Filippo Beroaldo (1453-1505)

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Filippo Beroaldo ou Philippe Beroalde, ou encore Beroaldo ou Beroaldi (11 juillet 1453, Bologne - 17 juillet 1505), écrivain italien, l'un des plus célèbres littérateurs du XVe siècle.

Sommaire

[modifier] Biographie

Il était d'une ancienne et noble famille de Bologne. Ayant perdu son père en bas âge, il fut élevé par sa mère avec la plus grande tendresse. Des maîtres habiles furent chargés de son éducation. Il annonçait les plus heureuses dispositions, et surtout une mémoire prodigieuse. Outre les leçons qu'il recevait, iî travaillait en particulier avec tant d'ardeur, que, né avec un tempérament faible, il eut à dix-huit ans une maladie grave, et dont il eut peine à guérir.

Dès qu'il reconnut qu'il n'apprenait plus rien de ses maîtres, il jugea que le meilleur moyen pour pousser plus loin son instruction était d'instruire les autres. Il ouvrit à dix-neuf ans une école, d'abord à Bologne, ensuite à Parme et à Milan. La réputation dont jouissait l'université de Paris lui inspira le désir de la visiter. Il vint donc à Paris, et y enseigna publiquement pendant plusieurs mois, avec un grand concours d'auditeurs. Il y serait resté plus longtemps, si sa patrie ne l'eût rappelé. Son retour à Bologne fut le sujet d'une espèce de réjouissance publique.

Le célèbre Baptiste de Mantoue, ou le Mantouan, qui y était alors, lui adressa à ce sujet une longue élégie, qui commence par ce vers :

Musœ olim comités Beroaldo ivere Philippo.

Elle est imprimée dans le 5e livre des sylves de ce poète. L'université de Bologne conféra à Beroaldo la chaire de professeur de belles-lettres, qu'il remplit le reste de sa vie avec autant d'assiduité que d'éclat. Quoique son inclination le portât à se renfermer dans ses fonctions littéraires et dans ses travaux, les honneurs publics vinrent au devant de lui. Il fut nommé en 1489 l'un des anciens de Bologne, et quelques années après député, par le sénat, avec Galéas Bentivoglio, auprès du pape Alexandre VI. Il fut aussi, pendant plusieurs années, secrétaire de la république.

Parmi tant d'occupations, il savait se ménager des distractions et des loisirs. Il aimait la fable, le jeu, les femmes. 11 évita longtemps les liens du mariage ; il s'y soumit enfin en 1498, à l'âge de quarante-quatre ans ; le bonheur qu'il trouva dans son ménage l'y fixa entièrement, et le fît renoncer à la vie dissipée qu'il avait menée jusqu'alors. Il ne cultiva plus d'autres liaisons que celles qu'il avait avec les gens de lettres les plus distingués de son temps. Il en était généralement aimé. Son caractère modeste, sociable, égal, exempt de jalousie et d'aigreur lui faisait des amis de tous ceux qui entraient en relation avec lui.

On assure qu'il n'eut jamais d'antre ennemi que George Mérula, qui avait le malheur de l'être à peu près de tout le monde, et qui ne se mit à haïr Beroaldo que parce qu'il le savait intimement lié avec Politien, auquel il avait déclaré la guerre. La faiblesse habituelle de sa santé augmentant avec l'âge, il fut saisi d'une petite fièvre qui parut d'abord de peu de conséquence, et à laquelle on s'efforça ensuite inutilement de porter remède ; il en mourut.

On lui fit des funérailles magnifiques. Il fut porté an tombeau vêtu de soie, couronné de laurier, et suivi de tout ce que Bologne avait de plus distingué dans toutes les parties des sciences et dans les emplois publics.

Son principal mérite littéraire est d'avoir donné de bonnes éditions des anciens auteurs latins, et de les avoir éclaircis par ses commentaires. On lui a reproché cependant, et non sans raison, une latinité affectée et vicieuse, tenant plus du style d'Apulée que de celui de Cicéron. Il n'avait pas non plus une critique aussi saine ni un aussi bon jugement que sort érudition était étendue ; les objets étaient un peu confus dans sa tète et quelquefois dans ses écrits. C'est lui que l'on a comparé le premier à une bonne boutique mal rangée, comparaison, cependant, dont bien d'autres érudits ont pu, comme lui, fournir l'idée.

C'est un savant commentateur auquel on doit de nombreuses éditions d'auteurs anciens. Il a donné des éditions annotées de Pline, Apulée, Aulu-Gelle, Suétone, Catulle, Properce. Il est l'auteur de plusieurs opuscules sur Bacchus. Pic de la Mirandole avait surnommé Béroalde comme La Bibliothèque vivante.

Il est l'auteur de poésies néo-latines: Osculum Panthiae (le baiser de Panthial est consacré au portrait de sa belle), Fortuna, Dirae in Maledicam, Cupido, Peanes Beatae Mariae Virginis (d'après le poème de Pétrarque) ; de die Dominicae Passionis, Fabula Tancredi (d'après Boccace), Vir Prudens et de diverses petites pièces.

