Enjeux du réchauffement climatique

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Cet article examine les enjeux du réchauffement climatique pour l'humanité.

Icône de détail Article détaillé : Protocole de Kyoto.

C'est en 1824 que le physicien français Joseph Fourier découvre le phénomène de l'effet de serre et son effet sur le bilan thermique de la terre. Malheureusement, sa découverte est demeurée dans la sphère scientifique et n'a pas atteint la sphère économique et politique, trop occupée par la révolution industrielle qui sévissait en Occident à ce moment. Ce n'est que dans les années 1990, que ce phénomène a refait surface à l'échelle planétaire, lorsque le GIEC est arrivé à la conclusion que le climat de la terre se réchauffait de manière anthropique.

Toutefois, ce bilan est venu trop tard, lorsque les énergies fossiles étaient à leur apogée et très bien implantées dans les mœurs de l'ensemble des acteurs, et ce, à tous les niveaux géographiques. De sérieuses discussions ont alors débuté culminant vers la convention de Rio. Par contre, cette fois-ci, l'ensemble des acteurs étaient concernés, que ce soit politique, économique, scientifique et les ONG. Ces acteurs ont été réunis à la même table de discussion dans le but d'arriver à une entente. Les faits étant désormais indéniables, même si certains les nient encore), il est maintenant clair que le réchauffement climatique aura des conséquences dramatiques sur la biosphère et l'humanité par le fait même. L'économie, aux premières loges de l'argumentation et employée à outrance par certains acteurs, subira elle aussi les soubresauts du réchauffement climatique. Les arguments économiques vont donc dicter les stratégies géopolitiques, les projections et bien sûr les actions en matière de changements climatiques.

Sommaire

[modifier] Effets géopolitiques : conventions et acteurs

[modifier] Éléments précurseurs et conventions

Icône de détail Article détaillé : sommet de la terre.

La négociation climatique s'est effectuée très vite, dès la remise du premier rapport du GIEC de 1990, qui a débouché sur le sommet de la terre tenu à Rio de Janeiro en 1992. Cette conférence établissait une série de normes en matière de lutte au changement climatique, sans toutefois imposer aucune contrainte aux pays signataires. Cette conférence avait donc une portée beaucoup plus symbolique et a permis « d'admettre le fait politique de la réalité scientifique du risque du changement climatique » (Crowley, 2000), ce qui est déjà énorme. Dès lors, la divergence entre les États était très claire et les tensions parfois très vives entre les niveaux ministériels. Toutefois, les enjeux de tenir une telle conférence n'ont pas été dictés uniquement dans l'optique d'un réchauffement du climat. C'est plutôt la liaison avec la sécurité énergétique mondiale, l'émergence du tiers monde comme grand consommateur potentiel d'énergie et bien sur le maintien d'une consommation outrancière des États-Unis, qui ont pesé dans la balance. Il semble qu'aujourd'hui, la coopération internationale doit suivre trois axes complémentaires: la coopération politique, la coopération technologique et la coopération financière. On peut, en suivant ces trois axes, effectuer plusieurs propositions telles que: la fixation d'objectifs à long terme d'ici 2050, le renforcement des marchés du carbone, un accord spécifique sur la déforestation évitée ou encore la mise en place d'accords sectoriels. Une réflexion dans ce sens permettrait de renouveler l'approche de la négociation climat.[1]

