Faune abyssale

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l'Anoplogaster, une espèce typique de la faune abyssale.
l'Anoplogaster, une espèce typique de la faune abyssale.

En terme général, on désigne par faune abyssale toutes les espèces animales marines vivant à partir de 200 mètres de profondeur et au delà, à partir de la zone aphotique, (Zone mésale, zone bathyale, zone abyssale et zone hadale) où la photosynthèse ne peut plus avoir lieu. En ces lieux ou la lumière est inssufisante pour le développement des végétaux, seuls la vie animale, ainsi que les microorganismes non végétaux, (Eubactéries, archéobactéries, virus... etc) peuvent y vivre et s'y adapter.

En fait, "faune abyssale" ne désigne en réalité, si l'on suit le terme scientifique exact, que la faune de la zone abyssale, soit entre 4000 et 6000 m de profondeur.

La faune abyssale concerne tous les embranchements d'animaux marins sans exception (Dont les espèces amphibies, puisque l'éléphant de mer peut plonger à plus de 1580 mètres de profondeur, la tortue luth à 1200 m et le manchot à 350 m) mais de nombreuses espèces se sont adaptées à la vie abyssale, benthique ou pélagique, évoluant pour survivre dans des milieux hostiles : fortes pressions, faible luminosité, (voire totalement absente à partir de la zone abyssale) faible température (excepté près des sources hydrothermales) disponibilité de la nourriture limitée.

Pour s'acclimater à de telles conditions, les espèces animales marines fréquentant ou vivant en dessous de la couche aphotique ont trouvé de nombreuses méthodes évolutives originales. Les plus connus sont la bioluminescence (Production de luminescence à partir de cellules spécialisées : les photocytes, de réaction entre la luciférine et la luciférase dans des glandes épidèrmiques spéciales, ou de bactéries symbiotiques, comme vibrio fisheri) des modifications des propriétés corporelles pour l'adaptation aux grandes pressions (cage thoraciques plastiques, os et muscles plus légers, corps remplis de fluides et sans air, vessie natatoire réduites ou absentes chez certains poissons...) Adaptation à la vie à proximité des Monts hydrothermaux et des suintements froids, qui lâchent des gaz, parois à haute températures (Sulfure d'hydrogène pour les fumeurs noirs, silices et anhydrites pour les fumeurs blancs, méthane et hydrocarbures pour certains suintements froids...) des bactéries symbiotiques fixant ces gaz (chimiosynthèse) et permettant à de nombreux animaux de se nourrir et de se proteger de la chaleur des cheminées hydrothermales.

Sommaire

[modifier] Repartition de la faune abyssale

[modifier] Zone mésale

Une espèce de cténophore typiquement mésopélagique : Bathocyroe fosteri.
Une espèce de cténophore typiquement mésopélagique : Bathocyroe fosteri.

Appelée aussi Zone crépusculaire ou Zone de pénombre, elle commence à 200 m et termine à 1000 m. Elle est caractérisée par une faible luminosité, empêchant le developpement de la photosynthèse chez les plantes. Algues, alismatales aquatiques et diatomées sont donc absents.

Les sources de nourriture se font rares dans les profondeurs; outre la neige marine, les seules sources de nourriture disponibles sont les animaux abyssaux eux-mêmes; expliquant la grande population de prédateurs en ces lieux. Tout en bas de la chaîne alimentaire, se trouvent les plus petits organismes zooplanctoniques, nanoplanctoniques et picoplanctoniques, qui migrent vers la zone euphotique pour se nourrir de phytoplancton, avant de revenir à leur couche initiale.

Sur le pelagos, les prédateurs sont abondants : calamars, salpes, méduses, siphonophores, cténophores, crevettes, poissons cartilagineux (requins, chimères...) ainsi que de nombreux poissons osseux, comme le poisson hachette, le poisson dragon, le régalec, le barracudina, le scopélide, le malacosteus...

Sur le benthos, vers tubicoles, actinies, crinoïdes, bivalves, brachiopodes, gorgones, pennatules, bryozoaires, tuniciers, éponges, holothuries, hydroïdes, galathées, raies, poissons plats, et autres sont abondants.


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[modifier] Zone bathyale

Une espèce de poisson bathyal typique : Bathysaurus mollis.
Une espèce de poisson bathyal typique : Bathysaurus mollis.

La zone bathyale commence de 1000 à 4000 mètres de profondeur. C'est le plus grand de tous les étages océaniques ; à partir de 1000 mètres, la lumière ne pénètre plus, hormis une faible lumière bleue qui a pour origine la bioluminescence animale.

Sur le pelagos, les animaux bioluminescents sont nombreux. On trouve de nombreux céphalopodes (comme le calmar vampire, la pieuvre dumbo ou le calmar diaphane, par exemple) des nombreuses crevettes, des cténophores, requins, ainsi que de nombreux poissons osseux, dont beaucoup utilisent la bioluminescence pour chasser ou se défendre : linophryne (baudroies abyssales), anoplogaster, grangousiers, lasiognathus, grenadiers, hoplosthètes...