[modifier] Publications

Il publia un grand nombre d'ouvrages, dont les principaux sont :

  1. Caii Plinn Secundi Historiae naturalis libri 27, cum brevibus notis, Parme, 1476, in-fol. ; Trévise, 1479, in-fol. ; Paris, 1516, in-fol.[1] ;
  2. Annotationes in commentarios Servii Virgilianos, Bologne, 1482, in-4° ;
  3. Propertii Opera cum commentariis, Bologne, Venise, 1495 ; Paris, 1604, in-fol.  ;
  4. Annotationes in varios authores antiquos, Bologne, Venise, 1489 ; Brescia, 1496 ;
  5. Orationes, Paris, 1490, ibid. et Lyon, 1492, Bologne, 1491, in-fol. ;
  6. Opusculum eruditum : quo continentur declamatio Philosophi Medici Oratoris De excellentia disceptatiu. Et libellus de optimo Statu et principe... Bononiae, Bened, Hectoris décembre 1497 ;
  7. Libellus quo Septem sapientium Sententiae discutiuntur. Impressum Bonaniae. per Benedicum Hectoris. Décembre 1498 ;
  8. De felicitate opusculum. Impressum Bonaniae a Benedicto Hectoris. Avril 1499.[2] ;
  9. Oratio Proverbiorum. Bononiae. Bened. Hectoris, décembre 1499 [3] ;
  10. Un second recueil intitulé Orationes, Prœffliones, Prœleciioncs, etc., Paris, 1505, 1507, 1509, in-4° [4]
  11. Declamatio Lepidissima Ebriosi Scortatoris Aleatoris de vitiositate Disceptantium. Impressum Bononiae, a Benedicto Hectoris, 1499, Bologne, 1499 ; Strasbourg, Paris, 1505, in-4°, etc. Cette dissertation singulière a été traduite, ou plutôt paraphrasée en français, et imprimée sous ce titre : Trois déclamations esquellcs l'ivrogne, le putier el le joueur de dez, frères, débattent lequel d'eux trois, comme le plus vicieux, sera privé de la succession de leur père.[5] ;
  12. Orationes Multifariae et Poemata. Bononiae, Benedictus Bibliopola Hectoris : novembre 1500. Ce recueil contient diverses dissertations en prose : de re rustica, de amore, de historia, de laude poetices de inventione litterarum, de musica, des contes de Boccace, etc.
  13. Symbola Pythgorae moraliter explicata. Banoniae, Bened. Hectoris, 1503
  14. Declamatio ebriosi, scorialoris, el aleatoris, Invention latine de Philippe Beroalde, poursuivie et amplifiée par Calvi de la Fontaine, Paris, 1556, in-4°.[6] ;
  15. Il faut ajouter à cette liste plusieurs éditions d'auteurs latins, avec des notes et des préfaces, tels que Suétone, Apulée, Aulu-Gelle, Lucain, et beaucoup d'autres, dont parle Niceron dans le t. 23 de ses Mémoires[7].

[modifier] Notes

  1. Il venait d'arriver à Parme, et n'avait que dix-neuf ans, quand il rédigea les notes qui accompagnent cette édition. Il avait repris cet auteur, et y avait fait d'amples commentaires ; mais l'exemplaire de Pline sur lequel il les avait écrits lui fut volé à Bologne, et il mourut avec le regret de n'avoir jamais pu le retrouver.
  2. Traité sur la Félicité qui est la fille de Bacchus. On y trouve aussi les noms des plus grands soiffards de l'Antiquité : Aristippe, Alexandre le Grand, Sardanapale
  3. Edition du Discours sur les proverbes, qui inspirera celui d'Erasme.
  4. Où se trouvent plusieurs opuscules d'autres auteurs ; mais il y en a près de trente de Beroaldo, tant en prose qu'en vers. Le plus important et le plus estimé est celui qui a pour titre : Opusculum de felicitate. Il avait été imprimé séparément à Bologne, 1495, in-4°.Outre ces trois éditions, il en fut fait au moins six autres, et cependant cet ouvrage est rare.
  5. Cette facétie met en scène un ivrogne, un putier (un souteneur) et un joueur professionnel. Ces types débattent pour savoir lequel est le plus vicieux et sera privé de l'héritage familial.
  6. Il y en aussi une traduction en vers, sous le titre de Procès des trois frères, par Gilbert Damalis, Lyon, 1558, in-8°.
  7. On doit encore mettre au nombre des principaux ouvrages de Philippe Beroaldo une traduction en vers latins élégiaques de l'ouvrage de Léonard Bruni : de Duolus Amanlibus Giascanio ei Sigismiinda, filia Tancretli, imprimée in-4°, sans nom de ville ni date, et devenue, très rare, et une dissertation intitulée : Declamatio philosophl, medici, oratoris, de exceilentia disceptatium, Bologne, 1497, in-4°.

[modifier] Source partielle

  • « Filippo Beroaldo (1453-1505) », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail édition]

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