Glaréan

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De son vrai nom Heinrich Loriti, Glaréan[1], également parfois latinisé en Glareanus, (né en juin 1488 à Mollis et mort le 27 ou 28 mars 1563 à Fribourg-en-Brisgau) était un humaniste et un polymathe suisse. Son nom provient de son canton d'origine, le canton de Glaris.

Il fut à la fois musicien, théoricien de la musique, poète, philologue, historien, mathématicien et géographe.

Sommaire

[modifier] Biographie

Il était le fils d'un paysan et conseiller à Glaris[2]. Après avoir reçu une formation élémentaire à Berne et à Rottweil, auprès de Michael Rubellus, il part étudier à Vienne et à Cologne. Il est nommé magister à Cologne en 1512 et devient alors poeta laureatus[3] auprès de Maximilien Ier du Saint Empire. À la suite d'une querelle avec Johannes Reuchlin, il part s'installer à Bâle en 1514. De là, il fait de nombreux déplacements à travers toute l'Europe ; il séjourne notamment à Pavie en 1515 et enseigne la philosophie et les arts libéraux à l'Université de Paris de 1517 à 1522[4]. À Bâle, il noua des liens étroits avec Erasme et Oswald Myconius, mais, contrairement à ce dernier, il n'adopta pas la Réforme. C'est même son refus catégorique de celle-ci qui l'oblige à quitter la Suisse pour rejoindre l'université de Fribourg-en-Brisgau en 1529[2]. Il y enseigna la poésie, l'Histoire et la géographie jusqu'à sa retraite en 1560. C'est dans cette ville qu'il s'éteint en 1563.

[modifier] Géographe et mathématicien

Au cours de son séjour à Bâle, il s'intéressa plus particulièrement à des domaines variés de la science. En 1527, il publie ainsi De geographia liber unus qui reste un ouvrage de référence jusqu'au XVIIe siècle. Il y pose les bases de la géographie mathématique et établit le premier la déclinaison magnétique de la boussole[2]. Il est également l'auteur d'un ouvrage de référence dans le domaine des mathématiques, Epitome de sex arithmeticae practicae speciebus, qui sera largement diffusé dans les universités.

[modifier] Théoricien de la musique

Dès 1516, il publie Isogoge in musicen, un livre modeste où il traite des éléments de base de la musique. Son œuvre la plus marquante reste cependant le Dodecachordon (publié en 1547), une œuvre impressionnante qui est le traité musical le plus connu et le plus influent de la Renaissance.

En s'appuyant sur pas moins de 120 compositions des siècles passés, il retrace l'histoire de la musique depuis Boèce au VIe siècle. Il retrace l'utilisation des modes musicaux dans le plain-chant et la monophonie jusqu'à une étude exhaustive des modes de la polyphonie. Son apport majeur à la théorie musicale de l'époque est la définition d'un système musical fondé sur douze tons, au lieu des huit utilisés ou permis jusqu'alors[4], par exemple dans les travaux de son contemporain Pietro Aaron. Les modes additionels définition par Glaréan sont notamment le mode ionien et le mode éolien, qui correspondent respectivement aux actuels modes majeur et mineur.

L'influence de cet ouvrage fut immense. Son système des douze modes a été repris par de nombreux théoriciens ultérieurs, comme Gioseffo Zarlino et Nicola Vicentino. Même si des modifications y ont été apportées depuis, l'explication de Glaréan reste encore d'actualité.

[modifier] Ouvrages principaux

Source : Catalogue Bn-Opale plus

[modifier] Œuvres personnelles

  • Helvetiae descriptio, Bâle, 1515
  • Isagoge in musicen, Bâle, 1516
  • (la) De Ratione Syllabarum brevis isagoge, In aedibus Adae Petri, Bâle, 1516, 44p.
  • (la) de Geographia liber unus, impr. J. Faber, Augsbourg, 1530, 35 ff.
  • (la) De VI arithmeticae practicae speciebus Henrici Glareani epitome, excud. J. Faber Emmeus Juliacensis, Fribourg-en-Brisgau, 1539
  • Dodekachordon, Bâle, 1547
  • (la) Commentarii et annotationes doctissimae in Caii Cornelii Taciti Germaniam..., impr. M. Manger, Augsbourg, 1579, 364 p.

[modifier] Édition d'ouvrages anciens

  • (la) Aelius Donatus (comm. Glaréan), Aelii Donati methodus scholiis, apud C. Froschoverum, Zurich, 1534, 111 ff.
  • (la) Jules César (éd. scient. Glaréan), Julii Caesaris Commentariorum de bello Gallico, Venise, ex bibliotheca Aldina, 1569, 398 ff.
  • Éditions d'ouvrages de Tite-Live und Boèce

[modifier] Le prix Glaréan

Le prix Glaréan a été remis pour le première fois le 10 juillet 2007 par la Société suisse de recherche musicale. Ce prix bisannuel d'un montant de 10 000 CHF vise à récompenser des travaux de recherche musicale marquants. Le premier récipiendaire du prix Glaréan a été Reinhard Stroem, de l'Université d'Oxford.

[modifier] Bibliographie

Source : Catalogue Bn-Opale plus

  • Jean-Claude Margolin, « Glaréan, commentateur du "De bello gallico" » dans Présence de César : hommage au doyen Michel Rambaud, les Belles lettres, Paris, 1985, p. 183-212
  • (de) Hans-Hubertus Mack, Humanistische Geisteshaltung und Bildungsbemühungen : am Beispiel von Heinrich Loriti Glarean (1488-1563), J. Klinkhardt, Bad Heilbrunn, 1992, 344 p. (ISBN 3-7815-0708-4)
  • (en) Cristle Collins Judd, Reading Renaissance music theory : hearing with the eyes, Cambridge University press, Cambridge, 2000, 339 p. (ISBN 0-521-77144-7)

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. L'appellation adoptée par le Dictionnaire historique de la Suisse a été ici retenue.
  2. abc Dictionnaire historique de la Suisse
  3. C'est-à-dire poète officiel auprès d'un monarque, voir l'article en:Poet Laureate ou de:Poeta Laureatus
  4. ab Source : Olga Bluteau
  • (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Glarean ».