Sur le benthos, (qui comprend le talus continental) on trouve notamment des lis de mer, des éponges, des ophiures, des raies et des poissons plats. C'est souvent dans cette zone (ainsi que parfois sur la plaine abyssale) que se déposent de grandes carcasses de baleines et de gros poissons; ces grandes sources de nourriture génerent, sur les fonds boueux où ces cadavres se déposent, un grand attrait pour de nombreux animaux charognards, comme les myxines, les laimargues et divers arthropodes ainsi qu'un nombre incalculable de vers, bactéries et autres microorganismes se nourissant des corps morts en décomposition de grands animaux déposés sur les grands fonds.

C'est aussi à cet étage que l'on trouve la grande majorité des communautés hydrothermales.

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[modifier] zone abyssale

Une chimère du genre Hydrolagus photographié sur la plaine abyssale depuis un submersible.
Une chimère du genre Hydrolagus photographié sur la plaine abyssale depuis un submersible.

La zone abyssale, qui va de 4000 à 6000 m de profondeur, n'a plus de luminosité du tout. Elle comprend la plaine abyssale, vaste étendue de sédiments boueux et vaseux. Ces sédiments et limons ont pour origine les minéraux (graviers, roches, sables, vases...) et la décomposition de corps de milliards de créatures marines (Plancton, necton...) accumulés pendant des millions d'années, formant dans certains endroits des couches de sédiments atteignant plusieurs kilomètres de haut.

Sur le pelagos, vivent de nombreuses espèces, comme de nombreuses crevettes et certains poissons (Rat tacheté...) mais sont plus rares du fait du manque de nourriture. Par contre, sur le benthos, la vie est très abondante : les sédiments grouillent de foraminifères, de bactéries, de vers... Pour la plus part nécrophages, se nourissant des matières organiques déposées sur la plaine abyssale. De nombreuses espèces vivent fixées sur la boue, mais doivent rester de manière permanente au dessus. On compte notamment les lis de mers, les pennatules et les éponges (notamment les euplectelles). Des holothuries, des oursins et des euryales se déplacent sur les sédiments, avec des pattes assez longues comme pour ne pas s'y enfoncer. Des poissons, comme le poisson trépied, se déplacent sur le benthos sédimenteux à l'aide de ses nageoires en forme d'échasses.

Il a été démontré que la biodiversité présente dans les sédiments de la pleine abyssale est aussi complexe que celle de la foret amazonienne[réf. souhaitée].


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[modifier] Zone hadale

La zone hadale, qui va de 6000 à au délà (La profondeur maximale enregistrée jusqu'à nos jours étant de 10920 m, dans la fosse des mariannes) est la zone la plus méconnue de tous les étages océaniques. La biodiversité est très uniforme dans tous les océans, à cause du peu d'obstacles dans cette zone. Les espèces de cet étage sont peu connues et beaucoups d'endroits restent à explorer.

Sur le pelagos, peu d'espèces le fréquentent. On trouve par exemple des brotulide. Sur le benthos, on trouve par exemple des anémones de mer, des holothuries, des crevettes, des poissons plats.

La zone hadale étant relativement méconnue, il est cértain que nombre d'espèces et d'écosystèmes restent à découvrir.

[modifier] Bioluminescence dans la faune abyssale

Cette cuboméduse d'eaux profondes produit sa propre bioluminescence.
Cette cuboméduse d'eaux profondes produit sa propre bioluminescence.

La bioluminescence, production de luminescence froide par des êtres vivants, est très répandue à partir de 200 mètres de profondeur, ou la lumière est insuffisante. Cette lumière est créée de trois façons différentes :

  • Par symbiose avec une bactérie elle même bioluminescente (Vibrio fisheri)
  • Par réaction entre une molécule, la luciferine, et une enzyme, la luciférase, dans une glande dans la peau ou dirèctement sous la peau
  • par des cellules spécialisées : les photocytes.

La lumière produite peut être amplifiée ou filtrée pour donner des couleurs caractéristiques grâces à des organes spéciaux : les photophores. Ils peuvent posséder une lentille, un conduit de lumière ou un filtre coloré. Les lumières émises sont souvent bleues, mais peuvent être jaunes, vertes ou rouges.

La bioluminescence peut servir à :

  • Communiquer entre les espèces, par émission soudaines ou clignotantes de lumières (Microorganismes, calamars...)
  • Repérages de la même espèce en vue de fins reproductives (Utilisées chez certaines baudroies abyssales dont le mâle, minuscule, accroche sa bouche dentée sur le corps de la femelle, fusionnant totalement avec l'autre après un certains temps, pour échanger du sperme contre des nutriments)
  • repérages des proies (Leurres luminescentes chez les baudroies abyssales et certains autres poissons et invertébrés, qui attirent les proies avant d'êtres capturées et mangées, ou (dans le cas d'animaux comme la drague) production de lumières rouges par des photophores sous les yeux pour repérer les proies, la lumière rouge étant invisible pour la plus part des créatures abyssales)
  • Défense par éjection de sécrétions luminescentes sur le prédateur, l'aveuglants pendant quelques secondes (Utilisés chez certains invertébrés, comme des calmars, des crevettes, des vers, des méduses abyssales...) ou en abandonnant une partie bioluminescente de leur corps qui sert de leurre au prédateur, laissant à l'animal quelques secondes de répit pour s'enfuir
  • Camouflage (Le poisson Hachette possède, en plus de son corps très fin, une couleur argentée et des photophores dirigés vers le bas, qu'il peut régler l'intensité; lorsque il se trouve dans la lumière plongeante de la zone crépusculaire, il devient quasiment invisible, empêchant les prédateurs, lorsque ils se trouvent en bas de lui, de le voir)


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[modifier] Les écosystèmes d'eaux profondes

Vers riftias sur un évent hydrothermal.
Vers riftias sur un évent hydrothermal.

