Dino Grandi

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Dino Grandi (né le 4 juin 1895 à Mordano, en Émilie-Romagne - mort le 21 mai 1988 à Bologne, en Émilie-Romagne), comte de Mordano, était un homme politique italien de la première moitié du XXe siècle, qui fit sa carrière sous le régime fasciste de Benito Mussolini.

[modifier] Biographie

Issu d’un milieu modeste, en 1914 Dino Grandi exerce la profession d'avocat à Imola et se rapproche de Benito Mussolini. A l’époque ce dernier était en dissidence avec son parti qui était encore le parti socialiste pour s’être prononcé en faveur de l’entrée de l’Italie dans le conflit. En 1919 à Milan Dino Grandi est l’un des fondateurs du parti fasciste, dont il représentait l’aile extrémiste et radicale, et devient le chef du mouvement dans sa région, l’Émilie-Romagne. Il est élu député en 1921, mais son élection est aussitôt annulée pour vice de forme. C'est pourquoi le 28 octobre 1922 il ne peut entrer dans le premier gouvernement de Mussolini, nommé président du conseil par le roi Victor-Emmanuel III après la « marche sur Rome ».

Réélu député en 1924, il devient sous-secrétaire à l’intérieur et puis aux affaires étrangères (1924 – 1929), ministre des affaires étrangères (1929 – 1932), ambassadeur d’Italie à Londres (1932 – 1939), garde des Sceaux, ministre de justice (1939 – 1942), président de la Chambre des fasci et des corporations (la chambre des députés pendant le fascisme) de 1942 jusqu’à la chute du régime le 25 juillet 1943.

Il prononce à Londres en 1939 des discours très agressifs à l'encontre de la France. De retour en Italie après l'entrée de l'Italie dans la guerre aux côtés de l'Allemagne, il devient garde des Sceaux et songe à s'ouvrir une voie de sortie en cas d'échec de la politique mussolinienne. Il devient l’un des représentants de l’aile la plus modérée du fascisme, avec Italo Balbo et Giuseppe Bottai. Il confie à des juristes non inscrits au parti fasciste la tâche de rédiger le nouveau code civil et le nouveau code de procédure civile. L’un des rédacteurs de ce dernier est Piero Calamandrei, adversaire farouche du fascisme et futur homme politique de gauche de l’après-guerre.

Ses relations avec la Cour et notamment avec le roi Victor-Emmanuel III étant excellentes, il est anobli et nommé chevalier de l’ordre de la Santissima Annunziata, une décoration fort convoitée qui donnait la dignité de « cousin du roi ».

En juillet 1943 les Anglo-américains débarquent en Sicile. Plus de doutes que la guerre est perdue. Lors de la séance du Grand conseil du fascisme du 25 juillet, il présente un ordre du jour qui propose de rendre tous les pouvoirs au roi et à l’armée (en pratique, dans le but de provoquer la destitution de Mussolini). L’ordre du jour est approuvé par la majorité des membres du Grand conseil, et le lendemain Mussolini est remercié par le roi, qui le fait mettre aux arrêts.

A partir du 26 juillet 1943 bon gré mal gré Dino Grandi s’éloigne de la vie publique, et après quelques mois il quitte l’Italie pour le Portugal. Bête noire des nazis et des fascistes radicaux de la République de Salò, lors du procès de Vérone (1944 - 1945) lui et la plupart des membres du Grand conseil qui avaient voté pour son ordre du jour sont condamnés à mort (cinq condamnations seront exécutées).

Après un long séjour en Amérique du Sud, il rentre en Italie en 1965, où il n’a plus de comptes à rendre à personne, le procès d’épuration à sa charge s’étant conclu en 1946 avec un non lieu. Très respecté par les partis modérés, il deviendra une sorte d’éminence grise des années 1960 et 1970. Il a écrit des mémoires à caractère auto-absolutoire.