Familles de cépages (proles et sorto-types)

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Depuis l'ère tertiaire, où apparut la vigne (vitis), les périodes de glaciations et de réchauffement de la planète ont contraint cette espèce à s'adapter à des climats de plus en plus diversifiés.

Lambrusque (Vitis vinifera silvestris) et ses baies, variété à l'origine de tous les cépages de cuve (Vitis vinifera sativa)
Lambrusque (Vitis vinifera silvestris) et ses baies, variété à l'origine de tous les cépages de cuve (Vitis vinifera sativa)

Sommaire

[modifier] La raison de l'existence des différents cépages

L. Levadoux en a d'ailleurs conclu : « Ces alternances de concrescence et de fragmentation de son aire d'extension ont eu comme conséquence, tout en conservant à l'espèce une homogénéité remarquable, de permettre à des formes locales de s'affirmer. Telle est l'origine des groupes climatiques de cépages »[1].

Une seconde raison doit être prise en compte pour la diversification des cépages de l'Europe occidentale. Elle a été mise en exergue par A. Bouquet : «Les grandes invasions des Huns, Burgondes, Wisigoths et autres vont faire disparaître tout commerce de vin, tandis que les Sarrasins vont détruire le vignoble. Les vignes cultivées qui échappèrent à la destruction retournèrent à l'état sauvage et s'intégrèrent aux populations de lambrusques qui peuplaient les forêts, les buissons et les haies »[2].

[modifier] L'ampélographie, étude des différents cépages

Pierre Charnay, inspecteur de l’I.N.A.O., a noté[3]:

« Jusqu’au milieu du XXe siècle, les ampélographes avaient pour identifier un cépage l’habitude de décrire les caractères morphologiques, biologiques et sensoriels qui le séparaient de ses voisins. Chacun recevait donc une définition phénotypique qui aboutissait à une sorte d’isolement ».

Au début des années 1960, deux ampélographes russe et français, les professeurs Negrul et Levadoux, s’attachèrent, au contraire, à mettre en évidence les caractères qui pouvaient être communs à plusieurs cépages.

Tous ces cépages avant le phylloxéra étaient le résultat d'un croisement naturel. La disparition des vignes sauvages (lambrusques) a stoppé net ce métissage et depuis, seul l'homme peut le réaliser.

[modifier] Les trois groupes écolo-géographiques de Negrul

Grosse grappe, rameuse et lâche de la région de Tajik, typique de Proles Orientalis
Grosse grappe, rameuse et lâche de la région de Tajik, typique de Proles Orientalis

L’ampélographe russe A. M. Negrul a déterminé trois grands groupes écolo-géographiques de cépages qu’il a appelés proles.

[modifier] Proles Orientalis

Ce groupe comprend exclusivement des vignes à raisins de table à grosses grappes, rameuses et lâches (Katta-Kourgan, Khalilé, Tcharas) ou des variétés apyrènes (Sultanine).

Ces vignobles qui firent la renommée de Schiraz, se retrouvent essentiellement en Azerbaïdjan.

Grappe de raisin de Géorgie représentative de Proles Pontica
Grappe de raisin de Géorgie représentative de Proles Pontica

[modifier] Proles Pontica

Cette catégorie regroupant des vignes à grappes moyennes et plus compactes comprend aussi bien des variétés à raisins de table comme le corinthe que des raisins à double fin comme le cinsault ou la clairette.

Ces vignobles s’étendent de la Géorgie à l’Espagne.

[modifier] Proles Occidentalis

Cette famille, a priori hétéroclite, regroupe tous les cépages de cuve de l’Europe Occidentale. On y retrouve des cépages à petites baies comme le pinot, le cabernet, le riesling, la syrah ou le mourvèdre ainsi que des cépages à baies plus grosses tels le grenache ou le carignan.

Riesling, cépage à petits grains appartenant à Proles Occidentalis
Riesling, cépage à petits grains appartenant à Proles Occidentalis

Louis Levadoux, dans cette catégorie, classe ces différentes variétés parmi les cépages dits archaïques.