La zone aphotique compte plusieurs écosystèmes spécifiques riches en biodiversité et ne dépendant pas de la lumière pour vivre. C'est le cas notamment des communautés hydrothermales (fumeurs noirs et blancs) des communautés des suintements froids (Qui lâchent du méthane, des hydrocarbures ou autre) mais aussi des récifs de coraux d'eaux froides (Composés d'espèces de cnidaires madréporiques comme lophelia pertusa); Il est certain que bon nombres d'ecosystèmes d'eaux profondes restent à découvrir.

Voici une liste non exhaustive des écosystèmes de la zone aphotique connus à ce jour :

  • Les communautés hydrothermales qui sont basés sur les monts hydrothermaux. Il en existe deux types connus : Les fumeurs noirs (Cheminées lâchant des sulfures d'hydrogènes à plus de 400°c) et les fumeurs blancs (plus petits et aux émanations plus froides et plus lentes que les fumeurs noirs, et qui lâchent de l'anhydrite et de la silice). Sur ces fumeurs, des bactéries spécialisées peuvent fixer ces gaz pour en faire des nutriments : c'est la chimiosynthèse. Bon nombres d'animaux vivent à proximité de ces fumeurs, en symbiose avec ces bactéries. Les écosystèmes peuvent varier d'un endroit à l'autre. Ainsi, on trouvera, dans le Pacifique, à proximité des fumeurs noirs, le ver riftia, le ver de Pompéi et la Galathée yéti, alors que dans l'Atlantique, au niveau de la dorsale océanique, on trouvera la crevette Rimicaris exoculata.
  • Les suintements froids (ou mofettes) beaucoup plus répandus puisque pouvant se trouver dans des eaux peu profondes ou dans des sources chaudes sur terre; Ce sont des petits trous d'où sortent continuellement des gaz sous forme de bulles qui peuvent être de compositions variées : soufre, dioxyde de carbone, hydrocarbures, méthane... dans la zone aphotique, il arrive que des suintements froids lâchent des hydrocarbure ou du méthane; des bactéries spécialisées peuvent alors fixés ces gaz pour en faire des nutriments, comme chez les communautés hydrothermales. C'est donc à proximité de ces suintements que de nombreux animaux marins se développent : véstimentifères, bivalve, coraux mous, crustacés... par exemple, c'est dans le Golfe du Mexique, à plus de 3000 mètres de profondeur, que l'on à trouvé, autour d'un "lac" sous marin, une grande communauté d'animaux s'étant développés grâce aux suintements de méthane présents autour du lac. Il arrive aussi que des communautés d'animaux vivant en symbiose avec des bactéries fixant le méthane se développent sur des fonds sans suintements de méthane. Dans ce cas, des terres riches en méthane sont apportés par les glissements de terrains et les courants venus plus d'en haut.
  • Les récifs de coraux d'eau froide, qui sont composés de cnidaires madréporiques abritant de nombreuses espèces, comme des galathées. Ces coraux ne dépendent pas, à la différence des coraux d'eaux chaudes, de la zooxanthelle; ils peuvent donc aisément se développer en eaux profondes. On trouve notamment des récifs de plusieurs kilomètres de Lophelia Pertusa, un peu partout dans le monde, mais beaucoup d'autres espèces d'eaux froides contribuent à l'élaboration de récifs profonds. Ces récifs sont souvent menacés par le labourage des fonds par les chaluts de pêche aux démersaux.
  • Les récifs d'éponges Heterochone calix qui abritent beaucoup d'espèces et peuvent couvrir plusieurs kilomètres entre 100 et 250 mètres de profondeur.


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[modifier] Fossiles vivants dans la faune abyssale

Un coelacanthe actuel : Latimeria chalumnae.
Un coelacanthe actuel : Latimeria chalumnae.

Les eaux de la zone aphotique sont connues pour posséder de nombreuses espèces animales très anciennes, appelés fossiles vivants, qui ont pu survivre à la disparition grâce à l'adaptation à la vie abyssale. C'est le cas des Cœlacanthes, poissons primitifs abondants au Devonien, Trias et Jurassique, et aujourd'hui composées de seulement deux espèces restreintes à certaines zones de l'Indo pacifique; des nautiles, cousins des ammonites abondants à 400 mètres de profondeur dans les eaux tropicales de l'Indo Pacifique, ainsi que d'autres espèces comme les lis de mer, les foraminifère ou les brachiopodes.

[modifier] Galerie

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[modifier] Notes & Références

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes