Gauche caviar

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Le terme gauche caviar désigne des personnalités se réclamant de la gauche mais très éloignées des milieux populaires. Il est à rapprocher du terme bourgeois-bohème.

Sommaire

[modifier] Origine du terme

Le dictionnaire Petit Larousse définit « gauche caviar » comme une expression péjorative se référant à un « progressisme » qui « s'allie au goût des mondanités et des situations acquises ». Cette expression est un néologisme politique datant des années 1980, souvent employé par des détracteurs de François Mitterrand, et désignant un courant au sein de la gauche française, généralement au sein ou en marge (sympathisants) du Parti socialiste. La gauche caviar est ainsi accusée par la gauche de la gauche (communistes, extrême gauche), d'être, comme le décrit Laurent Joffrin : « une fausse gauche qui dit ce qu'il faut faire et ne fait pas ce qu'elle dit, une tribu tartuffe et désinvolte, qui aime le peuple et qui se garde bien de partager son sort[1]. » « Gauche caviar » remplace en quelque sorte le classique « social-traître » qui stigmatisait les révisionnismes honnis ou les compromissions des partis se radoucissant en passant de l'opposition à la gestion d'un pays. Parmi les politiciens, Bernard Kouchner et son très médiatique « sac de riz », Michel Rocard, Jack Lang ou, en d'autres temps Laurent Fabius, toute l'aile de centre-gauche, blairiste ou social-libérale du PS serait ainsi dans le collimateur de cette appellation. De nombreux intellectuels, révolutionnaires de salon se disant de gauche, « compagnons de route » qui eux aussi ont le cœur à gauche et le portefeuille à droite, tombent sous le couperet, à l'exemple de Françoise Sagan (qui déclarait préférer pleurer dans une Jaguar que dans un autobus[2]), ou encore Guy Bedos, Pierre Arditi[3], Bernard-Henri Lévy, etc.

L'expression « Gauche caviar » serait née dans le restaurant russe "Kaspia", place de la Madeleine à Paris[réf. nécessaire].

L'hebdomadaire Le Crapouillot dans son numéro La Gauche et l'argent paru dans les années 1980 montrait ainsi un couple faisant le salut communiste poing fermé, mais l'homme était en costume-cravate. Le couple posait devant une Rolls-Royce immatriculée 1982 PS et en fond d'image, on voyait leur château…

Pour les partisans de la droite, l'appellation « gauche caviar » ironise sur l'incapacité de ceux qu'ils considèrent être des donneurs de leçons, à suivre leur propre discours, exaspération face à la sensiblerie affectée qu'a immortalisée Valéry Giscard d'Estaing dans sa fameuse réponse à François Mitterrand : « Je trouve toujours blessant et choquant de s'arroger le monopole du cœur. Monsieur Mitterrand, vous n'avez pas le monopole du cœur…[4] »

De manière symétrique, certains opposent ce concept à ce qui serait son pendant de droite, la « droite-rillettes » (en France) ou la « droite boudin » (en Belgique), symbolisant des hommes politiques se travestissant socialement pour « faire peuple » et attirer à eux la sympathie d'un électorat sociologiquement peu acquis.

« Mieux vaut faire partie de la gauche caviar, que de la droite hamburger » Manuel Tornare, Conseiller administratif socialiste de la ville de Genève

[modifier] Culture

La gauche caviar serait composée de gens riches, dont certains appartiennent à la définition marxiste de classes exploitantes ayant leurs entrées dans les arcanes du pouvoir et faisant partie de ce qu'il conviendrait d'appeler la bourgeoisie.

L'une des principales caractéristiques de ce groupe de gauche est qu'il serait composé de gens se positionnant à l'encontre de leur propre intérêt économique, un paradoxe que leurs détracteurs dénoncent comme une hypocrisie. Ainsi, Voltaire, Victor Hugo ou Léon Blum, ou à l'étranger, John Maynard Keynes ou John Fitzgerald Kennedy firent-ils partie de ces bourgeois passés au service du peuple.

Laurent Joffrin avance dans son essai Histoire de la Gauche caviar que la pensée libérale économique serait devenue majoritaire dans cette frange de la gauche française. Il écrit notamment que « dans gauche caviar, le caviar l'a emporté » et souligne qu'« à l'inverse des expériences du passé, elle a été incapable de réduire le chômage, de vaincre l'exclusion, d'assurer l'égalité des chances » car « elle a oublié le peuple » et de conclure par un : « bobos de tous les pays, interrogez-vous ! »

[modifier] Hors de France

Une notion équivalente se retrouve hors de France sous des appellations différentes :

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

  1. Laurent Joffrin, op. cit., 4e de couverture.
  2. Document didactique
  3. [1]
  4. Ina.fr

[modifier] Bibliographie

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes