Quaero

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Quaero (ou Quæro en tenant compte de la ligature « æ ») — « je cherche » en latin — est un programme de recherche et développement français[1] avec une participation allemande. Ce programme, qui est soutenu par l'Agence de l'Innovation Industrielle, est destiné à développer des « outils intégrés de gestion des contenus multimédias », dont des extensions multimédias pour des moteurs de recherche de nouvelle génération qui permettront de rechercher par le contenu non seulement du texte, mais aussi des images, du son et de la vidéo.

Son lancement a bénéficié de la volonté politique de relancer de grands programmes d'innovation industrielle et de réagir face à la montée en puissance des moteurs de recherche américains comme Google ou Yahoo!. Il a été extrapolé que son but était de créer un nouveau moteur de toute pièces, mais c'est en fait un programme de recherche qui permettra d'étendre les technologies existantes, et notamment celles d'Exalead et de France Telecom qui participent directement au programme. Il s'agit plus généralement de développer de manière importante la recherche française en matière de recherche d'information multimédia, en coordonnant les efforts, en organisant le transfert technologique et en mutualisant des infrastructures de recherche.

Le nom Quaero n'a pas pour but de devenir une marque commerciale pour des produits : il ne s'agit que du nom du programme, et les outils développés ne porteront pas nécessairement ce nom.

Sommaire

[modifier] Organismes collaborant au programme

Le programme regroupe de grandes entreprises comme Thomson, avec ses filiales allemandes Thomson-Brandt GmbH et Grass Valley Germany GmbH, et France Telecom, des sociétés de taille moyenne comme Jouve et Bertin Technologies, ainsi que des PME comme Exalead, Vecsys, Synapse Développement et LTU Technologies.

Ces entreprises privées travaillent en partenariat avec des acteurs de la recherche publique tel le LIMSI-CNRS, qui coordonne les laboratoires publics, l'INRIA, l’Université technique de Rhénanie-Westphalie à Aix-la-Chapelle, l'Université de Karlsruhe, l’IRCAM, l’université Joseph Fourier de Grenoble (CLIPS-IMAG), l’IRIT, l’ENST, le LIPN ou encore le groupe MIG de l'INRA.

La DGA et le Laboratoire national de métrologie et d’essais (LNE) participent quant à eux à l’évaluation des développements technologiques.

Le contenu sera notamment fourni l'INA, la BnF et l'INIST.

Deutsche Telekom faisait initialement partie des partenaires du côté allemand, mais a annoncé en janvier 2006 son retrait partiel du projet, ne souhaitant plus assurer qu'un rôle d'« observateur »[2]. D'autres organismes allemands ont souhaité participer au programme en le réorientant vers la thématique du Web sémantique, et ont constitué un nouveau consortium nommé Theseus.

Il est prévu que d'autres organismes européens rejoignent le consortium pendant la durée du programme.

En mars 2008, la Commission européenne valide l'aide publique, fixée à 99 millions d'euros, destinée au programme Quaero[3].

[modifier] Genèse

Le programme a été conçu pour répondre aux besoins croissant de technologies de traitement des contenus multilingues et multimédia, en s'appuyant sur les progrès rapides dans ce domaine. Il a été initié dans le cadre des travaux du groupe de travail franco-allemand « coopération économique », installé par les ministres de l’économie allemand et français le 26 octobre 2004, et plus particulièrement du sous-groupe « recherche et innovation ». Il a été annoncé[4] par le Président de la République française Jacques Chirac à l'occasion du Ve Conseil des ministres franco-allemand qui s'est tenu à l'Élysée le 26 avril 2005.

La proposition détaillée a été soumise début 2006 à l'AII, qui l'a retenue pour financement après analyse de sa pertinence scientifique et industrielle par des experts indépendants. Le 25 avril 2006, Chirac a renouvelé son soutien au projet en le présentant[5] comme un des cinq premiers PMII (programmes mobilisateurs pour l'innovation industrielle) officiellement soutenus par l'AII, qui inventeront « les produits de demain ».

Toujours en 2006, l'Allemagne a souhaité redonner la priorité à la thématique du Web sémantique, et fin décembre 2006 le gouvernement allemand et l'AII ont annoncé qu'il y aurait en fait deux projets, Quaero soutenu par l'AII et Theseus soutenu par le BMWi[6].

En 2007, le dossier a été notifié à la Commission européenne pour analyse sous l'angle économique par sa Direction générale de la concurrence. Celle-ci a donné son accord au financement du programme le 11 mars 2008[7].

[modifier] Critiques

Le journal satirique français Le Canard enchaîné a mis le doigt sur le fait que le budget du projet est ridicule par rapport à celui de Microsoft ou de Google.

Les critiques ont été particulièrement virulentes outre-manche[8]. Dans le Financial Times britannique, des experts de la recherche ont qualifié le plan de « a blatant case of misguided and unnecessary nationalism » (« un cas flagrant de nationalisme malencontreux et inutile »). Les principales problématiques étant que :

  • par inertie (c'est-à-dire de par leur vitesse de développement initiale), les moteurs de recherche déjà existants sur le marché auront une génération d'avance par rapport à Quaero dans les capacités media et device ;
  • le président Chirac serait plus intéressé par la défense de la fierté française, francophone et européenne, plutôt que l'avancement global de l'Internet.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références

  1. La France fera Quaero dans son coin, 20 minutes.
  2. (de) Deutsche Telekom macht bei Quaero nicht mehr mit, 27 janvier 2006, d'après une nouvelle de Süddeutsche Zeitung.
  3. 99 millions d'euros de subvention pour Quaero, journaldunet.com, 12 mars 2008.
  4. Discours du Président de la République, lors du 50e anniversaire de la Chambre franco-allemande de commerce et d'industrie, Palais de l'Élysée, Paris, le mardi 26 avril 2005.
  5. Discours de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, à l'occasion de la présentation des actions de l'Agence de l'innovation industrielle (AII), Palais de l'Élysée, Paris, le mardi 25 avril 2006.
  6. (en) Germany quits search engine project, article de l'International Herald Tribune du 2 janvier 2007.
  7. Aides d’État : La Commission autorise une aide de la France de 99 millions d’euros en faveur du programme de R&D « QUAERO ».
  8. (en) Chirac unveils his grand plan to restore French pride, The Guardian, Angelique Chrisafis, 26 avril 2006

[modifier] Liens externes