Social-libéralisme

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Le social-libéralisme est un des deux principaux courants du libéralisme avec le libéralisme dit classique. Les deux courants différent dans leur compréhension de ce qui constitue la liberté. Les libéraux dits classiques pensent que la seule liberté est celle qui consiste à être libre de la coercition[1] Aussi ils voient l'intervention de l'Etat dans l'économie comme une force coercitive qui limite la liberté économique des individus et sont plutôt en faveur de politique de laissez faire[2]. Les sociaux libéraux appelés simplement libéraux dans les pays anglo-saxons avancent que le gouvernement doit promouvoir la liberté des citoyens à travers le droit à l'éducation, à la santé et la lutte contre la pauvreté. Ils sont également en faveur des lois contre les discriminations et de mesures destinées à la lutte contre la pollution. Ils voient ces mesures comme un moyen de permettre à chacun de faire le meilleur usage possible de ses talents et de saisir les meilleures opportunités pour le bien de tous.

Comme les autres libéraux, ils sont en faveur d'une économie de marché et des entreprises privées. Toutefois, ils acceptent l'intervention de l'Etat pour garantir, réguler et éventuellement fournir directement des services publics, ainsi que pour préserver la concurrence en luttant contre les monopoles et autres pratiques restrictives. Ils voient l'accumulation des richesses par un petit nombre comme une menace pour la liberté[3] et sont en faveur de l'impôt progressif sur le revenu[4].

Sommaire

[modifier] La naissance

A la fin du 19° siècle, le libéralisme doit faire face à de nouveaux défis avec la montée des grandes entreprises et la démocratisation des sociétés qu'ils ont contribuées à faire éclore notamment à travers la tradition de Jeremy Bentham, de John Stuart Mill. Cela va raviver une tension interne au libéralisme entre les libéraux proches du laissez faire et les autres.

En Grande Bretagne, à la fin du 19°siècle et au début du vingtième siècle, un groupe de penseurs connus sous le nom de "Nouveaux libéraux", vont s'opposer au laissez-faire et prôner une certaine intervention publique dans les domaines social, économique et culturel. Ces nouveaux libéraux parmi lesquels Thomas Hill Green et L.T. Hobhouse, voyaient la liberté individuelle, comme quelque chose d'atteignable seulement sous des circonstances sociales et économiques favorables. Pour eux, la pauvreté, les conditions sordides et l'ignorance dans laquelle le peuple vivait rendait impossible l'épanouissement de la liberté et des citoyens. Ils pensaient que ces conditions ne pouvaient être améliorées qu'à travers des actions collectives coordonnées par l'Etat[5]


[modifier] Social libéralisme et partis politiques en Europe

Le social-libéralisme est un terme servant à désigner, notamment en France, en Italie, en Grande-Bretagne et en Allemagne, des libéraux socialistes revendiquant une synthèse entre la social-démocratie et le libéralisme économique. Cette expression garde une connotation péjorative lorsqu'elle est employée notamment par des anticapitalistes, des courants de la gauche de la social-démocratie, ainsi que l'extrême-gauche et l'ultra-gauche. Chez les socialistes français, ce terme est employé pour désigner l'aile "droite" du parti qui mène une politique d'accompagnement du libéralisme. Dans les années 1970, le terme « social-démocrate » avait également une connotation droitière. Pour les communistes et l'extrême-gauche, est désigné comme « social-libéral » l'ensemble des forces blairistes.

Le terme est désormais employé en sciences-politiques et par les journalistes pour caractériser une orientation politique à part entière. Cette sorte de reconnaissance est notamment passée par le manifeste de la troisième voie/du nouveau centre, rédigé et signé par Tony Blair et Gerhard Schröder dans une perspective de rénovation de la gauche européenne et dans la volonté d'ériger de nouvelles synthèses politiques. La plupart des partis sociaux-démocrates européens a ainsi été largement influencé par cette envie de renouvellement doctrinal. Ainsi, les gouvernements sociaux-libéraux de Massimo D'Alema en Italie, et de Tony Blair en Grande-Bretagne, de Gerhard Schröder en Allemagne ont clairement mené une politique au centre.

Aussi, le débat étant ainsi posé au sein de la gauche européenne, une partie des organisations sociales-démocrates a décidé d'opter pour une autre orientation. L'opposant historique à la ligne de Tony Blair au niveau du Parti socialiste européen fut Lionel Jospin, qui bien qu'acceptant l'économie de marché a préféré mener une politique socialiste classique plutôt que de rejoindre une ligne centriste[6]. Tandis que les socialistes français séduisent les partis du sud, ainsi que les socialistes belges, grecs ou italiens, le Labour et le SPD trouvent des émules du côté des nouvelles formations socialistes issues de l'ex-bloc communiste.[réf. nécessaire]

En France, le courant social-libéral ainsi revendiqué est notamment représenté par Jean-Marie Bockel, sénateur-maire de Mulhouse, son club Gauche moderne et son courant interne au PS Réformisme et Rénovation, qui ne remporte actuellement qu'un nombre insignifiant de suffrages lors des congrès du PS, malgré le ralliement passager de Bernard Kouchner ; Cette faible influence, associée au rejet de l'alliance, même stratégique, du PS avec la gauche et l'extrême gauche, ont poussé un certains nombres d'adhérents de ce courant à quitter le Parti Socialiste pour fonder leur propre mouvement en 2006, Initiative Européenne et Sociale, qui se revendique ouvertement du social-libéralisme. Le Mouvement Démocrate revendique une certaine appartenance au social-libéralisme.

[modifier] Libéral-libertaire

On peut rattacher au social-libéralisme l'expression de libéral-libertaire revendiquée par Daniel Cohn-Bendit, qui correspond à la revendication simultanée de l'économie de marché, d'une démocratie exigeante (participative, sociale) et de la liberté des mœurs.

[modifier] Critiques venant de la gauche

Les communistes et l'aile gauche de la social-démocratie accusent les sociaux-libéraux :

  • de ne pas contrôler directement les flux financiers, de marchandises, etc. ;
  • d'assouplir les règles encadrant certains secteurs économiques ;
  • d'accepter des règles commerciales jugées inéquitables (comme accepter des échanges commerciaux avec des pays ayant un système social moins avantageux pour les salariés, par exemple la Chine) ;
  • de privatiser des entreprises et des services au nom de l'efficacité économique ;
  • de baisser les impôts sur les bénéfices des entreprises ;
  • de défendre le capitalisme au lieu de le combattre ;

[modifier] Notes et références

  1. McGowan, J. (2007). American Liberalism: An Interpretation for Our Time. Chapel Hill, NC: North Carolina University Press.
  2. Chandran Kukathas, The Many and the One: Pluralism in the Modern World, Richard Madsen and Tracy B. Strong, editors, 2003, p. 61
  3. Hobhouse L. T. Liberalism and Other WritingsCambridge University Press 1994
  4. McGowan, J. (2007). American Liberalism: An Interpretation for Our Time. Chapel Hill, NC: North Carolina University Press.
  5. The Routledge encyclopaedia of philosophy, p.599
  6. Cécile Amar, Ariane Chemin, "Jospin & Cie", p. 133 : "Tony Blair, gauche plurielle contre troisième voie"

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes