Google Recherche de livres

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Google Books, anciennement appelé Google Print, est le service de recherches de livres conçu par Google. Google numérise des livres provenant de nombreuses universités américaines et de tout horizon pour ensuite les diffuser sur ses serveurs. Droits d'auteurs obligent, certains ne sont que partiellement publiés.

Sommaire

[modifier] Controverse

Google Books[1] (en français, Google Livres), anciennement Google Print, est souvent perçu, en Europe, comme une monopolisation et une privatisation du savoir. En effet, en accumulant la plupart des livres du monde en un même point, les utilisateurs pourraient n'avoir pas d'autre choix que de passer par Google, qui contrôlerait ainsi la littérature. Si le système venait à se généraliser, la censure de tel ou tel livre pourrait n'être définie que par une seule entreprise : Google. C'est avant tout chez certains éditeurs de livres que le projet soulève le plus de contestations, pour des raisons touchant à leurs droits. Des éditeurs français et belges critiquent ainsi l'idée de l'opt-out avancée par Google, selon lequel ce serait aux éditeurs de demander le retrait de tel ouvrage de Google Book, plutôt qu'à l'entreprise de numérisation de demander l'accord préalable des éditeurs.

Une autre critique, en partie contradictoire avec la précédente, s'inquiète du biais culturel que constituerait l'entreprise, à cause de sa limitation aux États-Unis. En avril 2005, Jean-Noël Jeanneney, président de la Bibliothèque nationale de France, dans son livre Quand Google défie l'Europe attaque ce projet de numérisation et demande la mobilisation des Européens à ce sujet. Cet appel est entendu par la France et l'Europe qui décident de riposter avec le projet de bibliothèque numérique européenne ainsi qu'avec, dans un autre domaine, le moteur de recherche Quaero. Néanmoins, certains (petits) éditeurs se montrent plus favorables au projet Google Livres - sans pour autant se faire d'illusion sur ses objectifs - et reprochent à Jean-Noël Jeanneney de :

  • brandir le spectre d’une « américanisation » et d’une « confusion » des savoirs, alors que Google n’a aucunement restreint son projet de numérisation aux bibliothèques du monde anglophone et que les bibliothèques associées définissent elles-mêmes les livres de leurs fonds qu’elles souhaitent numériser (et qu'il est paradoxal de reprocher à une bibliothèque de proposer à la consultation un maximum de documents, d’autant plus que le projet Google n’interdit aucunement la mise en place d’outils de discrimination entre différentes sources ou de classement des résultats selon d’autres critères que le nombre de citations dont un livre fait l’objet);
  • suggérer que les textes qui ne relèvent pas du domaine public seront intégralement et gratuitement disponibles, alors que la quantité de texte accessible à l’internaute pour un livre donné est limitée (d'après Google, conformément au droit de citation) et revient à permettre aux internautes de feuilleter un livre comme ils le feraient en librairie ;
  • confondre le projet de numérisation du fonds des bibliothèques (programme "Bibliothèque"), dont une bonne part est difficilement accessible et indisponible dans le commerce, et la possibilité offerte aux éditeurs (programme "Partenaire") de mettre en ligne leurs catalogues et leurs nouveautés selon des modalités définies par eux-mêmes ;
  • accuser Google de préparer la mort de la petite librairie indépendante, alors que les éditeurs ont le loisir de proposer des liens vers des librairies en ligne de leur choix (notamment les plateformes d'éditeurs indépendants comme "lekti-ecriture.com"), que Google renvoie lui-même depuis quelque temps vers des librairies indépendantes de premier niveau et non plus exclusivement vers des grandes enseignes de vente en ligne, et qu’un moteur de recherche permet en outre aux visiteurs de Google Livres de trouver les coordonnées des librairies les plus proches de leur lieu de résidence ;
  • affirmer que le projet de bibliothèque numérique de Google revient pour les bibliothèques traditionnelles à céder sans contrepartie leur patrimoine, alors que Google met à disposition des bibliothèques les fichiers des livres numérisés ;
  • ignorer tous les avantages (notamment en termes de visibilité) qu'offrent Google Livres et les projets équivalents aux (petits) éditeurs et aux libraires indépendants, à une époque où l'édition de philosophie, de sciences sociales et d'histoire voit son économie de plus en plus fragilisée.

Sur l'édition indépendante, le livre numérique et Google, on pourra lire : de Jérôme Vidal, Lire et penser ensemble - Sur l'avenir de l'édition indépendante et la publicité de la pensée critique (Paris, Editions Amsterdam, 2006, texte publié sous licence Creative Commons et dont sont extraits les points cités ci-dessus); de Lucien Polastron, La Grande Numérisation: Y a-t-il une pensée après le papier? (Paris, Denoël, 2006); de Michel Valensi (éditions de L'Eclat), "Faut-il une grande cuillère pour signer avec Google?"; d'Alexandre Laumonier (éditions Kargo), "Les petits éditeurs votent Google" (Libération du 6 juin 2006) et "La non-affaire Google Livres"; et de Joël Faucilhon (lekti-ecriture.com et Contre-feux), "Lorsque la Bibliothèque numérique européenne pense aux livres sans les libraires".

L'émission de France-Culture "Du Grain à moudre" (28 décembre 2006) a mis en présence pour un débat sur le projet Google Jean-Noël Jeanneney, Michel Valensi, Jérôme Vidal, Alban Cerisier.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

[modifier] Lien externe