[modifier] Acteurs

[modifier] États-Unis contre Tiers monde

Le brasier allumé par la guerre du Golfe de 1991 au Moyen-Orient s'insère dans le contexte et illustre bien la primauté des intérêts énergétiques américains sur la question environnementale. La peur de se faire dépasser par les blocs émergents a amené les États-Unis à rejeter tous les pourparlers en matière de Quota d'émission de gaz à effet de serre et de taxes sur le carbone, qu'ils percevaient comme une « restriction de la souveraineté du Congrès américain » (Hourcade, 2001) et une entorse au libre échange. Il est vrai que la majeure partie des pays en développement n'ont pas ratifié le protocole de Kyoto, mais à la base ce sont les pays industrialisés qui sont la source du problème avec les États–Unis en tête. C'est dans cette optique que la première étape passe par la volonté d'assumer cette responsabilité. « Le plus grand danger planétaire qui planera sur la paix dans le monde ces prochaines années découlera non pas des actes irrationnels d'États ou d'individus, mais des demandes légitimes des démunis du monde entier. » (Cloutier et Debresson 2004). L'avènement de Kyoto accentue davantage la dissymétrie entre les différents acteurs. La puissance de groupes de pression pétroliers, charbonniers et électriques suffisent à montrer le poids des intérêts. » (Crowley, 2000). Avec Kyoto, de nombreuses solutions sont mises sur la table, la diversification des ressources énergétiques et les bourses du carbone, mais seront jugées trop contraignantes par les États-Unis. En effet, ces derniers n'étaient pas prêts du tout à lancer de tels marchés et n'avaient aucun « schéma opérationnel » (Hourcade, 2001), ayant basé l'ensemble de leur géostratégie sur le pétrole. De plus, les quotas d'émissions sont inacceptables pour les pays en développement qui se doivent de réduire leurs émissions existantes par rapport à 1990, déjà très faibles. Les pays du sud et membres du G 77 voient donc une initiative des pays du nord pour restreindre leur développement. Ce phénomène agit comme une complication additionnelle, car les pays du nord se doivent d'être plus flexibles et d'appuyer le financement dans les pays du sud.

[modifier] L’Union européenne

La position de l'Union européenne sur cette question n'est pas du tout rose, et ce, malgré les apparences. L'Europe qui n'est pas en excellente posture économique depuis 1990, ni en bonne position énergétique, et dont la prépondérance tend à diminuer, a tenu à négocier en bloc homogène et solidaire pour démontrer à quel point elle n'a rien perdu de son poids géopolitique. Elle a su percer le fait que les négociations climatiques étaient un bon moyen de réduire les ardeurs de pays comme l'Inde et la Chine, d'isoler les pays de l'OPEP au sein du G7, et d'isoler les États–Unis. Elle a tenté de tirer son épingle du jeu en profitant du fait que ces émissions ne devaient être réduites que de 8,4%, pour 0,1% de leur PIB comparativement aux États–Unis qui se devaient de les réduire du quart (Duval, 2005). Toutefois, ce sera sans franche réussite, car l'ensemble de ces pays ne ratifieront pas Kyoto et l'Europe n'aura pas réussi à ralentir leurs ardeurs, tout en se retrouvant avec certaines contraintes nuisant à son développement.

[modifier] Faits et projections économiques

Parallèlement à tous les pourparlers, le réchauffement s'accentue et les premiers effets commencent à se faire sentir. Déjà les économistes établissent des modèles pour démontrer l'impact à court terme et encore une fois, on hésite entre adaptations ou préventions. Certains ont des positions bien tranchées sur la question, sans toutefois avoir la moindre preuve de ce qu'ils avancent.

The Economist soutenait que la meilleure stratégie est de continuer de développer la prospérité et la technologie de manière à être mieux équipés pour affronter le réchauffement climatique (…) avec une économie 300% plus forte qu'elle ne l'est actuellement en 2095, elle serait plus en mesure de faire face aux coûts des changements climatiques. (Dotto, 2001)

Dans le même ordre d'idée, R.J. Eaton, PDG de Chrysler, avance que « 97 % du CO2 provient de sources naturelles et les autos ne contribuent que pour un huitième de la faible partie de CO2 attribuable aux humains » (Ibid). Il a raison dans un sens, les émissions naturelles sont plus élevées que celles de nature anthropique, mais ce chiffre nécessiterait une sérieuse révision. Dans son rapport de 700 pages remis au gouvernement britannique, le rapport Stern, l'ex-économiste de la banque mondiale Nicholas Stern parle de coûts allant jusqu'à 7 000 milliards de dollars si les gouvernements ne prennent pas de mesures radicales au cours des dix prochaines années. Dans l'ensemble, il parle de coûts pouvant aller jusqu'à 6,8 trillions de dollars, ce qui représente un coût plus élevé que les deux grandes guerres mondiales et que la crise économique de 1929. De plus, son rapport parle de plus de 200 millions de réfugiés victimes de sécheresse et d'inondations par année (Stern, 2006). La FAO abonde dans le même sens. Celle-ci mentionne le fait que 65 pays en développement comptabilisant la moitié de la population, subiraient des pertes de 280 millions de tonnes, soit 16 % du PIB agricole et 56 milliards de pertes, sous l'effet des changements climatiques (FAO, 2005). La Chine est une des rares bénéficiaires de la situation, avec une augmentation de 15% de sa production céréalière pour 360 millions de tonnes de plus. (Ibid) Selon L'OCDE, les pays en développement sont les grands perdants de cette conjoncture, avec des pertes de l'ordre de 57 à 121 milliards, comparativement à des pertes oscillant entre 13,5 et 17,6 milliards de dollars pour les pays développés (Dotto, 2001). Le World Watch Institute est aussi très pessimiste, il estime qu'en 2025, 40% de la population mondiale pourraient vivre des épisodes de stress hydrique (Ibid). La ségrégation sur le plan territorial est donc très forte et les différents pays ne seront pas touchés à parts égales par le réchauffement. Cette situation, pourrait dégénérer en conflit armé car des ressources en eau sont indispensables, tandis que les sources d'eaux douces pourraient être mises à rudes épreuves à certains endroits de la terre.


[modifier] Étude de cas

[modifier] Impact sur l'agriculture des États–Unis

L'agriculture des États-Unis serait aussi fortement touchée par les changements climatiques, et ce, même si leur position demeure bien tranchée sur la question. L'industrie agroalimentaire américaine, tout de même très puissante, subirait de lourdes pertes. En somme, en modifiant des variables comme le jour degré, la pluviométrie, la qualité des sols, le drainage et l'érosion, l'agriculture s'y trouverait chambardée dans son ensemble et certaines espèces agricoles considérées sténotherme et peu tolérantes aux changements brusques s'en trouveraient perturbées. En effet, dans un scénario à triplement des émissions préindustrielles, les pertes agricoles oscilleraient entre 10 et 25 % de la valeur pour la période 2020-2049 et de 27-69 % pour la période allant de 2070-2099 (Shlenker et Al, 2006). Cette analyse a été performée pour l'est du 100e méridien qui établit la limite entre l'agriculture pluviale et irriguée et qui est le grenier des États-Unis avec 72% du rendement agricole (Ibid). L'ouest plus aride et reposant sur l'agriculture irriguée répond à une dynamique toute différente avec la Californie en tête. Celle-ci répond directement à la disponibilité de la couverture neigeuse des montagnes de la Sierra Nevada qui lui fournissent 75% de son eau au printemps et en été. Cette couverture neigeuse pourrait décliner de 30 à 70% dans un scénario à doublement des émissions causant des effets dramatiques pour l'agriculture et les besoins urbains en eau, plus criants en période de sécheresse (Ibid). L'ensemble des impacts découlant de cette étude pourrait être projeté dans le monde entier, mais avec certaines réserves. Cette projection pourrait aussi s'appliquer pour les hauts massifs en Anatolie qui sont le siège du fleuve Euphrate et des montagnes du rift éthiopien qui alimentent le Nil.

[modifier] L’Allemagne : le Géant vert

C'est en 1998 que le tournant vert s'est accompli pour l'Allemagne lorsque le parti SPD avec Gerhard Schröder en tête et le parti vert de Joschka Fischer ont fait une alliance, soit la coalition rouge-verte. Cette alliance a fait en sorte que les SPD-vert avec 47&n% des suffrages ont remporté de justesse cette élection contre la CDU, qui en avait 46%. À maints égards, la victoire SPD-Verts a donc tenu à un fil.(Le Chevalier et Gaudillière, 2003). L'Allemagne est donc devenue de la sorte une figure de proue dans la lutte aux gaz à effet de serre au sein de l'Union européenne et au niveau mondial. Cependant, ce virage vert a entraîné une réingénierie fulgurante des modes de production allemands, ce qui n'a pas été sans contrainte pour le système social.

L'Allemagne est un géant industriel, soit le 4e pays au niveau mondial avec 432 794 milliards de dollars (De Koninck et Rousseau, 2006) par année provenant de se secteur. Son secteur charbonnier est aussi fort prépondérant depuis longtemps, ce qui lui donne fort à faire pour se restructurer. Pour atteindre ses objectifs de Kyoto, l'Allemagne se devait de réduire ses émissions de 21% par rapport à l'année de référence de 1990 (OCDE, 2006). En comparaison, l'ensemble de l'Union européenne ne devait réduire ses émissions que de 8 % (Ibid). De plus, l'alliance rouge-verte convenait aussi à l'abandon du nucléaire d'ici 2020, ce qui ne conduit à rien de favorable pour la lutte aux gaz à effet de serre, puisqu'un tiers de l'énergie produite provient de ce secteur (Science Allemagne, 2002). Sous cette conjoncture, on s'attend à ce que les émissions de CO2 augmentent de 45 millions de tonnes, pour combler le vide laissé par le nucléaire (Ibid). On mise donc sur les énergies renouvelables et, bien sûr, l'efficacité énergétique.

[modifier] Mesures mises en œuvre

L'Allemagne, en 2002, était déjà parvenue à réduire de 18% (OCDE, 2006) ses émissions de gaz à effet de serre. Pour en arriver là, le gouvernement a eu recours à une multitude de mesures.

Dans le domaine du bâtiment, les nouvelles constructions vont abaisser les besoins en énergie de 30 %. L'utilisation de la géothermie, des pompes à chaleur, des chaudières fonctionnant au bois et des collecteurs solaires. (Science Allemagne, 2002)

Dans le domaine des transports : On a établi des taxes sur les poids lourds, on a introduit des carburants sans soufre, augmenté le rendement des carburants de 15% sur les moteurs de nouvelle génération en accord avec les constructeurs automobiles, utilisé du gaz naturel, de l'éthanol et finalement favorisé le transport en commun. (Ibid)

Dans le domaine du transport de marchandises : L'accent est mis principalement sur le développement du réseau ferré. (Ibid)

Dans le domaine industriel et le secteur des services : Le secteur économique devait s'engager à réduire ses émissions de CO2 de 28% entre 1990 et 2005. (Ibid)

Ses mesures sont toutes extraordinaires, mais ne sont pas suffisantes. L'Allemagne s'est engagée à produire de l'énergie renouvelable, mais cette dernière se doit d'être utilisée de manière méthodique. Chaque habitant ainsi que les compagnies doivent s'engager à réduire leur consommation d'énergie. De cette façon, il serait possible d'économiser 40 TWh/an, soit l'équivalent de la production de quatre centrales nucléaires. (Ibid)

[modifier] Pour l'avenir

L'Allemagne va plus loin et a pour objectif de réduire ses gaz à effet de serre de 40% à échéance 2020. Pour ce faire, le très populaire ministre vert Sigmar Gabriel propose une pléthore de mesures pour réduire les émissions de 270 millions de tonnes.

  1. Moderniser les centrales à énergies (-30 millions de tonnes)
  2. Doubler le montant d'énergie combiné, utilisation de CHP (-20 millions de tonnes)
  3. Augmenter la proportion d'énergie renouvelable à 27% (-55 millions de tonnes)
  4. Diminuer la consommation d'électricité de 11% (-40 millions de tonnes)
  5. Augmenter l'efficacité énergétique des bâtiments (-41 millions de tonnes)
  6. Utiliser plus de renouvelables pour le chauffage (-14 millions de tonnes)
  7. Augmenter le rendement du carburant et des moteurs dans les transports et utiliser plus de biocarburant) (-30 millions de tonnes)
  8. Réduire les émissions des autres gaz à effet de serre, comme le méthane.

L'ensemble de ce plan d'action proposé par le ministre Sigmar Gabriel coûterait 3 milliards d'euros, mais ce montant n'est rien comparativement au montant de 137 milliards que pourrait subir l'Allemagne par les changements climatiques. (Euractiv, 2007)

En somme, l'Allemagne a montré au monde entier qu'il était possible de dégager des surplus et de faire rouler l'économie dans un contexte vert. Actuellement 214 000 personnes travaillent dans le secteur des énergies renouvelables (Regierung, 2007) et ce chiffre est toujours en forte hausse. Les pays qui ne veulent pas s'embarquer dans le protocole de Kyoto, sous prétexte que les mesures sont trop contraignantes, se doivent de prendre en considération le modèle de l'Allemagne. Des pays qui montrent l'exemple, comme l'Allemagne, ont montré que la protection de l'environnement ne représentait en rien un fardeau pour l'économie (Science Allemagne, 2002). Ce dernier se retrouve aussi en bonne posture sur le marché des quotas d'émissions et des bourses du carbone. Les pays qui auront accusé un retard pourront le payer très cher, vu la forte avance de pays comme l'Allemagne.

[modifier] Le controversé Canada

Le Canada au début des années 1980 était un leader en matière climatique et se faisait l'apôtre d'une action concertée en matière environnementale. Ce rôle se retrouva à l'apogée à la conférence de Rio où il joua un rôle de premier plan. Toutefois, la situation a changé. Lorsque le Canada a été mis devant les faits et lorsqu'il a été temps d'agir, il n'a pas été au rendez-vous et a perdu de la sorte son rôle d'ambassadeur, notamment sur les dossiers qui mêlaient commerce et développement durable. Par la suite, il a littéralement été un boulet pour la négociation climatique et a tenu à obtenir un maximum de souplesse et un minimum de limitations, que ce soit dans la définition des puits de carbone et sur la question de la manière de limiter les émissions. Le Canada a tout de même signé le protocole de Kyoto en 1997 et l'a ratifié en 2002. Ces engagements faisaient en sorte qu'il devait réduire de 6% ses émissions atmosphériques par rapport au niveau de 1990, et ce, jusqu'à 2012. L'annonce faite par les États-Unis en 2001 de ne pas ratifier le protocole de Kyoto à été un dur coup pour le Canada et l'a placé dans une position difficile. Il a tout de même ratifié le protocole, mais a continué à réaffirmer son besoin d'un maximum de souplesse. La forte dépendance du Canada envers les États-Unis en matière économique et commerciale a obligé le gouvernement alors en place à faire preuve de très peu d'autonomie et à suivre la position états-unienne, s'affirmant alors comme remorque de ce dernier. Néanmoins le Canada (poussé par le Québec) vient de mettre en place (le 1er octobre 2007) une taxe sur le carbone qui l'inciterait à davantage atteindre ses objectifs.

[modifier] Situation à l'interne

Brian Mulroney et Jean Chrétien étaient tous les deux en faveur d'une action mondiale concertée dans le dossier des changements climatiques. Cependant, la venue d'un nouveau gouvernement conservateur piloté par Stephen Harper change la donne et la question environnementale est reléguée au second plan, au détriment du développement économique. Ce dernier en 2006 a affirmé son désir de retraiter du protocole de Kyoto qu'il percevait comme un complot socialiste tout en remettant en cause la fameuse courbe du Bâton de Hockey. Sa position cadre très bien avec celle du président américain George W. Bush et avec celles des grands Lobbys du pétrole. Ce même gouvernement vient de publier un rapport d'étude sur les coûts qu'engendrerait le respect des objectifs de Kyoto. Ce rapport apocalyptique fait état d'une augmentation de 25 % du taux de chômage, soit une perte nette de 275 000 emplois. De plus, limiter le tiers des émissions dans le secteur des transports, selon ce rapport, ferait doubler le prix du gaz naturel et augmenterait de 60 % le coût de l'essence. De plus, cette étude évalue que limiter les émissions d'une tonne de carbone coûte en moyenne 195 $, ce qui est totalement déraisonnable. Cependant, les effets sociaux positifs ne sont pas inclus dans ce rapport, comme les marchés des énergies renouvelables et les bourses du carbone. Ce rapport a aussi l'audace et l'affront de contredire le rapport du GIEC et celui de Nicolas Stern qui illustrent la primauté d'une action mondiale concertée et qui démontrent à quel point les changements climatiques pourraient affecter l'humanité. Néanmoins, le gouvernement Conservateur s'est tout de même doté d'un plan de lutte aux gaz à effet de serre, si ridicule soit-il. Ce plan permettrait aux émissions de GES d'augmenter jusqu'en 2012 pour ensuite les faire diminuer de 20 % sous le niveau de 2006 en 2020. Les émissions seront toutefois 10 % plus élevées que ce que Kyoto prévoyait.

[modifier] Bilan des émissions selon les provinces

En 2003, le Canada émettait environ 740,2 mégatonnes de GES et ce chiffre en 2007, selon la croissance économique actuelle, devrait être encore plus élevé. Le Canada a un très mauvais bilan d'émission par habitant, soit 23,4 tonnes de CO2 par habitant en 2003, ce qui représente le deuxième pire bilan après les États-Unis. Cependant, de nombreuses disparités géographiques en ce qui a trait aux émissions sont présentes, car l'Alberta rejette 71 tonnes/habitant, l'Ontario 16,8 tonnes/habitant et le Québec 12,1 tonnes/habitant. Ce bilan très inégal entre les provinces complique énormément les prises d'actions concertées, car on ne veut pas payer pour le voisin. De plus, les provinces voient d'un mauvais œil le fait de se faire imposer des contraintes par le gouvernement fédéral, puisque la gestion des ressources naturelles est du ressort des provinces. C'est dans cette optique que la majeure partie des provinces ne veulent payer pour la pollution induite par les sables bitumineux de l'Alberta, d'autant plus que l'Alberta refuse littéralement de mettre un frein à l'extraction de ses hydrocarbures.

[modifier] Les sables bitumineux

Icône de détail Article détaillé : Sables bitumineux.

Le potentiel d'extraction dans les sables bitumineux est gigantesque. À l'aube 2004, on estimait que les réserves s'établissaient à 315 milliards de barils. Cette abondance a amené une ruée vers l'or noir canadienne et de nombreuses compagnies étrangères s'y sont établies. Les Américains sont ceux qui bénéficient le plus de la situation. En effet, au lendemain du sacre de Stephen Harper, les patrons des industries pétrolières se sont réunis à Houston au Texas pour parler des grands projets à mettre en branle sur le territoire albertain. L'extraction dans cette région est d'ores et déjà de 1 million de barils par jour, mais les États-Unis font actuellement pression pour monter la capacité d'extraction à 5 millions de barils par jour. Ces derniers pourraient devenir de la sorte moins dépendants de l'or noir du Moyen-Orient et pourraient s'offrir cette denrée stratégique chez son voisin qui est en plus politiquement stable. Cependant, les coûts environnementaux sont énormes et satisfaire les États-Unis dans la moitié de leurs importations va amener des coûts environnementaux phénoménaux. L'extraction du bitumen est une activité hautement dommageable pour l'environnement. Effectivement, il faut des quantités phénoménales d'eau pour produire un baril de pétrole brut synthétique. Entre 2 et 4,5 barils d'eau sont nécessaires pour produire un seul de ces barils. Actuellement, le gouvernement a approuvé l'utilisation de 370 millions de mètres cubes d'eau (2,3 milliards de barils) de la rivière Athabasca par an. Cependant, l'ambitieux programme d'extractions pourrait faire monter ce chiffre à 529 millions de mètres cubes (3,3 milliards de barils). Rien n'indique que la rivière pourra soutenir ce rythme effréné de croissance et la majeure partie de l'eau qui ressort à la suite de la transformation est hautement polluée et termine sa course dans des bassins de décantations. La nappe phréatique qui sert à abreuver des villes comme Calgary et Edmonton est aussi fortement exploitée. Au niveau des émissions atmosphériques, les sables bitumineux sont ce qui a fait le plus augmenter les émissions atmosphériques au Canada. D'importants progrès ont été réalisés pour améliorer le processus de transformation vers le brut, mais la production additionnelle annule les gains et finalement la production totale continue d'augmenter. À l'aube 2015, on estime que les émissions totales pourraient être de 67 mégatonnes par an. Dans un tout ordre d'idée, on discute de technologies servant à capter le CO2 à l'intérieur des couches géologiques sédimentaires, une fois les hydrocarbures extraient, mais ce projet est uniquement au stade de la faisabilité.

