Fusariose

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La fusariose est une maladie courante des végétaux, et parfois de l'animal, causée par certains champignons décomposeurs couremment présents dans les sols, du genre Fusarium mais ayant dans ces cas un développement parasitaire.
Elle se développe dans les cultures (avec des risques plus ou moins importants selon les conditions météorologiques printannières), et/ou dans les silos ou lieux de stockage. Son développement varie beaucoup selon les plantes et variétés considérées et selon la météo au moment de l'épiaison et début de floraison (par temps sec, elle n'apparaît pas).

Il existe de nombreuses espèces de fusarium, dont certaines seulement sont des pathogènes et/ou sont susceptibles d'émettre des mycotoxines (fusariotoxines en l'occurence), posant problèmes en agriculture ou en médecine humaine et pour l'industrie agroalimentaire.

Il y a aussi eu des essais d'usage comme agent d'arme biologique.

Voir article détaillé Fusarium

Sommaire

[modifier] Symptômes

Chez les céréales ;

  • après la floraison les épillets sont précocement échaudés
  • puis les grains malades prennent un aspect rugueux et galeux, et une couleur brune claire, rose ou blanc-gris.

[modifier] Propagation

Les fusarioses persistent l'hiver dans le sol ou dans les grains infectés, les paillettes ou restes de récoltes au sol. Une forte humidité et un temps chaud favorisent la maturation des périthèces sur les résidus de culture de l'année antérieure (notammnet si elle était déjà contaminée) avec émission d’ascospores. Le vent dissémine alors les spores. Ceux qui germeront sur la floraison (si l'hygrométrie est proche de 100% durant 2 à 3 jours, avec germination la meilleure à 20 - 25 °C) coloniseront alors les fleurs, puis les glumes et les épis.

Incubation des spores : 3 à 5 jours (selon les conditions extérieures).

[modifier] écotoxicologie

Divers genres de fusarium produisent différentes familles de fusariotoxine ;

- Fusarium pseudigraminearum, F. graminearum, F. flocciferum, F.cerealis, F.culmorum produisent des trichothécènes B (DON, A-DON, NIV) et/ou de la zearalénone;
- F. lumulosporum, F. venenatum, F. robustum, F. tumidum, F. sambicinum, F. poae et F. sporotrichioïdes sécrètent des trichothécènes A (T-2, HT-2)et/ou Trichothécènes B (NIV, FX);
- F. verticilloïdes, F.sacchari, F. fujikuroi, F. proliferatum, F. subglutinans et F. nygamai produisent des fumonisines et/ou Beauvericine et/ou Monoliformine.

[modifier] Coûts et conséquences

Les fusarioses peuvent perturber l'alimentation du bétail nourri avec du grain ou des végétaux infectés ou contaminés par les mycotoxines, dont ;

  • DON (mycotoxine) (déoxynivalénol, qui est une vomitoxine): Seuil de 1 750 ppb (au 01/07/07)
  • ZEA (zéaralénone) : Seuil de 200 ppb (au 01/07/07)
  • Fumonisines B1/B2 : Seuil de 2 000 ppb (au 01/10/07)
  • T2/HT2 (en cours d'évaluation).

Les animaux les plus touchés pouvant refuser de s'alimenter, vomir et perdre du poids.

Un blé très contaminé produit une farine moins panifiable (qui ne fermente pas normalement) et un pain qui lève moins. L'orge fusariée produit une bière de moindre qualité qui mousse anormalement.

[modifier] Traitement

Une approche préventive en amont, c'est à dire aux champs, consiste à entretenir une rotation des cultures, des sols équilibrés et à planter des végétaux génétiquement diversifiés, et adaptées au sol et aux microclimats locaux. Ne pas replanter deux années de suite la même espèce sur un site touché, ou y développer une jachère et ne pas irriguer ni arroser au moment de la floraison, utiliser des outils de semis et de récolte désinfectés et récolter en période la plus sèche possible semblent être des moyens de limiter les risques.

Si une culture a été contaminée, une bonne gestion des résidus est recommandée (ex: broyage fin et enfouissement partiel (déchaumage..) pour accélérer leur biodégradation[1]). Un sol riche en biodiversité est réputé moins favorable aux attaques fongiques de ce type.

Des pesticides (fongicides) existent, prescrits par leurs fabricants au moment de la floraison (pour les céréales, afin de protéger le futur épi) ; les triazoles limitent la fusariose sur épis et donc l’accumulation de toxines dans la plante, mais les strobilurines semblent moins efficaces sur le genre fusarium

Les associations culturales doivent tenir compte du risque de fusariose.

[modifier] Règlementation

Divers pays et collectivités (dont l'UE ou la France[2]) ont fixé des seuils à ne pas dépasser pour divers produits. Ces normes varient selon la fusariotoxine, mais aussi suivant la denrée alimentaire, selon qu'elle soit donnée à des adultes ou à des enfants, et aussi selon sa destination humaine ou animale.

Par exemple, en Europe, les teneurs maximales en toxines dans les denrées alimentaires ont été publiées au JOCE[3]. Cependant les normes sur les trichothécènes (pour les toxines T2 et H-T2) étaient encore en cours de rédaction mi-2008.

[modifier] Cas particuliers

Dans le Maghreb, la fusariose, appelée localement "bayoud", attaque tout particulièrement le palmier dattier. Elle se propage actuellement en Mauritanie, en Égypte, en Israël, en Grèce et en Turquie. Cette maladie est due au champignon 'Fusarium oxysporum f. sp. albedinis, qui s'insinue par les racines et par les vaisseaux pour gagner toutes les parties de la plante, provoquant sa destruction totale.
Cette maladie est connue en Algérie depuis 1898. Depuis son apparition, ce seul pays a subi une perte de plus de trois millions d’arbres.
Les moyens de lutte curatifs contre ce fléau sont peu efficaces. Les seules méthodes préconisées sont:

  • la prévention (limiter les échanges de matériel végétal entre palmeraies)
  • la lutte chimique (traitement à l'iprodione coûteux mais à effet immédiat),
  • la lutte génétique par la sélection de variétés résistantes (en entretenant une diversité génétique de manière à ne pas faciliter les mutations adaptatives et expansions géographiques du champignon).
  • la prévention consistant à ne pas faire circuler de matériel contaminé

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

  • « Mycotoxines, partout, nulle part : Comment savoir ? »Edition spéciale du GLCG, N°2 de juillet 2007(OMAFRA (Canada))
  • Recommandation de la Commission européenne (2006/583/CE) du 17 août 2006 sur la prévention et la réduction des

toxines du Fusarium dans les céréales et produits céréaliers

  • Penser et gérer l’innovation en agriculture à l’heure du génie génétique, Gaëtan Vanloqueren (Thèse)
  • « DON et blé tendre, des solutions pour évaluer et maîtriser le risque » (Conseils du semencer Arvalis – Institut du végétal)

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Source : fiche du ministère français de l'agriculture ; voir liens externes
  2. Liens de la Liste « Hygiène »
  3. JOCE du 19 décembre 2006 et au JOCE du 17 août 2006 (voir aussi)
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