur Bernhard Bodenstein, un membre du parti nazi, consul de Monaco à Berlin. Les nazis arrivent à Monaco en septembre 1943. Des Allemands prennent des participations dans la Société des bains de mer.

[modifier] Propagande

Radio Monte-Carlo (RMC) est lancée le 1er juillet 1943. Maurice Chevalier inaugure une radio au service de l'Europe nouvelle sous le contrôle du ministère des affaires étrangères allemand. L'Allemagne nazie tire profit de cet allié en établissant sur le territoire monégasque sa deuxième station de radio de propagande après Radio Paris.

À cette époque, le capitaine Jean Ardant, le père de l’actrice Fanny Ardant, précepteur de Rainier III, quitte le palais princier "écœuré des tripotages d'argent et des intrigues politiques", écrit le consul de France de l'époque.

[modifier] Argent sale

Depuis le début de la guerre, des dizaines de sociétés allemandes se sont installées; les financements nazis affluent dans la principauté. Après une periode de disette financière, depuis la fin de son monopole des jeux sur la Côte d'Azur en 1933, la principauté de Monaco retrouve une période faste du point de vue financier.

En mars 1942, le docteur Schaefer, président du service de contrôle du Reich à la Banque de France, reçoit un accueil princier à Monaco dans la perspective d’installer sur le Rocher une banque allemande filiale et non succursale de la Reichsbank ou de la Deutsche Bank. Dès lors, Monaco est devenue une capitale de tous les trafics, des marchés noirs et des fraudes pas uniquement fiscales.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands commerçant avec Vichy effectuent un grand nombre de placements à Monaco, à tel point qu'en 1945, lorsque l'on séquestre l'argent allemand, on découvre sur la principauté une somme qui correspondrait aujourd'hui à 500 millions de francs suisses (environ 300 millions d'euros), somme équivalente à celle saisie sur l'ensemble du territoire français.

[modifier] Libération

À la Libération, l'épuration sera rude, comme le raconte Raymond Aubrac, commissaire de la République local. Louis II redoute d'être renversé par son petit-fils Rainier III et de perdre son trône. En 1944, les forces de la résistance qui suivent les Anglo-Américains (qui ont libéré la principauté occupée par les Allemands le 6 septembre 1944) suggèrent à Raymond Aubrac, alors commissaire de la République pour le sud-est, d’annexer la principauté à la France. Charles de Gaulle refuse, mais déclare à Raymond Aubrac que celui-ci aurait dû ne pas l'informer de ce projet, auquel cas Monaco aurait été annexée. Le jeune prince Rainier, par son engagement volontaire dans l'armée française, avec laquelle il participera à la libération de l'Alsace, redore à point nommé le blason de la famille Grimaldi. Il s'en est fallu de peu que celle-ci ne soit accusée de collaboration avec les nazis, comme le furent moult dirigeants français.

[modifier] Sources

  • Monaco, une étrange neutralité, documentaire de Pierre Abramovici, diffusé sur Arte le 26 mai 1999
  • Un rocher bien occupé : Monaco pendant la guerre de 1939-1945, Pierre Abramovici, Le Seuil, 2001