Gazprom

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Logo de Gazprom
Repères historiques
Création : 1989
Dates clés : 2004 : Acquisition de Rosneft
2005 : Acquisition de Sibneft
Fondateur(s) : ancien Ministère unifié de l'industrie pétrolière et gazière de l'URSS (en russe : Объединённое министерство нефтегазовой промышленности СССР)
Fiche d’identité
Forme juridique : Société anonyme (en russe : OAO, Открытое акционерное общество - Société par actions ouverte)
Action : RTS: GAZP
Slogan(s) : « Мечты сбываются! (Les rèves deviennent réalité) »
Siège social : Moscou, Russie
Direction : Alexeï Miller, PDG
Actionnaires : Gouvernement russe : 50% + 1 action (dont Rossimouschéstvo : 38,4%), Rosneftégaz : (10,7%), autres actionnaires minoritaires
Activité(s) : Energétique
Produit(s) : Gaz naturel, pétrole
Filiale(s) : Gazprom Neft
Effectif : 432,000 (2006)
Site corporatif : www.gazprom.com
Données financières
Chiffre d’affaires : $83,6 Mds
Résultat net : $24.3 Mds
Consultez la documentation du modèle

Gazprom « Газпром » est une société russe connue principalement pour la production et le transport de gaz naturel. Depuis 1954, elle est le premier exploitant et le premier exportateur de gaz au monde. Depuis 2005, elle est aussi un acteur majeur sur le marché mondial du pétrole.

C'est la plus grosse entreprise de Russie et la 3e capitalisation boursière au monde, derrière Exxon Mobil et PetroChina[1]. En 2005, la société a contribué pour 20% aux recettes budgétaires de l'État russe et contribuait à hauteur de 8% au PIB. Elle emploie plus de 300 000 personnes.

En 2004, elle produit environ 93% du gaz naturel russe, tout en contrôlant 16% des réserves mondiales, soit environ 28 800 km³ [2],[3]. La société possède notamment les gisements de l'Ourengoï et de Chtokman. Ses clients se trouvent en Europe centrale et occidentale, ainsi que dans l'ancienne URSS.

En plus de ses réserves de gaz naturel, et du plus grand réseau de pipelines au monde (150 000 km), elle détient des positions dans les banques, l'assurance, les médias, la construction et l'agriculture.

Sommaire

[modifier] Historique

Cette société est issue du ministère soviétique du gaz.

En septembre 2005, Gazprom a annoncé la construction, pour 2010, d'un gazoduc de 1 200 km sous la mer Baltique. L'un des objectifs est de contourner la Pologne et l'Ukraine et donc éviter les coûts de transit et les risques d'éventuels « prélèvements non sanctionnés » (selon l'expression de Gazprom).

La société est cotée à la bourse de Londres depuis du 1er janvier 2006 et a presque doublé de valeur en deux mois à la suite de la crise avec l'Ukraine (voir infra). Les investisseurs internationaux détiennent environs 20% du capital, l'État russe, 50% plus une action, le reste étant réparti entre des détenteurs russes et étrangers.

Pour maintenir le niveau de ses exportations, Gazprom doit mettre en production les champs de la péninsule de Yamal et pour cela investir des dizaines de milliards USD, alors même que le prix très bas du gaz sur le marché russe (3/4 des débouchés de Gazprom) ne permet pas de payer ces investissements. Les prix internes de Gazprom pour le gaz s'échelonnaient, fin 2005, de 25 à 48 $/1000 m³, tandis qu'ils dépassaient les 200 $/1000 m³ pour ses clients étrangers [4]. Pour plus de details, voir The Future of Russian Gas and Gazprom de Jonathan Stern.

[modifier] Arme stratégique au service de l'État russe

Le siège de Gazprom à Moscou.
Le siège de Gazprom à Moscou.

Malgré une privatisation partielle sous la présidence de Boris Eltsine, la société Gazprom reste toujours sous un contrôle étroit de l'État russe, qui, de 2004 à 2006, a fait passer sa part dans le capital de 38% à plus de 50%. Elle domine le marché gazier russe et mondial.

Cette position de force dans un contexte d'une hausse mondiale de la demande, permettrait au Kremlin d'exercer potentiellement des pressions sur les pays clients (ex-républiques soviétiques, Europe centrale et occidentale) dont certains sont dépendant à 90-100% des fournitures russes.