« Ils sont caractérisés par une valeur vinique élevée et souvent par une saveur des baies qui rappelle celle des lambrusques et qui est d'autant plus accusée que l'on est en présence de formes plus archaïques ».

Quant à P. Charnay, il souligne qu'il existe une sorte d'incompatibilité entre la grosseur et l'intensité aromatique des baies du raisin.

« Les cépages à grosses baies sont peu parfumés tandis que les cépages à petites baies qui peuplent les vignobles occidentaux sont tous à la base de vins de grandes réputation »[4].

[modifier] Les sorto-types de Levadoux

Les travaux ampélographiques de Louis Levadoux ayant mis en évidence des similitudes morphologiques constantes de cépages à l’intérieur d’une zone de production bien définie, il a été amené à classer ces variétés par sorto-types. En voici deux exemples :

[modifier] Les Carmenets

Merlot
Merlot
Cabernet
Cabernet
Icône de détail Article détaillé : Merlot.
Icône de détail Article détaillé : Cabernet.
Icône de détail Article détaillé : Petit Verdot.





[modifier] Les Noiriens

Chardonnay
Chardonnay
Pinot blanc
Pinot blanc
Icône de détail Article détaillé : Pinot.
Icône de détail Article détaillé : Gamay.
Icône de détail Article détaillé : Chardonnay (cépage).





[modifier] Les cépages rhodaniens et méditerranéens

C'est à partir de la fondation de Massalia par les Phocéens qu'a commencé le métissage entre les lambrusques locales (vitis vinifera silvestris) et les variétés de la Proles Orientalis et de la Proles Pontica apportées par les Grecs (vitis vinifera sativa).

J. André et L. Levadoux, en 1964, publièrent une étude sur La vigne et le vin des Allobroges. Ils y démontraient que le fameux cépage de l'antiquité, le vitis allobrogica était une proto-mondeuse et qu'il y avait des similitudes morphologiques entre la syrah rhodanienne et la mondeuse savoyarde[5]. Il en était de même avec les cépages blancs que sont la roussanne, la marsanne et le viognier[6].

Ce faisant, ils mirent en évidence l'existence d'un sorto-type allobrogique ou sorto-type des Serines[7].

Pierre Charnay a fait de même dans son ouvrage consacré aux vignobles et vins des Côtes-du-Rhône. Il a regroupé dans un sorto-type méditerranéen indigène les cépages locaux issus d'une croisement avec des variétés de la Proles Pontica. Il y classe outre la clairette et le cinsault, l'aspiran, le calitor, le tibouren et le picpoul.

[modifier] Notes et références

  1. Louis Levadoux, op. cité.
  2. Cf. A. Bouquet, Évolution de l'encépagement français, Progrès Agricole et Viticole, Montpellier, 1982.
  3. Cf. P. Charnay, Vignobles et vins des Côtes-du-Rhône, Éd. Aubanel, Avignon, 1985.
  4. P. Charnay, op. cité.
  5. En 2000, les chercheurs de l’Université Davis, en Californie, et ceux de l’INRA de Montpellier, ont mis en évidence que la syrah était le produit d’un croisement entre la dureza, cépage noir de l’Ardèche, et la mondeuse blanche de Savoie.
  6. Le viognier, lui-même, descend de la mondeuse blanche et constitue avec les autres cépages rhodaniens un sorto-type homogène.
  7. Le serine était la dénomination de la syrah sur le terroir d'Ampuis.

[modifier] Bibliographie

  • A. M. Negrul et al., Ampélografia, Moscou, 1946 à 1956.
  • Louis Levadoux, La connaissance des cépages, Cahiers techniques de l'I.N.A.O., 1954.
  • Louis Levadoux, Les populations sauvages et cultivées de Vitis Vinifera, Annales de l'amélioration des plantes, 1956.
  • Louis Levadoux, La Vigne et sa culture, P.U.F., Paris, 1961.
  • I. L. Mitchenka et A. M. Negrul, Catalogue variétal des collections ampélographiques de l’U.R.S.S., Yalta, 1962.
  • J. André et L. Levadoux, La vigne et le vin des Allobroges, Journal des Savants, 1964.
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