Harpale

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Harpale (en grec ancien Ἅρπαλος / Hárpalos) est un ami d'enfance et le trésorier d'Alexandre le Grand. Sa fuite avec une partie du trésor l'entraîne à Athènes, où il est le déclencheur d'un scandale qui met en cause l'orateur Démosthène. Il est assassiné en Crète en 323 av. J.-C.

[modifier] Biographie

Harpale fait partie de l'entourage d'Alexandre depuis son enfance. En 337 av. J.-C., Harpale intervient dans le mariage que Pixodaros, satrape de Carie, veut nouer entre sa fille et Arrhidée, autre fils de Philippe. Comme les autres amis d'Alexandre, Néarque ou encore Ptolémée, il suggère au futur conquérant de contrecarrer cette union et de prendre lui-même la jeune fille pour épouse. Une fois le complot découvert, Philippe exile Harpale et les autres compagnons d'Alexandre[1].

Il séjourne plusieurs fois en Grèce, notamment à Athènes. Lors de l'expédition asiatique d'Alexandre, il est nommé gouverneur de la Babylonie. Pendant son séjour, il s'emploie à acclimater des plantes grecques au climat de la région[2]. C'est alors qu'Alexandre lui demande de lui faire parvenir des livres de Philistos (historien syracusain), des tragédies d'Euripide, Sophocle et Eschyle ainsi que des dithyrambes de Telestès de Sélinonte et de Philoxénos de Cythère[3].

Devenu trésorier d'Alexandre, c'est-à-dire gardien de ses réserves d'or, Harpale quitte Babylone avec une partie de l'argent et se réfugie à Athènes. Là, il s'attache les faveurs d'une hétaïre, Pythonikè, qu'il finit par épouser, qui lui donne un enfant et à qui il élèvera un tombeau quand elle mourra[4]. Pardonné, il retrouve tous ses honneurs. À l'automne 325 av. J.-C., cependant, quand Alexandre revient en Perside après son expédition en Inde, Harpale s'enfuit de nouveau : il craint d'être puni pour son train de vie dispendieux. Il emporte avec lui 5 000 talents et s'installe d'abord à Tarse, en Cilicie. Puis, comptant sur ses largesses envers Athènes, il part pour l'Attique. Alexandre menace alors Athènes d'une expédition si elle accueille son trésorier en fuite.

Au printemps 324 av. J.-C., Harpale se présente au Pirée, fort de 20 navires et d'un millier de mercenaires. L'orateur Démosthène lui fait aussitôt interdire l'accès de la cité. Harpale se représente de nouveau avec une seule trière et peut entrer. Cependant, sur les exhortations de Démosthène, il est arrêté sur-le-champ et sa fortune est placée sous séquestre, dans l'attente d'un envoyé d'Alexandre. Tiraillés entre le désir d'accueillir un ennemi d'Alexandre et la peur des représailles, les Athéniens décident de fermer les yeux sur l'évasion d'Harpale, qui s'enfuit en Crète. Après le départ de ce dernier, cependant, on ne trouve plus que la moitié de la somme mise sous séquestre. Démosthène et d'autres orateurs sont accusés de corruption : c'est l'affaire d'Harpale.

Peu de temps après son arrivée en Crète, Harpale est assassiné par Thimbron, l'un de ses compagnons[5]. La petite fille qu'il a eue de Pythonikè est recueillie par l'orateur athénien Phocion tandis que l'intendant d'Harpale s'enfuit à son tour avec l'argent à Rhodes.

[modifier] Notes

  1. Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne] (Vie d'Alexandre, X).
  2. Ibid., XXXV, 15.
  3. Ibid., VIII, 3.
  4. Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 37, 5) et Plutarque, Vie de Phocion, XXII, 1-2. Pour Pausanias, ce tombeau, situé sur la route Athènes-Éleusis, est l'un des plus beaux et des plus grands d'Athènes. Pour Plutarque, il est réalisé avec mesquinerie et « ne vaut vraiment pas les trente talents qu'Harpale avait, dit-on, comptés à Chariclès pour le réaliser. »
  5. Pausanias, II, 33, 4.