D'ores et déjà, Gazprom exige de plus en plus fort d'avoir des droits d'accès à la distribution du gaz en Europe, dans le but d'être présent tout au long du circuit gazier - de l'amont jusqu'en aval-, tout en préservant sa position dominante dans le domaine de l'extraction en Russie.

Dans le but affiché de sécuriser l'approvisionnement en gaz de l'Europe occidentale, un grand projet de gazoduc avec l'Allemagne via la mer Baltique a été lancé en grande pompe. Il permet d'éviter le transit par des pays tiers, accusés par Gazprom de surcharger les droits de transit (Pologne) ou de voler du gaz (Ukraine).

Par ailleurs, pour prévenir une éventuelle diversification d'approvisionnement des pays européens, pourtant peu réaliste à grande échelle, inspirée par l'affrontement entre Gazprom et l'Ukraine en janvier 2006, Gazprom prospecte activement du côté chinois, coréen ou japonais pour construire de nouveaux tronçons de gazoducs vers ces pays, et envisage la construction d'un méga-terminal de gaz naturel liquéfié dans le Nord avec l'aide des Canadiens pour alimenter l'Amérique du Nord.

Dans ce contexte d'incertitudes, le monopole de Gazprom (9/10 de la production gazière du pays) est vivement critiqué par de nombreux pays clients qui souhaiteraient s'approvisionner en concurrence.

Des tentatives de réformes ont été suggérées, comme le développement d'opérateurs indépendants concurrents de Gazprom et l'augmentation des tarifs domestiques réglementés du gaz (sans remettre en cause le monopole d'exportation de Gazprom). À ce sujet, le président Vladimir Poutine reste prudent puisque la société est devenue l'un des outils de la politique extérieure russe.

Certain voient en Gazprom un « cheval de Troie » de l'influence russe dans les pays de l'ex-Union soviétique et s'inquiètent d'une dépendance grandissante de l'Europe orientale, mais aussi centrale et occidentale. D'autant plus que la libéralisation du secteur électrique et gazier en Europe de l'ouest offre à Gazprom d'importants bénéfices économiques et financiers sur le marché européen de l'énergie, et que ceux ci sont aussi des gains politiques et diplomatiques pour le Kremlin (source : [5]). Certains y voient un passage de la géopolitique à la « géoéconomie » voire, à l'instar du Sénateur américain Richard Lugar, considèrent que la Russie est en train de devenir une « super-puissance énergétique ».

Le 8 mars 2006, la Commission européenne a publié un Livre vert sur la stratégie européenne de l'énergie dont un volet concerne la coopération extérieure. Le 18 avril, Gazprom riposte en faisant comprendre à ses clients européens qu'ils pourraient se trouver en panne de gaz s'ils ne se montraient pas plus coopératifs, en renonçant à « politiser les questions gazières » et en permettant à Gazprom de prendre le contrôle d'une partie de la distribution dans les pays de l'Union européenne.

[modifier] Dépendance à la fourniture de gaz russe

Gazprom a fourni à l'Europe occidentale 25 % de ses approvisionnements en gaz naturel en 2005. Les États baltes et la Finlande sont dépendants à 100%, l'Autriche à 55%, l'Allemagne à 37%, la France à 21%. Le gaz en direction de l'Union européenne est transporté essentiellement via l'Ukraine et la Biélorussie (10%).

Le 16 mai 2008, Gazprom devient l'un des partenaires principaux du projet de terminal méthanier Rabaska, au Québec, et fournira 100% du gaz naturel liquéfié.

[modifier] La crise avec l'Ukraine

Jusqu'au 31 décembre 2005, l'Ukraine bénéficiait de prix avantageux grâce à ses bonnes relations et son statut d'ancien pays de l'Union soviétique. Gazprom souhaitait aligner le prix du gaz ukrainien, jusque là fortement subventionné (47 USD par 1000 m³, contre 230 USD sur le marché européen). Gazprom argumentait sa décision par le fait que l'Ukraine avait obtenu le statut d'économie du marché, et devait donc être aux mêmes conditions que le reste de l'Europe.