[modifier] Le Québec dans une classe à part

Le Québec a un assez bon bilan d'émissions de GES, vu qu'il a opté de produire son énergie de manière renouvelable. En effet, 94% de la puissance du Québec est de source hydraulique et les émissions du secteur de l'énergie ne comptent que pour 1,7 % des émissions totales. Cependant, nous ne pouvons pas dire que l'hydroélectricité est totalement propre puisqu'elle dénature nombre de rivières, mais elle a au moins l'avantage d'être peu polluante. En 1990, le Québec émettait 85,3 mégatonnes de GES contre 90,9 en 2003. L'objectif vert du Québec est de réduire de 10 Mt dans la période 2006-2012, soit une baisse de 1,5 % par rapport au niveau de 1990. C'est majoritairement dans le secteur du transport qu'il faudra concentrer les efforts puisqu'il est la principale source d'émission, avec 37,4 % des émissions.

[modifier] Plan d’action détaillée 2006-2012 du Québec et ces mesures

[modifier] Pour l'avenir

Aux pays faisant très bonne figure, comme l'Allemagne, s'ajoute des contre-exemples comme le Canada. Il est le seul pays à avoir ratifié Kyoto pour finalement se désister. Il est primordial que celui-ci se remette dans le processus, puisqu'il peut être un levier très puissant dans la négociation climatique, non seulement pour influencer la position américaine, mais aussi celle des pays en développement. Le Canada est un immense pays avec une abondance de ressources phénoménale. Il est de son devoir de préserver ses ressources, car la forêt boréale est un des meilleurs puits de CO2 existant et l'immense environnement lacustre ainsi que le pergélisol sont quant à eux d'excellents puits pour le méthane. À l'interne, il est encourageant de voir que certaines provinces aient pris des engagements comme le Québec, même si les résultats tardent encore à venir. Rappelons que le gouvernement de Stephen Harper est minoritaire et il est possible que dans cette position, il ait à faire des concessions sur le plan environnemental.

[modifier] Actions concrètes et espérances

[modifier] L'approche pessimiste

En se plongeant dans un rapide survol des différents impacts des changements climatiques, le pessimisme face à l'avenir est un des seuls éléments qui ressort et l'approche positive peut difficilement être adoptée dans ce cas-ci. Le protocole de Kyoto est la plus grande réalisation en matière de négociation sur le climat, à ce jour et ce même si les mesures prises sont largement dépourvues d'impact. En effet, seulement 37 pays industrialisés ont ratifié le protocole et accepté d'émettre 5,2 % moins qu'en 1990. Cependant, c'est plutôt une baisse de l'ordre de 40 à 60 % qui serait nécessaire pour stabiliser le climat (Barrette, 2006). De nombreux grands acteurs sont absents du protocole, faisant en sorte que Kyoto a une portée très limitée. De plus, les pays qui ont ratifié Kyoto risquent de voir certaines entreprises se délocaliser pour ne pas avoir à subir les contraintes liées au protocole. Donc, la situation n'est pas rose du tout, et les progrès à accomplir sont énormes.