Suite à des négociations longues et infructueuses, alors que l'Ukraine refusait de payer le prix du marché, le 1er janvier 2006, Gazprom décida de couper l'alimentation en gaz, en n'injectant que les quantités destinées à l'Europe.

Toutefois, comme Kiev avait poursuivi ses prélèvements, et dans la mesure où 80% des approvisionnements des pays européens en gaz russe transitent par l'Ukraine, cela a entrainé des difficulté d'approvisionnement chez certains pays d'Europe de l'ouest, et a conduit à internationaliser la crise[4],[5].

Le 3 janvier 2006, l'Ukraine accepte l'alignement sur le prix du marché européen et Gazprom recommence à alimenter les gazoducs à pleine capacité [6].

Cependant, les termes de cet accord imposent, en pratique, une augmentation moins sévère du prix du gaz. L'Ukraine paiera en pratique 95 USD par 1000 m³, car les livraisons seront composées en partie par le gaz turkmène à 50 USD via une société mixte RosUkrEnergo dont les actionnaires ne sont pas clairement connus. [7]

[modifier] Extension de l'influence en Arménie

L'Arménie dépend à 100% de la Russie pour ses approvisionnements en gaz. Elle est de plus un allié de Moscou dans la région. Un accord a été signé en avril 2006 avec Gazprom. La société fournit du gaz bon marché (110 USD pour 1 000 m³) pendant 25 ans. En contrepartie, la participation de celle-ci dans la société arménienne de distribution de gaz Arm RosGazprom passe de 45% à 75%. Par cette manœuvre, Gazprom prend le contrôle du gazoduc en construction devant relier l'Arménie à l'Iran.

[modifier] Alliance avec l'Algérie

Vendredi 19 janvier[8], les dirigeants de Gazprom et de Sonatrach ont évoqué une fois de plus les avantages qu’il y aurait à s’unir pour attaquer le marché européen. La Russie et l'Algérie sont les premiers fournisseurs de gaz à l’UE. Une coopération étroite entre eux peut entraîner une hausse des prix. Cette entente ne serait pas du tout dans l’intérêt de Bruxelles. Elle pourrait constituer un premier pas dans la création d’une OPEC du gaz, que la Russie appelle de ses vœux. La Russie, en tant que premier fournisseur de gaz au monde, en prendrait la tête, et pourrait l’utiliser comme effet de levier pour accroître la pression sur l’Europe.Site EnergieInfluence

[modifier] Négociations difficiles avec la Biélorussie

Fin 2006, la Biélorussie a ardemment négocié le prix de son gaz, qu'elle payait jusqu'à cette date 47 USD pour 1 000 m³ (contre plus de 250 dollars alors sur le marché européen). Menaçant de couper les robinets à moins d'obtenir le prix demandé, Gazprom a obtenu un accord final in extremis le 31 décembre 2006 à un prix de 100 USD pour 1 000 m³. De plus, il a obtenu en compensation 50% des titres de la société gazière biélorusse Beltransgaz (dont le montant de 5 milliards de USD est estimé surévalué par les experts russes).

Outrée par cette augmentation, la Biélorussie a appliqué une taxe sur le transit du pétrole russe vers les pays plus à l'Ouest (45 USD/tonne) qu'elle a dû abolir quelques jours après sous la pression de Moscou.

[modifier] Les liens avec Gerhard Schröder

Le gouvernement de Gerhard Schröder s'est porté garant d'un crédit d'un milliard d'euros proposé par les banques Deutsche Bank et KfW à Gazprom pour la construction d'un gazoduc germano-russe en mer Baltique.

Peu après avoir cédé le pouvoir à Angela Merkel, Gerhard Schröder a été engagé par Gazprom pour diriger le Conseil de surveillance du consortium germano-russe chargé de construire ce gazoduc, dont Gazprom détient 51%. Gazprom a toutefois par la suite refusé ce prêt des deux banques.

[modifier] Notes et références

  1. (fr) Gazprom, un géant au service du Kremlin - Article de "Politique Internationale" n°116 - Été 2007
  2. (en) Energy of the State, Financial Times, 14 mars 2006
  3. (en) Statistiques de Gazprom [pdf]
  4. cf Libération
  5. [1].
  6. [2], Le Devoir, 4 janvier 2006
  7. [3], Libération
  8. http://www.energieinfluence.info

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Lien externe