[modifier] L’approche optimiste

Néanmoins, la prise de conscience est plus grande et les initiatives individuelles et gouvernementales commencent à être plus nombreuses. Prenons l'exemple de George W. Bush, qui poussé par la pression populaire a mentionné le terme Global Warming du bout des lèvres dans son discours à la nation, ce qui est tout de même un début. Il a même été contraint de créer un programme de lutte aux effets de serre. « An ambitious national goal to reduce emission intensity » soit de l'ordre de 18% pour 2012, à l'aide d'un budget annuel de 2 milliards (White House, 2005). Toutefois, de sérieuses réserves peuvent être émises face à ce programme, qui ne précise aucunement la façon, et qui n'est pas reconnu pour son objectivité en la matière. Certains États ont aussi leur propre mécanisme de lutte, comme la Californie, qui s'engage à réduire les émissions provenant des voitures de 30 % à échéance 2016 (Duval, 2005). Neuf États du nord-est ont aussi un système de permis d'émission proche de celui de l'Europe. Ce même système en Europe a vu des transactions de l'ordre de 1,37 milliard d'euros pour 90 millions de quotas transigés dans les six premiers mois de 2005 (Commission européenne, 2005). Ce système a aussi l'avantage de créer de l'emploi, a induit de nouveaux marchés et plus important encore, il a mis le poids de la pollution sur les épaules des entreprises et non sur celui des individus. En ce moment, la tonne de carbone se vend 10 euros (Ibid). Actions connexes que ce marché peut avoir s'il est étendu, il pourrait permettre de réduire la déforestation de 50 % sous une taxe carbone de 12 $ US/tonne (Kindermann et Al 2006). La déforestation produit 1,1 gigatonne de carbone par année et est la deuxième source de gaz à effet de serre (Ibid). Ce phénomène ferait en sorte qu'il serait plus profitable de préserver les puits de carbone, en l'occurrence la forêt, plutôt que de l'exploiter à outrance pour son bois ou pour l'agriculture.

[modifier] Impact en droit de l’Union européenne

Principes de l'acte juridique de l'Union européenne en matière de luttes aux changements climatiques

(Commission européenne 2005)

  1. Le plafonnement et les droits d'émissions
  2. Il est principalement axé sur le CO2 émis par les grandes entreprises industrielles
  3. Il est appliqué par étapes et prévoit des examens périodiques et des possibilités d’extensions à d'autres gaz à effets de serre et d'autres secteurs.
  4. Les plans d'allocations des droits d'émissions sont définis périodiquement.
  5. Il prévoit un cadre strict en matière de conformité.
  6. Le marché est à l'échelle de l'Union européenne, mais il exploite les possibilités de réduction des émissions dans le reste du monde grâce au mécanisme de développement propice et à la mise en œuvre conjointe. Le système prévoit par ailleurs des liens avec des programmes compatibles existant dans les pays tiers.

[modifier] Au niveau local

Dans un tout autre ordre d'idée, certaines solutions à court terme ont été proposées :

(Dotto, 2001)

Ces idées sont toutes très innovatrices, mais c'est vraiment la diversification de l'offre énergétique qui va peser dans la balance. Toutefois, il ne faut pas se leurrer, c'est vraiment l'ouverture d'esprit des ménages qui va faire toute la différence, car tout commence à un niveau local.

[modifier] En guise de conclusion

En conclusion, la négociation climatique a toujours été très ardue et la dissension très forte au sein des différents acteurs. Les actions ont donc été plutôt modestes en l'absence de consensus général. Les projections économiques sont très pessimistes, compte tenu du fait qu’ils projettent l'avenir par rapport à la conjoncture actuelle et ne tiennent pas compte des changements de mœurs. Toutefois, la prise de conscience s'accentue et « le développement durable commence à traduire une nouvelle façon d'envisager les enjeux économiques et environnementaux » (Cloutier et Debresson, 2004). Il est devenu clair qu'à l'intérieur de cette ère anthropique, les négociations en matière climatique doivent se tenir en fonction du bien-être de la terre et non face aux enjeux économiques qui tentent de maximiser l'appât du gain dans un chacun pour soi. En somme, dit d'une façon hautement élégante « les modèles mathématiques du système social se doivent de s'adapter à ceux des systèmes géophysiques de la terre » (Ibid), qui va dicter le devenir de l'humanité qui oscille actuellement entre prévention ou adaptation.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes

  1. Négociations sur le changement climatique: Propositions pour une nouvelle stratégie française, M. Colombier, H. Kieken, L. Tubiana, M. Wemaëre, Synthèse, n° 04, 2007, Institut du développement durable et des relations internationales. [1]

[modifier] Bibliographie

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[modifier] Liens internes

Changement climatique
==> Effets du climat sur l'Histoire humaine
Réchauffement climatique
==> Effets du réchauffement climatique

[modifier] Liens externes